Les Pages du destin
208 pages
Français

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Les Pages du destin , livre ebook

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Description

Métro, boulot, dodo.
Votre vie est comme emportée par la boucle infernale de la routine.
Les jours se succèdent et se ressemblent.
Tous.
Dans le monde monotone où vit Gabrielle, ses jours lui sont prédits par Les Pages du destin. Tout est écrit à l’avance. Un inconnu les rédige, les populations les lisent. Il s’agit de la loi fondamentale, créée par un Gouvernement mystérieux.
La jeune fille a guetté les signes. Elle a observé le monde qui tournait un peu trop rond. Et elle a agi.
Comme Gabrielle, observez le monde, questionnez vos Pages, et réécrivez votre Histoire…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029007156
Langue Français

Extrait

Les Pages du destin
Chloé Debray
Les Pages du destin
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2017
ISBN : 979-10-290-0715-6
Remerciements
Merci à Ly, qui a posé pour la photo de couverture. Et merci surtout à ma famille et à mes amis qui m’ont encouragée dans l’écriture et l’édition de ce premier roman.
Chapitre 1
Une musique soudaine et puissante me tire peu à peu du sommeil. Mes paupières closes peinent à s’ouvrir et la vue nette des choses tardent à me parvenir. La lumière mordorée d’un jour nouveau pénètre ma chambre blanche qui s’en imprègne. La paresse qui me possède me dicte de rester au lit. Il va falloir se faire une raison. J’ai cours ce matin. Dans un gémissement résigné, je roule ma couette en boule, l’envoie valser à l’autre extrémité du matelas et me lève d’un bond. La mélodie se fait de plus en plus forte. On pourrait désormais penser qu’elle sort directement de ma chaîne Hi-Fi. Ce qui n’est pas le cas. Le son provient de l’extérieur, sous la fenêtre. Je m’approche et l’ouvre délicatement, bien décidée à connaître le responsable de mon réveil précoce.
La fraîcheur aurorale me fait du bien : la nuit a été, une fois de plus, caniculaire. Les rideaux ondoient sous le souffle de la brise délicate, ainsi que mes cheveux courts qui s’emmêlent toujours un peu plus. La lune a disparu depuis longtemps, mais l’aube n’a pas achevé son travail. C’est un spectacle magnifique qui s’offre à moi : l’opale de feu s’élève gracieusement dans le ciel, flamboient mille nuages de flammes ardentes aux nuances infinies. La nébulosité, tantôt opaline, tantôt violacée, encercle le soleil telle une meute de prédateurs affamés. Superbe ! Bientôt, les nuages de coton laissent place à une nuée d’hirondelles. Cette danse des astres et du ciel s’offre au monde entier deux fois par jour ; et pourtant, depuis la nuit des temps, l’Homme ne se lasse pas d’être fasciné par les levers et les couchers de soleil. Jamais il ne présente les mêmes couleurs, jamais il ne se lève de la même manière. Contrairement à moi qui me réveille en affichant la même moue boudeuse et éteinte, dans le même pyjama en pilou défraichi, toujours en roulant ma pauvre couette et en la balançant dans un coin. Tous les matins. Tous les jours. Toutes les semaines et tous les ans. Toute la vie. Et pourtant, un musicien se pointe sous ma fenêtre et vient pimenter la routine ennuyeuse et pénible du réveil. Un homme, d’une petite vingtaine d’années, joue du violoncelle. La musique qui en découle illustre parfaitement le spectacle du crépuscule. Inlassable. Magnifique. Hors du temps.
Ses vêtements déformés par l’usage trop fréquent contrastent avec le majestueux instrument en bois d’érable calé contre son épaule. Ses doigts glissent sur les cordes avec une vitesse surnaturelle, tandis que l’homme manie son archet d’une précision incroyable, comme si sa vie en dépendait. Mes oreilles en redemandent toujours plus à ce sans-abri, qui parait aveugle et sourd au reste du monde à cet instant. Mon cœur bat au rythme de la cadence qui semble marquer la fin du morceau. Et ma tête me fait comprendre que je connais cette musique. Je l’ai déjà entendue. Mais où ? Et qu’est-ce donc ? Alors que je me torture les méninges pour faire ressurgir de ma mémoire le titre de ce morceau, mon regard se perd au loin. Plus loin que le soleil qui crache ses cendres ardentes dans le ciel bleu de l’été. Mon esprit divague et des milliers de pensées et de questions existentielles viennent s’accumuler dans ma tête, comme un film en accéléré sans aucun sens.
