Y a-t-il un fantôme à l Élysée ?
50 pages
Français

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Y a-t-il un fantôme à l'Élysée ? , livre ebook

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Description

Théodore ROUMA, le célèbre cambrioleur, est dans les petits papiers du ministre de l’Intérieur depuis une précédente aventure dans laquelle il avait retiré une épine du pied de l’État.


C’est aujourd’hui par le Président de la République en personne que Théodore ROUMA est convié afin de l’aider dans une affaire qu’il ne peut confier à personne d’autre : des documents importants ont été dérobés dans son cabinet durant la nuit.


Mais l’huissier qui effectuait sa ronde ce soir-là est catégorique : celui qui l’a assommé et volé le dossier est un fantôme, tout ce qu’il y a de classique, revêtu, comme il se doit, d’un drap blanc.


Pourchasser un spectre ? Telle serait la quête de Théodore ROUMA ? Mais ce dernier n’a pas besoin de faire appel à son esprit cartésien pour raisonner, car ses activités ordinaires l’ont déjà mis sur la piste du coupable...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070033906
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Y A-T-IL UN FANTÔME À L’ÉLYSÉE ?

Par
Jean d’AUFFARGIS
CHAPITRE PREMIER
LE PRÉSIDENT REÇOIT
 
À l'heure dite, Théodore Rouma se présenta à la porte de l'Élysée.
Le portier-chef toisa d'un air soupçonneux cet élégant visiteur qui paraissait âgé de trente-cinq ans environ, grand, mince, l'œil noir, vif, l'allure nonchalante, le complet gris d'excellente coupe. L'impression fut bonne.
— Je désire parler au Président.
Il s'exprimait d'une voix bien timbrée, un peu grave. Mais le fonctionnaire, corpulent et très galonné, crut sentir dans le ton une pointe d'ironie.
— Au Président ? Comme cela ! Et peut-on savoir ce que vous lui voulez, au Président ?
— Permettez ! C'est à lui que j'ai à parler, pas à vous, fit doucement Rouma, une petite flamme narquoise dans la prunelle.
— Un plan à lui soumettre, peut-être ? Je parierais que cela a trait aux Finances ou bien encore…
— Vous fatiguez pas, mon gros, dit Rouma qui s'amusait follement. Et dépêchez-vous, car je suis attendu.
Le portier ouvrit de grands yeux. On voit certes, à l'Élysée, beaucoup de quémandeurs et de fous. Les uns sont dirigés sur l'infirmerie spéciale du Dépôt, les autres évacués avec des paroles consolantes. Cependant, il fallait ne pas commettre quelque gaffe.
— Vous avez une lettre d'audience ?
— Qu'en ferais-je ? répondit ingénument Rouma.
— Dans ce cas, je vous conseille d'écrire…
— En joignant un timbre pour la réponse… persifla le célèbre aventurier. Vous n'auriez pas, par hasard, poursuivit-il, une liste des visiteurs admis ?
L'autre s'esclaffa. Sa conviction était faite. Il avait affaire à un fou.
— Des visiteurs ? À huit heures du soir… Alors que le Président n'a plus que trente minutes pour achever son dîner et se rendre au Gala des Sapeurs-Pompiers !
— Voyez toujours si mon nom ne se trouve pas quelque part. Je m'appelle Brunetière, Philippe Brunetière.
Le portier sursauta.
— M. Philippe Brunetière ! Vous êtes M. Brunetière ? Mais, en effet, on vous attend… Visite personnelle… Je m'excuse… Vous me pardonnerez, monsieur, mais je suis responsable des entrées, vous comprenez et il se présente ici parfois des drôles de gens. Une seconde, je vous prie, juste le temps de téléphoner au Secrétariat Général.
— Bien, bien ! dit Rouma, condescendant. Mais faites vite, Alphonse doit s'impatienter.
Alphonse !... Le portier-chef maîtrisa difficilement un nouveau sursaut. Traiter de la sorte M. Alphonse Paravent, Président de la République Française ! Quel personnage et quelles mœurs !
Quelques minutes plus tard, le pseudo Philippe Brunetière traversait la cour d'honneur du palais, était accueilli sur les marches du perron vitré par un huissier à chaîne d'argent qui le confiait à un de ses collègues, lequel, à son tour, avisait un troisième huissier.
— Conduisez monsieur… C'est pour monsieur le président…
Deux ou trois galeries, autant de salons et, chaque fois, un nouvel huissier cérémonieux.
— Pour monsieur le Président…
Enfin, dans une antichambre meublée de fauteuils de tapisserie, un homme encore jeune, la boutonnière abondamment fleurie de rubans d'ordres français et étrangers, s'inclina devant le visiteur après s'être nommé :
— Je suis M. Burson, secrétaire particulier de monsieur le Président.
Il poussa une porte lambrissée, puis s'effaça :
— Voici le cabinet de travail du Président. Vous n'aurez pas longtemps à attendre, monsieur Brunetière.
Ce ne fut pas le Président, mais un général en grande tenue qui se présenta tout d'abord. Il avait un œil rond qui regardait de côté comme celui des lapins, un toupet blanc, des moustaches et une barbiche à l'impériale accentuaient encore sa ressemblance avec ce sympathique mammifère. Les magazines illustrés avaient popularisé les traits du général Damballe, chef de la maison militaire du Président.
— Vous avez les documents sur vous, monsieur Brunetière ?
Rouma remarqua une porte restée entrebâillée. Il aurait juré qu'un tiers – probablement le Président – écoutait leur conversation. Il regarda si ostensiblement cette porte que le général rougit, toussa et crut devoir préciser :
— Le Président de la République va venir s'entretenir personnellement avec vous. Il sait que l'on peut vous faire confiance… D'ailleurs, la recommandation du ministre de l'Intérieur, M. Daubier, vous ouvre ici toutes les portes.
Rouma-Brunetière coula vers la porte entrouverte un nouveau regard où perçait une raillerie. Le général eut encore une quinte de toux.
— Vous avez un ami en la personne de M. Daubier. Le ministre contait cet après-midi encore au Président comment une bande de dangereux faussaires dont les entreprises menaçaient le crédit de l'État (1) fut, grâce à vous, démasquée, et…
— Excusez-moi, coupa un peu sèchement Brunetière, mais afin qu'il ne subsiste entre nous aucun malentendu, je pense qu'il est préférable de rendre à Théodore Rouma ce qui appartient à Théodore Rouma et de ne pas attribuer à Philippe Brunetière, rentier et journaliste à ses heures, des mérites dont il ne saurait se parer.
Le général taquina sa barbiche d'un geste machinal. Le visage de Brunetière ne reflétait aucun sentiment et le général Damballe estima qu'il était agaçant de parler à un homme aussi impassible. Puis il prononça, non sans une légère inquiétude :
— Ces… documents ?
Mais Brunetière ne parut pas entendre cette question. Il examinait le bureau, lourd meuble de style baroque chargé de moulures dorées.
— Ainsi, fit-il, c'est ici que les textes officiels sont soumis à la signature présidentielle.
Il se mit à rire et reprit :
— Je présume que les traités d'alliance les plus secrets voisinent avec tous ces décrets appelés à figurer au « Journal Officiel » : nomination d'un sous-préfet à Issoire ou d'un cantonnier à Crèvecœur, promotion aux palmes ou bien attribution d'un bureau de tabac. Tout de même, je serais curieux de...

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