Union mortelle pour un vampire
188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Union mortelle pour un vampire , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Je m’appelle Andrew Weiss, et beaucoup me considèrent comme le vampire le plus arrogant sur Terre. Jusqu’à présent, je menais la parfaite vie d’acteur riche et célèbre.
Mais William, notre perturbé roi, m’a ordonné d’abandonner mon métier et de me débarrasser d’Amanda, ma compagne fan de créatures des ténèbres. Pire que tout pour mon ego, une de mes semblables clame que je ne suis qu’un vampire d’opérette, un séducteur patenté !
Le seul gars capable de m’aider à devenir plus monstrueux semble être Gordon Sheppard, un écrivain de romans d’horreur réputé pour sa misanthropie. Sauf qu’il n’est pas ce qu’il semble être. Quelqu’un veut sa peau et... la mienne.
Pour couronner le tout, ai-je signalé que ma chère Amanda me harcèle pour devenir un vampire ? A croire qu’elle n’en a qu’après mon sang !
Voilà une fin d’année qui s’annonce mortellement compliquée...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mai 2015
Nombre de lectures 81
EAN13 9782373420111
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Unionmortelle pourun vampire
Kailyn Mei
Éditions du Petit Caveau - Sang neuf
Avertissement
Salutations sanguinaires à tous ! Je suis Van Crypting, la mascotte des éditions du Petit Caveau. Si vous lisez cette histoire avec un Kindle, n'hésitez pas à activer les polices/fontes de l'éditeur (dans le menu des polices). Si vous rencontrez un problème, et que vous ne pouv ez pas le résoudre par vos propres moyens, n’hésitez pas à no us contacter par mail (numerique@editionsdupetitcaveau.com) ou sur l e forum en indiquant le modèle de votre appareil. Nous nous ch argerons de trouver la solution pour vous, d'autant plus si vou s êtes AB-, un cru si rare !
PROLOGUE
Calculs audîner
Pourquoi tardait-elle ? L’avait-ilretenue ? L’avait-il… tuée ? Rory s’épongea fébrilement le front avec le dessus de la main. Il jeta un coup d’œil nerveux à sa montre, qui indiquait di x-neuf heures. Au sein du restaurant déjà bien rempli, la paranoïa le gagnait. Pourquoi avoir choisi un lieu public ? Et que fabriquait-ell e, bon sang ? Une bouffée d’angoisse fit monter un frisson glacé le lon g de son dos. Les poils se hérissèrent sur ses avant-bras. Il ferma l es paupières, gonfla ses poumons à fond et fit la sourde oreille aux conversations snobs où il croyait deviner des réflexions à son égard. Personne ne le connaissait. Non… Personne ! Et cett e horrible créature ignorait tout de leur rendez-vous secret ! Quand ses yeux aux pupilles dilatées se rouvrirent sur la salle, la retardataire était entrée. Amanda confia son manteau en fourrure à l’hôtesse d’accueil. Après lui avoir donné son nom, elle offrit son plus beau sourire au serveur qui se proposait de l’accom pagner jusqu’à la table. Elle avait réservé le jour précédent, après que Rory l’avait appelée. La jeune femme hispanique, rayonnante et royale, av ança d’un pas sûr, indifférente aux autres dîneurs. Sa robe noire de grand couturier soulignait ses formes généreuses sans pour autant l a rendre vulgaire. Un collier de vraies perles ornait son cou. Leurs r ondeurs ivoirines contrastaient de façon exquise avec sa tenue sombre, sa peau dorée et ses longs cheveux bruns. Elle ne dépareillait pas d ans ce restaurant chic de Londres où régnaient cliquetis d’argenterie et sonorités cristallines. Rory pinça les lèvres sous l’effet d’une jalousie na issante. L’homme qu’avait conquis Amanda se pliait en quatre pour la satisfaire, et madame agissait comme s’ils étaient issus du même m onde de rupins. Cependant, lorsqu’Amanda posa ses iris noirs sur lui avec une demande implicite, le désir de plaire balaya ses précédentes pensées mesquines. Il se leva hâtivement et tira la chaise d’un geste maladroit. Son costume bon marché, trop étroit pour sa stature athlétique, l’engonçait. La jeune femme s’installa d’un mouvement aérien et croisa ses longues jambes. Elle attendit le départ du serveur avec leur commande. Une fois en tête à tête avec Rory, ses sourcils se froncèrent avec agacement sur son visage irrésistible. Sa voix, d’u ne froideur polaire, éteignit les flammes que son charme hispanique avait allumées. — Tu ne devrais pas me contacter aussi souvent… — Mais tout le monde s’inquiète. Séduire Andrew Weiss, c’est de la folie ! La jeune femme se fendit d’un sourire calculateur. Ses yeux pétillèrent d’envie. Elle attendit cependant quelques secondes avant de répliquer, le temps que le serveur leur apportât l’apéritif et fût reparti.
