Pascaline, dans les flots de la chute
122 pages
Français

Pascaline, dans les flots de la chute , livre ebook

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122 pages
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Description

La présence au monde de Pascaline tient du miracle. Sa mère a dû accoucher dans une bananeraie faute de maternité. D'ailleurs, sa naissance ne correspondait-elle pas à la crise de l'or noir ? Les autorités politiques justifiaient le manque de structures sanitaires et autres infrastructures par la baisse du prix du baril de pétrole. Il fallait donc se battre pour ne pas périr. Il fallait lutter.

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Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 1 095
EAN13 9782296510029
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ArnOD Nguimbi
PAscALiNe, DanS ES lOTS DE a ChUTE
PréfaCE DE PaTrICE mouNdouNgA mouity
eCrIrE ’AfrIqUE eCrIrE ’AfrIqUE
Pascaline, dans les flots de la chute
Écrire l’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen Romans, récits, témoignages littéraires et sociologiques, cette collection reflète les multiples aspects du quotidien des Africains.Dernières parutions Marilaure GARCIA MAHE,Le mythe de l’enfant fondateur, 2012. Facinet,Kiridi, 2012. Rachel KAMANOU ATSATITO,Mirages de migrants, 2012. Yacine BODIAN,Les bois de Béssir, 2012. Laurès DOSSOU,Alafia. Voyage d’illumination, 2012. Christian MOUBAMBA BAGWANGUI,Le Testament de Mbanga, 2012.G.K MWANABWATO,L’Eden est triste, 2012. Joseph Marie NOMO,Un enfant de la forêt, 2012. Ibrahim O. FALOLA,Odyssée arc-en-ciel, 2012. Adama TRAORE,L’association des mères d’élèves de Dibougou, 2012. Yaya Sickou DIANKA,Un petit baobab pour vivre ensemble, 2012. Pius NGANDU Nkashama,Dialogues et entretiens d’auteur, 2012.Hélène MILLET,Roman Bambéen, 2012. ITOUA-NDINGA, Leroman des immigrés,2012. Paul-Evariste OKOURI,Prison à vie, 2012. Michèle ASSAMOUA,Le défi. Couples mixtes en Côte d’Ivoire, e 2 édition revue et corrigée, 2012 Angeline Solange BONONO,Marie-France l’Orpailleuse, 2012. Jules C. AGBOTON,Ma belle-sœur (et quatre autres nouvelles), 2012. Joseph NGATCHOU-WANDJI,Le Vent du Printemps, 2012. Faustin KEOUA LETURMY,Dans le couloir du campus, 2012. Abdou DIAGNE,Les Larmes d’une martyre, 2012. René GRAUWET,Au service du Katanga. Mémoires, 2012.
Arnold Nguimbi Pascaline, dans les flots de la chute
Préface de Patrice Moundounga Mouity
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00105-0 EAN : 9782336001050
Préface Pascaline, dans les flots de la chute est le premier roman d’Arnold Nguimbi. Son récit se situe en Afrique postcoloniale des années 1980, à l’époque de l’arrivée au pouvoir de la gauche en France, avec le Président Mitterrand. Le texte, écrit dans un style de bonne tenue et fluide, retrace concrètement, à maints égards, la vie de nombreuses femmes dans la société gabonaise où la modernité à cette période ne rimait pas avec égalité des conditions, mais avec un autre réalisme local ; ceci force d’autant plus l’admiration envers ces femmes courageuses, capables de donner naissance à des enfants dans des conditions d’une cruauté insoutenable, avec la douleur et le chagrin qu’imposent de telles conditions. Arnold Nguimbi m’a demandé de rédiger la préface de son premier ouvrage. Je remercie donc Arnold pour sa sollicitation qui m’honore. J’ai accepté de signer cette préface pour deux raisons : amicale et scientifique. Cependant, ce rituel a été d’autant plus délicat du fait de notre proximité et de ma spécialité. Mais, j’ai acceptéin fine cette proposition parce que l’entreprise de mobilisation autour d’une préface est d’abord la mise en œuvre de réseaux relationnels selon l’un des deux modes qu’André Siegfried différenciait au début du XXe siècle : soit on recourt directement aux amis ou aux spécialistes connus par la réputation, soit indirectement, aux auteurs par l’intermédiaire de réseaux qui se chargent de distribuer en leur sein les sollicitations.
Au-delà de cet honneur qu’Arnold Nguimbi m’accordait, le projet de cet auteur m’importait pour son approche de la société gabonaise. Pourquoi aborder les conditions de maternité et d’accouchement des femmes en Afrique, en
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général, et au Gabon en particulier ? Pourquoi une femme devrait-elle souffrir pour mettre au monde un enfant alors qu’elle aurait pu s’épargner les atrocités d’une telle douleur ? C’est à cette question posée comme un dilemme kafkaïen que tente de répondre Nguimbi dans son livre. De fait, il n’est évidemment pas possible de dissocier cette œuvre littéraire d’un acte liturgique, celui d’une contribution intellectuelle appréciable à l’éducation populaire tant elle permet de sortir le rôle de la femme d’une assignation à l’oubli. Par son approche, A. Nguimbi en fait une sorte de « sociogenèse » de « femme et société » dans cette partie du monde, et ceci l’amène à réinsérer cette question dans le processus plus large de « civilisation ». Mais, ce détour est aussi celui de la réalité des Etats dans leur diversité. On voit donc immédiatement ce qui a fait l’intérêt de l’ouvrage pour le politiste que je suis : le roman d’Arnold Nguimbi introduit des réflexions à contre-courant de la notion « d’égalité », tout à fait stimulantes.
D’autre part, le sujet m’a interpellé parce qu’il parle à la femme africaine avec réalisme et justesse. C’est un roman qui ambitionne de décrire le quotidien des femmes, et principalement en Afrique. Il y a donc un lien personnel. Dans chaque roman, je me retrouve, mais dans celui-ci, beaucoup plus que les autres. Je me souviens avoir beaucoup pensé à celui de Dany Lafferière surL’énigme du retour, tant l’ouvrage de Nguimbi, d’aussi loin que je me souvienne, me rappelait des évènements vécus durant une partie de ma vie, alors que je rédige cette préface loin de mon pays natal.
Le style aussi m’a plu : tendre ou cocasse, dans un univers où le miracle fait loi, où tout est possible, même la naissance. Sa richesse et sa pertinence en font un bel ouvrage. Voilà un merveilleux livre à l’écriture virtuose,
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inventive, qui nous entraîne sur un rythme intense dans des "aventures" souvent extravagantes, dans une curieuse et attachante histoire qui fait rire, nous émeut, nous attendrit, et parfois peut nous rendre triste. On en sort chamboulé, mais finalement heureux. En parcourant le roman de Nguimbi, je constate avec plaisir qu’il a une plume facile et agile. Ce qui est plus qu’appréciable. Qu’il en soit ici vivement félicité.
On écrit parce qu’on a lu. Et la première fois que Nguimbi nous livre un roman, c’est somme toute, en tant qu’enseignant. Il n’écrit pas parce qu’il s’ennuie, car l’acte d’écrire est rarement gratuit et encore moins fortuit, mais parce qu’il trouve qu’écrire est une manière d’investir le temps et d’interroger les imaginations locales en mouvement. Toute la difficulté dans un roman est de construire une histoire et d’échapper au journal intime. Donc, il y a évidemment des choses assez vraies et d’autres assez fausses dans ce récit. Le livre de Nguimbi n’échappe pas à cette caractéristique du roman.
Dans ce roman, j’ai redécouvert une Afrique postcoloniale, où la crise des années 1980 prend les formes d’une décomposition de l’Etat providence et de régression des conditions des populations. On assiste à l’accroissement des inégalités qui ne permettent pas à une partie de la population, comme le cas de la mère de Pascaline, de pouvoir donner naissance à un enfant dans les circonstances acceptables. Nguimbi aborde donc comme il se doit la question d’ensemble de la décomposition du lien social. Le récit de l’auteur noue lyrisme et conte, tels qu’ils se présentent dans des sociétés africaines en mal de leur triste passé. Ici, à une période où on parle de modernité, c’est de nouveau le passé qui a tendance à gouverner le présent, comme le dénonçait Balzac en son temps, en Europe. En parcourant le fruit de
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ses observations et la navrante réalité des femmes, en tant que politiste, ce retour à la période qui a précédé le retour du multipartisme me frappe, car il me renvoie, par exemple au roman de Disraeli,Sybil, dans lequel deux nations hostiles commencent à se former dans l’Angleterre victorienne : les riches et les pauvres vivants sur deux planètes. Ce roman est aussi révélateur de cette fracture sociale : la mère de Pascaline est pauvre, dans un pays où elle côtoie de riches voisins. Ce délitement progressif de l’idée même d’égalité dont fait implicitement allusion Nguimbi est au cœur des révolutions démocratiques modernes où il s’agit de créer une société des égaux dans laquelle les gens sont respectés et considérés comme des semblables au sens tocquevillien. Loin d’être impertinente, l’égalité sociale est l’idée matricielle des préoccupations des années 1980 : elle irrigue ce roman. Et comme George Orwell, dansHommage à la Catalogneoù il décrit ce type de rapport social à Barcelone dans lequel il y avait une forme d’égalité, Nguimbi, avec un réalisme percutant mêlant ironie et sarcasme, et doué d’une imagination admirative, évoque finalement le matérialisme et ses dégâts collatéraux.
Bien que fictionnel, ce roman est à la fois subjectif et adossé à un imaginaire réel. L’éditeur s’en plaindra d’autant moins qu’il s’adresse manifestement à tout public citoyen. Peut-être plus que n’importe quel autre roman, celui-ci se prête à une lecture pénétrante et stimulante pour une curiosité proprement intellectuelle.
Ce roman - dont le titre donne une tonalité provocatrice et emblématique à l’ouvrage – nous remémore les années 1980, c’est-à-dire l’époque où la gauche française arrive au pouvoir pour la première fois en France, ce qui, comme on le sait, restera inédit dans l’histoire de la 5e République du XXe siècle. Cette précision contextuelle marque la
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filiation dans le récit de Nguimbi. On comprend mieux de ce fait un certain nombre de références locales et le projet de l’auteur apparaît encore plus clairement : il ne s’agit pas d’entrer dans une chimère individu-société, mais bien d’historiciser ce débat intellectuel en le considérant comme un moment de l’évolution de l’Etat et des sociétés en Afrique. Les textes de Nguimbi abordent une même question : l’articulation de l’individu et de la société, ou si l’on veut user d’une expression plus au goût du jour, celle du « lien social ». Le texte est iconoclaste, se fixant pour objectif d’apporter une autre facette au rôle de la femme dans la société. Nguimbi a choisi un titre provocateur sans que le dessein de son livre ne se réduise à une charge quelconque, mais permet de revisiter les fondamentaux de la lutte des classes.
Ce livre intéresserait la communauté de la recherche en littérature sur l’Afrique. Il s’agit d’une écriture sur ce que pensent et font les gens très ordinaires. Et il n’y a rien de plus fort qu’une idée qui est arrivée, écrivait déjà Victor Hugo. L’idée de Nguimbi ambitionne d’écrire l’Afrique. Il y a là un grand chantier, pour tous les jeunes diplômés de ce secteur, un projet qui suppose d’abandonner la recherche en chambre (en bibliothèque : théorique) pour la recherche de plein air (terrain : pratique). Les critiques littéraires africains se tromperaient s’ils pensent pouvoir indéfiniment marcher dans les pas de leurs professeurs hexagonaux qui attendent tranquillement la retraite en pratiquant la recherche en chambre à partir des simples théories littéraires que rien ne vient parfois démontrer à partir de l’observation des faits à étudier.
Pour conclure, Nguimbi montre (si besoin est) que les Africains en général, et les littéraires gabonais en particulier, ont pris en main la recherche sur les imaginaires de leurs pays ; c’est très bien, si l’on veut
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