Les survivants d Aglot
64 pages
Français

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Les survivants d'Aglot , livre ebook

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64 pages
Français

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Description

C'est la catastrophe à Aglot : les morts se relèvent ! Ils détruisent tout sur leur passage.


Anthony, nouveau gardien à la prison de la ville, et Emilie, l'une des détenues, vont coopérer pour survivre. Entre tensions et révélations, ils vont tenter de percer le mystère de cette invasion.



Réussiront-ils à sauver les citoyens et envisager un avenir heureux ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9791034801961
Langue Français

Extrait

DELPHINE BIAUSSAT
 
 
 
LES SURVIVANTS D'AGLOT
 
 
 
 
Illustration : Lydie A. Wallon
 
 
 
 
Publié dans la collection I-Mage-In-Air,
 
 
 
 

 
 
 
 
© Evidence Editions 2017
 
 
 
CHAPITRE UN
 
 
 
Émilie
— Accusée, levez-vous ! La Cour vous condamne à une peine de dix ans d’emprisonnement. Vous la purgerez au centre de détention d’Aglot !
Le juge fait claquer son marteau dans un son tonitruant, en me lançant un regard menaçant qui me promet de vivre l’enfer.
 
*
 
Émilie
 
J’ouvre lentement les yeux, et je reste immobile durant plusieurs minutes. Mon regard est absent et vide. Pendant un bref moment, j’oublie où je me trouve. Mais le plafond et les murs me rappellent à leur bon souvenir. La dure réalité de la vie !
— Encore ce satané cauchemar, dis-je en grognant.
Depuis que je suis prisonnière en ce lieu obscur qui déprimerait n’importe qui, il ne se passe pas une semaine — que dis-je ! Une nuit ! — sans que je refasse le même rêve. Je revis le jour de mon procès. Je me souviens du moindre instant, du moindre détail. Il y avait beaucoup de monde pour assister à ma descente dans les abysses. Jusqu’à ce jour, j’ai eu beau crier mon innocence, peu ont eu l’air de me croire. Surtout pas le juge et les jurés. Le visage du premier était dur et sans aucune pitié. Pour lui, j’étais coupable et complice du délit commis en ville.
Je me redresse sur la couchette. Il revient me hanter nuit après nuit. S’il était au courant, ce juge s’en frotterait les mains. Cela doit le faire sourire de m’avoir ôté toute liberté. Pourtant, je suis l’opposé de ce qu’il pense de moi.
Avant mon arrestation, je menais une vie douce et tranquille. J’étais très loin de prédire que je connaîtrais un jour la prison. Personne, d’ailleurs. J’étais quelqu’un d’aimé et de respecté. Mon entourage a été profondément choqué et partagé sur ma culpabilité. La majorité des gens n’a pas compris ce qui m’était passé par la tête. Ils me prenaient tous pour un ange.
Maintenant, je souffre. Je vis l’enfer. Mais cet endroit serait un peu plus supportable s’il n’y avait pas cette horrible Tatiana Drot. On peut dire que celle-là me mène la vie dure. Elle me joue de mauvais tours, tous plus inimaginables les uns que les autres. Je ne sais toujours pas ce que je lui ai fait pour qu’elle me déteste autant. Peut-être que tout simplement ma tête ne lui revient pas ? C’est bizarre, mais possible. Je ne vois pas d’autres raisons.
Je parcours des yeux la minuscule pièce où je me trouve. Il faut bien l’avouer, celle-ci est minable. Le mitard, qu’ils appellent ça ! Ma cellule habituelle, c’est le Ritz, comparé à… ça.
Je ne peux m’empêcher de grimacer de dégoût. En plus d’être un trou de souris, cet endroit est sale et poussiéreux. Il n’y a quasiment aucun meuble. Elle ne possède qu’une couchette, une petite table, un tabouret, un lavabo, et des W.C. La première me provoque un mal de dos terrible qui me donne envie d’expulser ma rage ; la deuxième a quatre pieds, mais le dernier est abîmé ; et les toilettes n’arrêtent pas de se boucher.
Je déteste ce lieu. Chaque jour un peu plus. Je me sens comme une misérable, sans aucune valeur humaine. Je suis totalement impuissante dans ce système carcéral, et là, tout de suite, j’ai envie de mourir. Je suis en pleine déprime.
Mais cet état n’est que passager, je le sais ! Malgré mon apparence que l’on pourrait qualifier de fragile, j’ai eu tout le temps de m’endurcir dans cette prison. On peut y entrer faible ; mais quand on ressort, on est capable de déplacer des montagnes. Pour la plupart des gens, j’imagine… Je fais partie du lot, en tout cas. Je ne suis plus le genre de personne à me laisser abattre. Je pourris ici peu à peu depuis cinq années, mais le fruit n’est pas prêt à être jeté à la poubelle. Pas encore.
Les premiers mois m’ont paru extrêmement longs, et l’adaptation y a été compliquée. Certes, j’ai eu l’occasion avec le temps de me faire quelques amies… Mais la prison et tout ce qui l’englobe me font horreur. Ah ! J’oubliais ! Tatiana Drot aussi.
Cette femme qui, à priori, est du même âge que moi environ est également une prisonnière. Elle est arrivée deux ans avant moi. Une fois dans l’arène, j’ai été victime de multiples coups bas. Tatiana s’est aussitôt présentée comme « la boss » des détenues. Tout le monde la craint. Moi aussi, j’y suis obligée. Mais au fil du temps, la colère a dépassé la peur.
« Ma tête ne te revient pas, et alors ! » C’est une phrase que j’ai eu maintes fois envie de lui crier. Mais j’ai rongé mon frein, et j’ai résisté le plus calmement possible à ses assauts… Jusqu’à il y a six jours. Je me suis enfin rebellée, et j’ai offert à Tatiana la raclée de sa vie. Résultat des courses : deux semaines au mitard. J’ai eu la « chance » d’en récolter deux au lieu d’un mois, parce que c’était la toute première fois pour moi que je me battais. Lors de l’annonce de la punition, j’ai failli rétorquer aux gardiens par pure provocation, car la colère ne parvenait pas à tomber. Mais heureusement, je me suis rattrapée à temps, histoire de ne pas aggraver mon cas. Et puis… J’ai un lot de consolation : Tatiana est aussi en cellule d’isolement. Mais elle, elle paye plein pot. C’est une habituée.
 
