La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juin 2014 |
Nombre de lectures | 12 |
EAN13 | 9782336700021 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
4e de couverture
Copyright
© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN Epub : 978-2-336-70002-1
Titre
Pierre Boxberger
Les nuits folles de Carlotta
Roman
Du même auteur
Du même auteur
L’Ecole impossible , Editions Baudelaire, 2011
Mes petits cauchemars au féminin , TheBookEdition, 2011
Le secret d’Alexandra , TheBookEdition, 2011
L’Evangile selon saint Moi-Même , TheBookEdition, 2011
Mes débuts dans le baby-boom , TheBookEdition, 2012
Aux disparus du quai de la Pêcherie , l’Harmattan, 2013
Dédicace
A Jeannine, ma chère maman, disparue en janvier 2014
TROIS RECOMMANDATIONS AUX LECTEURS
Première recommandation.
Je vous vois venir, vous, lecteurs impatients ou frénétiques. Quand vous aurez lu les trois ou quatre premiers chapitres de ce roman, vous serez tellement inquiets pour l’avenir du personnage principal que je suis sûr que vous irez vous précipiter sur les dernières pages du livre pour savoir comment tout ça va bien pouvoir se terminer. Surtout, je vous en conjure, ne le faites pas. D’ailleurs, pour vous éviter ce regrettable geste, j’ai préféré prendre les devants et j’ai décidé de placer ces fameuses pages au début…
… Commençons donc par la fin :
Hors d’haleine, écarlate, dégoulinant de sueur, le commissaire Boivin parvint en courant au dernier degré des escaliers de bois qui menaient au grenier de l’ancienne préfecture de police, avec sur ses talons ses deux officiers presque aussi cramoisis que lui. D’un seul coup de son épaule gauche, propulsée par cent quarante-cinq kilos de muscles, de graisse et d’os, le flic géant fit sauter la serrure qui verrouillait la porte de chêne.
Trop tard.
Sans réelle surprise, il découvrit alors ce qu’il redoutait depuis qu’on l’avait prévenu de la quadruple disparition, peu de temps auparavant.
Contre les quatre massives fermes de châtaignier de la monumentale charpente de l’édifice en réfection, pendaient quatre corps sans vie, quatre corps fixés aux poutres. Les trois hommes avaient été crucifiés dans une position qui rappelait les Christs jansénistes, les bras tendus vers le haut, presque à la verticale, les pieds cloués directement sur le plancher de chêne. Quant à la femme, ses chevilles étaient maintenues à la poutre maîtresse, et elle était exposée nue, la tête en bas. Sa longue chevelure de jais se répandait sur le plancher taché de sang et lui masquait le visage. Elle portait, collée sur le ventre avec de l’adhésif de chantier, une plaquette de carton sur laquelle avait été inscrite à la hâte et au marqueur rouge cette délicate remarque :
Elle n’a eu que ce qu’elle méritait, la salope.
Une cloueuse pneumatique de charpentier reliée à son compresseur par un tuyau souple courant sur le plancher était abandonnée près des victimes, et c’est avec cet engin diabolique que les malheureux avaient été fixés aux pièces de bois.
Boivin, mort d’inquiétude, s’approcha de la femme, s’accroupit et écarta de la main les cheveux qui lui dissimulaient son visage. Dans quelques secondes, en identifiant la victime, il connaîtrait du même coup l’auteur (ou peut-être les auteurs) de ce nouveau massacre.
En découvrant l’identité de la malheureuse, il poussa un terrible soupir de découragement, tandis qu’une monstrueuse grimace lui déformait le visage, trahissant sa détresse, mais aussi sa colère. De grosses larmes roulèrent sur ses joues rebondies, se mêlant à la sueur qui lui inondait maintenant le visage. Ainsi, il avait bien raison, on n’avait jamais voulu l’écouter, on avait méprisé ses craintes et moqué ses mises en garde. Il s’en voulait terriblement de ne pas avoir pu être plus convaincant avec la justice, à l’époque. Malheureusement, ce soir, il arrivait trop tard… Et ce n’était peut-être pas fini…
Seconde recommandation.
Bon, chers lecteurs, je vois à vos sourcils froncés que vous n’êtes pas plus avancés qu’avant, parce que cet étourdi de Boivin a omis de vous révéler l’identité de cette malheureuse femme. Aussi, vous avez toujours envie d’aller jeter un œil pendant que j’ai le dos tourné sur ces satanées dernières pages. De grâce, ne le faites pas. Tiens, je vais vous donner quelques éléments complémentaires…
… Un an avant le quadruple meurtre, dans un bureau poussiéreux et encombré du Palais de Justice…
Graziella Megelli venait d’achever la relecture à haute voix de la conclusion du rapport d’expertise psychiatrique et psychologique. Rejetant en arrière d’un brusque mouvement de tête ses longs cheveux noirs, elle avait alors braqué les yeux en direction de ses deux adjoints, puis après avoir bu d’un trait le verre de whisky de quinze ans d’âge qui attendait sur le coin de son bureau, elle leur avait demandé :
- Alors, messieurs, cette fois, vous êtes bien d’accord, on ne change plus rien ?
Les deux hommes s’étaient contentés d’acquiescer de la tête d’un air entendu.
- Eh bien les amis, on signe, alea jacta est ! Ce soir, notre rapport sera sur le bureau du juge Denis, avait-elle dit en frappant solennellement l’épais dossier de la paume de sa main droite.
Puis Graziella avait fouillé dans sa trousse de cuir bleu, y avait retiré son plus beau stylo plume, s’était appliquée comme une petite fille modèle en sortant un peu le bout de sa langue entre ses lèvres pincées pour noter la date, l’heure exacte, et apposer sa griffe au bas de la conclusion du rapport. Elle avait fait passer ensuite le document à son confrère psychiatre puis au psychologue et ceux-ci avaient signé à leur tour. Ces derniers s’étaient alors levés et l’avaient saluée cordialement. Ils semblaient soulagés et visiblement satisfaits de l’avis collégial qu’ils venaient d’exprimer, mais également un peu tristes d’avoir en ce moment même terminé une tâche qui avait été pour eux trois certes épuisante mais tellement passionnante.
Après leur départ, Graziella était retombée mollement dans son fauteuil en soupirant et, songeuse, elle avait refermé le document. C’était un épais rapport relié par une spirale métallique rouge. Elle avait posé une dernière fois son regard sur la première page qui titrait, en grosses lettres noires :
AFFAIRE LOMBARDINI, RAPPORT D’EXPERTISE PSYCHIATRIQUE ET PSYCHOLOGIQUE .
Les cent premières pages reprenaient l’ensemble des entretiens, observations, expérimentations, analyses, interrogatoires et examens qui s’étaient étalés sur plusieurs semaines et qui avaient été menés parallèlement par les trois experts. Elles étaient suivies des différents rapports de police et des comptes-rendus des interrogatoires dirigés par le commissaire Boivin. Puis les dernières pages, celles que venait de relire à haute voix Graziella, présentaient une conclusion collégiale (ce qui était rare, souvent, les experts émettaient des avis divergents qui parfois les décrédibilisaient aux yeux du public), conclusion qui était destinée à aider le juge à se prononcer sur la question que tous se posaient, magistrats, avocats, policiers, familles des victimes, voisins, amis, journalistes, habitants de la ville, de la région, et même du pays tout entier, tant l’affaire avait été médiatisée : y aurait-il un procès, ou la personne mise en cause serait-elle en fin de compte déclarée pénalement irresponsable ?
Elle avait tourné la tête en direction de la fenêtre qui donnait sur le Quai, songeuse et fière. Quelle chance incroyable, avait-elle pensé, qu’à trente-sept ans à peine, on lui ait confié la responsabilité de l’expertise d’un tel cas ! Pour elle, à vrai dire, c’était inespéré, mais cela démontrait une belle reconnaissance de ses compétences par les magistrats, et sans doute ce cadeau trahissait-il de leur part les regrets de la voir ainsi les quitter après ces quatre années de collaboration fructueuse et sympathique pour prendre la direction d’un grand centre de psychiatrie en province. Et elle savait bien que beaucoup de ces personnes, dans ce milieu judiciaire, étaient déçues de voir partir définitivement une femme aussi belle, drôle, fine et à la jeunesse si insolente.
Graziella en avait déjà vu beaucoup, des cas, et de toutes les couleurs, au long de sa pourtant jeune carrière ! Parmi tous les assassins et les criminels qu’elle avait eu à examiner, à interroger, à tenter de comprendre, s’étaient succédés des désaxés, des pervers, des déséquil