Les lignes hurlantes
329 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Les lignes hurlantes , livre ebook

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329 pages
Français

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Description

L'humanité est liée à l'écriture et la lecture, les histoires sont façonnées et façonnent les hommes et leur univers.

Il eut soudain une sorte de compréhension illuminée de ce que symbolisait cet univers qui se déployait sous son regard. En écrivant, en lisant, les hommes créaient le monde. Des histoires. Les hommes écrivaient des histoires. Et c’est l’Histoire qui s’écrivait. Nos vies entières, les effets étranges de synchronicité, les sensations de déjà vu… Tout se trouvait dans les livres, objets vivants d’une ténébreuse et incalculable cathédrale… Ce propre livre que tu tiens dans tes mains, ce que toi tu es en train de lire est le cri terrifiant de l’humain, le cri d’une souffrance d’être enfermé pour l’éternité dans les filets d’une manipulation démoniaque. À écouter le hurlement des lignes. Méfie-toi des mots. Méfie-toi de ce livre.

Un ouvrage qui invite à appréhender la littérature comme le cri de l'humain et les mots comme des armes. Les lignes de ce livre tissent d'ailleurs le filet d'une manipulation démoniaque, méfiance...

EXTRAIT

Malgré les réticences initiales d’Adolf, ils avaient choisi Prague, la petite sœur de Vienne, les deux villes étant toutes les deux en pleine effervescence artistique. La condition imposée par Hitler, de manière autoritaire évidemment, fut que personne ne puisse connaître leur destination. Neumann connaissait à la fois Prague mais également du monde dans le milieu israélite, il avait de la « famille riche » et ils pourraient sans difficulté loger à moindres frais chez un cousin ayant un poste haut placé dans une compagnie d’assurance. Après que le jeune juif eut écrit à son cousin deux mois auparavant et après avoir reçu une réponse positive, ils avaient fixé discrètement une date et s’étaient donc échappés incognito de Vienne.
Adolf aurait dû se sentir heureux de quitter la capitale autrichienne. Il était arrivé à Vienne plein d’espoir et avait eu de belles opportunités. Mais ses rêves se transformaient progressivement depuis quelques mois en un bourbier cauchemardesque. Il souffrait de plus en plus. Vienne et ses deux échecs à l’Académie des Beaux-Arts, Vienne et les mois de misère, toutes ses économies épuisées l’année dernière et surtout Vienne et l’armée de l’Empire qui le poursuivait. Il avait en effet reçu une énième convocation pour la visite médicale en vue de son service militaire et il voulait à tout prix éviter l’armée.

À PROPOS DE L'AUTEUR

David Rajjou est avocat breton depuis plus de 20 ans. Passionné depuis toujours de littérature, d’histoire et de philosophie Les lignes hurlantes est son premier roman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 mai 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782851135216
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

David Rajjou











Les lignes hurlantes
Roman


































© Lys Bleu Éditions – David Rajjou
ISBN : 978-2-85113-521-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayant cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivant du Code de la propriété intellectuelle.








Aux cinq
À tous les autres







Préface



Notre Cabinet, composé d’un associé sénior et de deux collaborateurs juniors, installé dans une ville moyenne de l’Ouest de la France est détenteur de l’habilitation d’avocat mandataire d’artistes et d’auteurs. Nous sommes donc autorisés, dans le respect des règles de la profession d’avocat, à notamment représenter et conseiller des auteurs qui souhaiteraient faire publier des œuvres littéraires. C’est à ce titre qu’un client nous a confié un manuscrit un jour de 2017, manuscrit qui donnera le livre que vous tenez entre les mains. La particularité de ce client, outre sa demande peu commune consistant à transmettre par notre intermédiaire le manuscrit à des maisons d’édition, venait du fait qu’il souhaitait expressément éviter toute possibilité d’identification ou de contact avec l’extérieur.

Nous tenons à indiquer au lecteur que c’était la première fois dans cette branche d’activité du cabinet qu’une demande semblable se produisait. Il est en effet peu courant que des clients vous sollicitent sous couvert du secret professionnel inhérent à la profession d’avocat aux fins de transmission d’un manuscrit sous couvert d’anonymat à une maison d’édition. Ils font le plus souvent eux-mêmes la démarche d’envoi et nous consultent ultérieurement soit pour examiner les contrats qui leur sont proposés soit pour des litiges postérieurs. Mais ce type de demande pouvant effectivement rentrer dans nos attributions, nous avons accepté.

Afin que cette préface soit d’ailleurs la plus professionnelle et la plus précise, nous allons vous livrer quelques observations sur ce rendez-vous tout en préservant ce que nos obligations déontologiques nous imposent en termes de secret professionnel 1 .

