La Paysanne
258 pages
Français

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Description


Cela fait quatre-vingts ans que les tyrans ont été vaincus, laissant un monde en ruine aux pluies mortelles.


Ces dernières années, la chronique était défrayée par Deirane, la belle paysanne devenue reine. Mais elle ne fait plus parler d’elle depuis quelque temps et tout le monde la croit morte. Pourtant, lorsqu’une enfant est vendue comme esclave, elle réapparaît afin de lui éviter de subir le même sort qu’elle. De façon inattendue, elle reçoit l’aide d’une ancienne amie. Une aide qui se révèle pas si désintéressée que cela. Et il semble que celui qui a acheté la jeune paysanne est le tortionnaire qui a fait autrefois de Deirane ce bijou vivant objet de toutes les convoitises.


Mais tout ceci ne serait-il pas un piège destiné à la retrouver ? D’ailleurs, au juste, qui est la cible de tous ces complots ?



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 avril 2019
Nombre de lectures 9
EAN13 9782955971437
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Laurent Delépine  
 
 
La Paysanne
 
 
La malédiction des joyaux – Livre 1
 
 
 
 
 
 
 
Ce livre est dédié à mes parents Pierre et Marie-Hélène. Sans eux, il n’aurait jamais pu exister.
« Tout le monde ment »
Dr Gregory House
I Boulden, de nos jours.
En larme, face à la foule, la fillette serrait les bras autour de son torse pour essayer de cacher son corps à demi nu. À côté d’elle sur l’estrade, le maquignon essayait de voir de combien il allait encore pouvoir faire monter les enchères. Trois cents cels, c’était déjà une belle somme. Mais il espérait pouvoir en tirer cinquante de plus. En plus elle pleurait, ce qui avait tendance à rendre les acheteurs plus généreux.
Cette scène sordide se déroulait à Boulden, une cité libre de l’Ocarian, au sud du royaume d’Yrian. Elle était coincée entre les montagnes de la Licorne et le fleuve géant Unster qui irriguait les royaumes les plus riches du continent d’Ectrasyc. Mais elle était séparée de ce fleuve par un marais aux eaux empoisonnées, ce qui en faisait un endroit très isolé.
 
Cet isolement convenait parfaitement aux commerçants de la ville. L es transactions qui s’y déroulaient nécessitaient une certaine discrétion. La principauté était le seul royaume de la vallée de l’Unster où les êtres intelligents pouvaient être achetés ou vendus comme du bétail. Les malchanceux de tout un continent se retrouvaient ici et perdai en t, définitivement pour l a plupart , leur statut d’individu pour acquérir celui d’objet. Toutes les races avoisinaient sans distinction ; l’homme, l’edorian, le nain ou le bawck se côtoyaient, compagnons d’infortune. Proche de la porte orientale, ce marché auquel Boulden devait sa richesse était noir de monde. Boulden était le grand centre du trafic d’esclave s .
 
L’un de ces marchand s de chair avait dressé son étal au centre de la place du marché . Et si un homme pouvait être l’illustration du bonheur, c’était bien lui. La journée s’était avérée profitable. Bien que l a matinée so it à peine avancée , il avait déjà vendu trois esclaves, beaucoup moins que ses confrères seulement les siens coûtaient beaucoup plus cher. Il s’était spécialisé dans le domaine de la perversion, cela s’était révélé des plus lucratifs . Et plus c’était pervers, plus cela rapportait. Le fonds de commerce de Pehla était constitué de jeunes filles à la fleur de l’adolescence. Sa pensionnaire la plus âgée ne devait pas avoir plus de neuf ans 1 . Et ce matin même, il en avait vendu une de six ans à peine. La pauvrette pleurait toutes les larmes de son corps à se voir exposée presque nue, elle ne comprenait pas ce que tous ces gens lui voulaient. Et cela valait mieux pour elle. L’aurait-elle su elle en aurait été pétrifiée d’horreur.
Un mouvement attira l’ attention du marchand. La foule au pied de son estrade était dense, preuve de son succès, bien que certains ne soient pas venu s acheter, juste se rincer l’œil. Qu’importe, leurs racontars constitueraient sa meilleure publicité. Au milieu de cette foule, un couple cherchait à atteindre le premier rang, entraînant quelques protestations. Une silhouette menue enveloppée d’une cape qui la couvrait entièrement s’avançait en écartant les gens. Elle était suivie par un jeune homme la dépassant d’une bonne tête, la vingtaine environ, l’air rébarbatif. Plus exactement, il essayait d’avoir l’air menaçant, cependant sa façon de se déplacer dénotait l’individu plus à l’aise avec les livres qu’avec une épée. Il n’avait pas d’arme apparemment, toutefois son expression faisait mourir les remarques acerbes sur les lèvres de ceux qui auraient voulu lui chercher querelle. La façon dont il couvait du regard la forme encapuchonnée qui le précédait, ajoutée à sa stature trop frêle, semblait indiquer qu e cette dernière était une femme. Certaines rondeurs prometteuses à hauteur de la poitrine et des hanches le confirm aient . Sa taille, très inférieure à la moyenne, indiquait une humaine ou une stoltzin d’Helaria plutôt qu’une edoriane. Et même pour ce pays, elle était toute petite, guère plus grande qu’une enfant . Comme elle était couverte, il était impossible d’estimer son âge ou sa beauté. Qu’importe, sa démarche assurée semblait indiquer une certaine maturité. Elle était certainement trop vieille pour figurer sur s es étals. I l n’était cependant pas exclu qu’elle vienne ici s’approvisionner. Le fait qu’elle se dissimule suggérait une dame noble du palais qui ne voulait pas se faire reconnaître. Sa curiosité éveillée, le marchand de chair la surveilla du regard.
Elle s’arrêta à quelques rangs de son estrade et repoussa sa capuche. C’était bien une femme en effet. Son visage était masqué par un voile qui laissait deviner des traits fins et délicats, tout ce que l’on voyait était des yeux d’un bleu presque gris, fardés avec soins. Elle semblait jeune à première vue. Cependant sa chevelure blonde qui disparaissait sous son vêtement était parsemée de quelques rares fils gris et de fines rides qui rayonnaient de ses yeux démentai en t cette première impression. Toutefois, c e qui attira tout de suite l’attention de l’esclavagiste, la particularité qui aurait fait se retourner n’importe qui sur son passage, était un rubis incrusté au milieu de son front, une pierre de toute beauté, pas particulièrement grosse, qui pourtant à elle seule aurait justifié l’acquisition de cette inconnue. Pourtant sa tenue ne semblait pas indiquer une profusion de biens, c e qui l’excluait de la noblesse de la ville. Sans compter que ce qu’il voyait d’elle ne lui disait rien. Or vu la taille de la cité É tat, les famille s bien nées étaient peu nombreuse s et il les connaissait toutes. Une étrangère seulement et pas très riche. Envolés donc ses espoirs d’une bonne affaire avec elle.
Le négrier se désintéressa de cette nouvelle venue pour retourner à ses affaires. Il avait encore à vendre deux jeunes paysannes et il allait devoir négocier sec pour en tirer un bon prix. La première, une fillette de s ept ans, était jolie. Néanmoins elle portait trop la marque de son origine y rian i sur ses traits pour espérer la faire passer pour autre chose qu’une fille de la campagne. Il n’en retira qu’une centaine de cels, ce qui était pas mal malgré tout. Sans compter que l’acheteur paya en bonnes et honnêtes pièces d’or.
Pour la seconde et dernière de la journée, c’était une toute autre affaire. C’était également une paysanne toute juste arrivée d u royaume d’ Yrian. B ien que provenant de se s province s du nord, elle avait le teint mat des filles de la côte sud du continent. Son corps était bien fait. Elle n’avait pas la grâce d’une noble ou d’une fillette élevée dans ce but et éduquée comme il fallait dès son plus jeune âge. Par contre, elle avait coûté beaucoup moins cher à acquérir, il n’y avait pas à la nourrir pendant dix ans avant de toucher les bénéfices sur l’investissement. Il suffisait de repérer les filles vendables assez tôt puis le moment voulu d’effectuer un raid sur la ferme familiale. R ien ne le forçait à dire la vérité sur l’origine de sa marchandise. Personne n’était en mesure de vérifier.
La toile qui fermait le fond de son présentoir s’écarta et une fillette de neuf ans au maximum entra, fermement poussée par-derrière . Elle était en larme. C’était le problème avec les fermières. Chez elles, elles étaient assez libérales de mœurs – bon, celle-là était encore trop jeune pour cela – mais, contrairement aux esclaves de naissance, quand on les forçait elles le supportaient assez mal. Afin de maquiller son origine, on lui avait dessiné au henné sur le corps des motifs s angären s et posé une chaîne qui reliait une boucle d’oreille à une aile du nez comme c’était la coutume chez ce peuple de sauvage.
En voyant la fillette entrer, la femme au rubis eu t un sursaut. Une larme coula au coin de son œil , en fait ce n’était pas une simple larme, elle avait carrément le regard humide. Le jeune homme aussi eu t un mouvement brusque. E lle posa une main sur son bras pour le retenir. Il bouillait intérieurement, la colère qui l’animait était si visible que ses voisins s’écartèrent autant qu’ils purent, c’est-à-dire bien peu vu la densité de la foule.
Avec son métier, le marchand n’aurait jamais atteint son âge s’il n’avait pas eu le sens de l’observation. Il avait remarqué la réaction des deux nouveaux spectateurs ainsi que le geste d’apaisement de la femme et il en avait tiré les conclusions. C’est elle qui commandait, il s’en doutait depuis qu’il avait vu le rubis. Il en était sûr maintenant.
Il se tourna vers la foule, prenant sa respiration pour annoncer d’une voix forte :
— Voici maintenant une princesse nomade Sangären, l’une des nombreuses filles du seigneur de guerre Relgark, elle a été capturée avec ses sœurs par un rival lors du raid malheureux qui a coûté la vie à son père. Mon représentant a pu l’acquérir pour trois chevaux et huit chèvres. Elle a été élevée au sein d’un peuple connu pour sa sensualité et sa connaissance des plaisirs de la chair. Elle donnera maint e s jouissances à celui qui la possédera. Sa mise à prix de départ est de cent cinquante cels.
Cette somme était élevée, mais il devait continuer son mensonge jusqu’au bout s’il voulait qu’il prenne. Il remarqua deux hommes qui quittaient l’attroupement devant lui. Des Sangärens. Une sacrée tuile, ces nomades se préoccupaient peu que leur peuple soit réduit en esclavage, ils étaient le s premier s à vendre les leurs. Pourtant, ils ne supportaient par que leurs femmes soient dénudées en public. Que Relgark n’ait jamais existé et que la fillette ne soit pas Sangären importait peu du moment où il l’avait présenté e comme telle. Il aurait dû prévoir au moins un voile qu’il aurait ôté une fois assuré qu’aucun membre de cette engeance n’était présent. I l était trop tard pour se lamenter maintenant. Heureusement, le chef de ses gardes les avait vu s aussi, il leur avait emboîté le pas avec quelques hommes. Demain, deux corps de plus croupiraient sur les berges du torr

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