Le potentiel érotique des années Sarkozy
195 pages
Français

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Le potentiel érotique des années Sarkozy , livre ebook

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195 pages
Français

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Description

Ce livre est édifiant. On y apprend, entre autres, comment tirer parti de réformes politiques audacieuses, jouer au billard avec une scientologue, se réconcilier avec sa mère ou améliorer le recrutement d'un club de football. On y découvre également un guide de séduction à l'usage des timides et des maladroits, et divers procédés plus infaillibles les uns que les autres pour rencontrer l'âme soeur...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 75
EAN13 9782296710801
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le potentiel érotique
des années Sarkozy
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’EcoIe polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffiision.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13255-9
EAN : 9782296132559

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Juan Cabanis


Le potentiel érotique
des années Sarkozy

Roman


Postface d’Omar Ben Salaad


L’Harmattan
En guise d’avertissement
Cette histoire, j’ai rêvé de la raconter bien avant de la connaître.
Je les avais perdus de vue, n’avais jamais fait aucun effort pour les retrouver et étais persuadé que je n’avais plus rien à leur dire.
Mais je parlais souvent d’eux. En vacances. Avec mes nouveaux amis. Dans le métro, à rêver qu’on me fasse travolter. Au travail, quand j’avais l’impression de vivre dans une cabane de robinson suisse bâtie sur des pilotis chimériques, à inventer des histoires d’îles au trésor pour mes voisines de bureau et mes compagnons de fortune.
Plus jeune, je n’étais sans doute pas prêt, alors je m’étais contenté de les regarder, d’emmagasiner pour plus tard, en essayant de dilater mes pupilles et de froncer les sourcils en même temps, parce que je croyais que cela allait me donner un air ténébreux et séducteur. J’avais l’air un peu idiot, ils s’en rendaient compte mais ce n’était pas grave. Une histoire gagne à être racontée par un ravi de la crèche, pas par un Roi mage.
La fin, par un étrange pressentiment, je l’avais toujours imaginée un peu triste : des retrouvailles devant une tombe battue par le vent d’automne, un parterre de feuilles mortes, la tignasse en bataille, avec des regrets plein la gorge et la honte de ne pas avoir été présent.
D’une certaine manière, cette fin, je l’avais attendue, en me contentant trop longtemps de mon rôle de Shéhérazade du surgelé.
Jusqu’à ce que je reçoive cette foutue lettre, qui nous offrait à chacun l’occasion de rattraper nos erreurs, sans bien mesurer ce qui allait se passer.
J’ai su alors qu’il me fallait écouter mon côté saumon , remonter le lit de la rivière jusqu’à sa source pour envisager le monde avec davantage de douceur.
Je rêvais d’un livre gai, qui parlerait de nous comme de héros de contes de fées, en préférant aux jérémiades une mélodie plus joyeuse, une envie de malgré tout, un cantique de la vaseline.
Alors je me suis mis à écrire…
AHMED
Clown extérieur de richesses
Au secours, au secours ! On m’a volé mon bonus ! Qui m’a volé mon bonus ?
Les enfants du premier rang réagirent les premiers, avant que la salle n’éclate d’un rire bruyant et communicatif.
Cadres en veste du dimanche et pantalon de velours Ralph Lauren , mamans ayant troqué leurs tailleurs pour des vêtements plus confortables, employés endimanchés, tous surveillaient du coin de l’œil leurs rejetons qui trépignaient, excités par l’arrivée imminente des cadeaux.
Sur la scène, une silhouette se démenait pour les faire patienter devant un amoncellement de colis, amenés par un intermittent du spectacle arrivé deux heures plus tôt d’une Laponie de banlieue dans son Renault Kangoo.
Le clown Ahmed avait une perruque d’un blond criard, un nez rouge, et le visage trop poudré des belles de nuit. Il multipliait les cabrioles, achevant ses figures de voltige dans des seaux de peinture, tout en admonestant les membres du comité de direction de la banque. Ceux-ci occupaient le premier rang, avec femmes et enfants, privilège bien légitime si l’on veut bien considérer les responsabilités écrasantes qui pesaient sur les épaules de ces vaillants financiers.
C’est ton papa qui a volé mon bonus ?
Ledit papa, vice-président en titre, sourit faiblement, tout en se jurant d’avertir dès le lendemain le Comité d’Entreprise qu’il ne voulait plus de cet histrion l’année suivante. Cette histoire de bonus empoisonnait bien assez les relations au sein de la banque. D’ailleurs, les traders de la salle des marchés, qui s’étaient regroupés avec leurs familles à droite de la scène, ne semblaient guère goûter l’humour de l’artiste.
Il ne savait pas que le Comité n’y était pour rien, le clown choisi ayant été renversé le matin-même par une voiture, si bien qu’on avait dû lui trouver un remplaçant au pied levé. A cinq jours de Noël, impossible de se montrer difficile : on avait dû se contenter d’un clown délaissé, ravi d’officier pour une fois dans les beaux quartiers.
Allez, les enfants, on appelle tous ensemble le Père Noël, pour qu’il vous amène vos bonus !
Quel petit con ! marmonna entre ses dents le vice-président…
Ahmed ne l’entendait pas. Sur son nuage, il retrouvait l’énergie juvénile de l’époque où, musicien de lycée, il se prenait pour Djobi et Djoba , à vouloir faire pleurer les pierres, en réchauffant ses rêves sur un butagaz de camping.
Une demi-heure plus tard, démaquillé, il quittait le siège social de la banque après avoir jeté un dernier coup d’œil sur sa façade monumentale, construite au dix-neuvième siècle pour inspirer la confiance des épargnants. Il avait profité de l’occasion pour s’emparer d’une plaquette institutionnelle de la banque, sobrement intitulée :
Bilan de l’année 2009
Un navire qui garde son cap dans la tourmente.
Celle-ci s’ouvrait par une martiale déclaration du Président, un homme encore très chevelu pour sa fonction, qui citait Sénèque (« Il n’est pas de bon vent pour qui ne connaît pas son cap ») avant d’infliger au lecteur une théorie de chiffres impressionnants et d’autocongratulations.
Le petit clown, lui, espérait bien que cette plaquette lui serve le soir même. Las de son célibat, il s’était en effet inscrit pour la première fois à une séance de speed dating , tout en se doutant que ses revenus mensuels plutôt limités allaient éloigner bien des gredines. Il avait donc imaginé de mettre ses plus beaux habits et de jouer au banquier…
Comme n’importe quel sportif français prêt à expliquer son échec par la pression , Ahmed n’en menait donc pas large, une heure plus tard, dans le métro qui le conduisait à sa séance. Il s’en voulait d’avoir cédé à son caprice. A trente-huit ans, il était sans doute trop vieux pour ce genre d’expériences.
L’enjeu n’était pas mince. Dans quelques minutes, il allait rencontrer une dizaine de femmes célibataires. Il suffisait de les convaincre, et l’organisateur lui donnerait le lendemain leurs numéros de téléphone. Cinq minutes pour se montrer convaincant. Trois cents secondes pour être désirable.
Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir leur raconter ?
Ahmed s’était habillé avec soin, avait enduit ses cheveux d’un gel qui leur faisait combattre avec succès la gravité, et avait longuement réfléchi à la longueur du pan de chemise qui devait dépasser de son jean. Surtout, il savait qu’il devait éviter d’être paralysé par le désir, l’excès de testostérone qui pouvait inhiber sa capacité à tenir une conversation ou à regarder une femme les yeux dans les yeux, comme un vrai homme doit pouvoir le faire.
Alors il s’était préparé par une séance de masturbation, retrouvant ainsi les réflexes de son adolescence. Bref, il était devenu ce que les journalistes sportifs appellent à la veille des grands matchs un compétiteur. Un homme bien décidé à mener une vie sexuelle riche et épanouie. A force de se répéter depuis l’enfance les maximes des jedis , il connaissait sa force et entendait bien repousser rapidement le côté obscur , celui qui condamnait les doux et les tendres au célibat.
En sortant du métro, il avait longuement croisé le regard d’une jeune femme assez jolie, avec ses cheveux châtains ondulant au gré du vent, qui semblait se rendre au même endroit que lui.
Au milieu des rafales qui la faisaient frissonner, Claire Penon avait l’impression d’adresser aux passants un regard suppliant. Des flocons de neige fondaient sur son manteau mais elle continuait à avancer. Ce soir, peut-être…
Elle venait de rompre avec un moniteur d’équitation rencontré dans un stage de coaching animalier. Une formation proposée aux consultants de son cabinet afin

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