Vies parallèles
266 pages
Français

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Vies parallèles , livre ebook

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Description


Ils s’appellent Terence, Kyle, Pam ou David.

Ce sont des anonymes menant des vies ordinaires... ou presque.

Il suffit d’un rien pour que leurs existences basculent vers d’autres réalités.





Recueil de nouvelles fantastiques :


Terence Wilkes


***



Le Miroir

De l ́autre côté du mur

Un ange passe

Le fugitif


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9783958580084
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vies Parallèles
Recueil de nouvelles

Sonia Bessone
ISBN : 978-3-95858-008-4

Première édition Ebook - Octobre 2014
Tous droits réservés
La vieille route





La route avait été longue et périlleuse. Un parcours semé d’embûches. Mes pieds s’étaient heurtés à l’irrégularité du chemin escarpé. Guidé par la lumière, je ne m’étais pas soucié des roches qui s’effritaient, de cet escalier sans fin, de ces trous béants que je devais enjamber. Je n’avais accordé aucune attention à la sueur qui perlait sur mon front, à mes muscles fatigués par ce long chemin parcouru, à mes pieds ensanglantés et à mon cœur qui battait si fort.

Devant moi, la lumière. Elle m’attirait. La lumière, une issue. Qu’annonçait-elle ? Je l’ignorais. Juste la fin de la nuit et de l’obscurité. D’autres vies, d’autres mondes. Meilleurs ou pires, tant que je n’y étais pas parvenu, je ne le saurais pas. Avancer ! Ne pas reculer. Trébucher, souffrir, mais cela valait le coup. Atteindre l’inconnu, le découvrir, le regretter, le savourer… Un nouvel horizon !

La lumière était là, si proche. Je tendis le bras. Un rayon vint caresser ma peau usée et meurtrie. Le soleil. La vie ! Cérémonieusement, j’avançai. Solennellement. L’instant crucial, celui qui changerait tout. Ébloui par l’éclat du soleil, je fermai les yeux. J’attendis quelques instants avant de les rouvrir. Et là…
Peu importaient mes pieds ensanglantés, mes muscles fatigués et mon cœur ardent. Une sérénité s’empara de moi. J’avais atteint mon but. La longue et vieille route était bien derrière moi, et devant… un monde de vies mystérieuses à découvrir.
Première partie

Terence Wilkes









Terence Wilkes



« Votre attention s’il vous plaît !Le vol AA3382 à destination de Los Angeles est retardé suite aux intempéries !Merci de votre compréhension !»
Un murmure désappointé parcourut les passagers présents à la porte d’embarquement. Ils patientaient depuis de longues heures déjà, assistant impuissants à l’orage qui se déchaînait sur le tarmac. Un homme s’était levé puis rapproché de la grande baie vitrée, offrant une vue imprenable sur l’avion stationné, mais dans lequel il n’avait pas encore le droit de monter. Il faisait nuit. La lumière de l’aéroport se reflétant sur les parois de verre, il se créa une zone d’ombre de ses mains, les appliquant sur la fenêtre. Il distingua la pluie battante, le vent violent et les employés qui vacillaient sur les pistes. Puis il se détacha de sa contemplation. Après tout, si le vol était retardé, il avait le temps d’aller se prendre un café. Vêtu d’un long manteau noir, il slaloma entre les rangées de sièges de la salle d’embarquement, mais fut bloqué par une jeune femme. Il s’arrêta brusquement. Elle s’était placée volontairement sur son passage. Vingt-cinq trente ans peut-être, châtain, elle avait les cheveux coupés au carré et le regard noir.
— Pardon… Est-ce que je peux passer ?tenta-t-il.
Elle tenait un livre contre sa poitrine, et en montra la dernière page qui détaillait la biographie de l’auteur.
— Est-ce que c’est vous ?
Il hocha la tête :
— Ça me ressemble en effet… en plus jeune.
— Vous êtes Terence Wilkes ?
— Possible.
Il tenta de forcer le passage, mais elle l’en empêcha :
— Vous êtes le « vrai » Terence Wilkes ?
Il lui tendit son passeport.
— Vous voulez voir mes papiers, peut-être !Je suis qui vous voulez, tant que vous me laissez aller prendre un café.
Alors, elle fit un pas sur le côté. Il put se diriger vers la cafétéria du terminal, mais elle le suivit.
— Je n’en reviens pas de rencontrer Terence Wilkes dans le terminal d’un aéroport.
— Pourquoi ce « Terence » n’aurait-il pas le droit de prendre l’avion ?demanda-t-il, en faisant la queue pour passer sa commande.
— Si, si… Vous avez tout à fait le droit !Seulement, avouez que ce n’est pas banal comme rencontre !
— Pour vous, peut-être !Mais moi, je ne vous connais ni d’Ève ni d’Adam.
Elle lui tendit la main.
— Jenny Rowls.
Avec un sourire indulgent, il la serra.
— Enchanté.
Il se tourna vers le barman.
— Un espresso, je vous prie. Puis, se retournant vers Jenny :vous prenez quelque chose ?
Jenny en resta interdite.
— Euh… un Coca !balbutia-t-elle.
Il se tourna à nouveau vers le barman.
— Et un Coca.
Il paya, tendit la canette à la jeune femme, s’empara de son café et prit possession d’une table aux hauts tabourets de bar. Il s’installa. D’un bond, elle se hissa sur un siège voisin et posa son livre devant elle.
— J’en reviens pas !Terence Wilkes m’a payé un Coca !
— Vous avez bien acheté mon bouquin, dit-il avec un sourire. Nous sommes quittes !
— Euh… Ce serait trop vous demander de me dédicacer votre livre ?
Il tourna son café, en prit une longue gorgée, avant de répondre :
— Ça fait un moment que je ne fais plus de dédicace.
La jeune femme afficha une mine contrariée, mais tenta :
— Pourquoi ?
— Ça me regarde, ça, Mademoiselle. Je ne fais plus de dédicace, ni de conférence de presse. Mais j’offre du Coca dans les aéroports !
Malgré la déception de son interlocutrice, il ne céderait pas. Il continua :
— D’ailleurs, vous ne me connaissez pas. Vous ignorez à qui vous avez adressé la parole !
Elle lui mit le livre sous le nez.
— Mais c’est vous qui avez écrit ça ?
Il opina du chef.
— Il me semble… Il y a longtemps. Ça n’empêche… Vous ne savez pas qui je suis !
— Terence Wilkes, né le 10 avril 1968 à Dixon, Illinois. A fait ses études au…
— C’est bon, c’est bon…Vous n’allez pas me sortir ma bio !
— Je suis incollable sur vous, je suis fan !
— C’est mon bol, ça !Il faut que je sois coincé à l’aéroport de Chicago avec une fan !Bon, Mademoiselle…
— Jenny.
Il s’était levé.
— Jenny, je vous demanderai de m’excuser… Je vous souhaite un bon vol.
Il rejoignit la porte d’embarquement, la laissant seule à la table, avec son livre et son Coca qu’elle n’avait pas entamé.

