Mitania
158 pages
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Description




En 2100, Chris Nolan, accompagné seulement de Juliet, un système informatique qui lui sert de pilote et d’aide dans son quotidien, part explorer l’univers pendant douze ans à la recherche d’une vie civilisée. En 2112, il rentre sur terre bredouille.



Entre-temps, sept siècles se sont écoulés sur notre planète qui lui est devenue inhospitalière : les continents, les pays se sont déplacés. Le monde est pleinement sauvage et aucun vestige ni trace de vie humaine n’y subsistent.



Où est passée la Base Aérospatiale Internationale de Dubaï ? Pourquoi l’humanité a-t-elle disparu ? Y a-t-il des survivants ? Où se cachent-ils ?



Chris et Juliet forment un singulier couple héros/machine : deux « Êtres » improbables, l’un asocial et l’autre qui, bien qu’artificiel, sait se rendre indispensable à cet homme esseulé et taciturne.



Un roman d’anticipation et d’aventure, qui pose la question des limites de la civilisation, celles de l’Humain et de son inéluctable solitude. Un roman troublant, bien documenté, qui donne à réfléchir, sur fond de plaidoyer écologique.



Une invitation à s'interroger sur l'aventure humaine et son devenir...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9782374534695
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PRÉSENTATION
En 2100, Chris Nolan, accompagné seulement de Juliet, un système informatique qui lui sert de pilote et d’aide dans son quotidien, part explorer l’univers pendant douze ans à la recherche d’une vie civilisée. Il rentre sur terre bredouille. Entre-temps, sept siècles se sont écoulés sur notre planète qui lui est devenue inhospitalière : les continents, les pays se sont déplacés. Le monde est pleinement sauvage, aucun vestige ni trace de vie humaine n’y subsistent. Où est passée la Base Aérospatiale Internationale de Dubaï ? Pourquoi l’humanité a-t-elle disparu ? Y a-t-il des survivants ? Et si oui, où se cachent-ils ? Chris et Juliet forment un couple singulier, héros et machine liés par leur isolement : deux « Êtres » improbables, l’un asocial et l’autre qui, bien qu’artificiel, sait se rendre indispensable à cet homme esseulé et taciturne. Un roman d’anticipation et d’aventure, qui pose la question des limites de la civilisation, celles de l’Humain et de son inéluctable solitude. Un roman troublant, bien documenté, qui donne à réfléchir, sur fond de plaidoyer écologique. Le style est dense et précis, très visuel. C’est une invitation à s’interroger sur l’aventure humaine et son devenir… *** Né à Alès en 1969,Bernard Afflatetvit à VALLIGUIERES. Il a étudié les maths, la physique et la chimie à l’USTL Montpellier II. Dès 16 ans, il est formé à divers courants de pensée : de l’anthroposophique de Rudolf Steiner à la libératoire krishnamurtienne, jusqu’à l’étude des personnalités depuis 2005. Il a participé à plusieurs formations musicales sur une période d’une vingtaine d’années, dont plus de la moitié en « solo » : écriture, composition, interprétation, studio, enregistrements, 3 passages radio France, mais son premier producteur décède et le second tombe gravement malade, des signes qui l'incitent à changer de voie… Bernard Afflatet a alors 35 ans et se dit qu’il est temps de passer à une autre forme d’expression : celle qui le fascine mais qu’il appréhende : l’écriture ! C’est alors qu’en 2010, il fait son premier voyage en Norvège. Et c’est le coup de foudre, pour la ville de Bergen et ses environs. Bernard Afflatet voit là un vrai décor de cinéma et envisage très vite d’écrire un roman en hommage à cette région. Vu son intérêt pour les sciences, c’est pour lui une évidence : il écrira sous l’étiquette Science-Fiction, Anticipation, et son récit se situera dans le monde d’après ce monde. C’est ainsi que va naîtreMitania, l’histoire de Chris Nolan, qui après avoir exploré l’univers pendant sept siècles (12 ans pour lui dans sa bulle temporelle) avec pour seul compagnon Juliet un système informatique, rentre sur terre et découvre une planète à l’état sauvage dépourvue de présence humaine. Mitania a été traduit en norvégien. Des extraits sont disponibles sur le blog de
l'auteur :Bernard Afflatet. DU MÊME AUTEUR aux Éditions du 38 : CAVERNE, Les disparus du Val, thriller fantastique, 2015
MITANIA Au cœur de la légende
Bernard Afflatet
Anticipation
COLLECTION DU FOU
À mon clair de lune, Mon clair de terre, Ma CLAIREà vie, CATHERINE
Le voyage est une suite de disparitions irréparables. Paul Nizan (1905-1940) Aden-Arabie
