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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 septembre 2010 |
Nombre de lectures | 214 |
EAN13 | 9782296707054 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Le crapaud de Makouda
Geneviève B UONO
Le crapaud de Makouda
Théâtre
Du même auteur
Soupçons (poèmes), Éditions Tirésias
La mouette rieuse (en collaboration avec James Rousselle), Éditions du CEC
Salut, Max ! (en collaboration avec James Rousselle), Éditions du CEC Journées capitales (lycéens en poésie) et D’ici et d’Afrique (lycéens en poésie), Éditions Balthazar
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12824-8
EAN : 9782296128248
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
pour Charlie et Christian, mes chers parents,
pour Thomas, mon fils
à Claude, à
Omar Bennouar
Algérie, 1955
Deux comédiens, un homme et une femme
(de préférence un guitariste et une chanteuse)
peuvent suffire à interpréter tous les personnages.
HÉLÈNE, une petite fille d’origine française
LE PÈRE D’HÉLÈNE, instituteur en Kabylie
OMAR, un jeune garçon
LES DEUX MÉGÈRES
UNE VIEILLE FEMME KABYLE
JEAN, soldat du contingent pendant la guerre d’Algérie
UN CAPITAINE DE L’ARMEE FRANCAISE (VOIX OFF)
MALIKA, une jeune fille kabyle
L’école de Makouda, grande Kabylie. Il s’agit d’une petite bâtisse coiffée de tuiles
rouges.
Hélène chante la chanson traditionnelle kabyle « oufigh thasekkourth »
HÉLÈNE
Omar m’a appris une chanson. Elle fredonne Une chanson kabyle.
VOIX DU PERE
Hélène ?
HÉLÈNE
Le kabyle, c’est pas la même chose que l’arabe, et d’ailleurs, ça se prononce pas pareil.
Oufigh thassekkourth. J’ai trouvé une perdrix sous un olivier.
VOIX DU PERE
Hélène ?
HÉLÈNE
« Elle était triste, la perdrix. Mon mari est parti là-bas, en France… » Cette chanson, c’est la vérité, Omar me l’a dit.
VOIX DU PERE
Hélène, c’est toi qui chantes comme ça ? Tu es où ?
HÉLÈNE
Oufigh thassekkourth. Je suis là, Papa.
LE PÈRE
Je t’ai déjà dit de ne pas t’approcher du puits, c’est dangereux.
HÉLÈNE
Sadda ouaz dhemmourth. Mais je ne suis pas au puits.
LE PÈRE
Tu es où, alors ?
HÉLÈNE
Argazis y rouh. Ben là, dans ma chambre, je fais la sieste.
LE PÈRE
La sieste ? Tu ne dors pas, ma fille ?
HÉLÈNE
J’arrive pas à dormir, alors je suis là, je regarde la montagne en face.
LE PÈRE
Tu regardes le Crapaud ? Très bien ! Mais essaye de dormir quand même !
HÉLÈNE
Je peux pas. Et puis, tu sais, Papa, il faut pas que je perde mon temps à dormir, parce qu’en ce moment j’écris un livre !
LE PÈRE
Ah, tu écris un livre ! Et ça raconte quoi, ce livre ?
HÉLÈNE
Ben, tout ce qu’on fait, moi, toi, Maman, Noël qui m’embête tout le temps… la vérité, quoi ! Tu veux voir ?
LE PÈRE
Oui, si tu m’autorises… Le père entre et regarde Hélène. Tu as mis ta robe kabyle ?
HÉLÈNE
Oui, je l’aime bien !
LE PÈRE
Mais tu vas la froisser !
HÉLÈNE
Non, puisque je ne dors pas ! Et d’ailleurs, je peux pas écrire si je mets pas ma robe kabyle ! Alors je te lis ?... mais tu te moqueras pas, hein ?
Elle lit à son père, trébuche parfois…
En Kabylie, les filles n’ont pas d’école. Des fois, je vais dans la classe de ma mère. Tous les garçons sont pareils : pieds nus avec une djellaba trouée. Le crâne rasé, ça leur donne un air bizarre. Ils me regardent sans rien dire, moi j’aime bien. Je suis comme une princesse.
Ma mère dit « Viens près de moi » et je m’assois devant, ça me plaît beaucoup. Je reste là, je ne dis rien, je profite de ma mère, comme si j’étais seule avec elle.
Ma mère est belle mais malicieuse.
Avec une longue perche, elle montre le tableau et les cinquante garçons lisent : « un oiseau s’est posé sur une branche », « la danseuse tourne comme une toupie », « la poupée blonde regarde la fumée »
Moi, j’en ai une, de poupée blonde, justement.
Leçon de chant : « Gentil coquelicot ».
Le rossignol dit « que les garçons ne valent rien », je regarde les cinquante, je suis très contente.
Après, le rossignol, il dit « mais que les filles, elles valent encore bien moins ! »
Les filles, alors c’est moi ! J’m’y attendais pas du tout ! J’vais pleurer dans le jardin, avec les coquelicots.
UN PTIT COQUELICOT, chanson
Mon p’tit frère Noël et moi, on court après les poules.