Bye bye Iran
169 pages
Français

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Description

"J'entre dans la chambre des enfants pour graver dans ma mémoire leurs jolis visages, même si notre séparation sera de courte durée. Elles dorment paisiblement. Je les embrasse doucement et les quitte sur un dernier regard tendre. À cet instant, je suis loin d'imaginer que je les reprendrai dans mes bras seulement onze ans plus tard...Maudites soient toutes les révolutions et maudits soient tous les révolutionnaires du monde. ». Dans ce récit des onze années d'exil de l'auteur, depuis Téhéran jusqu'à Bruxelles, on devine le parcours incertain et tumultueux des errants qui sont ici, aujourd'hui, dans l'enfer de l'exil globalisé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336874098
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection

COLLECTION L’IRAN EN TRANSITION
Dirigée par Ata Ayati
Les dernières parutions
ESTHER PARISI , Juifs et Iraniens. La communauté judéo-persane depuis la Révolution en Iran et en Israël . Préface de Daniel Meier, 2019.
JEAN-CLAUDE VOISIN , La Perse et l’Occident chrétien. Histoire des martyrs perses Abdon et Sennen, 2019.
MIRZA MOHAMMAD MASSOUD (DEHATI) , Les fleurs qui poussent en enfer. Traduit du persan par Christophe Balaÿ, 2019.
MOHSEN MOTTAGHI ET REZA ROKOEE , Daryush Ashouri. Un intellectuel hétérodoxe iranien . Préface de Farhad Khosrokhavar, 2019.
M. F. FARZANEH , Le mariage d’Azraël ou la jeune fille et la mort, 2019.
SHAHLA NOSRAT-WOLFF , La chevalerie iranienne. Samak-é ‘Ayyâr . Préface d’Hossein Beikbaghban, 2018.
ABBAS TOWFIQ , Fables d’Iran. Les humbles chats ! Traduction du persan par Monireh Kianvach-Kechavarzi et Brigitte Simon-Hamidi, 2018.
SAFOURA TORK LADANI , L’histoire des relations entre l’Iran et la France du moyen âge à nos jours. Préface de David Rigoulet-Roze, 2018.
JAVAD HADIDI , De Sa’di à Aragon. Le rayonnement de la littérature persane en France . Préface d’Alain Gresh et postface d’Ata Ayati, 2018.
REZA AFCHAR NADERI , Histoire d’un mythe. Le forgeron dans Le livre des rois de Ferdowsi, 2018.
MONIREH KIANVACH-KECHAVARZI , Deux cents locutions comparatives du persan, 2017.
Titre