Norvège – 28 mars L’Homme… L’homme chevauche une monture de métal noir. L’aéroplane se pose sur le mont Ulriken et son pilote, un couteau à la main, déambule jusqu’au sommet. Pointé sur lui, le canon d’une arme égrenant les secondes patiente. L’homme ne contemple pas la baie de Bergen. Non… Il se poste devant un taillis et son regard se perd dans les feuilles acérées d’un genévrier. Dans moins de dix secondes, lame et balle rempliront leur office. L’homme perdra connaissance et l’Univers l’accueillera pour un nouveau voyage. Alors, c’est sa seule espérance, il ne concevra plus le poids de la solitude…
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITREI
VOIELACTÉE,AURETOURDEPROXIMACENTAURI … À nouveau je ne ressens plus les lois de la pesanteur. J’avance lentement vers le visage flamboyant. Ses traits féminins semblent illuminés de l’intérieur. Tout est si sombre autour… Mon corps est aussi léger qu’une plume. Il se met à flotter en douceur, et de flux en reflux avance progressivement vers la face sibylline et noirâtre aux yeux luminescents, d’un bleu céruléen comme irréel… Bercé d’une onde chaude, au rythme du souffle de sa bouche aux contours vert prasin, je vogue au gré d’un fluide éthéré que je ne perçois pas. Une main blanche, immaculée, s’est posée sur ses yeux et le balancement s’achève. Puis médusé, envoûté par sa voix je me fige, suspendu à ses lèvres : « Vær ikke redd, Firehundreogtolv. Du er ikke lenger alene »… Je m’éveille en sursaut, exilé volontaire à des années-lumière de la Terre. Et ce n’est pas une image. Depuis bientôt douze ans, j’ouvre les yeux chaque matin en me racontant le plus fabuleux voyage de l’histoire humaine : je parcours l’univers à une vitesse folle. Bonjour Quatre cent douze. La voix deJulietme tire de mon sommeil et de son cauchemar hebdomadaire en me saluant par mon matricule militaire – mutation de Chris Nolan, mon vrai nom, celui de l’homme que j’étais avant de devenir un singleton numéroté se faufilant sur les courbes en quatre dimensions d’un grand ensemble au nombre infini d’étoiles. Juliet. On a donné ce prénom aucalculateur autonomehommage à nos en e1 ancêtres du XXI siècle :Juliettela voix féminine intégrée au système de était guidage GPS de Bernie, mon grand-père maternel. Je souris encore en le revoyant hurler sur ce minuscule écran, s’égosillant aprèscelle-ciqui ne pouvait pasla fermer! — BonjourJuliet, comment allons-nous aujourd’hui ? Bien sûr, elle ne me répond pas. Si seulement ses concepteurs avaient eu la bienveillance de lui autoriser une réplique de temps en temps mon séjour dans l’espace m’aurait paru moins monotone, surtout plus distrayant. L’occupation principale deJuliet est de nous mener à bon port,EDGEmoi. L’ et Extra-Dimensional-Guide-Experienceest un vaisseau ovoïde dontJulietest l’embryon, ou plutôt l’encéphale de l’embryon. Parcourant les 25 kilomètres de câbles et de réseaux – véritables viscères du système – les informations arachnides tissent et retissent à chaque instant leur toile de données. P o u rJuliet, entretenir son hôte humain ne représente que 2 % de ses préoccupations. Je n’en suis pas jaloux,Julietet moi c’est à la vie à la mort. J’envisage de traîner mes 75 456 grammes et mon mètre quatre-vingt-cinq jusqu’au box-cuisine oùJulietme sert un succédané de café. La journée sera longue, plus que
les précédentes, mais moins que les prochaines. Les trois premières années à bord du vaisseau EDGE furent acceptables, les quatre suivantes difficiles, la huitième et la neuvième insupportables et les trois dernières un vrai calvaire. La solitude y est pour beaucoup, incontestablement. Bien sûr, j’ai été choisi pour cela ; mes « carences en sociabilité ». Je suis imperméable au besoin de communiquer avec mes semblables. Enfant, j’aurais voulu sauver le monde, l’analyser et le comprendre pour mieux l’aider. J’avais l’espoir que les adultes autour de moi tariraient la source de mes questionnements, qu’ils étancheraient ma soif de savoir et de connaissance d’eux, de nous, les humains. Au lieu de cela, on m’inonda d’épuisants discours sur des thèmes aussi variés que la hausse des prix, le prix de l’effort, le prix des choses, le prix de la vie, même le prix de la liberté (au prix de longues discussions !), la perfidie des patrons, la mauvaise foi de leurs employés, les manies de la vieille fille du dessous et les amants de la libertine du dessus. Autour de moi, on saliva sur les bonheurs des stars de magazines, sur leurs malheurs aussi. On m’initia aux joies des rêves inaccessibles qu’il serait trop risqué de rendre réalisables. On m’enseigna en vain ces gestes et ces regards qui forment des êtres aux jugements pollués, des copier-coller sur pattes, des duplicatas de la pensée ordinaire, des duplicatas de