Lettre à Tita volume 1
110 pages
Français

Lettre à Tita volume 1 , livre ebook

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110 pages
Français

Description

Lettre à Tita laisse échapper des informations capitales sur la richesse d'un héritage culturel africain qui se meurt. Ce premier volume est une description nostalgique de l'ambiance quotidienne de Zilan-village, "cette bourgade enfouie dans la forêt équatoriale", avant l'intrusion des us et moeurs étrangers, à l'époque où la nature et l'homme vivaient encore ensemble.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 61
EAN13 9782296503373
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettre à Tita
Lettres camerounaises Collection dirigée par Gérard-Marie MessinaLa collectionLettres camerounaises présente l’avantage du positionnement international d’une parole autochtone camerounaise miraculeusement entendue de tous, par le moyen d’un dialogue dynamique entre la culture regardante – celle du Nord – et la culture regardée – celle du Sud, qui devient de plus en plus regardante. Pour une meilleure perception et une gestion plus efficace des richesses culturelles du terroir véhiculées dans un rendu littéraire propre, la collectionLettres camerounaises s’intéresse particulièrement à tout ce qui relève des œuvres de l’esprit en matière de littérature. Il s’agit de la fiction littéraire dans ses multiples formes : poésie, roman, théâtre, nouvelles, etc. Parce que la littérature se veut le reflet de l’identité des peuples, elle alimente la conception de la vision stratégique. Déjà parus Michel ABEGA,Le chevalier noir, 2012. Berthe-Virginie Tuedjo,La nuit des grillons, 2012. Floréal Serge ADIÉMÉ,Mon prince charmant, 2012. Paul Emmanuel BASSAMA OUM,La poubelle de la discorde, 2012. Ayong EBEMOH,Le salaire du péché, 2012. Janvier YEMELE,Le paon, 2012. Soter Nah OWONA,Foyers éteints ou l’impossible retour à la case natale, 2012. Maxime METO’O,Le rapt impétueux, 2012.
Jeanne Marie Rosette Abou’ou Lettre à Tita
Volume 1
Préface de Jacques Philippe Tsala Tsala
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96294-1 EAN : 97822962941
Préface
La « Lettre » écrite à un « Tita » consonnant et rimant avec la proximité d’une figure à la fois paternelle et familière, entendu comme « père-frère », livre au destinataire, un récit léger et complexe à la fois.
Tout commence de manière anodine et tranquille dans un village du Sud-Cameroun, dans la luxuriante forêt équatoriale. La vie y est ordinaire, lente ; rythmée par des habitudes, une ritualité quotidienne. La « Lettre » écrite à un « Tita » révèle la complicité parentale avec une figure qui garantit la place et le statut des uns et des autres ...On va à la chasse. On va à la pêche. On vit. On meurt. Et tout ceci est célébré avec faste et moult détails.
Puis apparaît en filigrane une histoire forte qui vient soutenir l’irrépressible combat entre la paisible et la rassurante tradition et une modernité toujours plus étonnante et plus provocatrice. Le village aurait-il changé ? La question prend une tournure mélancolique voire douloureuse lorsqu’elle suscite une inquiétante absence de réponse…… alors même que tout indique l’urgence d’une parole qui rassure. C’est ainsi que ce texte qui se révèle comme une véritable ode sylvestre, dévoile cette lancinante question : « cette bourgade enfouie dans la forêt équatoriale » s’est-elle pervertie ?
La question est au cœur de la romance. Heureusement qu’il s’agit d’un roman. Mais la fiction ne réduit pas la gravité des questions et la cruauté naturelle des faits. Les hommes, les femmes et les enfants ne semblent plus être les mêmes.
Mais, tout ne se comprend plus de la même façon. Edima est dépassé par les événements lorsqu’il n’est plus suffisant de s’appeler Pa (papa) Ojo, Pa Koulou pour assumer une paternité suscitant le respect et les attitudes liées à la nomenclature, pour ne pas dire « nomenklatura ». Et, on se surprend à penser au bon vieux temps où le riz n’était pas importé mais cultivé au village. Un autre riz, moins blanc mais plus proche et surtout partagé avec les oiseaux de la forêt qui en annonçaient le mûrissement. On découvre en passant que la famine qui frappe Zilan-village est un apport historique de la modernité. Et ce n’est point là le moindre des paradoxes relevés dans notre lettre.
