Sauf que j’ai rien dit
82 pages
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Sauf que j’ai rien dit , livre ebook

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Description

Cette histoire commence un mardi soir de février sur Facebook, se poursuit dans des inbox et des messages textes. Elle parle de scénarios inventés, de faire l’amour pas très bien dans une chambre sans rideaux, de soirées entre amis à regarder son cell aux deux mi­­nutes, de s’oublier soi-même. D’amour ? Ça, Jolen elle-même ne sait pas. Avançant à tâtons dans une période floue de sa vie, elle s’accroche à son téléphone et à l’idée qu’elle se fait du magnifique Joseph.
Avec un humour mordant et une langue contemporaine colorée, Lily Pinsonneault raconte les bons et les moins bons coups de cette jeune femme qui cherche à se réapproprier ses désirs, ses besoins, sa vie.
C’est déjà terminé, l’histoire de notre rencontre. C’est juste ça, notre rencontre, pas plus compliqué ni sophistiqué. Rien de next level séduction. C’est pour cette raison-là que j’avais de la difficulté à comprendre pourquoi Joseph avait décidé de m’écrire en ce beau mardi soir, même si j’avais bu trois bières et que ça m’aide habituellement à faire des liens solides entre des événements vaporeux. C’est sûr que souvent, on likait les mêmes trucs sur Facebook, mais même à ça. Rien qui pouvait laisser présager qu’on allait se mettre à s’écrire, aucune insistance suspicieuse de like. No like-alert, comme on dit toujours.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mars 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782764441855
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Marquis Interscript
Révision linguistique : Élyse-Andrée Héroux
Illustration en couverture : Maude Arès
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Pinsonneault, Lily Sauf que j’ai rien dit / Lily Pinsonneault.
(Littérature d’Amérique)
Édition originale : [2017].
978-2-7644-3834-3 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-4184-8 (PDF)
ISBN 978-2-7644-4185-5 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8631.I595S28 2019 C843’.6 C2018-942563-6 PS9631.I595S28 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2019
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2019.
quebec-amerique.com



Tout le monde s’imagine à Tout le monde en parle.
T’es pas spécial.


Février surprenant pour un février
Fallait que je me refasse une flore cardiaque. C’était mon petit projet personnel. J’avais oublié le genre d’affaires que je faisais avant de tomber amoureuse tout le temps. Préparer des recettes de cookies avec des restes de fruits secs pis de l’avoine de fond de sac, croquer dans du raisin croustillant ou ben juste devenir tellement concentrée sur des trucs qui m’intéressaient que j’oubliais de m’inventer des vies avec d’autres gars toujours plus de gars toujours plus de gars.
Ce mardi-là, j’avais bu trois bières toute seule, relax, comme une grande fille ; un bon pas dans la bonne direction de l’indépendance sentimentale. Grande adepte du déni, je me sentais super bien, remplie de vent dans mes voiles de mensonges que je me contais, QUAND TOUT À COUP je reçus un message-courriel-inbox-whatever de Joseph. OK, stand-by deux minutes, le temps du chapitre qui raconte ma rencontre avec Joseph.


La rencontre qui n’a pas changé ma vie
Joseph était un ami d’ami – les fameux amis d’amis – que j’avais rencontré cinq ans plus tôt, par un des hasards de la vie qui servent, pour la plupart, à rien. Sauf quand on décide de leur sacrer une signification dans le fond de la gorge. Joseph et moi, on se tenait avec le même monde et ç’a adonné qu’on passe une journée complète ensemble, en février. Je dis février de même, mais me semble que je me trompe pas, je me souviens, on était pâles. En même temps, qui est pas complètement pâle à dix-neuf ans ? On s’est rencontrés sur le plateau de tournage du film d’un gars en cinéma. Un film d’auteur pas d’auteur. Joseph faisait l’éclairage, moi je jouais un rôle muet. Avec brio sûrement.
Joseph dans ma vie de fille de dix-neuf ans : un beau coup de vent. Non, même pas. Plus genre une brise, mais même à ça, une brise a cette particularité d’arriver quand on l’attend pus. C’était même pas ça, Joseph, je sais pas comment décrire le rien qui nous unissait. Bon, oui, on riait des mêmes blagues, mais on n’en faisait pas ensemble ou peut-être que oui mais je m’en souviens pas. Il était le chum d’une fille que je connaissais, Mathilde, avec qui je m’entendais bien. À la fin de la journée, on s’est dit bye, même pas d’histoire de café qui s’éternise ni de connexion particulière. Juste bye. Je pense que j’ai même pas osé dire son nom au bout de mon bye. Genre salut là. Juste ça. On s’est ajoutés sur Facebook parce que c’est ça qu’on fait en général à dix-neuf ans : ajouter sur Facebook des amis d’amis avec qui on a passé plus de dix minutes. Ah oui, je l’avais aidé à paqueter son char après le tournage et il m’avait dit que j’étais serviable ou de quoi de même, mais le souvenir est flou, honnêtement. On s’était pas paquetés ensemble après. On a bien dû se recroiser deux trois fois, mais on est toujours restés dans le salut bye.
Et voilà. C’est déjà terminé, l’histoire de notre rencontre. C’est juste ça, notre rencontre, pas plus compliqué ni sophistiqué. Rien de next level séduction. C’est pour cette raison-là que j’avais de la difficulté à comprendre pourquoi Joseph avait décidé de m’écrire en ce beau mardi soir, même si j’avais bu trois bières et que ça m’aide habituellement à faire des liens solides entre des événements vaporeux. C’est sûr que souvent, on likait les mêmes trucs sur Facebook, mais même à ça. Rien qui pouvait laisser présager qu’on allait se mettre à s’écrire, aucune insistance suspicieuse de like. No like-alert, comme on dit toujours.


