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Description
Informations
Publié par | La Boîte à Pandore |
Date de parution | 23 août 2019 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782390093510 |
Langue | Français |
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Extrait
© La Boîte à Pandore
Paris
http://www.laboiteapandore.fr
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ISBN : 978-2-39009-351-0 – EAN : 9782390093510
Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.
Stéphane Thirion Eddy Merckx
On m’appelait le Cannibale
Préface de Jacky Ickx
Mon Eddy,
Il me semble inutile d’ajouter au chapelet de superlatifs dont chacun use pour tenter de décrire Eddy Merckx, « La légende des légendes du sport ».
Pour moi, tu es surtout et avant tout un homme hors normes.
Tu es un être magnifique de simplicité, de tendresse, de loyauté, de grandeur, de fidélité, de discrétion et de... timidité.
Je suis toujours touché et étonné par l’humilité et la gratitude avec lesquelles tu reçois les témoignages d’amour et d’admiration que nous sommes si nombreux à t’infliger.
Il est vrai que nos parcours sont parallèles. Il est vrai aussi que nous nous sommes regardés grandir l’un l’autre en apprenant à nous connaître et à nous apprécier. Notre amitié qui m’est chère ne cesse de croître avec le temps.
Je ne me lasserai jamais d’être ému par l’humanité que tu diffuses.
Affectueusement,
Jacky Ickx
Avant-propos
Dans la salle à manger, la vieille radio à l’antenne sans cesse raccommodée crépitait ses informations. Luc Varenne, le reporter de la Radio Télévision Belge, hurlait. Mon père était collé contre l’appareil, savourant chaque phrase du légendaire journaliste. C’était mon premier souvenir d’Eddy Merckx, la première fois que j’entendais son nom. Varenne, lui, était familier : « Allez mon petit, allez Eddy, on t’aime, continue, tu vas gagner ! »
Dans mon esprit de gamin, j’imaginais qu’il devait être fascinant, ce Merckx, pour immobiliser mon paternel une après-midi entière alors qu’il n’avait qu’une passion, ou presque : le travail. Mais là, il y avait exception. Alors je n’eus qu’une ambition, à quatre ans : trouver un journal pour découvrir le visage de ce diable de Merckx. Et j’ai trouvé, j’en ai acheté d’autres, avec la permission parentale. Qu’est-ce qu’il était beau ! Et puis tout le monde en parlait. Il n’y avait pas une discussion, au village ou ailleurs, sans parler de lui. Je ne savais pas encore lire, mais j’ai vite appris, et en particulier toutes les consonnes de ce patronyme imprononçable. Je me souviens parfaitement de cette réflexion : « Il a de la chance Luc Varenne, quel beau métier » ? Cet homme exceptionnel, pionnier de l’information sportive à la radio belge, suscita bien des vocations, jusqu’en France, où Thierry Roland, pilier du football sur TFl, n’hésita jamais à dire qu’il s’était inspiré du commentateur belge. Imaginez donc, suivre Merckx dans ses exploits à travers les routes de France, ce pays dont mes parents me parlaient tout le temps en me promettant de m’y emmener pour les vacances quand les économies le permettraient ! Puis, quelques années plus tard, à l’invitation d’un oncle passionné de cyclisme, mais qui possédait, surtout, l’indispensable téléviseur, j’ai vu les images. C’était fabuleux. Alors, comme tous les enfants, je suis monté sur mon vélo bleu et je me suis pris pour lui. Dans le village, on montait l’Aspin, on sprintait au Parc des Princes. Trente ans plus tard, me voilà aussi excité devant un écran d’ordinateur pour coucher à l’encre de ma passion soixante ans de la vie d’un être d’exception dont quantité d’auteurs avant moi, avec talent et érudition, ont décortiqué les exploits. Dans cet ouvrage, nous avons décidé, en accord avec son épouse Claudine, de montrer, en plus de ses exploits sportifs, la face intime du champion. Je rends grâce à mon père, malheureusement parti trop tôt, de m’avoir transmis le « virus Merckx » et, surtout, de m’avoir enseigné le français à coups de règles en métal sur les fesses, en particulier pour l’accord des verbes pronominaux.