— Non, le séduire est l’unique façon d’obtenir ce que l’on veut. — Jouer ainsi avec un vampire… — Jouer ainsi avec un homme à mes pieds, corrigea-t -elle. Qui plus est, naïf, et je compte bien en profiter. — Naïf, mais à quel point, Amanda ? Tu te laisses m anipuler par ce monstre ! Il te tuera dès qu’il se sera lassé. Le verre de vin stoppa sa course à mi-chemin des lè vres de la jeune femme. Elle battit des cils d’un air candide. Rory put observer à loisir les cicatrices serpentines sur le dessus de sa main fine. Il frissonna d’horreur au souvenir de la douleur, du sang dévers é par cette peau délicate, et se demanda si elles disparaîtraient lo rsqu’elle obtiendrait ce qu’elle désirait. — Crois-tu ? Moi, je te prédis un grand succès. Sou ris, Rory, et savoure ce repas. Elle fit tinter sa coupe contre la sienne. Le cœur a ffolé de Rory tressaillit. Il se crispa tandis que la Mata Hari se lançait avec volubilité sur un sujet sans intérêt. Il le flairait : l’histoire finirait mal.
Pournoustous.
I
L'entréeenscèneduros
Trois mois plus tard, le 2 novembre 2011
Patrottoirs detient, mais tendu, j’épiais les noctambules sur les Whitehall. Par petits groupes, touristes et couche-tard déambulaient au pied des bâtiments néo-classiques qui dominaient la rue de leur pâleur crémée et jetaient des ombres géométriques sur le macadam. Les détails des visages se perdaient dans l’obscuri té régnant entre chaque flaque de lumière projetée par les lampadaire s. J’étais donc contraint à la plus grande vigilance dans ma survei llance de la rue. Hélas, la fraîcheur automnale ne cessait pas de me tourmenter. Elle investissait la berline anthracite aux vitres baiss ées, et l’action de ses doigts piquants amenait la chair de poule sur tout mon corps. Pourtant, je n’y accordais aucune importance. Pour mener cett e mission à bien, j’endurerais toutes les conditions atmosphériques, même arctiques. La détermination s’inscrivait comme l’une de mes plus remarquables qualités. Soudain, le cœur battant d’excitation, je surgis hors de la voiture. Je rivai mon regard sur une silhouette féminine en spa ndex noir et à la chevelure rousse. Elle avait bondi d’une fenêtre du ministère de la Défense en croyant avoir échappé à mon attention. À présent, elle se faufilait dans la foule. Mes narines frémirent en hu mant l’émanation écœurante de la pollution urbaine qui couvrait toute autre odeur. Alors que je m’apprêtais à lui emboîter le pas, mes muscl es rendus gourds par le froid mordant protestèrent par des élancemen ts. Ils me rappelèrent que mon sang n’aime qu’une seule chose : la chaleur étouffante. J’ignorai leurs supplications et, le sou rire aux lèvres, me lançai à la poursuite de la fuyarde. Enfin un peu d’action ! Comme un héros de films policiers, je traversai la r ue en manquant me faire renverser par une voiture. Je ne me souciai pas du conducteur, qui pompait l’air en insultes, et mis pied sur le t rottoir, juste derrière ma cible à la chevelure de feu. Nos regards se croisèrent. Vert contre noir. Pas be soin d’expliciter nos pensées respectives. Elle était coincée et le savait. Elle accéléra le pas pour finalement courir à en perdre haleine. — Arrêtez-la, c’est une criminelle ! Les badauds s’écartèrent, stupéfaits et inquiets. L a panique submergea ma proie à la vitesse d’une flèche, et son souffle s’étrangla dans sa gorge irritée par l’atmosphère glacée. Moi, je n’éprouvai aucune gêne, même pas un point de côté. Mes muscles s’étaient réchauffés sous l’effort. Je ne sentais plus la cruel le froidure anglaise qui m’incommodait un peu plus tôt. J’accélérai l’allure, juste assez pour la rattraper : pas d’actes surnaturels en public ! Ma main se referma sur l’ép aule menue de ma
proie. Volte-face rapide. La démone me griffa jusqu’au sang. Je pressai ses bras forts contre son corps pour l’immobiliser, en vain. Coups de pied. Coups de poing. Ce confus échange me sembla durer une éternité. L’adrénaline me submergeait. Soudain, elle me fauch a les jambes. Je tombai, non sans l’entraîner dans ma chute. Mon tor se amortit la sienne. Nos haleines haletantes se mêlèrent. Et puis, retournement de situation inattendu, étincelle d’une passion irrationnelle. Nos lèvres se cherchèrent, s’accroch èrent, s’humidifièrent pour un baiser ardent qui nous laiss a pantelants d’excitation. Poitrine contre poitrine. Seins contre pectoraux. Le cœur de la jeune femme tambourinait contre le mien. — Et coupez ! Les figurants et l’équipe de tournage applaudirent.
