Feu noir
144 pages
Français

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Feu noir , livre ebook

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144 pages
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Description

Le Feu : symbole contradictoire de rassemblement et de destruction, de passion et de néant. Autour de lui, quatre personnages tentent de se parler dans l'espace désolé d'un chantier du métro, par une nuit d'hiver ; parmi eux, une jeune fille sans nom qui garde son secret. Ils forment ainsi une ronde imaginaire, à la recherche d'un espace commun dans l'attente du lever du jour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 245
EAN13 9782296928855
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FEU NOIR
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09513-7
EAN : 9782296095137

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Pierre TAMINIAUX


FEU NOIR

Drame en un acte


L’Harmattan
Décor
Le chantier d’une station de métro, par une nuit d’hiver.
Personnages
NICK
ED
VERA
LA JEUNE FILLE
SCÈNE I
L’action prend place la nuit, dans un tunnel qui sert de chantier aux travaux du métro. Quatre lampes sont disposées à chaque coin de la scène, éclairant celle-ci d’une lumière orange virant au rouge. Au milieu de la scène, deux hommes vêtus d’une salopette bleue et portant un casque blanc sont assis sur des caisses en bois. Du sable est répandu sur le sol.
L’un d’eux a le visage effilé, les yeux noirs, les bras longs et maigres. L’autre est plus gros et trapu. Ils ont tous les deux la tête renfoncée entre les épaules, le regard dirigé vers le bas.


ED : Les autres arrivent à quelle heure ?

NICK : Quatre heures, comme d’habitude…

ED : Je voudrais partir…

NICK : Je sais, moi aussi… (Silence. Ed tâte le sol. On a l’impression qu’il dessine une forme vague avec le bout des doigts). Je ne t’avais jamais vu, avant.

ED : Avant quoi ?

NICK : Et bien, avant cette nuit.

ED : Je suis sûr que tu m’avais déjà vu ( Un temps ) mais que tu as oublié ma tête ( Un temps ) c’est tout… des types comme moi, il y en a des tas qui travaillent ici.

NICK : Des tas, des tas, n’exagère pas ! (Nick se redresse, posant ses mains sur ses genoux. Il regarde autour de lui ).

ED (continuant à enfoncer ses doigts dans le sable) : Si j’avais su qu’il fallait rester, je n’aurais pas soudé aussi vite.

NICK (haussant légèrement le ton) : Il est où, ton chalumeau ?

ED ( d’un ton qui marque l’indifférence) : Derrière.

NICK : Où ça, derrière ?

ED : Dans un coin.

NICK ( soupçonneux) : Tu ne ranges pas tes outils, quand tu as fini ?

ED : Moi ?

NICK : Qui veux-tu que ce soit ?

ED : Quelqu’un.

NICK : Qui d’autre ? On est tous seuls, ici.

ED : Bon, alors c’est bien moi à qui tu parles. (Un temps ). Dans un coin, je te dis.

NICK : Tu ne sais rien.

ED ( haussant les épaules ) : Mais si, je sais quelque chose.

NICK : Quoi, alors ?

ED : Que tu me poses des questions inutiles.

NICK : Et nos outils, alors, à quoi ils servent ?

ED : À me donner du souci. Sinon, à rien. Comme le reste.

NICK (glissant la main dans une des poches extérieures de sa salopette) : Bon sang…

ED (qui tourne le dos à Nick) : Il y a quelque chose qui ne va pas ?

NICK : Je cherche. (Un temps) Mes cigarettes. ( Un temps ) je ne les ai pas.

ED (se redressant à son tour, un peu surpris ) : J’en ai, moi, si tu veux.

NICK : Ah oui ! J’en veux bien une, fils.

ED (agacé) : Arrête de m’appeler fils ! Je n’aime pas ça. Je ne suis pas ton fils.

NICK : Je n’ai jamais pensé ça, fils. Nous, on dit ça à un ami, à un copain. Tu comprends ?

ED : Non.

NICK : Ca ne veut pas dire que tu es mon fils, évidemment. ( Un temps ) c’est… (Il hésite).

ED : C’est quoi ?

NICK : Non, rien. Laisse tomber ! (Ed baisse à nouveau la tête). Alors, tu les as, tes cigarettes ?

ED (un peu distrait) : Ah oui.

NICK (fronçant les sourcils, comme s’il se méfiait des paroles d’Ed. Celui -ci fouille ses poches et en sort un paquet qu’il lui tend). Tu es un type distrait !

ED : Distrait ? Non.

NICK : Si, tu es distrait. Ça se remarque tout de suite.

ED ( d’un ton sec) : Pas quand je travaille. Je suis très concentré.

NICK (sceptique) : Oui. Trop, peut-être. (Il allume sa cigarette avec une allumette qu’il jette aussitôt par terre). Ce sont des Gauloises, et sans filtre, en plus.

ED : Oui.

NICK (esquissant une moue de dépit) : Je n’aime pas les Gauloises sans filtre !

ED : Personne ne t’oblige à la fumer.

NICK : J’espère bien. Il ne manquerait plus que ça. (Il sort la cigarette de sa bouche et en tire lentement une bouffée). Enfin, tant pis ! ( Un temps). Et toi, tu n’en prends pas ?

ED : Non, pas maintenant. Plus tard.

NICK (souriant du coin des lèvres ) : C’est marrant. Moi, je n’aime pas les Gauloises et j’en fume une. (Un temps ) Et toi, tu les aimes, et tu n’en fumes pas.

ED ( tournant la tête vers Nick) : Rien à ajouter. (Nick se met à rire et son rire ressemble à un toussotement). (Un temps). J’ai les mains gelées. (Il se les frotte).

NICK : Tu n’as pas de gants ?

ED : Non.

NICK : La nuit, ici, il fait toujours froid. Crois-moi.

ED : Toi, tu es habitué au froid. ( Un temps ) Moi pas !

NICK : Oh, tu t’habitueras vite.

ED : Tu as vu la couleur de ma peau ? Elle est presque rouge.

NICK (remarquant la main qu’Ed lui tend) : C’est une couleur normale !

ED : Il va geler encore longtemps ?

NICK (un peu ironique) : Là, je ne peux pas te dire. L’hiver, il gèle, c’est tout. Ca ira mieux au printemps.

ED (presque résigné) : Encore deux mois, quoi !

NICK : Oui, sans doute. Tu comptes les jours ?

ED : Non, les semaines.

NICK : Moi, j’ai arrêté de compter. J’accepte. C’est l’hiver, c’est l’hiver ! Il y a quatre saisons. Il faut s’y faire. Elles finissent toutes par passer.

ED : Je sais bien ! Mais ça m’énerve, moi !

NICK (faisant tomber la cendre de sa cigarette sur le sol) : On devrait avoir une radio. (Un temps) Pour la nuit.

ED : Une radio ! ? Il y en a une.

NICK (très surpris ) : Quoi ? Pourquoi ne l’as-tu pas dit plus tôt ? Où est-elle ?

ED : Dans ma sacoche.

NICK : Bien…

ED : Mais ce n’est pas la mienne. Et les piles sont usées.

NICK (d’un ton décide) : On s’en fiche. Va la chercher !

ED (il se lève, marche lentement vers le fond de la scène. Il se baisse ensuite, puis fouille dans sa sacoche. Il s’approche maintenant de Nick et lui montre sa radio ) : Tiens !

NICK ( la saisissant et l’examinant) : C’est une antiquité !

ED (se rasseyant) : C’est tout ce que j’ai.

NICK (manipulant le bouton et cherchant un programme. On entend des voix, faiblement) : Il n’y a rien, sur cette radio.

ED : Mets plus fort ! Tu entendras bien quelque chose !

NICK : Non, il n’y a rien. (Il passe d’un programme à l’autre). Musique classique. Je déteste ça !

ED : Parfois, ils passent de la musique africaine la nuit.

NICK : Non. (Il colle l’appareil à son oreille). (Un temps ). Tu devrais remplacer les piles.

ED : Ce n’est pas mon appareil.

NICK ( haussant le ton) : Il est à qui, alors ?

ED : À Joseph !

NICK ( étonné) : Joseph ? ! Pourquoi est-ce qu’il t’a prêté son appareil ?

ED : Il en a un autre. Un meilleur.

NICK : Tu es sûr ? (Il a l’air soupçonneux)

ED : Oui, c’est ce qu’il m’a dit.

NICK (fronçant les sourcils ) : Je ne te crois pas.

ED : Tu n’es pas obligé de me croire.

NICK : Non. Tu lui as volé sa radio, à Joseph.

ED : Pourquoi voudrais-tu que je vole une radio ? Elle n’a pas de valeur ! Elle est tout juste bonne à jeter !

NICK : Pas de valeur, pas de valeur ! Elle marche, c’est l’essentiel !

ED : Mal !

NICK : Ca suffit !

ED : Tu racontes n’importe quoi !

NICK : Oh là, du calme, petit !

ED : Je n’aime pas comment tu me parles !

NICK : Eh bien, moi non plus, je n’aime pas comment tu me parles. (Il se met à crier)

ED : Ne crie pas ! Ce n’est pas la peine. Tes cris me percent les oreilles. Je deviens sourd.

NICK : Tu as peur des voisins ? ( Un temps ) Eh bien, il n’y en a pas. Et même s’il y en avait, ils seraient tous avec moi.

ED : N’empêche que tu devrais parler moins fort. Tu n’es pas mon chef.

NICK : Le chef, le chef… (Il maugrée).

ED : Non. Rends-moi ma radio !

NICK : Ce n’est pas la tienne.

ED : Ce n’est pas la tienne non plus.

NICK : C’est bien que c’est toi. (Ed arrache la radio des mains de Nick). (Un temps ) Je ne savais pas que c’était ton copain, Joseph.

ED : Tu ne sais rien, alors.

NICK : Tu n’es pas le genre à être l

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