Les armes, les guerres et la violence dans l oeuvre d Hergé
106 pages
Français

Les armes, les guerres et la violence dans l'oeuvre d'Hergé , livre ebook

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106 pages
Français

Description

Tintin est souvent armé mais c'est surtout lui qui est victime de la violence. Ses aventures se déroulent généralement dans un contexte réel. Hergé savait utiliser l'actualité pour donner tout le réalisme qu'il souhaitait à ses albums. Certaines guerres sont bien réelles comme dans Le lotus bleu ou L'oreille cassée. D'autres paraissent imaginaires et pourtant... Comment faire la part entre la réalité et la fiction ? C'est tout le but de cet ouvrage qui fourmille d'informations très précises aussi bien dans les conflits abordés que dans le choix des armes, légères ou lourdes ! Plus de 150 entrées pour revivre en détail une grande page de l'Histoire du XXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 août 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140144370
Langue Français
Poids de l'ouvrage 113 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Patrick Mérand LesArmes,  lesGuerres etlaViolence dans l’Œuvre d’ HERGE
Patrick Mérand
LesArmes,  lesGuerres etlaVi lence dans l’Œuvre d’ HERGE
Tintin est un pacifique, il a toujours été contre la guerre ! Hergé (Tintin et moi, Numa Sadoul, p.193)
7 rue de l’École Polytechnique 75005 Paris Tél. : 01 78 11 88 20 • www.editions-sepia.com
Du même auteur, chez le même éditeur, autour de l’œuvre d’Hergé :
Le Lotus Bleu décrypté(en collaboration avec Li Xiaohan), 2009. Les langues étrangères dans l’œuvre d’Hergé,2013. La Tintinophilie en 300 questions,2014. La Géographie et l’histoire dans l’œuvre d’Hergé,2015. Les arts et les sciences dans l’œuvre d’Hergé,2015. Les moyens de transport et de communication dans l’œuvre d’Hergé,2016. Les costumes, la mode et les uniformes dans l’œuvre d’Hergé,2017. Architecture, habitations et monuments dans l’œuvre d’Hergé,2018. La Faune et la ore dans l’œuvre d’Hergé,2019.
Du même auteur, chez le même éditeur :
Vous partez en Chine ? Révisez !,2010. Vous partez en Afrique noire ? Révisez !,2010. Vous partez aux Antilles ? Révisez !,2010. Vous allez à Paris ? Révisez !,2010. Vous partez dans le Limousin ? Révisez !,2011.
Chez le même éditeur :
Renaud Nattiez,Les femmes dans le monde d’Hergé, Paris, Sépia, 2018.
© Éditions Sépia, 2020. ISBN : 979-10-334-0185-8
Violents, les albums de Tintin ?
Quand j’étais petit, j’attendais avec impatience le jeudi matin. D’abord, parce que c’était le jour de repos pour les écoliers mais aussi parce que c’était le jour où je pouvais lire la dernière édition duJournal Tintin. Certes, ma mère portait un jugement mitigé sur cette lecture qu’il était d’ailleurs interdit de faire entrer à l’école : les scènes de violences lui paraissaient trop nombreuses et puis Tintin sortait bien trop souvent un pistolet de sa poche… À la maison, nous n’avions pas le droit d’avoir d’armes factices pour jouer : nous étions quatre garçons dans la famille et enviions ceux qui pouvaient jouer aux cow-boys et aux Indiens avec des colts presque aussi vrais que nature.
C’est ce contexte qui m’a incité à me pencher sur la présence des armes dans les aventures de Tintin.