***

Il partit s’asseoir sur un des sièges de la salle d’embarquement et se plongea dans ses pensées. Terence Wilkes, grand, brun et les yeux foncés, possédait des traits fins. Dans la quarantaine, il paraissait cependant plus jeune. À dix-huit ans, il avait publié son premier roman, suivi par des dizaines d’autres. Il avait triomphé dans le milieu, avait récolté gloire, prix… et amour. À vingt-six ans, il était tombé sous le charme d’une de ses fans qui était venue faire dédicacer un de ses ouvrages dans une grande librairie newyorkaise. Caroline. Six mois plus tard, ils se mariaient. Caroline était infirmière, et fière de son métier. Terence avait calqué son planning sur celui de sa femme, n’écrivait que lorsqu’elle était retenue à l’hôpital. Le reste du temps, ils le passaient ensemble, sans en perdre une miette. La vie leur souriait. Terence s’était offert une situation confortable. Une jolie maison sur les collines d’Hollywood, des voyages dès que quelques jours de congé s’offraient à eux, de longues promenades sur la plage, des restaurants chics… Le jeune auteur voulait le meilleur pour son épouse. Il avait été conquis au premier regard. Pourtant, ces séances de dédicaces, imposées par son agent, s’étaient révélées un calvaire pour lui. Il se devait d’afficher un sourire, une attitude avantageuse, d’échanger quelques mots polis et aimables avec ses fans, voire de les complimenter…
Ce jour-là, à New York, après de longues heures dans le brouhaha des lecteurs qui patientaient, des vertiges en voyant la file interminable, il fut tétanisé lorsqu’apparut devant lui une jeune femme qui lui présentait son livre. Ses yeux s’étaient posés sur ses cheveux dorés, les lobes de ses oreilles, son nez, et ses lèvres attirantes. Sans la quitter du regard, il avait machinalement pris le stylo et attendu ;aucun son ne sortit de cette bouche captivante. Elle se contentait de sourire. Laura, l’agent de Terence, précipita les choses.
— Donnez votre nom. Il y a du monde derrière.
— Caroline, murmura-t-elle alors.
Il sourit en retour et dit :
— Moi, c’est Terence !
Elle se mit à rire, et il se rendit compte de la stupidité de sa réplique. Si elle apparaissait comme un mystère, un songe à ses yeux, elle devait tout savoir de lui. Pour cacher sa gêne, il se pencha sur la première page de l’ouvrage, et écrivit :

Caroline,
Accepteriez-vous que je vous offre un café ?
Si oui, je vous rejoins d’ici dix minutes, sinon…
Bien à vous,
Terence

Il ferma le roman et le lui rendit. Déjà Laura la poussait pour faire place à la personne d’après. Caroline s’écarta de la file, toujours un regard en arrière, et sans la quitter des yeux, Terence ouvrit le livre suivant. Il guettait l’instant où la jeune femme prendrait connaissance de sa prose. Un peu bousculée par la foule environnante, elle feuilleta les pages, lut et leva enfin la tête. Terence, le cœur battant, attendait son verdict. Il respira mieux lorsqu’elle approuva d’un signe, et il glissa à son agent :
— Je fais une pause dans dix minutes.

***

Cette scène s’était déroulée quinze ans auparavant. Le temps passait vite. Très vite. Mais les souvenirs perduraient. Et cette Jenny avait ravivé en lui une époque qui lui semblait révolue. Elle avait pris place trois rangées de fauteuils plus loin, et lui jetait des regards à la dérobée, tout en pianotant sur son téléphone. Qu’était-elle en train de raconter ?Il l’imaginait déjà confier à sa meilleure amie que Terence Wilkes lui avait offert un Coca, et qu’il attendait patiemment dans le même terminal qu’elle l’heure de l’embarquement. Il devinait la copine lui répondre « Mais qui est Terence Wilkes ?» Il se surprit à sourire. Oui, qui était Terence Wilkes ?Un auteur qui avait rangé ses plumes, s’était recyclé dans la publicité et venait d’assister à un congrès organisé par un de ses plus gros clients. Plus personne ne connaissait « Terence Wilkes, l’auteur ». À part Jenny, semblait-il !

Jenny reçut un appel. Elle décrocha.
— Oui.
— Jen, tu es encore à Chicago ?
Elle sourit en entendant la voix familière de son fiancé.
— Chris ?Oui. Il y a un orage

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