Le capitaine Richard
380 pages
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Le capitaine Richard , livre ebook

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Description

Alexandre Dumas (1802-1870)



"À dix-huit lieues à peu près de Munich, que le Guide en Allemagne de MM. Richard et Quetin désigne comme une des villes les plus élevées non seulement de la Bavière, mais encore de l’Europe ; à neuf lieues d’Augsbourg, fameuse par la diète où Mélanchthon rédigea, en 1530, la formule de la loi luthérienne ; à vingt-deux lieues de Ratisbonne, qui, dans les salles obscures de son hôtel de ville, vit, de 1662 à 1806, se tenir les États de l’Empire germanique, s’élève, pareille à une sentinelle avancée, dominant le cours du Danube, la petite ville de Donauwœrth.


Quatre routes aboutissent à l’ancienne cité où Louis le Sévère, sur un injuste soupçon d’infidélité, fit décapiter la malheureuse Marie de Brabant : deux qui viennent de Stuttgart, c’est-à-dire de France, celles de Nordlingen et de Dillingen, et deux qui viennent d’Autriche, celles d’Augsbourg et d’Aichach. Les deux premières suivent la rive gauche du Danube ; les deux autres, situées sur la rive droite du fleuve, le franchissent, en arrivant à Donauwœrth, sur un simple pont de bois.


Aujourd’hui qu’un chemin de fer passe à Donauwœrth et que les steamers descendent le Danube d’Ulm à la mer Noire, la ville a repris quelque importance et affecte une certaine vie ; mais il n’en était point ainsi vers le commencement de ce siècle.


Et, cependant, la vieille cité libre qui, dans les temps ordinaires, semblait un temple élevé à la déesse Solitude et au dieu Silence, présentait, le 17 avril 1809, un spectacle tellement inusité pour ses deux mille cinq cents habitants, qu’à l’exception des enfants au berceau et des vieillards paralytiques qui, les uns par leur faiblesse et les autres par leur infirmité, étaient forcés de tenir la maison, toute la population encombrait ses rues et ses places, et particulièrement la rue à laquelle aboutissent les deux routes venant de Stuttgart et la place du Château.


En effet, depuis le 13 avril au soir – moment où trois chaises de poste, accompagnées de fourgons et de chariots, s’étaient arrêtées à l’hôtel de l’Écrevisse et que de la première était descendu un officier général portant, comme l’empereur, un petit chapeau et une redingote par-dessus son uniforme, et, des deux autres, tout un état-major –, le bruit s’était répandu que le vainqueur de Marengo et d’Austerlitz avait choisi la petite ville de Donauwœrth comme point de départ de ses opérations dans la nouvelle campagne qui allait s’ouvrir contre l’Autriche."



Les frères jumeaux Louis et Paul Richard combattent dans les armées de Napoléon ; ce sont des fidèles de l'Empereur qui a bien du mal à ne pas les confondre ! Paul reçoit l'ordre d'infiltrer une société secrète voulant assassiner l'Empereur. Il s'y affilie avec l'aide d'un espion badois : le major Schlick...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782374638119
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le capitaine Richard
 
 
Alexandre Dumas
 
 
Novembre 2020
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-811-9
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 811
I
Un héros qui n’est pas celui de notre histoire
 
À dix-huit lieues à peu près de Munich, que le Guide en Allemagne de MM. Richard et Quetin désigne comme une des villes les plus élevées non seulement de la Bavière, mais encore de l’Europe ; à neuf lieues d’Augsbourg, fameuse par la diète où Mélanchthon rédigea, en 1530, la formule de la loi luthérienne ; à vingt-deux lieues de Ratisbonne, qui, dans les salles obscures de son hôtel de ville, vit, de 1662 à 1806, se tenir les États de l’Empire germanique, s’élève, pareille à une sentinelle avancée, dominant le cours du Danube, la petite ville de Donauwœrth.
Quatre routes aboutissent à l’ancienne cité où Louis le Sévère, sur un injuste soupçon d’infidélité, fit décapiter la malheureuse Marie de Brabant : deux qui viennent de Stuttgart, c’est-à-dire de France, celles de Nordlingen et de Dillingen, et deux qui viennent d’Autriche, celles d’Augsbourg et d’Aichach. Les deux premières suivent la rive gauche du Danube ; les deux autres, situées sur la rive droite du fleuve, le franchissent, en arrivant à Donauwœrth, sur un simple pont de bois.
Aujourd’hui qu’un chemin de fer passe à Donauwœrth et que les steamers descendent le Danube d’Ulm à la mer Noire, la ville a repris quelque importance et affecte une certaine vie ; mais il n’en était point ainsi vers le commencement de ce siècle.
Et, cependant, la vieille cité libre qui, dans les temps ordinaires, semblait un temple élevé à la déesse Solitude et au dieu Silence, présentait, le 17 avril 1809, un spectacle tellement inusité pour ses deux mille cinq cents habitants, qu’à l’exception des enfants au berceau et des vieillards paralytiques qui, les uns par leur faiblesse et les autres par leur infirmité, étaient forcés de tenir la maison, toute la population encombrait ses rues et ses places, et particulièrement la rue à laquelle aboutissent les deux routes venant de Stuttgart et la place du Château.
En effet, depuis le 13 avril au soir – moment où trois chaises de poste, accompagnées de fourgons et de chariots, s’étaient arrêtées à l’hôtel de l’ Écrevisse et que de la première était descendu un officier général portant, comme l’empereur, un petit chapeau et une redingote par-dessus son uniforme, et, des deux autres, tout un état-major –, le bruit s’était répandu que le vainqueur de Marengo et d’Austerlitz avait choisi la petite ville de Donauwœrth comme point de départ de ses opérations dans la nouvelle campagne qui allait s’ouvrir contre l’Autriche.
Cet officier général – que de plus curieux avaient, dès ce soir-là, en regardant à travers les carreaux de l’hôtel, reconnu pour un homme de cinquante-six à cinquante-sept ans et que les mieux renseignés prétendaient être le vieux maréchal Berthier, prince de Neuchâtel, qui ne précédait, assurait-on, l’empereur que de deux ou trois jours – avait, dans la nuit même de son arrivée, envoyé des courriers de tous côtés et ordonné, sur Donauwœrth, une concentration de troupes qui, le surlendemain, avait commencé à s’opérer ; de sorte que l’on n’entendait plus, au-dedans et au-dehors de la ville, que tambours et fanfares, et qu’on ne voyait déboucher par les quatre points cardinaux que régiments bavarois, wurtembergeois et français.
Disons un mot de ces deux vieilles ennemies que l’on appelle la France et l’Autriche et des circonstances qui, ayant rompu entre l’empereur Napoléon et l’empereur François II la paix jurée à Presbourg, amenaient tout ce mouvement.
L’empereur était en pleine guerre d’Espagne.
Voici comment la chose était arrivée.
Le traité d’Amiens, qui avait en 1802 amené la paix avec l’Angleterre, n’avait duré qu’un an, l’Angleterre ayant obtenu de Jean VI, roi de Portugal, de manquer à ses engagements avec l’empereur des Français. À cette nouvelle, Napoléon s’était contenté d’écrire cette seule ligne et de la signer de son nom :
 
«  La maison de Bragance a cessé de régner . »
 
Jean VI, repoussé hors de l’Europe, fut forcé de se mettre à la nage, traversa l’Atlantique et alla demander un asile aux colonies portugaises.
Camoëns, dans son naufrage sur les côtes de la Cochinchine, avait sauvé son poème, qu’il tenait d’une main, tandis qu’il nageait de l’autre ; Jean VI, dans la tempête qui l’emportait vers Rio Janeiro, fut forcé, lui, de lâcher sa couronne. – Il est vrai qu’il en trouva une autre là-bas, et qu’en échange de sa royauté d’Europe perdue, il se fit proclamer empereur du Brésil.
Les armées françaises, qui avaient obtenu passage à travers l’Espagne, occupèrent le Portugal, dont Junot fut nommé gouverneur.
C’était si peu de chose que le Portugal, qu’on ne lui nommait qu’un gouverneur.
Mais les projets de l’empereur ne s’arrêtaient point là.
Le traité de Presbourg, imposé à l’Autriche après la bataille d’Austerlitz, avait assuré à Eugène Beauharnais la vice-royauté de l’Italie ; le traité de Tilsitt, imposé à la Prusse et à la Russie après la bataille de Friedland, avait donné à Jérôme le royaume de Westphalie ; – il s’agissait de déplacer Joseph et de placer Murat.
Les précautions étaient prises.
Un article secret du traité de Tilsitt autorisait l’empereur de Russie à s’emparer de la Finlande et l’empereur des Français à s’emparer de l’Espagne.
Restait à en trouver l’occasion.
L’occasion ne tarda pas à se présenter.
Murat était resté à Madrid avec des instructions secrètes. Le roi Charles IV se plaignait fort à Murat de ces querelles avec son fils qui venait de le forcer d’abdiquer et qui lui avait succédé sous le nom de Ferdinand VII. Murat conseilla à Charles IV d’en appeler à son allié Napoléon ; Charles IV, qui n’avait plus rien à perdre, accepta l’arbitrage avec reconnaissance et Ferdinand VII, qui n’était pas le plus fort, y consentit avec inquiétude.
Murat les poussa tout doucement vers Bayonne, où Napoléon les attendait. Une fois sous la griffe du lion, tout fut dit pour eux : Charles IV abdiqua en faveur de Joseph, déclarant Ferdinand VII indigne de régner. Alors Napoléon mit la main droite sur le père, la main gauche sur le fils, puis envoya le premier au palais de Compiègne et le second au château de Valençay.
Si la chose arrangeait la Russie, avec laquelle elle était convenue et qui avait sa compensation, elle n’arrangeait pas l’Angleterre qui n’y gagnait que le système continental. Aussi cette dernière avait-elle ses yeux glauques fixés sur l’Espagne et se tenait-elle prête à profiter de la première insurrection – laquelle, du reste, ne se fit pas attendre.
Le 27 mai 1808, jour de la Saint-Ferdinand, l’insurrection éclate sur dix points différents et particulièrement à Cadix, où les insurgés s’emparent de la flotte française qui s’y est réfugiée après le désastre de Trafalgar.
Puis, en moins d’un mois, par toute l’Espagne se répand le catéchisme suivant :
 
« Qui es-tu, mon enfant ?
« – Espagnol, par la grâce de Dieu.
« – Que veux-tu dire par là ?
« – Je veux dire que je suis homme de bien.
« – Quel est l’ennemi de notre félicité ?
« – L’empereur des Français.
« – Qu’est-ce que l’empereur des Français ?
« – Un méchant ! la source de tous les maux, le destructeur de tous les biens, le foyer de tous les vices !
« – Combien a-t-il de natures ?
« – Deux : la nature humaine et la nature diabolique.
« – Combien y a-t-il d’empereurs des Français ?
« – Un véritable, en trois personnes trompeuses.
« – Comment les nomme-t-on ?
« – Napoléon, Murat et Manuel Godoï.
« – Lequel des trois est le plus méchant ?
« – Ils le sont tous également.
« – De qui dérive Napoléon ?
« – Du péché.
« – Et Murat ?
« – De Napoléon.
« – Et Godoï ?
« – De la fornication des deux.
« – Quel est l’esprit du premier ?
« – L’orgueil et le despotisme.
« – Du second ?
« –

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