Retour cruel à la réalité : je n’étais pas un espio n au service de Sa Majesté en train de traquer une dangereuse criminel le, seulement un acteur se démenant sous l’œil impassible dessteadicam. Gwen Maxwell, malheureuse actrice débutante en comb inaison vulgaire, ôta sa bouche de la mienne. Le réalisateu r, indifférent aux félicitations de l’équipe prise dans le feu de l’action, pesta contre notre amateurisme. Notre chute ne s’était pas produite là où il le voulait. Nous avions manqué les marques au sol de trente petits centimètres. Il s’en arrachait ce qui lui restait de cheveux tout e n inventant de nouveaux noms d’oiseaux. Je ravalai ma fierté. Inutile de lui expliquer que tourner cette scène en deux plans-séquences parallèles – l’un pour moi, l’autre pour Gwen – compliquait les choses. Que les cameramen eux-mêmes souffraient du poids des encombrants appareils de cinquante kilos qu’ils portaient depuis des heures. Il n’écoutait personne, et surto ut pas le mannequin dont il n’avait jamais voulu dans son film et qui ne possédait pas le pedigree hollywoodien pour lui donner des conseils, nom de Dieu ! Gwen frissonnait toujours, mais plus du désir qu’el le avait surjoué pour les besoins de la scène. Elle se releva d’un b ond et lissa sa chevelure d’une main. Elle ignora les grognements de notre réalisateur. Prise d’un nouveau tremblement, elle se dirigea droit vers un assistant brandissant un gobelet plein de café et une doudoun e fourrée à la plume d’oie. Elle enfila l’une et goûta à l’arôme am er de l’autre. Je devinais sans peine ses pensées : enfin libres ! — L’équipe va fêter la fin du tournage, proposa l’assistant avec une timidité touchante. Vous venez ? — Bon sang, les gars, une fête ? Il est plus de cinq heures du matin ! râla Gwen. Je n’aurais pas pu supporter un seul « m oteur, ça tourne, action » de plus ! Je me les pèle depuis des heures dans cette horrible tenue en spandex juste pour le plaisir des pervers. — Hélas, ils remplissent des salles, constatai-je d’un ton doux. — J’aurais aimé t’y voir, Andrew ! — Intéressante perspective. Mais je crains que notr e public ne soit ni gay ni bi ni hétéro en questionnement. — Dis plutôt que l’autre tyran adore l’avoir dure e n travaillant,
cracha-t-elle. Je lorgnai le fameux tyran. Notre réalisateur vénéré. Occupé comme il était à invectiver un des opérateurs desteadicam, impossible pour lui d’entendre nos médisances. Finalement, il décréta que l’on retournerait certains passages en studio. Je grinçai des dents. Quel enchantement ! Il m’avait déplu dès notre première rencontre, et ce sentiment ne se rapportait pas à mes goûts personnels. Certes, ses lunettes à verres épais fort peu sexy, sa stupéfiante incapacité à coordonner les couleurs de ses habits, sa bouée ventrale gonflée de beignets et sa calvitie précoce qu’il masquait en rabattant quelques mèches de cheveux dessus… Bref, tout cela représentait un vrai tue-l’ amour. Mais son aspect seul ne suffisait pas à me le faire détester. N’importe quelle laideur s’arrangeait avec de la patience, du talent et, pour les cas extrêmes, de la chirurgie esthétique. C’était son caractère de cochon et ses exigences de Caligula qui m’avaient poussé à le haïr dès la première poignée de main virile… Qu’il avait peu appréciée, puisque je lui avais presque broyé les doigts, et sans forcer ! Afin d’obtenir la scène, il nous aurait obligés à jo uer jusqu’au lever du soleil si la fenêtre attribuée par le gouvernement pour siéger devant le palais du ministère de la Défense n’avait pas été aussi courte. Et tout ça pour quoi ? Une course poursuite de deux minutes et un baiser volé entre les héros ! Nous avions tourné la chose sous tous les angles. Mon dos aurait été réduit en compote à force de chutes et rechutes si j’avais été humain. Le connaissant, je doutais qu’il fût sa tisfait de la matière récoltée pour le montage. À cause de son perfectionnisme maladif, nous avions