Prologue
Tout a-t-il été dit sur Eddy Merckx ? Le Bruxellois a, en tout cas, sollicité la plume de plusieurs passionnés de cyclisme, d’éminents confrères qui eurent l’immense bonheur de couvrir le Tour de France, le Giro et tout le reste pendant que le « Cannibale » écrasait tout sur son passage. Heureux hommes que ceux-là, dans les années d’or, à tous les égards ! Le petit écran était encore discret et les journalistes moins nombreux, à l’instar des véhicules. Ils purent donc suivre, ou tenter de le faire, au prix de conduites dangereuses, le maillot jaune volant dans les descentes de cols, scruter son visage de champion, admirer son panache, se gaver de moments inoubliables que le sport d’aujourd’hui génère par intermittence. Raconter l’indescriptible, susciter le rêve, comme le faisait si bien Luc Varenne avec son enthousiasme contagieux. Varenne pouvait exagérer à propos des écarts en course, créer un faux suspense, tenir des heures sur antenne sans faiblir. Un génie de l’information, l’égal d’Eddy sur sa bicyclette.
Aujourd’hui, le rêve a un peu disparu car la télévision ne laisse passer aucun geste, aucun rictus de souffrance, aucun exploit, aucune défaillance. Les champions sont forcément moins mythiques. Est-ce pour l’une de ces raisons que Merckx, vingt-huit ans après avoir raccroché son vélo au clou, demeure une légende vivante du sport mondial ? L’année 2005, celle de ses soixante ans, a permis de mesurer son extraordinaire popularité à travers des hommages exprimés un peu partout, l’occasion pour beaucoup de revoir quelques images, furtives mais exceptionnelles, de ses nombreux exploits. Les nostalgiques en ont eu pour leur argent, mais il n’y a pas eu qu’eux. Aujourd’hui encore, Eddy Merckx est sollicité par des enfants pour un autographe, des enfants qui n’ont forcément pas connu le champion. C’est dire si leurs parents continuent à en parler, à entretenir les souvenirs et le mythe. Quand un gamin s’extasie devant un exploit de Tom Boonen, il se trouve toujours un adulte pour rappeler « que dans le temps, Eddy avait gagné ceci et cela » et pour montrer une photo, un article de presse jauni, des clichés avec le roi Baudouin, le Pape et tant d’autres personnalités...
Alors, en consultant le passé et ces pages jaunies, on se dit, en effet, que tout a été dit sur Eddy. Enfin, pas tout à fait. Et ce n’est pas prétentieux de l’affirmer. À soixante ans, l’homme mûr est plus bavard, il ressent le besoin d’offrir un éclairage différent sur sa vie. Et pas seulement sur sa vie de champion. Comme un témoignage pour la postérité, pour les enfants à qui il offre des autographes, pour ses cinq petits-enfants qui galopent dans la vaste demeure de Meise, ces souvenirs d’Eddy Merckx ont valeur de testament, tel un miroir constellé d’étoiles sur une vie hors du commun. « Après, je ne veux plus parler de moi », nous avait-il dit en acceptant le projet de cet ouvrage. Or, dans ces pages, Eddy parle de lui et ses proches parlent d’Eddy, avec une tendresse et une affection qui révèlent des qualités indissociables chez ce personnage culte : une générosité extrême, une sensibilité à fleur de peau et une fidélité sans faille pour ceux qu’il aime. Et qu’il a aimé, comme son père Jules, dont la personnalité et l’ombre dominent les conversations et les souvenirs. De son enfance en passant par sa carrière sportive et par son boulot de patron d’entreprise, « Tout Eddy » retrace une vie pleine, donne la parole à des personnes indissociables de son destin.
Après, tout sera dit, même si la mémoire est sélective, qu’elle retient certaines émotions, en oublie d’autres. C’est pourquoi il n’est jamais superflu de parler d’Eddy Merckx. Ce récit prétend évoquer davantage l’homme que le champion dont les puristes et les fans connaissent le palmarès par cœur. Évoquer Merckx comme père, fils, ami, époux, grand-père, frère en toute simplicité, à son image, rayonnante de jeunesse et d’amour pour les autres...
Un surnom : « Tour de France »