La Vénus hottentote ou Haine aux Françaises
140 pages
Français

La Vénus hottentote ou Haine aux Françaises , livre ebook

140 pages
Français

Description

L'intérêt porté toujours à l'histoire de la vie de la femme Sarah Bartmann, qui a inspiré la pièce La Vénus hottentote, ou Haine aux Françaises, est aussi prononcé qu'il l'était au XIXe siècle quand on en faisait l'exposition. Nous sommes toujours fascinés par sa vie, par sa voix profondément enterrée dans des archives officielles et par la gamme de tragédies sans précédent liées à son identité de
femme africaine, noire et pauvre. Emmanuel Théaulon, Nicolas Brasier et Armand Artois, auteurs de la pièce ici rééditée, ont capitalisé sur la popularité de Bartmann, la « Vénus hottentote », deux mois après son arrivée à Paris. Dans leur vaudeville, joué à partir du 19 novembre 1814, ils explorent sur le mode comique des thèmes sérieux : liaisons dangereuses, incestueuses et interraciales, la différence « sauvage », l'esthétique française et le nationalisme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juillet 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782140097072
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

par sa voix profondément enterrée dans des archives ofIcielles et
Théaulon, Dartois et Brasier
LA VéNUS HoTTENToTE, oufRANçAiSESHAiNE AUx suivi de textes inédits
Présentation de T. Denean Sharpley-Whiting avec la collaboration de Roger Little AUTREMENT MÊMES
LA VÉNUS HOTTENTOTE
COLLECTIONAUTREMENT MÊMES conçue et dirigée par Roger Little Professeur émérite de Trinity College Dublin, Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc. Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établisse-ments d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contem-poraine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte. « Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,les autres, c’est la prolongation de notre intérieur.»Sony Labou TansiTitres parus et en préparation : voir en fin de volume
Théaulon, Dartois et Brasier LA VÉNUS HOTTENTOTE,OUHAINE AUX FRANÇAISES suivi de textes inédits
Présentation de T. Denean Sharpley-Whiting avec la collaboration de Roger Little
En couverture : «La Vénus hottentote » : caricature de Sarah Bartmann, gravure deGeorge Loftus, 1815. Bibliothèque nationale de France, Département estampes et photographie.
© L’Harmattan, 20185-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-15439-8 EAN : 9782343154398
INTRODUCTION par T. Denean Sharpley-Whiting
De la même autrice Bricktop’s Paris: African American Women Expatriates inJazz-Age Paris and The Autobiography of Ada Bricktop Smith, or Miss Baker Regrets, SUNY Press, Albany, 2015 Pimps Up, Ho’s Down: Young Black Women, Hip Hop and the New Gender Politics, New York University Press, New York, 2007 Negritude Women, University of Minnesota Press, Minneapolis, 2002 Black Venus: Sexualized Savages, Primal Fears, and Primitive Narratives in French, Duke University Press, Durham, 1999 Frantz Fanon: Conflicts & Feminisms, Rowman & Littlefield, Lanham, 1998 Ouvrages coordonnés parl’auteur :Norton Anthology of Theory and Criticism,co-éditeur, New York, Norton, 2008, 2018 Black France, France noire, co-éditeur, Durham, Duke University Press, 2012 The Speech: “Race and Barack Obama’s ‘A More Perfect Union’”, éditeur, New York, Bloomsbury, 2009 Beyond Negritude: Paulette Nardal and Essays from La Femme dans la Cité, éditeur, Albany NY, SUNY Press, 2009The Black Feminist Reader, co-éditeur, Londres, Blackwell, 2000 Spoils of War: Women of Color, Cultures & Revolutions, co-éditeur, Lanham MD, Rowman & Littlefield, 1997 Fanon: A Critical Reader,co-éditeur, Londres, Blackwell, 1996
INTRODUCTIONe L’intérêt porté au XXIsiècle à l’histoire de la vie de la femme qui a inspiré la pièceLa Vénus hottentote, ou Haine e aux Françaises, est aussiprononcé qu’il l’étaitetaux XVIII e XIX siècles quand elle vécut. Nous sommes toujours fascinés par sa vie, dont les moments sont éparpillées parmi des cultures et des continents diverscomme les pièces d’un puzzle, par sa voix profondément enterrée dans des archives ofcielles et par la gamme de tragédies sans précédent liées à son identité de femme africaine, noire et pauvre à lan du e e XVIII siècle et au début du XIX . Des publications récentes ont dévoilé quelques-uns des mystères ayant trait au monde 1 de Sarah Bartmann et àl’invention de la Vénus hottentote . Une vie mouvementée Elle est née en Afrique du Sud en 1770 dans la tribu gonaqua du peuple khoekhoe. Et son nom de naissance,quel qu’il ait été, fut remplacé par un nom dérivé du Hollandais, Saartjie Baartman. Les Hollandais se sont installés au cap de Bonne e Espérance en Afrique du Sud au milieu du XVII siècle, en établissant la Compagnie Oost-Indische, ou la Compagnie de commerce unié des Indes orientales. En tant que prolonge-ment du projet impérialiste hollandais, la colonie du Cap et la
