Bel esprit
152 pages
Français

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Bel esprit , livre ebook

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Description

Lorsque Bronu, rimailleur bohème, apprend que deux de ses amis, Tibo, peu cultivé, mais enthousiaste, et Rémian, noble par mariage et pédant, sont tous deux épris d'Elodie, il se confie une mission : les aider à séduire le coeur de la belle. Pour écarter un comte arrogant et brillant, ils devront rivaliser d'esprit, de bons mots et de verve, notamment lors d'un dîner où tous prennent part.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 82
EAN13 9782296461123
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bel Esprit
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54768-1
EAN : 9782296547681

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Bruno Loret


Bel Esprit

Comédie en cinq actes et en vers


Préface de Mathias Degoute


L’Harmattan
PRÉFACE
Bruno Loret n’est pour moi pas qu’un ami d’enfance : c’est un complice. Pas au sens criminel, non – quoique l’auteur de la présente pièce eût parfois pu souffrir des effets d’une autorité maladroite pour laquelle la plume habile d’un lycéen pût être interprétée à tort comme le signe de viles agressions –, mais au sens intellectuel, puisque nous portions, lorsque nous fréquentions les mêmes établissements scolaires, un regard reposant sur une compréhension commune et entendue des enjeux académiques, et, dirons-nous, sociaux, qui se profilaient sous nos yeux. Un regard, en somme, qui était également désolé et qui se consolait, sans doute assez lamentablement, dans une jubilation satirique tout exutoire.
La pièce qui suit est de fait une première publication, mais pas une première œuvre, encore moins un coup d’essai. C’est le résultat d’une fulgurance, certes, mais qui fut suivie d’un long travail de maturation, de relectures minutieuses et d’un polissage progressif et méticuleux. Le Bel Esprit peut se voir comme l’élaboration d’un écrit plus ancien, et donc très précoce, sauvagement intitulé Tisserandromaque, mot-valise dont l’onomastique charrie une expérience triplement douloureuse : souvenir de l’étude absconse d’une certaine tragédie classique à l’âge ingrat, d’une misère enseignante en charge d’une sorte de cours d’histoire et surtout, d’une malchance ordinaire, récurrente, au loto national de l’éducation.
La présente publication est plus aboutie. Si, dans le Bel Esprit, le ton est à la parodie, il n’en est pas moins curieusement pertinent, ni moins érudit. Comme dans les meilleures comédies classiques, même les tours les plus frivoles ne sont jamais très détachés d’une réalité mordante voire, comme chez Bruno, d’une impressionnante érudition. Les figures d’un Molière, d’un Racine ou d’un La Rochefoucauld semblent parfois jaillir d’entre les lignes comme le feraient celles des marionnettes d’un petit théâtre de Guignol, mais en (un peu) moins burlesque. Le réseau d’allusions qui forment le socle du discours dans la pièce est particulièrement dense. Le Bel Esprit est certes un récit saturé d’anecdotes personnelles, mais qui se situe néanmoins quelque part au croisement de l’autofiction et des canons théâtraux. Cette hybridité a pour premier symptôme l’inventivité de sa dramatis personnae, mélange invraisemblable de prénoms de proches ou de personnalités réelles, de sonorités faussement hellénisantes et d’une riche intertextualité dramaturgique. La qualité de l’écriture, caractérisée par un style délibérément anachronique, et le décalage, à la fois subtil et hilarant, que cette dernière introduit avec le théâtre classique, compense largement le caractère parfois cryptique des allusions et des situations évoquées. Même en ce qui me concerne, d’ailleurs, puisque l’éloignement géographique qui a marqué la période de nos études supérieures ne nous a pas permis de fréquenter les mêmes individus, ni de suivre mutuellement le cours des événements dans lesquels nous avons été pris au quotidien. La lecture de la pièce n’en est que plus saisissante et l’humour dont elle fait preuve non moins tordant, pour peu que l’on s’imagine les situations dont ce dernier est issu.
Le talent de Bruno lui permet de provoquer le rire de la manière la plus subtile qui soit, c’est-à-dire en ne faisant le procès de personne. Il se joue des codes de la dramaturgie du Grand Siècle au travers d’une maîtrise impeccable des difficiles contraintes de la versification française et nimbe chacun de ses alexandrins – notons qu’aucun vers ne déroge à l’obligation rythmique – d’une aura ironique irisée de sarcasmes et colorée de satire. Le texte qui suit jouit ainsi d’une élégance potache qui fait du Bel Esprit une œuvre parodique délectable.
Mathias Degoute
25 janvier 2011
Bruno Loret
Bel Esprit
Comédie en cinq actes et en vers
À mon frère Xavier, qui m’a aidé à changer
un brouillon en un texte propre,
À Thibaud, Rémi, Mathias, Alexis et Élodie,
qui m’ont inspiré malgré eux.
Personnages :
Bronu : Écrivain bohème.
Tibo : Simple commerçant, ami de Bronu.
Rémian (dit Dom) : Noble par mariage, ami de Bronu.
Élodie : Orpheline.
Miatas : Professeur, ami de Bronu.
Le Comte d’Alexis : Noble de naissance, ami d’Élodie.
L’invité mystère des fins de pièces.
La scène se déroule dans la maison de Tibo.
ACTE I
La maison de Tibo, assez chichement meublée, seules deux tables avec des chaises se trouvent dans la salle. Les deux protagonistes sont déjà présents.
Scène première BRONU, TIBO.
BRONU
Eh bien, mon cher Tibo, voilà de quoi surprendre !
Dans quelle affaire vous êtes-vous donc fait prendre !
Depuis quand votre esprit connaît-il le besoin
De se montrer ainsi pour qui ne le vaut point !
5 Voilà déjà dix ans que je suis au repos,
Que je porte sur moi de précieux oripeaux,
Ne me mêlant de rien, profitant du moment
N’ayant pour l’extérieur plus que ricanement…
Je préfère tendre mon oreille restante
10 Au silence profond ou aux oiseaux qui chantent !
Et pour quelle raison devrais-je vous aider
Dans la drôle d’histoire où je vous vois céder ?
Je me suis décidé, il y a bien longtemps,
À cesser tout soutien qui ne soit important.
15 Voyez-vous, on perd trop à apporter son aide.
On se prend à user de manigances laides,
On se met à jurer, à ruser, à mentir,
Et c’est une amitié qui peut s’anéantir.
Alors, on peut trouver pour soi un peu d’estime,
20 Mais on se crée surtout des ennemis intimes…
TIBO
Hélas ! Des ennemis, j’en aurais plus encor
À refuser et fuir ce que j’ai fait alors.
Mieux vaut perdre ma vie plutôt que mon honneur !
BRONU
Calmez-vous ! Car la mort peut attendre son heure !
25 J’ai connu quelques gens qui crurent y gagner ;
Le gain aurait été s’ils s’étaient épargnés !
Ne croyez pas que mort, la vie sera meilleure.
Votre affaire en vaut-elle un prix si grand d’ailleurs ?
À part.
J’ai un étonnement au peu de gravité
30 Avec laquelle on pense à cette extrémité !
À Tibo.
Bien… Allez m’en conter votre histoire en détail.
TIBO
Eh bien, mon cher Bronu, sachez que je travaille…
BRONU
Cela semble étonnant !
TIBO
Laissez-moi une chance !
Donc… Vous n’ignorez pas que depuis mon enfance,
35 J’œuvre chaque matin pour vendre des alcools
Au lieu de dévorer les livres des écoles ?
BRONU
Il n’y a pas de mal à travailler pour vivre !
L’école de la vie ne s’apprend dans un livre !
TIBO
Certes ! J’y suis heureux, j’y use mon talent !
40 Et j’y ai rencontré par hasard un galant…
BRONU
Cela est amusant !
TIBO
De grâce je vous prie…
C’est un ami à vous à ce que j’ai compris.
Il se présenta sous le nom de Dom Rémian.
Il me traça de vous un portrait édifiant !
45 Je ne sais les détails, mais il m’a pu conter
Qu’une affaire entre vous avait été montée.
Et que vous, lui moquant sa nouvelle noblesse,
Avez fait un pamphlet, qui paraît-il le blesse.
BRONU
C’était la vérité !
TIBO
Souffrez que je poursuive !
50 Ce Rémian, il est vrai, a l’allure sportive.
Il lui faut reconnaître une fort bonne mine,
Une allure galante et une grosse… échine.
Il n’est point de femmes pour de Dom Rémian dire
Qu’elles n’étaient émue

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