Noces d'or

Description

Aude et Edmond fêtent leurs noces d’or dans un grand restaurant. D’abord polis et compassés, ils se laissent aller, le vin aidant, à revivre les moments forts de leur vie, passent en revue leurs connaissances, les joies, les trahisons et surtout un drame qui a bouleversé leur vie.

Sujets

• Comédie dramatique
• Français
• Comédie

Informations

• Publié par: Presses Electroniques de France
• Nombre de lectures: 16
• EAN13: 9791022101837
• Langue: Français

Extrait

Betty Hania

Noces d’or

© Presses Électroniques de France, 2014
PERSONNAGES

Edmond
Aude
Tous les deux ont soixante-dix ans environ, une allure plutôt jeune.

Edmond/Aude DANS UN RESTAURANT
Ils sont sur leur trente-et-un, elle, élégante, un peu gênée, lui maladroit.
SCÈNE 1
Aude
(Empruntée, un verre à la main)
Délicieux ce porto ! Quel bel endroit ! Merci d’y avoir pensé… ça me fait vraiment plaisir !
Edmond
(Il trinque)
À moi aussi. Il fallait réserver à l’avance et ça, c’était difficile… pour moi !
Aude
Tu l’as fait, c’est ce qui compte.
Edmond
Ce sont, comment tu les appelles ? Oui, nos… noces d’or ? Tu pensais que j’avais oublié ? L’âge, dans ma tête, le bordel, le calendrier à l’envers. Je te confie un secret, tu ne te ris pas de moi hein ? J’ai mis des bouts de papier, des post-it, c’est ça, partout dans la maison : entre mes chemises, et même, tiens-toi bien, derrière ma mousse à raser !
Ils rient.
Aude
(Attendrie)
Oh mon grand enfant, mon ami ! Un demi-siècle ensemble…
Edmond
Cinquante ans… ? Oh mon Dieu ! Tout est passé si vite ! Je n’ai pas honte d’être vieux, alors que… toi ?
Il tourne la tête.
Aude
Ah bon ?
Edmond
(Sourire en coin)
J’espère qu’on va bien dîner… D’ailleurs, je veux bien me mettre à la cuisine… si tu veux. J’apprendrai.
Il la supplie du regard.
Aude
(Dans un sourire)
Bien sûr. C’est vrai que tu n’aimes pas trop les restaurants : le service est trop lent, tu dis toujours. Alors, j’apprécie ta délicate attention.
Edmond
À la maison, j’ai quand même fini par accepter les surgelés.
Aude
J’essaie de cuisiner léger, pour le cholestérol… Mais aujourd’hui, une pause. Tu te souviens en Dordogne, ce repas de roi ?
Edmond
Oui. Tu as une bonne mémoire, il faut le reconnaître et, pour le reconnaître, tu es la première !
(Il rit)
Je me souviens des cèpes. À ne pas confondre avec la seppia, la sèche...
Aude
(Elle détourne la tête)
Oui, pâtes à la seppia, à Venise. Il y a longtemps.
Edmond
(Il regarde droit devant lui)
Oui, il y a longtemps. Je m’en souviens.
Aude
(Elle regarde autour d’elle)
Joli décor… un peu, comment dire ?
Edmond
Restaurant classique, suranné… sans âge… comme nous…
Aude
Tu y as pensé à nos cinquante ans ! Toujours, tu as accompli des miracles. C’est ce qui me permet de rester debout… du côté de la vie…
Edmond
(Le regard fixe)
Des miracles ? Un miracle aussi s’ils peuvent me proposer du foie gras et des cèpes. Je n’ai pas pensé à le leur demander en réservant… ils ne nous ont pas encore apporté la carte.
Aude
Du foie gras… ? Ce serait un repas de fêtes…
Edmond
(Ses doigts tapotent sur la table)
Ne me parle pas de cette période… Noël… Cadeaux obligés, sourires de singes, agitation…
Aude
La fête, c’est quand tu es là… ta façon de humer l’air… Que serais-je sans toi ?
Edmond