« Quels évènements les Pages me prédiront-elles, aujourd’hui ? Que me réserve ma journée ? Cet homme, en bas de chez moi, a-t-il vraiment reçu une Page lui indiquant qu’il jouerait ce morceau-là précisément, et plus particulièrement sous ma maison, à cette heure précise ? Je ne le saurai certainement jamais : il est strictement interdit de parler, à quiconque, du contenu de nos propres Pages. Alors ce n’est surement pas ce parfait inconnu qui me le dira. »
Le Gouvernement prédit quotidiennement la journée de chacun d’entre nous, et nous envoie un rapport détaillé, chaque matin vers cinq heures, de notre journée à venir. Personne ne sait à part lui-même, comment le Gouvernement parvient à prédire la journée de chaque individu d’une manière aussi exacte et claire. Nous sommes dans l’obligation de lire nos Pages tous les matins. C’est la loi. Un précepte quasi-divin que toute la population suit et obéit au doigt et à l’œil. Je savoure ces quelques instants, durant lesquels mon avenir proche m’est encore hypothétique. Les Pages ont été créées afin d’assurer la sécurité des individus ; c’est ce que certifie le Gouvernement. Les agents des gendarmeries en reçoivent également : ils savent alors à l’avance quels sont les quartiers à surveiller ; et l’efficacité de leur travail se voit centuplée. Les médecins et les chirurgiens se fient énormément à leur Pages, ce qui leur permet de connaître les cas graves quelques heures avant, et de préparer leurs instruments à l’avance. Ce système a donc sauvé de nombreuses vies, surtout au sein des cliniques d’urgence. Il m’arrive toutefois de déplorer intérieurement cette loi fondamentale, et de songer à ce qu’auraient pu ressembler nos vies si elles n’étaient pas basées sur d’éternelles révélations prédéfinies. Mais n’ayant jamais connu la vie autrement, cela paraît bien utopique à mes yeux. Impossible ! Autant acheter un château en Espagne. Les cours d’histoire du lycée nous enseignent qu’il n’y a seulement quelques siècles de cela, les Pages n’existaient pas. Imaginez-vous ! Vivre dans un monde dans lequel on ignore que l’on va rencontrer une personne importante, dans lequel on ignore que l’on va vivre quelque chose d’intense, dans lequel on ignore que l’on va avoir un accident le jour même. On n’aurait même pas la possibilité de se préparer psychologiquement. Cette idée m’est tellement inconcevable que mon esprit tourmenté me supplie de penser à autre chose. Ce que je fais généralement.
En me perdant dans mes réflexions profondes, j’en oublie d’entendre le clocher de la Nouvelle-Normandie sonner sept heures. Le fameux campanile est visible du haut de ma chambre ; mais c’est aux sons de ses cloches qu’est due sa réputation, ainsi qu’à l’arcade dorée qui recouvre l’horloge colossale, à gauche du beffroi. Mais même la cacophonie irrégulière causée par la Cloche d’Argent et de la Cache-Ribaut, vieilles comme le monde, ne parvient ne serait-ce qu’à couvrir le son du violoncelle. D’ailleurs, son possesseur m’intrigue toujours… Son instrument à cordes est tout ce qu’il lui reste. Et pourtant ! Son visage est serein et imperturbable. Ses yeux sont rieurs. Il dégage quelque chose de puissant : la joie de vivre. La liberté. Cet homme est heureux.
La voix de mon père me sort de mes rêveries et me fait sursauter :
« Gabrielle ! Descends ! Tes Pages sont arrivées depuis longtemps. Dépêche-toi. Tu vas être en retard au lycée. »
Mon cœur fait un bond douloureux dans ma poitrine, et l’espace d’un instant, un vertige me prend. Troublée, je prends appui sur le meuble le plus proche, et tente de reprendre mon souffle. Si ma vision redevient nette au bout de quelques secondes à peine, mes mains sont toujours moites. Je referme ma fenêtre à l’Anglaise à la hâte et non sans mal, mes bras très courts ne me permettant pas d’attraper l’ouvrant avec autant d’aisance que le ferait une personne plus grande. J’appréhende toujours un peu le moment où je lis mes Pages, parce que j’ai peur. Peur de ce que le Destin me réserve. Pourtant, je n’ai pas tellement eu de raison de me plaindre jusqu’alors. Si ce n’est de la monotonie navrante que je subis quotidiennement. Mais bon, je me console en me rappelant qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, comme on dit.
Une enveloppe de papier kraft m’attend sur le bord de la table de la cuisine. Ma sœur Sacha, de six ans ma cadette, lit les siennes dans un coin du salon, en affichant un sourire plutôt satisfait. Sûrement que le Gouvernement lui a prédit de bons résultats scolaires, je présume. Je saisis l’enveloppe sur laquelle est calligraphié mon nom, et je l’ouvre. Tendue,

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