duplicata. Chaque acte, même le plus honnête, est de fait corrompu, car empreint de calculs. Mes camarades d’école n’avaient rien à envier à leurs aînés puisqu’ils suivaient consciencieusement leur route, par un biais de l’éducation ou par mimétisme. Leurs soucis vestimentaires, leur soif de compétition, leur jalousie et son lot de méchancetés ne m’intéressaient pas. J’avais maintes fois tenté de m’intégrer, mais une lassitude et le sentiment d’aller à l’encontre de moi-même m’avaient vite découragé. Je me réfugiai très tôt dans un mutisme que d’aucuns jugeaient égoïste, affichant le visage d’ange et le sourire de façade qu’il sied d’adopter quand on fuit l’intrusion… L’école achevait sa mutation technologique. Les premierscyber-teachers métamorphosaient l’enseignement en proposant une banque virtuelle infinie de profils physiques et psychologiques permettant l’élaboration du « professeur idéal ». Ainsi, chaque élève suivait les cours de sonavatarou d’un personnage créé à l’envi sur l’e-n’cyclopediaeflexible fournie par l’état. Toutes les disciplines furent bientôt diffusées par le biais de cesflexo-computeurs que les élèves emportaient partout avec eux, pliés en deux puis roulés en tube pour tenir dans des housses pas plus volumineuses qu’un étui à lunettes. La plupart des étudiants s’instruisaient à domicile, à leur rythme, épiés par webcam ; le regard bienveillant de leurcyber-teacher. Je préférais me rendre jusqu’à la salle de cours qui se trouvait à deux pas de chez moi. Elle était souvent déserte – ce qui convenait parfaitement à mon asociabilité – et j’y travaillais sans relâche jusque tard dans la nuit. À cette époque, les évaluations étaient distribuées de façon quantitative ; on pouvait enchaîner les niveaux – chaque matière indépendamment l’une de l’autre – pourvu qu’ils soient validés par lee-Conseil. Doué pour l’analyse physico-mathématique, je pus rapidement intégrer l’ensemble des cursus scientifique et général pour me consacrer à la philosophie et à l’e-9 – la 2 « psychologie remodelée » du professeur Nine Graham . Les années passaient, chargées des félicitations due-Conseil. Une crise d’adolescence, malmenée par une première introspection (travail sur soi obligatoire pour tout étudiant en psychologie), me fit néanmoins perdre quelques mois ; un relent
de l’enfance qui s’étonnait encore que l’être humain fût si décevant pour peu qu’il soit observé. J’obtins tout de même monLauréatavec un an d’avance, mais dus renoncer, sous les assauts répétés de mon père – haut gradé militaire – à poursuivre mes études supérieures sur la voie tracée par le professeur Graham, pour me livrer corps et âme aux matières scientifiques. Plus tard, mon diplôme d’ingénieur aéronautique en poche, j’intégrai l’armée de l’air française, devins pilote d’hélicoptère et postulant au poste d’astronaute. Trois séjours dans la Station Spatiale Internationale confirmèrent mon asociabilité. Si mes confrères avaient certes un bagage intellectuel et une science que l’on peut qualifier de supérieurs à la moyenne, ils n’en restaient pas moins pour la plupart obnubilés par le succès et le statut social. Leurs conversations tournaient invariablement autour de deux obsessions : les équations d’astrométrie et leur réussite personnelle. Quand les premières sessions de qualification au projet EDGE furent lancées, je me précipitai, voyant dans ce programme une échappatoire, une aventure inespérée et un moyen de vivre seul tout en réalisant un rêve : trouver dans l’univers une autre forme de vie intelligente, capable de répondre à la question existentielle la plus élémentaire qu’aucun cerveau humain ne parvenait à résoudre : le « Pourquoi » final, ultime, celui qui refermait la boucle, qui livrait au Big-Bang sa raison d’être et, des milliards d’années plus tard, la sienne à l’espèce humaine. Jeudi 7 janvier 2112. Il est 8 h 45. Résumé des données dans 15 minutes. Juliet me presse toujours trop au réveil. Je prends ma douche aux ultrasons en quatrième vitesse, puis me dirige vers le minuscule lavabo-renifleur du box-salle de bains. Mon reflet sur le mur laqué d’une peinture réfléchissante m’indique qu’il faudrait que je me rase. Il est vrai que depuis des mois je me laisse aller ! Je brosse mes dents, enfin ce qu’il en reste. Le service médical – en la personne d’une petite bonne femme rondouillarde, frénétique et autoritaire – m’ayant conseillé de me les faire ôter au profit d’une prothèse au grand complet.Le risque d’une rage de dents à plusieurs milliards de kilomètres du premier cabinet dentaire est inenvisageable ! avait-elle rugi. Trente-deux fausses dents rivetées à mes gencives, largement assorties à