C’est vrai, il y a de nombreuses armes, de nombreuses bagarres, des guerres, des combats, des débuts et des simulacres d’exécutions, des meurtres, des attentats, des tortures, des règlements de compte, des fusillades, des accidents violents, des catastrophes et même un abordage par des pirates ! Un lecteur néophyte pourrait imaginer que les pages sont couvertes de corps sanguinolents ou mutilés et que le sang coule à ot. En fait, Hergé n’a jamais représenté une seule goutte de sang (sauf peut-être lorsque Tintin se fait mitrailler par un faux photographe dans Le Lotus Bleu). Tintin est parfois égratigné, il reçoit des coups. Maisl’enfant qui se lance dans les aventures de Tintin ne sera jamais choqué (on dirait maintenant traumatisé) par des dessins de blessures béantes ou des jets de sang comme ceux qui inondent les pages des bandes dessinées actuelles.
Tintin est souvent armé et il sort un pistolet au moment où on ne s’y attend pas ! Mais, surtout, il ne tue personne au cours des vingt-trois albums.
Par ailleurs, Tintin se révèle être un chasseur que l’on qualierait de nos jours de « viandard » ! Dans les quinze premiers albums, il tire sur des quantités d’animaux sans raison bien apparente mais il se rachète dans sa dernière aventure en prenant soin de remettre à l’eau un petit poisson qui frétille sur l’herbe…
Seuls deux albums ne présentent aucune arme :Tintin au Tibet et Les Bijoux de la Castaîore. C’est la raison pour laquelle ils n’apparaissent pas dans cet ouvrage.
En analysant les albums sous l’angle des armes et des guerres, on constate, une fois encore, que le dessin d’Hergé est d’un réalisme étonnant : les pistolets, les fusils, les canons, les avions de guerre, les armes de toutes natures sont reproduits le plus souvent dèlement. e Les conits qui ont secoué le XX siècle (et il y en a eu partout dans
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le monde) sont évoqués de façon réaliste ou, quand l’actualité était trop proche, suggérés de façon plus implicite. Plusieurs conits sont abordés : la guerre sino-japonaise, le conit du Gran Chaco en Amérique du Sud, le conit du Proche-Orient, la guerre froide, les rezzous au Sahara, les révolutions d’Amérique du Sud, la course à la conquête de l’espace, la guerre d’indépendance des Moluques… Les tracs en tous genres (d’esclaves, d’armes, de drogue, de fausse monnaie,…) sont dénoncés avec vigueur.
En recherchant des informations sur toutes les armes présentées et sur tous les conits, on obtient une vision lucide de la dure réalité du siècle passé qui fut – de très loin – le plus meurtrier dans l’histoire de l’Humanité. Espérons que, grâce à cette connaissance du passé, le siècle actuel ne soit pas aussi violent.
La référence aux vignettes des albums est la suivante : n° de la page dans l’album, n° de la ligne et position (lettres A, B, C ou D) dans la ligne.
Toutes les explications renvoient à des vignettes précises.
Un index par thème permet aux lecteurs de retrouver l’image précise de l’album concerné.
Avertissement
Les renvois aux pages des albums utilisés pour cette étude concernent les versions en couleurs, même pourTintin au pays des Soviets(puisqu’il existe maintenant une version en couleurs !).
Pour naliser notre travail, nous nous sommes rendus dans plusieurs musées où les armes sont présentées, sans parler des nombreux ouvrages spécialisés que nous avons consultés. Nous remercions vivement M. Michel Rontain, n connaisseur en armes et propriétaire d’une importante bibliothèque spécialisée, de nous avoir fait part de ses remarques concernant principalement les armes légères.
Ce travail n’a pour but que d’encourager les lecteurs à relire encore et encore les albums des aventures de Tintin. Ils s’apercevront à nouveau que de nombreux détails leur avaient peut-être encore échappé. Parfois, ce ne sont pas seulement des détails mais un autre degré de lecture qui se présente à eux, permettant ainsi à tous les publics de trouver un intérêt à cette œuvre devenue universelle.
Quelques informations sont déjà mentionnées dans l’un des précédents ouvrages de la collection (La Géographie et l’histoire dans l’œuvre d’Hergé). Cela ne concerne qu’environ 5 % du contenu ou des illustrations : il est vrai que les guerres font partie de l’histoire ! Dans la mesure du possible, quand une rubrique avait déjà été abordée, je me suis efforcé de la compléter par de nouveaux éléments.