 
 
 
CHAPITRE DEUX
 
 
 
Anthony
 
Je suis gardien de prison au centre de détention d’Aglot depuis près d’un mois. Auparavant, j’ai pu exercer différents jobs, tels que livreur de pizza, et serveur dans un bar. Il s’est révélé que c’étaient des boulots où je ne parvenais pas à m’épanouir. De plus, ma mère n’a rien fait pour m’encourager. Elle n’arrêtait pas de me rabaisser, et elle me rabâchait que je n’arriverais à rien. Ses critiques m’ont blessé, mais je savais qu’elle avait raison. Il fallait que je me trouve un travail stable pour avoir une fierté professionnelle. J’ai donc démissionné du poste que j’exerçais avant, afin de faire le point sur ma vie. Pour cela, je me suis tourné vers une conseillère d’orientation. Après de multiples tests, il s’est avéré que plusieurs métiers pouvaient me correspondre. Mais un seul d’entre eux a véritablement reçu mon attention : gardien de prison. Allez savoir pourquoi ! Le port de l’uniforme, peut-être ? Non, je me moque bien de ça. Avoir l’ascendant sur des êtres humains ? Non plus. Je ne suis pas ce genre d’homme. En vérité, le domaine de la justice m’attire. Mais comme je n’ai pas accompli de grandes études, les carrières telles qu’avocat ou magistrat ne sont pas faites pour moi. J’ai donc passé un concours. L’ayant réussi de justesse, j’ai atterri là un peu par hasard. Enfin presque. Je n’avais presque pas le choix, et j’ai décidé de migrer ici, car mon oncle y habite. Aglot est une petite ville, et c’est un coin relativement paumé. On est loin de Paris, et dans un sens tant mieux.
À Aglot, il ne se passe pas grand-chose. Les crimes et les délits y sont plutôt rares. Alors, pour remplir ce centre, on recueille certaines détenues des régions voisines afin de désemplir leurs prisons.
Ici, c’est beaucoup plus calme, comparé à d’autres endroits. Je m’en fous de ne pas travailler dans un établissement pénitentiaire où les plus dangereux criminels subissent leurs peines. Au moins, à Aglot, j’ai le temps de m’intégrer au mieux. Bientôt, dans les prochains mois, je compte devenir un gardien irréprochable.
Jusqu’à présent, mes débuts ont été assez hésitants. Je n’ai que vingt-quatre ans après tout. C’est un emploi qui est dur.
À cause de ma discrétion, une partie des détenues connaissent à peine mon existence. Ainsi, elles m’ignorent. Le reste des prisonnières s’en amusent et me charrient. Heureusement, rien de méchant. Je suis en quelque sorte le « nounours » de ces dames. Elles me disent que je suis trop « mignon ». Si ça leur fait plaisir…
On me surnomme « le bleu ». Cela ne me dérange pas plus que ça vu que je suis néophyte. Je sais bien que cela ne va pas durer. Mon adaptation n’est qu’une question de temps. C’est juste que ce changement de vie, toutes ces nouveautés, c’est un peu trop pour moi.
Je suis vraiment satisfait d’être un nouveau citoyen à Aglot. Je suis plus proche de mon oncle que je n’ai pas revu depuis environ une dizaine d’années. Je me souviens qu’enfan

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