Mohammad OSTAD HASSAN MAJIDI








Bye Bye Iran

Le récit de mon exil
Copyright

Traduit du persan par Flora Yeghoumians





















© L’HARMATTAN, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-87409-8
Préface
Mohammad Ostad Hassan Majidi, que j’appelais Mamali, n’était pas un écrivain accompli, qui, selon les mots d’Aharon Appelfeld, sait ravaler ses cris amers 1 . Mamali était un homme, victime, témoin, acteur (agissant et comédien), ami et amant. Il n’était pas écrivain : son amertume le disputait à son grand cœur, comme sa révolte à sa paix retrouvée, depuis le 19 février 2013. Ce jour-là, trois événements simultanés se sont produits : il a reçu sa carte d’identité de « Belge complet », il a ramené à la maison des blocs de papier A4 pour écrire son exil et il a exorcisé, d’un coup, les cauchemars carcéraux qui l’avaient hanté jusque-là. Il n’était pas écrivain, mais il a laissé un livre, celui pour lequel, selon Agota Kristof 2 , il était né.
Mamali, dans les pages qu’il a laissées, convoque le destin pour supporter le malheur ; le destin l’a convoqué pour nous offrir ce beau texte. « Un jour j’écrirai tout cela », m’avait-il prévenue. Le grand livre était celui que la nécessité appelle, calligraphié dans les nuits de mon atelier, pendant que je peignais mes propres signes illisibles.
Au même moment, il joue dans I comme Iran , le film de Sanaz Azari. Il y déclare la fin de ses malheurs : « Je suis Belge depuis hier ». Il rentre du tournage en me confiant que, de ceci ou de cela, il n’a pas parlé dans le film : « je le garde pour mon livre ». En février 2013, il entreprend donc le récit en farsi de ses onze années (1996-2007) d’exil solitaire, depuis Téhéran jusqu’à Bruxelles, en passant par la Grèce et l’Italie.
Il n’aura pas pu finir la relation de son pénible périple. Le 9 février 2017, aux alentours de 19 heures, sa vie et son texte prennent fin simultanément. Son cœur s’est arrêté. Les secours sont inutiles. Des amis que j’appelle arrivent dans l’heure. Ils sont là devant et dans le chagrin, à veiller simplement mon mari, à porter mon amour sur notre lit, à parler de lui, et de nous bien sûr.
Je prends donc la peine — le mot est si juste — d’écrire moi-même cette préface et un épilogue, deux brèves interventions nécessaires à restituer quelques éléments de l’amont et l’aval du récit inachevé de Mamali.
Ingénieur chimiste, industriel, capitaine d’une entreprise florissante, Mamali est « exproprié » par les moudjahidines du peuple, expropriation à laquelle il refuse de consentir. L’Iran est la prison dont il s’évade en 1996, après avoir goûté à celle d’Evin, au nord de Téhéran, en raison de son refus d’abandonner sa société à la mafia des mollahs.
Dès les premières pages de son récit, on comprend qu’il lui est interdit de quitter l’Iran et qu’il n’y réussit qu’au prix de la disparition temporaire de son nom d’une base de données. Par la suite, le monde entier deviendra sa prison. Bye bye Iran commence avec l’évasion et raconte l’exil de Sirus, Massoud, Mohammad. Trois noms pour un seul homme, trois noms pour un homme seul, séparé trop longtemps de ses filles. Son père l’a nommé Mohammad, mais sa mère voulait l’appeler Behrouz. Une hésitation de naissance qui préfigure ces changements de nom comme signes de l’instabilité de la situation de l’exilé ; son identité flanche autant que sa certitude du lendemain.
C’est aussi de la pudeur, comme si Mamali n’était pas vraiment le héros de son récit, laissant dans l’ombre des blessures, des péripéties ou des ignominies que notre proximité m’a permis d’entendre, dans l’italien que nous partagions. Bye bye Iran nous épargne ainsi les souvenirs jamais écrits de la terreur qui a précédé l’exil. La prison d’Evin, par exemple, c’est l’enfermement de trente opposants dans une seule cellule, c’est l’extraction soudaine de cinq d’entre eux, les yeux bandés, c’est le retour en cellule de trois camarades seulement, après l’exécution aléatoire et arbitraire des deux autres dans la cour. Peut-on se faire une idée des cauchemars de Mohammad Ostad Hassan Majidi, qui se sont soudainement évanouis le 19 février 2013, grâce à sa carte d’identité belge ?
Incertitude, terreur, pudeur, et pourtant fierté. Qu’il se nomme Sirus, Massoud ou Mohammad, Mamali est toujours fier de lui dans son rapport aux autres, confronté aux coups du sort comme aux émotions. Les larmes aux yeux, la mort aux trousses ou droit devant et le rire vainqueur.
Ce récit fait défiler tant de personnages…
Des passeurs. Qu’ils s’appellent Mamout ou Tony, ils sont loin de l’image caricaturée du trafiquant d’êtres humains. On se prend à les regarder d’un autre œil, avec la confiance obligatoire de l’homme perdu, et à les faire entrer dans la catégorie des sauveteurs professionnels.
Des policiers aussi. Parfois violents, parfois tolérants, impuissants sans doute, ils sont les figurants d’une odyssée bloquée, aléatoire, s’ouvrant et se refermant brusquement, témoins autorisés des conditions extrêmes de la vie nue.
Des amis surtout. Iraj, Koura, Reza, Mateo, Sebastiano et d’autres auxquels Mamali s’attache et qui s’attachent à lui. Comme nous tous, comme lui, ils ne feront que passer. Ils comptent, solidaires dans l’exil, indispensables sujets et objets d’une amitié que l’on devine puissante, à qui l’on promet des nouvelles et qui disparaissent pourtant de l’histoire, sans s’effacer du cœur. Qui sait ? Nous aurions peut-être reçu de bonnes nouvelles des survivants, si Mamali avait pu continuer de remplir ses blocs de papier et de vider ses blocs de douleur.
Tant de personnages dont nous n’aurons plus l’écho. Leurs frères et leurs sœurs, leurs enfants, sont pourtant ici, aujourd’hui, dans l’enfer de l’exil globalisé.
Christine Ostad Hassan Majidi
Merci à Ata Ayati, Sanaz Azari, Martine Coenen, Thierry Descheemaeker, Isabelle Desobry, Maggy Dourov, Jean-Benoît Fontignie, Marion Hansel, merci tout particulièrement à Dan Kaminski, sans qui le livre de mon mari n’aurait jamais pu voir le jour, Claude Leroy, Fery Malek-Madani, Philippe Melis, Bahar Majidi, Saba Majidi, Antoine Pirlot, Thomas Pirlot, Madeleine Van Oudenhove et Flora Yeghoumians.
1 . Aharon Apelfeld, préface au texte de Leïb Rochman, À pas aveugles de par le monde, Paris, Denoël, 2012.
2 . « Je suis convaincu, Lucas, que tout être humain est né pour écrire un livre, et pour rien d’autre. Un livre génial ou un livre médiocre, peu importe, mais celui qui n’écrira rien est un être perdu, il n’a fai

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