accusé du retard sur le calendrier et un dépassement de budget de plusieurs millions de dollars. Il avait perdu un peu plus de cheveux lorsque la production lui avait hurlé dessus. Comme moi, Gwen ne devait rêver que d’une chose : r ejoindre sa chambre, s’effondrer dans son lit et se pelotonner s ous la couette. Auquel j’ajoutais : étreindre ma petite amie qui me manquait. Dieu, que la promotion de ce film s’annonçait diffici le ! Un vrai spectacle d’hypocrisie pour journalistes. « L’ambiance sur le tournage était formidable. Nous formions tous une grande famille. Gnagna. ». Bien sûr, la déception minait Gwen. Tourner dans ce blockbuster singeant James Bond représentait une fantastique op portunité pour sa carrière. Encore débutante, elle ne pouvait dédaign er les scripts que son agent lui proposait. Le désenchantement l’avait agrippée pour ne plus la quitter une fois mise au fait du caractère irascible du réalisateur, marionnette peu docile des producteurs américains. Comme elle me l’avait hurlé quelques semaines plus tôt tout en cassant la chaise d’un luxueux hôtel, ce gars se prenait po ur la Muse de l’art alors qu’il se contentait de remplir le cahier des charges : en gros, tourner du caca pour vendre du pop-corn à des adole scents au QI atrophié ! Elle avait conscience d’incarner l’argum ent bonnet D pour attirer le public masculin hétérosexuel. Personne n e la reconnaîtrait pour son talent, seulement pour sa poitrine opulent e et sa fausse chevelure rousse. Moi, eh bien, j’étais là pour capturer à peu près tout le reste, ce qui ne me dérangeait guère… J’étais ma nnequin, acteur et vampire. Accessoirement, superficiel. Mais je ne m’é tais pas encore
rendu compte de ce dernier point à ce stade de mon récit, tant je m’autopersuadais de ma perfection. Le réalisateur nous rejoignit avec des félicitations peu enthousiastes au bout des lèvres. Il me prenait pour un top modèl e arriviste à la sexualité en girouette, un imbécile qui avait décid é de jouer dans des films pour se reconvertir et pour assouvir ses fanta smes. Une analyse plutôt juste de ma situation. Et il considérait Gwen comme une starlette se réduisant à ses formes délicieuses, ce qui ici s ’avérait un plantage total de sa part, car elle en avait encore plus ent re ses deux oreilles que dans ses seins. Mais nous ne représentions rien pour lui hormis deux guignols engagés par la production pour salir son chef d’œuvre. Après la pommade d’usage, il redevint une infecte p eau de vache aux mamelons rendus douloureux par la traite. — Andrew, si tu as de l’amour pour l’humanité, arrê te ta carrière après ce film. Toi et moi savons que tu n’auras jamais d’Oscar. Tout au plus un razzie, lâcha-t-il avec condescendance. — Parfait ! J’ai toujours aimé les framboises. Et vous ? — Pardon ? Je le gratifiai d’un sourire suave. — Quand ils vous auront sacré « pire révélation de l’année », nous pourrons récupérer notre distinction ensemble, main dans la main, unis par le destin dans une même tourmente ! Le trophée sera du plus bel effet dans mon penthouse de Londres. Je me suis donné à fond dans ce but, vous ne l’aviez pas remarqué ? Il me toisa de haut en bas, mais son air mesquin n’égratignait guère mon flegme britannique. Il serait bouffé par les vers bien avant de trouver une faille pouvant atomiser mon ego. Déçu d’avoir échoué dans sa pitoyable tentative de vexation, il chercha une autre proie dans laquelle planter ses crocs de vipère. Lorsque son r egard s’arrêta sur elle, notre sémillante actrice débutante pinça les lèvres. — Au fait, Gwen chérie, je te rappelle que tu dois rendre le costume avant de partir où que ce soit. L’intéressée manqua s’étrangler dans son café. Elle s’essuya la bouche de la main d’un geste rapide. Pas besoin de décodeur pour deviner sa pensée : elle aurait aimé lui écraser la tête sur le trottoir. L’obliger à lécher les papiers gras abandonnés par les passants. Elle respira à fond, échoua