mon ersatz de régime alimentaire essentiellement composé de purées et divers liquides que m’a concoctés leteam-diététique. Je repense à tout ça, à cette folle aventure, ce projet fabuleux que je mène peu à peu à son terme. Je m’interroge : s’il fallait recommencer ? Aurais-je le cran de revivre ces douze années de solitude ? Je décroche les sangles qui me maintenaient plaqué au box-salle de bains et pivote vers le reste de l’habitacle. Je préfère ignorer ma réponse. Je ne veux pas savoir ce que j’en pense tant queJuliet et moi sommes encore à cent lieues de la terre et du point d’impact qui clora notre voyage dans un panache de particules magnétiques. La Base Aérospatiale Internationale de Dubaï est à des milliards de kilomètres. D’ailleurs, s’y trouve-t-elle toujours ? Un frisson grimpe le long de ma colonne vertébrale, encouragé par une pointe de superstition. Décidément, je suis incorrigible. J’évacue illico ces idées parasites. Je ne souhaite pas perturber les moteurs avec mes mauvaises ondes. Tout de même, quelle folle aventure ! Elle fut lancée fin 2085 et son achèvement 15 ans plus tard serait une véritable
révolution dans le domaine aérospatial quand, le 3 mai 2100, le premier engin extra-dimensionnel de l’histoire humaine s’apprêterait à quitter la Terre. Les PDG de STAGE-Cie – la société de fabrication et d’assemblage des principaux moteurs de propulsion – obtinrent le monopole avec leurplasmatron. Les premiers anneaux de supraconducteurs furent bobinés et la production du vaisseau répartie entre les usines allemande, française et japonaise de STAGE-Cie, tandis que le montage et l’assemblage duplasmatronse firent à la maison mère du Colorado. EDGE fut ensuite acheminé par porte-avions jusqu’à la Base Aérospatiale Internationale de Dubaï où la rampe de lancement était déjà en construction. Un drone de l’armée américaine, à turbines autonomes, fut spécialement modifié pour s’intégrer sous la coque de EDGE et permettre au pilote de disposer d’un équipement indispensable à ses déplacements si, le cas échéant, il découvrait une planète habitée. Le programme, bien qu’enthousiasmant, se déroula sur fond de crise économique. Une crise sans précédent qui allait balayer l’ensemble du schéma politico-financier mondial. Malgré tout, le projet EDGE avait été accepté dans sa globalité, par crainte qu’il ne soit reporté à jamais ! Aucun échec ne pouvant être toléré, il n’y eut ni voyage-test ni essai préalable. On sacrifia un volontaire pour un voyage grandeur nature. Me voilà donc pointant mon nez tel un bec au dehors de mon duvet sans plumes, cheveux ébouriffés et yeux poisseux, comme un poussin stellaire émergeant de son œuf ! Les semaines et les mois d’entraînement se succédèrent et j’obtins le grade de capitaine. Les collègues se faisaient de plus en plus rares, et les derniers postulants se comptaient désormais sur les doigts des deux mains. C’est au dernier rendez-vous que la décision fut prise de me choisir comme cobaye (appelons les choses par leur nom !). Lorsque le général Grandt et son ministre me regardèrent au début de l’entretien, j’eus l’impression que derrière une prestance d’apparat, ils étaient moins confiants que moi. Il m’apparut évident dès l’amorce de la conversation qu’ils n’avaient pas trouvé le chaînon manquant, cet élément surdoué, ce VRP qui porterait la fierté de la NASA et de l’ESA réunies à travers le temps et la galaxie pour l’offrir en parade aux peuplades extraterrestres. Le général Grandt était engoncé dans son costume kaki, le faciès et le cou – étranglé par un col trop étroit – aussi rouges que s’il les lavait à l’eau bouillante, des yeux perfides, d’un bleu acier, qu’aucune bonté intérieure, pourvu qu’elle existât, n’aurait pu traverser, incrustés sous une lisière de cheveux argentés coupés en brosse. Et une bouche aux lèvres saillantes, comme taillées au couteau, dont les commissures tendues frisaient la déchirure. Francis Tradon, le ministre de la Défense Internationale, semblait plus détendu, mais en façade seulement. Son complet gris perle lui donnait une allure décontractée, habillant un homme très mince, sec, de petite taille, aux lunettes démodées, cachant un regard fuyant qui témoignait d’une grande intelligence au service du calcul et de la manigance plus qu’à l’amour de son prochain. Il ne souriait jamais, ce qui ne me dérangea pas. On me rappela ma tâche et la lourde responsabilité qui m’attendraient si j’étais sélectionné : mener à son terme une mission de douze années en solitaire, avec pour seule compagnie la présence vocale deJuliet, une interface-machine. En effet, on
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