Si des lecteurs constatent une erreur ou s’ils ont des précisions à apporter, c’est avec grand plaisir que j’en tiendrai compte dans les éditions ultérieures. Je les en remercie d’avance.
P. M.
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: Le Petit Vingtième 1 janvier 1929 - mai 1930. : Album noir et blanc 1930, réédité en 1973. TINTIN AU PAYS DES SOVIETS
Pour son premier scénario, Hergé a rempli le contrat que son directeur, l’abbé Wallez, lui avait imposé : s’opposer au communisme soviétique. Qu’importe si l’histoire est une succession de gags sans trop de rapport entre eux. Mais la documentation était déjà là : il est d’ailleurs plus facile de dessiner un camion de transport de troupes ou un fusil de guerre quand on a unephotographie à sa disposition… TINTIN AU PAYS DES SOVIETS 1
Avez-vous reconnu Tintin à l’arrière du camion (p. 78-1) ?
L’abbé Wallez, directeur du journalLe Vingtième Siècleet employeur d’Hergé pour le supplément hebdomadaire destiné à la jeunesseLe Petit Vingtième, avait bien compris que, pour transmettre ses idées, rien n’était mieux que de passer par l’intermédiaire des enfants. C’est dans cet esprit qu’il demanda à Hergé de lancer son héros en URSS pour lutter contre le communisme.
Le jeune dessinateur ne connaissait rien du pays dans lequel il envoyait son reporter. Il lut donc un livre fourni par son directeur, Moscou sans voile, écrit par un ancien consul belge en URSS, Joseph Douillet, et l’utilisa parfois au mot-à-mot !
LaSchupoallemande dans les années 1930 (p. 2-7, 131-1A, 131-3B, 132). Schupo Lors de son passage en Allemagne, Tintin a affaire avec la police, la redoutable Schupo, à plusieurs reprises : d’abord lors de son voyage aller (p. 2-7), pour se rendre en URSS, puis au retour (p.131-132). LaSchupo(diminutif deSchutzpolizei, police de protection), créée en 1872, avait pour mission de maintenir l’ordre, ce qu’elle faisait avec vigueur. Ses membres étaient reconnaissables à leur képi qui se prolonge sur la nuque, leshako.
Garde civique Tintin s’engage dans Tintin est poursuivi par des policiers l’armée soviétique soviétiques qui lui tirent dessus. Aucune balle ne l’atteint, ce qui lui fait dire : Tintin n’a peur de rien. Arrivé en URSS, « Ils tirent comme des gardes civiques » il choisit de s’enrôler dans l’armée pour (p. 48-2A). La garde civique (et non mieux « voir comment cela se passe » civile) fut une milice chargée du maintien (p. 77-3A). Il embarque dans un camion de l’ordre en Belgique dès la création du de transport de troupes. On le voit à royaume, en 1830. Ellefut supprimée l’arrière (p. 78-1) juste avant qu’il ne saute de fait en 1920. Hergé fera de moins pour alerter les paysans sur ce qu’il risque en moins d’allusions à la Belgique. de leur arriver : une conscation de leur Dans les versions coloriées (ce qui ne 78-3A). production de blé (p. fut pas le cas pourLesSoviets), toute référence à la Belgique a été gommée. Le camion Latil est parfaitement reproduit d’après une photographie. Ce camion français, doté de quatre roues motrices, était réputé pour sa solidité et sa stabilité.