à garder son calme et tapa d e l’index sur le torse de notre réalisateur vénéré. Son sang américa in orchestra une réponse plus vive que la mienne. Manquant peut-être de subtilité, mais guère d’à propos. — Ah ouais ? Eh bien, prends-le, puisque t’y tiens tant, monsieur « mets pas de sous-vêtements en dessous, ça va se v oir » ! Pervers ! Obsédé ! Un zip de fermeture Éclair plus tard, la tenue moulante gisait au sol sous le regard médusé de l’équipe. Gwen rabattit la doudoune sur sa nudité, dégagea sa chevelure du col et quitta les lieux en ordonnant à l’assistant intimidé de la raccompagner jusqu’à son hôtel. Sa sortie laissa no tre réalisateur si ahuri qu’il ne trouva rien à lui hurler. Ses yeux e rrèrent quelques
secondes sur ses fesses, qu’elle avait fort jolies, mais sans l’étincelle libidineuse prouvant qu’il profitait du spectacle. D éfait une nouvelle fois par plus terrible que lui, il partit tourmenter d’autres pauvres âmes qui ignoraient encore avoir sombré dans l’enfer du show-biz. Si quelqu’un dans la foule des badauds, qui s’était agglutinée derrière les barrières délimitant la portion de Whi tehall attribuée au tournage, avait réussi à immortaliser l’instant, je prédisais à Gwen une très grande carrière. Le soufre du scandale, bien c alculé, aidait toujours. J’en savais quelque chose pour en avoir allégrement abusé… Amusé, je regagnai ma caravane tandis que l’équipe remballait en urgence le matériel sous les aboiements du génial r éalisateur. Si l’on omettait l’absence salutaire de la brise, le froid régnait tout autant dans l’habitacle qu’à l’extérieur. Je rêvais de feu ardent et de douches brûlantes. Je ne comprendrais jamais cette logique biologique qui me poussait à détester les basses températures alors m ême que le soleil deviendrait un jour mon pire ennemi, quand j’aurai atteint ce que mes semblables appellent la « maturité ». La nature vam pirique porte une ironie bien cruelle. Je me changeai rapidement et récupérai mon iPhone abandonné sur la table. La lumière clignotante indiquait plusieur s messages non consultés. Je les parcourus avec avidité. Amanda, m a petite amie, m’avait envoyé plusieurs SMS. Ils étouffèrent ma mau vaise humeur sous des ondes d’allégresse. Rien qu’en lisant, j’e ntendais sa voix enthousiaste à mes oreilles. Son adorable accent es pagnol. L’impatience me submergea. Le tournage nous avait s éparés trop longtemps ! J’avais hâte de la revoir. Cependant, le dernier message reçu balaya mon bonheur d’un revers de caractères lapidaires. Je perdis des couleurs de vant le nom du destinateur. William van Voel. Le visage divin de notre seigneur et maître s’impos a dans mon esprit. Mon cœur loupa un battement et se serra de tourments. Je m’humectai les lèvres. Les trépidants mois précéden ts m’avaient fait oublier que nous approchions de la fin de l’année, d ate terrible. Certaines personnes préparaient Noël, d’autres Hano ucca. Armée de l’une de mes cartes de crédit, Amanda s’affairait dé jà à l’achat de cadeaux somptueux pour sa très nombreuse parentèle latine. Ma propre famille surnaturelle, la plus détraquée et l a plus dysfonctionnelle que la Terre n’eût jamais abritée en son sein, s’apprêtait à organiser le grand événement de l’ann ée : la réunion de nos membres. William en profitait pour établir le bi lan de nos douze derniers mois. À cette occasion, il décidait si, ou i ou non, nous méritions encore de vivre ! Parfois, l’éternité d’un vampire ne tient qu’à un fi l. J’entendais déjà le cliquetis des ciseaux d’Atropos. Afin de mener une existence vampirique sans accrocs, j’avais appris à éviter les miens en dehors de ce moment très spéc ial où ma relative immortalité était sans cesse remise en question. Un exploit pas si terrible à réaliser puisque dix doigts suffisaient pour nous compter. La perspective de nos réunions de famille m’emplissait donc d’horreur
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents