Quand j étais chômeur
89 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
89 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Dans les années 80, Jean-Pierre Raison a connu une longue période de chômage. En 2015, il revient sur ce passé douloureux à travers un témoignage stupéfiant. Mais, au lieu de nous faire revivre son vécu sous la forme d’un récit autobiographique, il nous propose - après l’avoir remanié - le texte qu’il a écrit « sur le vif », en 1984-1985, au moment le plus pénible de sa traversée du désert. Un texte mêlant acidité et tendresse pour exprimer la colère et la souffrance. Eh oui ! Lorsque le chômage s’éternise, le désarroi et le découragement sont tels que pour résister, garder la tête haute, ne pas sombrer, l’on est tenté de jouer avec le mal qui nous dévore, à donner libre cours à nos pulsions obscures, à s’autoriser toutes les audaces. Pour échapper au néant dans lequel il s’enlisait, Jean-Pierre Raison s’est raccroché à cette littérature flamboyante où les mots vibrent et les émotions éclatent. Ainsi a-t-il puisé dans ses tripes Quand j’étais chômeur, un ouvrage « dérangeant, hors du commun, super-original, impubliable certes, mais plus que prometteur », selon le grand éditeur Pierre Belfond (en 1985). Un texte qui était censé contribuer à sa rédemption et à son salut. Sauf que, malgré ou à cause de l’écriture, l’ex-cadre d’entreprise n’a jamais retrouvé le statut qui était le sien avant que ne survienne ce satané licenciement pour motif économique. Non content de se transformer en galère, cet accident professionnel aura ruiné sa carrière et bouleversé son existence. Triste consolation ou bonheur total, il lui aura aussi permis d’aller au bout de son destin, soit d’accomplir une œuvre littéraire.

Informations

Publié par
Date de parution 20 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312034904
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

DU MÊME AUTEUR
QUAND LE BONHEUR SE FAIT CHAGRIN
Les Éditions du Net, 2014.
L’ÉCRITURE EST UNE DROGUE DURE
Les Éditions du Net, 2013.
LE QUOTIDIEN D’UN "O. S. " DU JOURNALISME
ou l’édifiant témoignage
d’un correspondant de presse nantais
Éditions du Petit Pavé, 2011.
RETROUVAILLES À L’ANSE ROUGE
Éditions du Petit Pavé, 2009.
LE RETOUR DE L’ABBÉ FOURNIER
Éditions du Petit Pavé, 2007.
AU-DELÀ DES APPARENCES
Éditions Opéra, 2002.
POUR QUELQUES MOTS DE TROP
Éditions Opéra, 1997.
L’ARLEQUINE
Media France Éditions, 1994.
Quand j’étais chômeur
Ne dites jamais à un éventuel employeur
que vous n’avez plus aucune activité,
il vous soupçonnerait d’être au chômage.
Ne lui dites pas non plus
que vous êtes inscrit à l’ANPE,
il vous prendrait pour un demandeur d’emploi.
J. S ÉGAGA , de l’Institut.






Illustration de couverture :
photo de Jean-Pierre Raison ; droits réservés.
(À l’angle de la rue de Strasbourg et de la rue de l’Union,
l’entrée de l’« ANPE Nantes Château », semblable à ce qu’elle était dans wles années 80, sauf que l’immeuble a rajeuni
et que la petite rue de l’Union est devenue piétonne.)
Jean-Pierre Raison
QUAND J’ÉTAIS CHÔMEUR
témoignage



LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03490-4
Ma carte de bus valable dans l’agglomération nantaise
Aujourd’hui comme hier, l’un des rares « privilèges » du demandeur d’emploi nantais ayant peu de ressources, c’est de pouvoir se déplacer gratuitement en bus (et en tramway depuis 1985) aux quatre coins de l’agglomération, et donc de s’évader de chez lui à son gré (sauf quand le sournois repli sur soi en décide autrement et le contraint à se priver de cette liberté-là). Par économie, puis par goût, j’ai beaucoup utilisé ce mode de transport en commun dans les années 80, brisant ainsi cette chaîne de l’isolement qui retient le chômeur prisonnier, et qui, à son corps défendant, le condamne à la solitude. Inversement, lassé de trop de périples urbains aux buts improbables, l’écrivain que je suis, sous prétexte de voyager intérieurement, s’est souvent laissé embarquer dans des plongées insensées et des explorations hasardeuses. Mais l’alternative était celle-ci – s’en sortir ou périr –, et, grâce à ma passion pour l’écriture, j’ai fini par vaincre, comme ce livre le prouve.
Préambule
Avant la création de Pôle emploi, le service public de l’emploi se composait essentiellement d’un établissement public administratif, l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE), et d’une association, l’Union nationale interprofessionnelle pour l’emploi dans l’industrie et le commerce (l’Unédic). L’ANPE, avec des agences sur l’ensemble du territoire, avait pour mission de « centraliser les offres et les demandes d’emploi, d’effectuer des statistiques sur les demandeurs d’emploi, et d’aider les personnes à la recherche d’un emploi dans leurs démarches et leurs parcours professionnels » (Wikipédia). L’Unédic, et son réseau d’Assédic, étaient « chargés de la gestion de l’assurance chômage ». En décembre 2008, la fusion de ces deux structures a donné naissance à Pôle emploi.
Pour ma part, en tant que cadre d’entreprise, domicilié à Nantes, je relevais de l’agence locale « ANPE Nantes Château », section spécialisée "Cadres et Techniciens", tel que l’indique le recto de ma carte d’inscription. Au verso de cette même carte figurent mes pointages successifs, par quinzaine, et sur une année (voir les illustrations pages suivantes). Eh oui ! À l’époque, le demandeur d’emploi ne correspondait pas, et ne remplissait pas ses obligations, par Internet. Il devait aller tous les quinze jours faire tamponner sa carte à la mairie de Nantes. C’était très humiliant. Il avait les mêmes contraintes qu’un détenu en liberté conditionnelle soumis à un contrôle administratif (et judiciaire). À cette différence près qu’on ne lui offrait pas de bracelet électronique, ce qui aurait pourtant fait un joli effet sur ses chaussettes ratatinées made in Taïwan.
Quant à la photo de la couverture du livre (© Jean-Pierre Raison), elle illustre idéalement le nom de l’agence locale de l’ANPE dont je dépendais, puisque l’on voit, en arrière-plan, le château des ducs de Bretagne. L’on a ici un bel aperçu du rempart – qui date du XV e siècle et qui a été récemment rénové – et d’un édifice intérieur. Au premier plan, l’entrée de l’agence, située 12, rue de Strasbourg, saute aux yeux tant elle est majestueuse avec sa grille de fer forgé et son mascaron (la sculpture centrale apposée sur la clé de voûte). L’immeuble lui-même ne manque pas de cachet, surtout si on le compare aux Pôles emploi d’aujourd’hui. On a beau dire, cela donne envie d’accéder à l’agence… sans pour autant s’y inscrire de bon gré.
Pour être complet sur le chômeur que j’étais alors, et sur ses outils d’investigation du marché du travail, il faut, en plus des établissements du service public de l’emploi évoqués plus haut, mentionner un organisme privé : l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) que je hanterai durant plus d’un lustre, et qui sera pour moi un précieux lieu d’accueil et de conseil.
Voilà le contexte dans lequel je menai mon combat, et je vous prie de croire que si cette période de chômage fut éminemment difficile, il m’en reste néanmoins d’indéfectibles souvenirs. Et Dieu sait si j’ai pu y trouver matière pour écrire ce livre, et d’autres, par exemple ce roman très autobiographique, intitulé Au-delà des apparences .
Ci-contre, le verso de l’une de mes cartes de pointage.
Dans les années 80, le demandeur d’emploi doit faire tamponner sa carte de pointage (délivrée annuellement) à la mairie, tous les quinze jours.

Le recto de cette même carte de pointage.
À la lecture des mises en garde ci-dessus, on constatera que de mon temps le contrôle des demandeurs (et chercheurs) d’emploi était plus strict, plus tatillon, et surtout plus humiliant que maintenant. Il fallait se déplacer à la…

…mairie, prendre la longue file d’attente, et faire viser sa carte par un agent municipal, tous les quinze jours, et non seulement « actualiser » sa situation par Internet, chaque mois. Dans l’œil du préposé, on lisait parfois : « Toujours pas de boulot, celui-là ! » On repartait soulagé, mais démoralisé.

Un tract de la CFDT du 12 mars 1983.
Si, en 1983, le chômage semblait moins préoccupant qu’en 2015, il inquiétait tout autant les syndicats. Ceux-ci incitaient légitimement les demandeurs d’emploi à manifester, vu qu’à Nantes les chômeurs représentaient 16 % de la population salariée.
Avant-propos
Comme beaucoup, j’ai connu une longue, très longue, trop longue période de chômage, mais je n’étais pas (et je n’ai jamais été) un chômeur comme les autres. Sans doute est-ce prétentieux – ou idiot – d’écrire cela, mais c’est mon sentiment. Peut-être serait-il plus juste de dire : « Il n’y a pas un chômeur identique. » Ou mieux : « Chacun ne chôme pas de la même façon. » Avec le temps, surtout, le chômeur finit par s’adapter à sa situation (ou plutôt à son absence de situation), et à se forger une nouvelle personnalité. D’ailleurs, la seule manière d’accepter cette réalité (sa mise à l’écart du « système », puis son exclusion sociale), c’est de résister. Et donc de se construire un « monde nouveau », puisque le chômeur est en dehors de (presque) tout, étranger à ce qui l’entoure. Son réel à lui n’a pas de consistance, étant donné que le chômeur a de moins en moins d’existence. Il ne peut rien partager avec autrui, car il entretient des rapports avec peu de gens.
Précision importante : ici, je m’exprime en tant que célibataire sans emplo

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents