Le "poisseux"

Mbella Pierre Bedel

Description

Simon Mounyole raconte le déroulement des événements de sa vie, dans laquelle il se croit poursuivi par la malchance, la "poisse", depuis l'enfance jusqu'à la vieillesse.

Sujets

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Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 02 novembre 2017
• Nombre de lectures: 9
• EAN13: 9782140050374
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Pierre Bédel M BELL A

LE « POISSEUX »

Lettres camerounaises

Le « poisseux »

Pierre Bédel M BELLA

Le « poisseux »

Du même auteur Le cordon ombilical,L’Harmattan, 2014. La veuve blanche, L’Harmattan, 2014.

© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13281-5 EAN : 9782343132815

« Quand un homme meurt jeune, on recherche ses parents. Quand il meurt vieux, on recherche ses biens. »

L’auteur

Prologue

Je crois, en ce moment même, que chacun de nous humain, a un esprit de l’au-delà qui le suit au quotidien. Qu’il enregistre dans une ardoise, tous les actes qu’il commet. Que lorsqu’il commet un acte du bien, il l’enregistre dans son actif. Et lorsqu’il commet un acte du mal, il l’enregistre dans son passif. Qu’à la fin de sa courte vie ici-bas, il dressera un bilan et arrêtera un solde qui ressortira, s’il a suivi la divinité, ou s’il s’est égaré.

Chemin faisant, il a la possibilité d’expier ses péchés par les prières du pardon et de la confession.

Je crois aussi que, le seigneur, par sa miséricorde, n’enverra personne accroître le peuple de l’ombre. Il ne recrute pas pour lui, et il ne rejettera jamais ses propres créatures.

Je crois qu’il trouvera une destination propre à chaque âme égarée, pour sa purification ou sa reconversion.

Je crois aussi que la damnation se fait ici-bas et qu’elle est volontaire. Que ces âmes déjà damnées n’aspirent plus à la divinité. Que c’est un choix et que c’est aussi ça, le libre arbitre. Il faut être vigilant et patient.

Voilà ce que je crois, même si personne ne partage mon point de vue. J’adore d’ailleurs adresser la parole à mon observateur, et parfois, le citer à témoin. Comme ça… Pour rien, ça me plaît. Même s’il est invisible et muet… Ça me rappelle constamment que je suis suivi sur terre. Ce qui m’empêche, sans aucun doute, de commettre trop de péchés. Je m’appelle Simon Mounyole À Bissene, je suis un Dakouré de Dakoulary, un petit village enclavé au Sud de la République populaire du Bantoula. J’ai la poisse, et c’est vrai. Cette ombre me pourchasse depuis ma tendre enfance jusqu’à ma vieillesse. Crois-moi, je me suis demandé si elle était héréditaire. J’ai fouillé dans mon « pedigree ». Mon père n’en avait pas. Mon grand-père non plus. Ni mon arrière- grand-père. Ma mère ? Rien. Ma grand-mère ? Rien. Mon arrière- grand-mère ? Rien. Il est donc venu d’où, ce satané pot de colle ? Il existe, sans aucun doute, un mauvais couloir de la vie que j’ai emprunté, avant ou après ma naissance. Je tire toujours les mauvaises cartes de la vie. J’emprunte toujours la mauvaise route. Je me trouve toujours au mauvais endroit, et au mauvais moment. Je m’assois toujours sur la mauvaise place.

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J’entre toujours par la mauvaise porte. Je rate constamment mes bus, mes trains et j’en passe. Pour les jeux de hasard, je n’y ai même jamais pensé. Ça ne servirait à rien.

On me conseilla d’aller laver mon visage au village de ma mère, c’était la coutume, quand rien ne marchait. J’y étais allé, mon oncle Kotouo me servant de guide. Cent vingt-cinq kilomètres de mauvaise route, plus sept heures de marche à pied. Trop tard. Le guérisseur- laveur était absent. Il était gravement malade, nous avait-on dit. Il avait trouvé le moyen de se faire hospitaliser, un jour avant notre arrivée. Doux Jésus ! Pour le retour, il a fallu attendre trois jours pour s’encombrer dans un taxi-brousse. Voilà !

Cette ombre m’a donné tous les qualificatifs : fainéant, paresseux, bon à rien, sans ambitions, etc. Tu ne me crois pas, je le sens. Mais cela ne m’empêche pas de continuer à te débiter mes sornettes.

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