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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 février 2010 |
Nombre de lectures | 270 |
EAN13 | 9782296250154 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
ATTITUDES
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.hairnattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11290-2
EAN : 9782296112902
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
B enoît M ARBOT
ATTITUDES
Théâtre
Du même auteur
Patati – Patatras !
ACTES SUD – PAPIERS, 1987
Le Festival de Cuculaon
LIBRAIRIE THÉÂTRALE, 1988
Lady Maï-Lien
ACTES SUD – PAPIERS, 1990
La Valse avant la nuit
CENT PAGES, 1991
Véronique
CENT PAGES, 1992
Algérie française
CENT PAGES, 1993
Svetotchka
CENT PAGES, 1994
Sarfetti express
LIBRAIRIE THÉÂTRALE, 1995
Sniping Zone
CBM, 1996
Ultime insistance
CENT PAGES, 1997
Ta Femme
ÉDITIONS DU LAQUET, 1998
Nonchalante Indochine
ÉDITIONS DU LAQUET, 2000
Puissance Publique
LIBRAIRIE THÉÂTRALE, 2003
Hors course
LIBRAIRIE THÉÂTRALE, 2004
La Belle et le hussard
L’ŒIL DU PRINCE, 2006
Quel amour d’enfant !
EDITIONS LA FONTAINE, 2008
Pure apparence
CBM, 2008
« Rien n’est vraiment grave pour les êtres incapables d’aimer.»
François Mauriac
Attitudes
a été créée
au Théâtre du Petit-Parmentier de Neuilly-sur-Seine
(Direction : Marie-Noëlle BARRÉ)
le 10 décembre 2009
puis au Centre Culturel de Courbevoie
(Direction : Philippe LIGNIER)
le 26 mars 2010
dans une mise en scène de
Benoît MARBOT
Scénographie & vidéo : Yann De Sousa
Lumières : Pierre Serval
Régie : Colas Reydellet
avec le concours des élèves de Mlle Christine Dumas,
professeur de danse classique au Centre Culturel de Courbevoie
avec :
Sabrina BUS : LAURENCE
Jean TOM : DAMIEN
Coproduction Compagnie Benoît Marbot – MJC de Neuilly-sur-Seine – Centre Culturel de Courbevoie – Théâtre de la Tache d’Encre d’Avignon – avec le soutien de la Ville de Courbevoie et du Conseil Général des Hauts-de-Seine
Décor unique : dans le jardin d’une maison de campagne en Normandie, près de Bayeux. Sur le côté, un barbecue. Au milieu, des chaises. Au fond ou à l’avant-scène, un panneau publicitaire orienté vers une route qu’on ne voit pas.
Les variations de la petite danseuse peuvent apparaître directement sur scène ou en projection sur le panneau publicitaire.
Musique de ballet à peine audible, issue de la maison voisine. Laurence apparaît. Son regard s’arrête sur ce panneau planté récemment pendant son absence. Mais la musique lui plaît : elle ne peut s’empêcher d’esquisser quelques pas de danse.
DAMIEN (off) – Laurence !
Elle s’arrête net.
DAMIEN (off) – Quand tu auras fini ta gymnastique… On a besoin de toi.
LAURENCE (agacée) – Pourquoi ?
DAMIEN (off) – Pour la salade.
LAURENCE – Demande à Thomas !
Elle lui tourne le dos et s’assied. Damien vient la rejoindre.
DAMIEN – Alors ? Qu’est-ce que tu en penses ?
Regards vers le panneau.
LAURENCE – C’est très laid.
DAMIEN – Mais ça rapporte.
LAURENCE – De l’argent.
DAMIEN – Oui.
LAURENCE – Pas de la plus-value.
DAMIEN – On peut toujours l’enlever.
Elle se lève et va au barbecue.
LAURENCE – Tu l’as décrassé ?
DAMIEN – Non.
Il se lève et la rejoint.
DAMIEN – Ça se décrasse ?
LAURENCE – Il est dégueulasse.
DAMIEN – C’est de la graisse… Les résidus de combustion favorisent les départs de feu.
LAURENCE– Francis récure le grill.
DAMIEN – Il est nickel, le grill.
