LE Bonheur est une etoile filante
53 pages
Français

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Description

Chronique romancée d’une vie décrite en trois temps dont la trame est
suspendue au thème majeur du bonheur.
Le roman se déroule dans une construction en fragments au cours de
laquelle la narratrice évoque, en premier lieu, les amours de jeunesse
insouciantes et fragilisées par les intermittences du coeur, l’épuisement
du désir, la maternité latente, et le désir de briser une liaison désormais
douloureuse.
Le départ vers d’autres horizons, l’Europe et l’Afrique du Nord où elle
doit s’adapter à une autre forme d’enseignement, à d’autres mentalités,
n’entame en rien les souvenirs indésirables.
Ce passé récent vient buter contre un présent amer accentuant le mal-être
des uns et des autres pris dans le tourbillon d’un destin inéluctable.
Face au danger qui guette Manu, son presque enfant atteint d’une maladie
mortelle, la narratrice entreprend de mettre ses pas dans les siens pour
tenter de l’aider dans l’adversité.
Les longs séjours à l’hôpital seront-ils efficaces? La présence constante et
empathique de l’équipe soignante pourra t’elle l’acheminer vers la voie de
la guérison?
Les nombreuses réflexions inspirées par les situations problématiques se
font tantôt mélancoliques, tantôt pessimistes, souvent inspirées par des
personnages mythiques ou mythologiques.
Lorsque le drame éclate, la prose reste digne, retenue sans jamais tomber
dans l’hyperbole, préférant les non-dits ou la poésie plus suggestifs que
le mélodrame.
Ce roman est aussi un hymne à l’amitié, celle qui n’hésite pas à franchir les
limites de l’impossible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 novembre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782925117056
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour Patrick
À Monelle et Murielle qui ont tenu à bout de bras la détresse et le désespoir.
À Danielle, Maloy, Maria, Steve, Paul et Isabelle, toujours présents.
« C’est un peu de nous en celui qui s’en va. Et c’est en celui qui naît. Un peu de nous tous qui devient autre »
Gaston Miron




Première partie
Le bonheur furtif
2017
Nuit de septembre. Trois heures du matin. Je ne dors pas. Le silence m’habite. Je traverse le salon et ouvre la porte-fenêtre. À l’horizon, la pleine lune, sentinelle indifférente à tout ce que je vis. Je pense à toi. Tous les soirs de septembre, je pense à toi. À ta naissance ratée. Celle qui aurait pu être. Celle que je ne souhaitais aucunement et que j’aurais pourtant désirée.
Je serre mon châle autour de moi et m’assois pour écouter la nuit. Mais l’harmonie n’est pas au rendez-vous.
Il n’y a rien de pire ni de plus beau qu’un lever de lune dans un ciel nu.
Des voies souterraines surgissent connues, mais occultées. Elles m’interrogent et me racontent. Toutes les plages de mon enfance, de ma vie d’adulte sont là, présentes sous mes yeux. Des vents contraires les balayent soulevant tempêtes et tourments.
Affronter ces histoires, briser les secrets, démêler les fils qui m’ont tissée ; et les mots trameront espoir et désespoir, tendresse et violence, amitié et absence, amour et douleur, souvenirs et deuil. Identiques à ces lucioles défiant les ténèbres de leurs signaux lumineux.
Des mots et des maux. Des émotions aussi. Je vous les dédie. À toi, Loul’enfant jamais né, qui n’as pas connu la vacuité absolue de l’existence.
Et à toi Manu, mon enfant-neveu, mon alter ego.
S’exiler fut une sorte de libération. Coutumes archaïques, naïveté d’un monde marqué par les préjugés socio-religieux, paupérisme chronique, oppression d’un peuple dont la prise de conscience amorcée en 1952 révélait des blessures séculaires. Remords personnels dus à la méconnaissance de ma langue maternelle. Déstabilisation totale.
L’année 1964 fut pour moi l’année de toutes les décisions. Sur le site des pyramides de Gizeh, à vingt kilomètres environ du Caire, on donnait un spectacle son et lumière, en plein air. Une première ! Shakespeare à l’honneur.
Une troupe anglaise allait jouer Hamlet au pied des pyramides. Le tout Caire s’y précipita. Ce drame fabuleux convenait bien à mon état d’esprit.
To be or not to be
Affirmation et négation concernaient la folie feinte d’Hamlet, mais trouvaient une résonnance dans mon cœur plongé à cette époque dans le désarroi.
Moi qui réfléchissais, plongée dans les départs d’amis et de parents, candidats à l’émigration définitive ! Tourner le dos à son pays, mourir aux lieux qui m’ont vu naître, partir, rêver.
Rester ou ne pas rester ?
Sous les feux de la rampe, les Pyramides, ces monuments millénaires défiant le temps soulignaient notre fragilité. De temps en temps, le vent du désert nous saisissait d’un courant froid.
Oui. Rester ou quitter ? La question me tourmentait.
L’ami qui m’avait invitée avait pris sa décision. Il partait pour les États-Unis et me pressait d’en faire autant. Il m’écrivait en arabe des poèmes d’amour que je comprenais difficilement. Cette langue, toute en modulations avec ses longues et ses brèves, se prête admirablement à la poésie. Mais encore fallait-il savoir la décoder.
Derrière nous à quelques pas, le sphinx illuminé sommeillait, inexpressif.
Avais-je vraiment besoin de m’exiler ?
Surtout pas aux États-Unis ! Plutôt rester là.
Plus tard, ma décision fut prise. Ma langue choisira le pays d’adoption.
L’exil, oui, une forme d’affranchissement, mais aussi une fracture. Un tremblement de cœur. Une érosion de soi. Rien n’est plus difficile que de refermer les pages d’un livre où enfance et jeunesse s’effeuillaient dans l’insouciance et le bien-être.
La joie que j’eus de vivre en français fut extrême.
Malgré toutes les circonstances.
Malgré toutes les difficultés d’approche avec les élèves que je côtoyais dans cette petite ville des Laurentides où je travaillais et où l’étranger était alors synonyme d’insolite.
Ma langue, celle de Camus et de Molière était fustigée, par mes élèves qui pratiquaient surtout le joual.
Dans mon for intérieur, je comprenais cette rage qui me rejetait, moi, comme intruse de cette société jeune et homogène.
Cette peur tenace de l’étranger fut mon premier contact en 1968.
Mais combien adoucie par d’autres compensations comme l’accueil que me réservèrent directeurs et professeurs, tous enthousiastes, dynamiques, marqués par mai 68. Ils offrirent avec tact un soutien spontané à cette étrangère qui héritait de groupes scolaires difficiles.
Rêves de contestation, déni des traditions anciennes, secouèrent cette école où s’échangeaient de nouvelles valeurs. C’est là, que, venue d’un pays en voie de développement et ne possédant que de vagues notions théoriques, je m’initiais à ce qu’étaient démocratie, contestation, syndicalisme et libération de préjugés.
Il régnait dans la salle où tous les enseignants se regroupaient, toutes disciplines confondues, une atmosphère particulière où joie de vivre côtoyait soif d’innover, plaisir de partager des idées neuves. Histoire, catéchèse, géographie, anthropologie, pédagogie nouvelle. Bouillons de culture étonnants et sympathiques que j’ai retrouvés plus tard uniquement dans des salles de professeurs où se croisaient cette richesse d’échanges et d’initiation à un renouveau.
Ici et outre-mer.
J’appris à me mouler à ces méthodes tantôt inspirées des États-Unis, tantôt lancées par la Belgique et par la France. J’y naviguais allègrement, mais sans jamais vouloir faire table rase de la pédagogie traditionnelle plus rigoureuse qu’à mon avis il fallait assouplir, rendre plus attrayante et non démolir.
Une seule chose me perturba tout au long de ma carrière : l’architecture de certaines écoles. Avec leurs murs aveugles et leurs longs couloirs anonymes, elles tenaient plus de l’usine et de la prison que d’un milieu attrayant !
En quoi est-ce utile de raconter de telles situations ?
J’appartiens à une génération conformiste, aux préjugés bourgeois, rigides frôlant parfois l’hypocrisie, ouverte toutefois aux influences extérieures.
Ce récit me servirait à la fois de révélateur et de ressources : puiser à même le passé pour en tirer les leçons et la force de poursuivre le chemin qui reste.
Pour raconter aussi ce qu’il en coûte d’avoir épargné aux autres désespérance et enfermement sur soi. Laisser croire ce qui n’est pas est une perpétuelle souffrance.
C’est certainement le tribut à payer pour survivre dans une communauté bien-pensante, la mienne.
Au cours de cette année, je fis la rencontre de celui qui allait devenir mon amant.
Il faut que je te raconte, Lou, le récit de cet amour secret, l’histoire de cet homme dont tu aurais pu naître et cette traversée du temps des passions sur moi.
Mais il n’y a pas de connaissances absolues de l’autre. Il y a des variantes qui fuient, qui s’effacent, qui poignardent. Parce que l’autre, avec le temps, s’affranchit et ne reconnaît plus la place qu’il se réservait dans le passé.
Nous sommes jetés dans un néant où tout peut vaciller, où nous nous érodons et, au fond de moi, je ne regrette pas ta non-naissance.
J’eus l’impression d’avoir trouvé ce qu’au fond de moi j’avais toujours cherché : un compagnon avec qui cheminer dans la vie, qui eût la même culture que moi, avec qui je pouvais discuter de maints sujets.
Mais Phil avait déjà deux enfants et je me tins sur mes gardes. Dans l’immense salle des professeurs, nos regards se croisaient constamment et je compris que quelque chose en moi l’attirait.
Quand il me proposa son amitié, je n’hésitai pas. Pourquoi la refuser puisqu’elle se voulait platonique ?
À la fin de cette année scolaire, assis autour d’un café, Phil et moi, nous trinquâmes sobrement à l’amitié sans en fixer ni limites, ni rencontres.
Et la vie me prit dans son tourbillon. Il me fallait chercher un autre poste pour me rapprocher de ma fa

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