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Vote sous la menace Quand Hergé montre Tintin assistant à un vote en public sous la menace de cinq pistolets (p. 32), il ne fait que mettre en image un passage du livre qui l’avait inspiré : Moscou sans voile, écrit par Joseph Douillet, consul belge à Rostov-sur-le-Don. Le président du « bureau de vote » braque les pistolets sur l’assistance qui baisse la tête en signe d’acquiescement. Voici le texte original de J. Douillet:« Trois listes sont en présence : l’une est celle du parti communiste. Que ceux qui s’opposent à cette liste lèvent la main ! Simultanément, Oubiykone et ses quatre collègues sortirent leurs revolvers et désignèrent la foule des paysans, l’arme menaçante au poing. Oubiykone continua : Qui donc se déclare contre cette liste ? Personne ? Je déclare que la liste communiste passe à l’unanimité. Il devient donc inutile de faire voter pour les deux autres. » Pour Douillet, un revolver est brandi sur la foule mais Hergé a dessiné un pistolet. Cen’est qu’un détail inme.
La première mitrailleuse présente dans les albums d’Hergé : une Maxim 1908, un modèle qui fut transformé de nombreuses fois (p. 49-51) !
TINTIN AU PAYS DES SOVIETS 1 La première apparition de lamitrailleuse Maxim 08 Le canot automobile des poursuivants soviétiques de Tintin est équipé d’une mitrailleuse (p. 49-51). Même si elle n’est pas dèlement reproduite, il s’agit d’une Maxim de 1908. Ce modèle, l’un des premiers de l’entreprise britannique Vickers, était refroidi par un système à eau. Elle tirait une bande de cartouches que l’on voit sur le canot lorsque Tintin jette ses adversaires à l’eau (p. 51-2). Étant donné le succès qu’avait rencontré la mitrailleuse Maxim 1908, il n’est pas étonnant qu’on la retrouve dans d’autres albums.
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Le fusil Mosin-Nagant L’une des armes les mieux reproduites dans cet album est certainement le fusil Mosin-Nagant. Il fut mis au point par Sergueï Mossine (un Russe) et Léon Nagant (un Belge de Liège). Ce fusil a équipé non seulement la Russie des Tsars (plus de 3,8 millions d’exemplaires furent fabriqués pour la guerre russo-japonaise !) mais de nombreux autres pays lors des conits ultérieurs (même l’Espagne pendant la guerre civile).
Un fusil belgo-russe îdèlement reproduit et facilement reconnaissable (p. 73).
Tintin marche au pas, fusil Mosin-Nagant à l’épaule quand il s’enrôle dans l’armée soviétique (p. 79-3AB). Mis au point en 1891, ce fusil à répétition manuelle fut fabriqué jusqu’en 1965, avec plusieurs améliorations. Il était alimenté par un magasin de cinq cartouches. On distingue, dèlement reproduit, le réceptacle des cartouches, juste en avant . t c a de la gâchette, ou plutôt queue de détente (p. 73-2B, 79-3B). Il était le plus souvent p m I utilisé avec une baïonnette comme on le voit lorsque Tintin arrive aux abords de s a l t Moscou (p. 63-3). Labaïonnette est apparue à l’époque de Louis XIV eAt son utilisation © se généralisa dans toutes les armées. Elle tiendrait son nom de la ville de Bayonne lorsque des soldats-paysans, n’ayant plus de munitions, xèrent de longs couteaux au bout de leur fusil. On devrait donc logiquement écrire « bayonnette » ! D’ailleurs, en anglais, on écrit « bayonet ».
Le Mosin-Nagant 1891 est toujours muni d’une tige pour le nettoyage. Cette tige est parfaitement visible sur les illustrations d’Hergé.
L’uniforme des cosaques, adapté au climat rigoureux, est emprunté par Tintin, même si la taille est loin d’être la sienne (p. 98 et suiv.). Les étuis des cartouches sont nettement visibles.
Tintin en habit de cosaque Les cosaques de l’armée russe portaient un uniforme adapté au climat rude. Un manteau qui descend jusqu’aux chevilles et un chapeau de fourrure (p. 89-107). Tintin » cette tenue identiable aux « emprunte cartouchières disposées sur la poitrine. Il n’oublie pas le long couteau eflé qui ne le quitte même pas lorsqu’il est fait prisonnier (p. 100-107) « dans la cachette où Lénine, Trotzky et Staline ont amassé les trésors ! » (p. 100-3A). volés au peuple
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