LAURENCE– Enlevons au moins les cendres.
DAMIEN (soupire) – Cette obsession de la propreté chez les femmes…
LAURENCE – C’est une question d’hygiène.
DAMIEN – S’il avait voulu les enlever, il l’aurait fait.
LAURENCE – Elles étaient trop chaudes. On les mettra sur les glaïeuls.
DAMIEN – Pour les faire crever ?
LAURENCE – C’est un engrais comme un autre.
DAMIEN – Un engrais bourré de produits chimiques. Ou des substances toxiques, comme l’urine du voisin.
LAURENCE – Raison de plus pour les virer !
DAMIEN – Rappelle-toi les escargots dans les gouttières…
LAURENCE – On ne sait pas si c’est lui.
DAMIEN – Et la vipère dans la boîte aux lettres ?
LAURENCE – Ça prend cinq minutes !
DAMIEN – Que Francis finisse ce qu’il a commencé !
Elle pose sur lui un regard réprobateur, qu’il évite en scrutant l’horizon.
LAURENCE – Il vient de loin.
DAMIEN – Personne ne l’oblige à venir en voiture. (Soucieux.) Il participe au cadeau ?
LAURENCE (moue d’ignorance) -…
DAMIEN – Qu’est-ce qu’il a dit ?
LAURENCE – Il a dit qu’il rappellerait.
DAMIEN (avec un agacement croissant) – Il sait très bien que Maman ne cuisine jamais le jour de son anniversaire. Nous avons procédé il y a six ans à la répartition des rôles : moi je m’occupe d’acheter la viande ; lui, de la cuire !
LAURENCE – Après ce qui s’est passé l’année dernière…
DAMIEN – Je ne vois pas le rapport.
Ils s’asseyent.
LAURENCE – Tu as fini ton roman ?
DAMIEN – Oui.
LAURENCE – Tu n’as pas l’air content.
DAMIEN – Je serai content quand il sera publié.
LAURENCE – Essaye les petits éditeurs.
DAMIEN – Les petits éditeurs sont comme les grands : ils ne lisent rien. Tout le monde écrit et personne ne lit plus personne. A part les contes pour enfants, les récits d’inceste ou les recettes de cuisine. La grande littérature est morte. Il n’y a plus d’œuvres d’art. Il n’y a plus que des produits. Et la culture est devenue un commerce comme un autre. Même les artistes ont changé. Non seulement ils ne renient pas le système, mais ils le perpétuent ! D’abord parce qu’ils en profitent… Seul l’art permet d’acquérir en un temps record la notoriété, la puissance et l’argent. Forcément, ça fait rêver !
LAURENCE – Les vrais artistes ne créent que par nécessité.
DAMIEN – Comment va Gilbert ?
LAURENCE – Il est parti chez sa mère.
DAMIEN – Parti ?
LAURENCE – Pendant les vacances.
DAMIEN – Vous ne deviez pas vous séparer ?
LAURENCE – Qui t’a dit ça ?
DAMIEN – Maman.
LAURENCE – De quoi je me mêle !
DAMIEN – Nous étions tous très inquiets.
LAURENCE (irritée) – Parce qu’en plus, tout le monde en parle ?
DAMIEN – C’est un sujet de conversation comme un autre. Un sujet récurrent. Plutôt rébarbatif, à mon avis… Laurence et Gilbert.
LAURENCE – J’en connais un autre.
DAMIEN – Francis et Carmen ?
LAURENCE – Blandine et Damien.
DAMIEN – Il n’y a pas grand-chose à dire. Nous sommes un vieux couple, mariés depuis quatorze ans.
LAURENCE (avec ironie) – Bravo !
DAMIEN – Francis a fait mieux : vingt-cinq ans l’année dernière ! Un quart de siècle !
LAURENCE (indifférente) – Oui.
DAMIEN – Tu connais Gilbert depuis dix ans ?
LAURENCE – Douze.
DAMIEN – Julien a quel âge ?
LAURENCE (agacée) – Julien n’est pas de lui.
Un temps.
DAMIEN – Il revoit sa femme ?
LAURENCE – Bien obligé !
DAMIEN – Il paye encore une pension ? Ce n