Toujours trois bières de bues, c’est la donnée constante de l’histoire
OK. Je continue de commenter notre histoire sans la raconter. Go.
Il y a eu, entre Joseph et moi, quelques rebondissements, bien sûr, mais somme toute très peu. Surtout beaucoup d’échanges de messages qui disaient tous plus ou moins rien, qui faisaient palpiter les émotions en temps voulu. On s’excite sur des textos, c’est moderne, c’est jeune, c’est frais. Quelque chose qui garde pas au chaud, mais qui protège du froid. Un certain temps. Un genre de coupe-vent. Passé l’âge de jouer dehors après le souper, les textos sont les nouveaux coupe-vent. J’ose comparer Joseph à un petit imperméable, porté avec une veste de polar en dessous. Quand même mince, la veste de polar. Si je choisissais Joseph comme manteau de début octobre à fin novembre, des fois j’aurais vraiment trop chaud, des fois l’inverse. Pendant ces deux mois-là, je serais à la bonne température environ quatre fois et demie pis là je me donnerais raison d’avoir choisi ce manteau-là parce qu’il est beau faque j’attendrais juste ça, me convaincre que j’ai fait le bon choix de vêtement.
Joseph pis moi, ç’a été un coupe-vent peu judicieux. Des messages écrits, entremêlés de réelles conversations, que j’aimais raconter comme s’ils avaient été vécus. Je me rends compte que j’ai jamais cherché à distinguer les uns des autres. Ou très peu. J’aimais croire que tous ces échanges étaient comparables dans leur nature et leur intensité.
On retourne au mardi soir et au fameux échange entre Joseph et moi. Les trois bières bues constituant la base solide d’une histoire déjà racontée cent fois.
— Minouche, il faut que tu m’aides.
— Joseph ? Ça va pas ?
OK, il venait de m’appeler Minouche, OK.
— Non. Je sais pas quelle tenue porter pour ma date avec Xavier Dolan.
— T’as une date avec Xavier Dolan ?
— Non, mais d’un coup que ça arrive, je saurais même pas quoi porter pis je trippe dessus ben raide.
— Le connais-tu ?
OK. On faisait vraiment semblant que ça allait quelque part, cette conversation-là. J’adorais ça.
— Ben oui je le connais, comme tout le monde.
— Je le connais pas, moi.
— Ben moi non plus, fâche-toi pas.
— Lui as-tu déjà parlé ?
— Non.
— Es-tu en psychose ?
— Non… non… NONonononononon. Non. Non ? Noooooooooo.
— OK. Bon. Eeee.
— Aide-moi.
— Tu veux le dater et tu sais pas comment t’y prendre, c’est ce que je comprends ?
— Non, je veux qu’il m’invite. Je dois savoir quoi porter pour qu’il me remarque moi, pour qu’il m’aime moi.
— OK, bon... As-tu une tenue que tu préfères dans ton garde-robe ?
— Oui, mon chandail de Mario Pelchat. C’est un dessin de chat et c’est écrit : « Mario Pel » dessus.
Très fort. J’étais complètement divertie.
— Bon ben fais comme dans Rock’n Nonne II , avant la scène finale. Whoopi dit à tout le monde d’enlever sa tunique parce que l’important, c’est d’être bien dans nos vêtements.
— Merveilleux.
— Après ça, ça va être difficile de te mettre à chanter au début, mais tu vas tout casser un coup que tu vas avoir commencé. Sauf que tu vas quand même juste remporter la deuxième place.
— Deuxième place ? Je veux être le premier, je veux briller, je veux qu’on s’aime, lui et moi.
— Peut-être qu’ils gagnent la première, mais je me souviens pas. Sauf qu’ils ont eu du plaisir à faire leur performance. Tu te sentiras bien pendant ta date avec Xavier avec ton chandail de Mario Pel le chat.
— Merci Minouche.
— De rien, tu peux me réécrire s’il y a quoi que ce soit.
— Ça va mieux déjà. xxxxx
— xxx
OK. Me faire appeler Minouche après trois bières un mardi, c’était oui sur toute la ligne. C’est sûr que j’ai pensé aux vendredis soir de mon adolescence, quand on se ramassait chez une des filles après notre cours de danse, à chatter en gang avec un gars de notre école sur qui on trippait toutes un peu. Moi, j’étais celle qui trouvait les meilleures répliques, toutes les filles riaient, mais il y en avait toujours une qui finissait par dire : « Non, écris pas ça, il va trouver ça bizarre. » Pour cette raison bien précise de « Non, écris pas ça, il va trouver ça bizarre », j’ai soudainement eu envie de revoir Joseph, par curiosité et parce qu’il répondait à absolument tout ce que je considérais comme mes meilleures répliques. Sauf que, étant donné que j’étais dans un mood « whatev les gars », je me suis dit que si je lui reparlais jamais, ce serait correct aussi parce que ça aurait été ça, son impact dans ma vie, m’appeler Minouche un mardi soir pis faire en sorte que j’accepte ça, sans broncher. Joseph était venu me rappeler que j’étais quelqu’un qui acceptait bien les surprises, les imprévus. Briser ma monotonie triste de fin d’hiver, d’appa

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