1 Voir Yvette Abrahams, “Colonialism and Disjuncture: The Historio-graphy of Sarah Bartmann”, Ph.D. dissertation, University of Cape Town, 2000 ; Clifton Crais et Pamela Scully,Sara Baartman and the Hottentot Venus: A Ghost Story and a Biography (Princeton, NJ: Princeton University Press, 2009) ; Claude Blanckaert, éd.,La Vénus hottentote, entre Barnum et Muséum(Paris : Publications scientiques du Muséum national d’histoire naturelle, 2013).
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Compagnie des Indes orientales, comme elle fut communé-ment appelée, pratiquaient le commerce des épices, des esclaves, des matières premières et diverses marchandises, et avaient adopté l’usage duforcé parmi les groupes travail indigènes Khoekhoe, Sans et, plus tard, Xhosa. Saartjie signipetite Sara » suggère que le changement de sonant « nom de famille et sa conscription en servitude coloniale à l’Est du Cap se sont produits quand elle était encore enfant. Les Hollandais, considérés comme des partenaires com-merciaux,furent tout d’abord bien accueillis parpeuple le nomade et pastoral khoekhoe. Mais les idéologies euro-péennes sur le capitalisme, la race, la culture, le travail forcé et la propriété privéenirent par entrer en conit avec la culture et les traditions khoekhoe. Les Khoekhoe se re-bellèrent. Affaiblis autant par les maladies européennes que par leurs machines de guerre, et dépossédés de leurs terres par des saisies et par la rapide expansion coloniale, les hommes, femmes et enfants khoekhoe devinrent des quasi-esclaves dans les fermes hollandaises éparpillées çà et là dans la nouvelle colonie du Cap. Nommés péjorativement Hotten-tots, un mot dérivé soit du néerlandais soitde l’allemand hotteren-totteren», en raison des claquements de « bégayer leur langage, les compatriotes de Bartmann furent victimes des guerres coloniales européennes, notamment entre les Hollandais et les Anglais, mais aussi des luttes contre les divers groupes indigènes de la colonieainsi qu’entre ces groupes eux-mêmes. Donc, de l’enfance jusqu’au début de l’âge adulte, la vie de Sarah Bartmannfut constamment marquée par la guerre, la mort et les déplacements.L’Afrique du Sud coloniale changea au moins trois fois de mains entre 1795 et 1806. Ce va-et-vient entre les Anglais et les Hollandais pritfin par l’occupation puis l’annexion de l’Afrique du Sud par les Anglais.L’Afrique du Sud recevra de la part de l’Empire britannique une indépendance illusoire un peu plus de cent ans plus tard en 1909 ; elle est demeurée une partie de l’Union britannique jusqu’en 1961, date à laquelle la République Sud-Africaine fut établie.
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Sarah fut l’employée d’autres familles de la frontière rurale avant d’entrer au service de Pieterun illettré, Cesars, membre d’une familleNoirsplutôt démunie de fermiers « Libres » quoiquedescendants d’esclaves. Leur rencontre s’avéra fatidique. Dans la colonie du Cap, l’étiquette de « Noirs libres » incluait un éventaild’esclaves venus d’Indonésie, de Madagascar et de Malaisie (qui furent plus tard appelés « Les Malais du Cap »)et d’autres régions d’Afrique.En raison des nombreuses années de mélange, les Cesars ressemblaient à des Blancs. Les femmes esclaves avaient le droit d’acheter leur liberté en se prostituant. Il est fort possible qu’une descendante desCesars ait acheté sa liberté par la prostitution et que des enfants à peau claire, issus de ces liaisons, aient été engendrés. Quoi qu’il en soit,dans la hiérarchie humaine qui dominait la vie coloniale en Afrique du Sud, les Noirs libres se situaient au-dessus de Bartmann, une indigène, qui se trouvait, quant à elle, suspendue entre le statut d’esclave et de femme libre ; mais ces trois classes, que ce soit les Noirs libres, les divers groupes indigènes colonisés 1 et les esclaves, étaient certainement en-dessous des Boers hollandais du Cap et des autres migrants européens blancs. Elle fut employée comme domestique et comme nourrice, ce qui indique une grossesse à un certain moment de ses années de service à la frontière rurale. Pourtant, Bartmann a mentionné lors de plusieurs entretiens un mariage avec un tambour qui serait mort au Cap et un enfant mort en bas âge. D’autresinterviews rapportent qu’elle auraitdonné naissance à deux autres enfants et mentionnent qu’elle avait environ vingt-cinq ans. Le tambour, un certain Hendrik van Jong, était un pauvre Européen blanc qui servaitdans l’infanterie batavienne. Batavia, de nos jours Jakarta, était la capitale des Indes orientales néerlandaise. En 1806, Van Jong retourna en Hollande, laissant Bartmann derrière lui au Cap. Au moment del’arrivée de cette dernière en Angleterre, son histoire 1 Mot formé de l’afrikaans et du néerlandais pour « fermier ».
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