Même l’histoire du cacao-cabosse, reine du Sud, qui apparaît dès les premières lignes, quitte l’esthétique et la suavité du fruit pour un récit socioéconomique en dents de scie. Elle drague hommes, femmes, enfants, plantes et animaux vers des berges incertaines qui disent toute l’inquiétude d’une réflexion réelle sur les rapports entre la praxis d’antan et les interpellations pressantes d’un aujourd’hui aussi évanescent que (op) pressant. Il faut pourtant continuer à vivre… même si le village Zilan subit de profondes mutations. La certitude réside dans l’ouverture à un avenir incontournable, prometteur. Il a ses codes et ses exigences. Les enfants du village s’engagent dans l’apprentissage de ces nouveaux langages par l’école et l’éducation, la formation et l’information, sans que les vieux ne s’y opposent. D’où l’aspect lumineux d’une projection rivée sur un futur toujours à apprivoiser. Heureusement, la lecture du volume I de la « Lettre à Tita » est un véritable moment de plaisirs fantasmatiques qui promènent le lecteur dans un univers à la fois onirique, historique et réel. La justesse du phrasé, la simplicité tenace des descriptions au détail sont d’une fraîcheur certaine. Le
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lecteur peut ainsi, à l’aune d’une véritable fiction, se laisser aller à la découverte d’un monde où humains, plantes et animaux se lient d’une solidarité de survie qui interpelle le désir de vivre aujourd’hui. J’ai personnellement savouré la douceur et la précision d’un style, l’à-propos des thématiques, et le nœud à peine voilé d’une préoccupation que seule la fiction peut introduire sans dommage et sans polémique superfétatoires. Je souhaite vivement que les lecteurs s’éprennent de cette Lettre à tous. Fait à Yaoundé le 06 avril 2012
TSALA TSALA Jacques Philippe, Professeur des Universités.
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En cette matinée de petite saison sèche, le souffle de Zilan-village s’était arrêté. Un calme frissonnant y régnait. On se croirait à un lendemain de tornade dévastatrice.Les arbres avaient perdu de leur splendeur habituellement entretenue par les rayons de lever du soleil. L’atmosphère était lourde, si lourde que même les animaux avaient compris que quelque chose de grave avait eu lieu. Aucun cri d’animal depuis ce matin-là, même Ko’oko, le coq de Tabita qui se chargeait tous les jours de nous donner les indications horaires n’avait pas chanté. En petits groupes, les habitants se réunissaient pour des concertations. Les femmes qui, à cette heure, devaient déjà être sur le chemin des champs, étaient restées cloîtrées dans leurs cuisines. Les pleurs des enfants avaient mystérieusement disparu. Il était évident qu’un grand malheur venait de s’abattre sur Zilan-village.
Soudain, un groupe de vieillards entra dans la grande maison de Tita, en ressortit quelques minutes plus tard, et l’un d’entre eux se dirigea à grands pas pressants tout droit vers le grand tam-tam de la place publique du village et commença à le taper. Le message était clair pour nous autres, initiés au décodage des sons de cet instrument de communication : « Grand-père Tita est mort cette nuit ». Il avait cent vingt-trois (123) ans, le dernier survivant d’une génération lointaine. L’homme qui, jusqu’à cet instant, était le garant des valeurs essentielles de la communauté Zilan venait d’entamer la route vers l’au-delà pour rejoindre ses ancêtres. Le repère historique de tous les fils et filles du village, et même de la contrée, venait de tomber. Il laisse derrière lui : 15 épouses, 93 enfants, 184 petits-fils, 83 arrière-petits-fils et 28 arrière-arrière-petits-fils.
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