Le sens en marge
268 pages
Français
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Description

Comment la linguistique de l'oral spontané, l'analyse conversationnelle, la linguistique de l'énonciation, la linguistique textuelle, l'analyse du discours, la sociolinguistique et la linguistique variationniste ont-elles abordé, à côté de la stabilisation linguistique et sociale du sens, au-delà de la polysémie, le problème de l'anomalie, de la transgression, de la marginalité, des productions "différentes" ?

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Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 62
EAN13 9782296237933
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INTRODUCTION

À la mémoire d’IvanEvrard

Depuis sa première édition à Bucarest en mai 2001, le colloque
international «Représentationsdu senslinguistique » apris unrythme
biennal.AprèsMontréal(mai2003), c’estl’Université Libre de
Bruxelles qui en accueillera latroisième édition, en novembre2005,
sousl’égide du programme international derecherchesGRAMM-R et
duCercle de Linguistique desUniversitésde Bruxelles (Université
Libre de BruxellesetVrije UniversiteitBrussel).

Commeprécédemment, l’objectif ducolloque étaitdesonderles
rapportsentre lesdifférentsmodèlesde description linguistique etle
traitementdu sens, etce à la lumière de faitsconcrets.Le colloque a
doncregroupé deslinguistes qui,sémanticiensounon, ontconcentré
leurattentionsurlesaspects sémantiquesde leur recherchepourles
mettre en avantdansle cadre général oùils s’inscrivent.
Danslesillage de l’orientationprise à Montréal, lesorganisateursont
choisi de centrerlesdiscussionsautourdetrois thèmes, àsavoir:
RReprésentationsdu senslinguistique et syntaxlae :prédication
seconde;
RReprésentationsdu senslinguistique etlinguistiquesdiscursives:
les sensen marge;
RHistoire des représentationsdu senslinguistique :le domaine du
verbe.

Leprésent recueilpublieunepartie descommunicationsde lasection
consacrée aux«sensen marge »,axées surl’analysesémantique et
discursive.
Depuislesannées1970, lestructuralisme destricte observance ayant
montréseslimites, la linguistique est sanscesse appelée àse
rapprocherdesfaitsde langagetels qu’ils procèdentdesonutilisation
insitu.Commentla linguistique de l’oralspontané, l’analyse
conversationnelle, la linguistique de l’énonciation, la linguistique
textuelle, l’analyse dudiscours, lasociolinguistique etla linguistique

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variationniste ont-elles abordé, à côté de la stabilisation linguistique et
sociale du sens, au-delà de la polysémie, le problème de l’anomalie
(anisosémie), de la transgression, de la marginalité, des productions
« déviantes », « différentes », « clandestines », voire subversives ?

Brouillage, lapsus, ratage, surcharge, malentendu, raté, télescopage,
cacophonie, paradoxe, hiatus, discordance, on pourrait poursuivre
cette liste non exhaustive des phénomènes de discours où se joue la
question de la construction du sens et de la tension entre description
linguistique et rôle des entours de la langue. Dans ces cas, comment
s’opère la répartition du recours à l’extralinguistique ou au système
linguistique par rapport aux types de corpus traités? De quels outils
de calcul du sens les locuteurs-récepteurs ont-ils besoin selon les types
de discours produits ? Les textes rassemblés ici apportent des réponses
diverses à ces questions.

Les contributions inaugurales portent sur les dénominations et les
circulations des sens dont il est porteur, appréhendées dans des corpus
concrets. Laura CALABRESE envisage laproblématique des
différents paradigmesdésignationnels servantà nommer un
événement.Àpartird’un corpusconstitué d’articlesdepressequi
portent surcequi a été appla canicelé «ude lle »’été2003, elle
s’interrogesurlesens produit parla caractérisation multiplequi a
circulé danslesmédias: crise, catastrophe,tragédie, hécatombe, etc.
Elleproposeque le désignanta enregistrétousces sensdans son
parcours.L’instabilité dénominative étantliée à l’instabilité
évènementielle, l’événementoscille donc entre lephénomène
climatique etlephénomènepolitique.La mise en discoursde
l’événementmédiatiquetémoigne ainsi duconflit qui oppose les
acteurs sociauximpliquésdansl’événementenquestion.Àpartirde
cette hypothèse, l’article analyse lesconditionsdereconnaissance de
l’expressla canicion définie «ule » en fonction événementielle,
c’està-dire d’une canicule enparticulier, celle de2003,quelquesannées
aprèslesfaits.

C’estaussi àpartirdu phénomène de la désignation événementielle
queréfléchitMichelle LECOLLE.Elletraite desnoms propresde lieu
quipeuvent, en contexte,référer parmétonymie à desévénements
connus (parexemple Tchernobyl), et s’interrogesurlesindicesdont
on disposepourinterprétercesexpressionsen fonction
événementielle.L’analyse, menée en corpusjournalistique(Le Monde

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1995-1996), porte sur des occurrences deNprdans un environnement
limité à l’empan d’une oude deux phrases.Ainsiparexemple, elle
observeque fréquemmentletoponyme analysé entre dansdes réseaux
référentiels,souventeux-mêmesexprimés pardesNpr,réseauxdans
lesquelslesnoms participentd’ailleurs plusd’une co-construction du
sens que d’une assignationréférentielle.De même, des types
différentsd’événementsexprimés pardes toponymesentrent,
tendanciellement, dansdes structuresdifférentes: ainsi, l’opposition
‘événement prévu vsimprévu’,pertinente dansle discours
journalistique, donne lieuà des traitementslinguistiquesdifférents, ce
qu’onpeut voiren comparantles phrasesoùle NprAtlantaréfère aux
JeuxOlympiquesetcelles référantà la catastrophe de Tchernobyl :
danscesdernières, l’expression de la conséquence etde la causalité
tiennent uneplacesignificative,participantnotablementà la
construction de l’interprétation événementielle.
C’estappréhenderlaquestion du sensducôté de latransgression
sociale etdesexpressions taboues quepropose letravail de Françoise
HAMMER.Elletraite de l’expressionspontanée d'affectivité
dépréciative en marge de la normesociale etlinguistique.L'idée
défendue est que le camouflage de latransgression detabous passe de
façon iconiqueparlatransgression derègles sémantiques qu’ils'agit
d'expliciter.L'interaction diachronique de facteurs sociaux,
linguistiquesetcognitifsaboutitainsi en françaisà la formation de
deux sériesd'interjections secondesco-occurrentes, l'une detype
monolexical(palsambleu,morbleuetc.), l'autre detypepolylexical
(bon dieu de bon soir,sacré nom de Dieu, etc.).Dufaitde leur statut
lexical, lesdeux sériesd'interjectionsoccupentdesfonctions
pragmatiquesdivergentes.Lasérie monolexicale(fermée, non
productive etfortementopacificiée)joue lerôle de marqueurdiscursif.
Lasériepolylexicale(ouverte,productive et sujette à des
modificationsmultiples paradjonction,transposition ou réduplication)
vaprendre en chargeun éventail de fonctionsallantde la modalisation
textuelle à l'intensificationsyntagmatique, comme dansun sacré nom
de Dieu de roman.
L’étude de la dynamique du sensnepeutfaire l’économie ni de la
dimension diachronique ni de lavariation géographique liée à des
affects socio-culturels.Dominique LAGORGETTE etLaetitia
PEYNON, àpartirde l’analyse dequelques termesempruntésà
l’anglais (look,sexy,milord)dans un corpusdiachronique et

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synchronique de français écrit (littérature, Internet, chansons,presse
féminine,presse musicale), mettenten évidence certainsmécanismes
sémantiques spécifiques surles processusd’assimilation des termes
étrangerset surl’analyse concrète duchangementlinguistique.Bien
loin d’acquérirdes valeursaufil du tempsetde l’usage, les termesont
un certain nombre depropriétés sémantiques stables quis’adjoignentà
cellesdu /des termes qui leurcorrespondraientle mieux, d’aprèsles
locuteurs, dansla langue-cible – cumulantdonc les valeurs
sémantiqueset pragmatiques.L’incertitude dulocuteurde la
languecible l’amèneraità cumuler terme emprunté et termeplusoumoins
équivalent, non dans unsouci deparaphrase mais plutôtafin de
renforcer une interprétationplutôt qu’une autre.Surla base de
quelquesexemplesd’auteursnommés« auteursFLE », Anne-Rosine
DELBARTs’intéresse aux phénomènesde latransgression
linguistiquequ’ellerapproche d’unesorte d’effraction morale, où une
langue neuvepermetde dire l’indicible, oùla langue étrangère
devenue langue de l’écritureredevient

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