Le rendez-vous était prévu à seize heures. Selon le constat, toujours fiable, de notre secrétaire à l’accueil, l’homme arriva une demi-heure en avance. Comme d’usage lorsque nous sommes sollicités par un artiste ou un auteur, deux avocats sont présents lors du rendez-vous, la subjectivité ou sensibilité littéraire ou artistique d’un seul avocat ne devant pas interférer dans la relation professionnelle avec le client artiste ou auteur. Nous le reçûmes donc à l’heure et nous lui offrîmes un café que notre secrétaire, toujours serviable, se chargea de lui apporter. La poignée de main fut franche et nous remarquâmes que si l’homme avait un accent anglophone marqué, il maîtrisait en revanche parfaitement le français.
L’individu nous apparut également en bonne forme physique mais le visage semblait marqué par les épreuves de la vie. Une grosse tignasse frisée, une sorte de lainage improbable de roux et de blond, lui surmontait le visage et l’œil était « pétillant d’intelligence » selon le constat d’un des avocats présents à l’entretien.

Il se présenta sous le nom de James Dia et spontanément nous indiqua que notre cabinet lui avait été recommandé par un de ses amis qui faisait des affaires entre Nantes (ville où notre Cabinet intervient ponctuellement) et l’Irlande. Monsieur Dia en vint assez rapidement au fait et nous désigna une clé USB rouge en nous expliquant qu’elle contenait un manuscrit traduit de l’anglais vers le français. Il souhaitait le faire publier. Il insista à ce moment précis sur le point suivant : il ne voulait en aucune façon que l’on puisse « remonter physiquement sa trace ». L’expression nous surprit mais il nous le confirma à plusieurs reprises : seul son nom devait figurer sur le manuscrit.

Encore plus dérogatoire à nos consultations en la matière, il nous formula des recommandations peu habituelles. Il nous prescrivit d’abord de lire « intégralement » le manuscrit avant de le transmettre et nous demanda « expressément » de rajouter des notes de bas de page pour ce qui pouvait apparaître incompréhensible ou inconnu à un « lecteur normal ». En terminant l’entretien, Monsieur Dia nous indiqua qu’il reprendrait rendez-vous dans environ quarante-cinq jours à la fois pour les notes de bas de page et pour également convenir définitivement avec notre cabinet de la transmission du manuscrit à une ou des maisons d’édition en France.

Il s’agit, synthétiquement, de la teneur du premier entretien avec ce client. Il fut également évoqué à cette occasion le montant des honoraires à propos desquels ce client ne discuta aucunement. Un de nous l’interrogea sur le choix de la langue française et de la France pour la publication du manuscrit d’autant plus qu’il était manifeste que ce client était anglophone, le texte, nous l’avons déjà précisé, ayant été rédigé initialement en langue anglaise. Monsieur Dia nous expliqua qu’il avait décidé de s’installer définitivement en France et que la publication de ce livre était pour lui comme une « renaissance ». Maîtrisant correctement la langue française, il avait considéré comme un prolongement normal de son travail la traduction du manuscrit.

Nous nous sommes donc attaqués à la lecture de l’œuvre. Pendant environ trois semaines, nous (les deux avocats présents au rendez-vous) n’avons évoqué ni nos lectures respectives ni nos sentiments personnels. Ce fait est assez rare pour être souligné car nous nous croisons évidemment tous les jours dans les locaux du Cabinet.

C’est lors d’un repas dans un excellent restaurant de cuisine espagnole que l’un d’entre nous (nous ne pouvons pas dévoiler lequel par respect pour notre client) indiqua qu’il avait fini le livre et qu’il s’agissait de « l’œuvre d’un fou » et que la qualité littéraire était « médiocre, voire franchement dégueulasse. » La pathologie avancée était « délires d’interprétation littéraire et historique ». Le second indiqua qu’il avait passé un « bon moment de lecture » et que de toute façon, nous n’étions ni éditeurs ni critiques littéraires et que nous avions un mandat ainsi qu’un règlement d’honoraires conséquent. Celui d’entre nous le moins critique s’attaqua donc, conformément à la demande de Monsieur Dia, au travail concernant les notes de bas de page. L’usage de Wikipédia et du Web pour la réalisation de ces notes fut évidemment indispensable mais Monsieur Dia ne s’en offusqua pas.

Nous le revîmes une quinzaine de jours environ après ce repas et nous lui remîmes alors le manuscrit annoté. Après trois jours passés à consulter les notes et à effectuer sur la clé USB rouge d’ultimes modifications et notamment l’ajout du dernier chapitre, il nous donna son accord définitif aux fins de transmission.

Nous devons vous préciser pour terminer cette préface et par souci d’honnêteté que les débats restent vifs entre nous, parfois le soir après notre journée au Cabinet, pour apprécier la valeur et surtout la véracité éventuelle du récit de Monsieur Dia. L’un d’entre nous s’est plongé dans des recherches historiques et littéraires complémentaires notamment pour ce qui concerne les personnages réels évoqués dans ce roman. À la grande stupéfaction de l’un d’entre nous (le plus favorable au livre !), toutes les références historiques et littéraires du roman sont vérifiables. Le seul point radicalement surréaliste est notamment la présence dans ce récit de quatre des plus grands écrivains du vingtième siècle. Nous avons sans doute affaire à une coloration du récit, même si également sur ce point les faits rapportés et n

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