Réflexions sur la création théâtrale en France, 1981 - 2016
216 pages
Français

Réflexions sur la création théâtrale en France, 1981 - 2016 , livre ebook

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216 pages
Français

Description

Dans cet ouvrage, à la fois essai, pamphlet et réflexion sur le théâtre de ces trente-cinq dernières années, l'auteur décrit les dérives d'une politique ministérielle technocratique, idéologiquement sectaire et qui a transformé le théâtre en un refuge pour une pseudo-élite. De faux iconoclastes et vrais carriéristes qui ont oublié que le vrai théâtre, fondé sur le drame, s'adresse à des publics, naïfs ou éclairés, plutôt qu'à des adeptes culturels.

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Publié par
Date de parution 26 mars 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140084331
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

JeanPierre Pelaez
RÉFLEXIONS SUR LA CRÉATION THÉÂTRALE EN FRANCE, 19812016 Pour une renaissance du drame
Préface de Christian Combaz
Réflexions sur la création théâtrale en France, 1981-2016
Jean-Pierre Pelaez
Réflexions sur la création théâtrale
en France, 1981-2016
Pour une renaissance du drame
Préface de Christian Combaz
Du même auteur Le Barillet– Exercices de Théâtre –Préface de Philippe Adrien – Cadex Ed. 1986/1990/1994 Epuisé.Les ExplorateursPréface de Claude PiépluCadex Ed. 1988. Le Barillet– Variations Dramatiques –de « Lettre à Mr le précédé Directeur du Centre Dramatique National de M... »Cadex Ed. 1992 Epuisé.Monsieur Marcelde la Communication ou Préface de Stephan MeldeggEd. du Laquet/Tertium (Théâtre en Poche) 2001.Le Nouveau Barillet Préface de Jean-Michel Ribesde la Ed. Traverse 2001. Monsieur Calixteou de la RéalitéL’Harmattan (Théâtre des Ed. Cinq Continents) 2003.« Le Molière à toutes les sauces »inRecettes et Secrets d’AuteursEd. du Laquet/Tertium 2002.« Fantômatique »(Extrait du Barillet)inLa Plus Grande Pièce du MondeEd. de l’Amandier 2002.The RevolverPréfacedeRalphYarrow(36variationsduBarillet,traduitesenanglaisparF. Dalmasso/R. Baines). Polit'Circusde Philippe Goudard Préface  Ed. L’Harmattan (Théâtre des Cinq Continents) 2004. Les Singes SavantsPréface de Georges BégouEd. Domens 2005. Expérimenta I– Théâtre à une voix– Ed. Domens 2008.Le Barillet I– Exercices de Théâtre –Ed. Domens 2011. Le Barillet II–Exercices de Théâtre –Ed. Domens 2013.Le Tartuffe Nouveau –Préface de Michel Maffesoli Ed. L’Harmattan 2014. © L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-14364-4 EAN : 9782343143644
Préface Cher Jean-Pierre,  Non seulement je vous autorise à citer en guise de préface la chronique où je rapporte notre conversation au sujet du théâtre à la française, mais je vous y invite et je suis flatté d'introduire votre texte urgent et nécessaire.  Christian Combaz P.S J’ai rapporté librement notre conversation avec la liberté du type qui ne peut pas s'empêcher de broder un peu.  « L' avantage d'être à la retraite, quand on en a une, parce que la chose va devenir de plus en plus rare, et il n'est même pas certain que ceux qui la perçoivent aujourd'hui la perçoivent encore demain, l'avantage dis-je, c'est que dans certains domaines comme l'art, l'art d'écrire par exemple qu'on pourrait appeler l'art d'avoir une vision du monde, eh bien vous ne dépendez plus, pour vivre, de celui qui vous écoute et ça tombe bien puisqu'il ne vous écoute plus. En tout cas, comme dansLe Corbeau et le Renard, vous n'avez plus besoin de flatter quiconque pour vivre à ses dépens.  Un ami écrivain, un auteur de théâtre, avec qui j'en parlais récemment dans un café à Paris, m'a dit toutefois que ce principe ne s'appliquait qu'aux auteurs qui avaient fait recette pendant une partie de leur vie, recette sans laquelle ils n'auraient pas cotisé, et n'auraient rien pour vivre dans la vieillesse.  Heureusement pour nous mais malheureusement pour les suivants, notre génération est la dernière avant longtemps qui aura vu des auteurs originaux vivre à peu près de ce qu'ils font. Le théorème est facile à énoncer : désormais si on est original
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on n'en vit plus, et si on en vit, on n'est pas original. Cet ami m'a rappelé une chose amusante pour m'exposer son point de vue : quand nous avions vingt ans, et nous les avons eus au même moment, c'est moi qui écrivais du théâtre, et lui qui écrivait des romans. Et puis les choses se sont inversées en quelques années mais il m'a dit l'autre jour qu'écrire du théâtre pour France Inter à 20 ans comme je le faisais alors (l'émission s'appelaitLes tréteaux de la nuit) serait impossible aujourd'hui. Pourquoi ? A cause du risque de voir éclore un nouvel auteur plébiscité par le public sans intermédiaire. Et en effet je me suis souvenu que la radio avait cessé entièrement de me réclamer de nouveaux textes alors que j'avais été joué par Louis Seignier qui m'avait chaudement complimenté, mais surtout après la publication d'un article enthousiaste, et même hyper enthousiaste, d'un certain André Alter, historien du théâtre au sujet d'une de mes pièces, dansTélérama, qui à l'époque n'était pas encore un bunker pour profs d'histoire-géo. Eh bien mon ami théâtreux là m'a expliqué ma mésaventure en fonction de sa propre expérience, il m'a dit : c'est simple, on ne voulait pas que tu plaises aux gens sans permission. En plus tu n'étais pas de gauche. A cette époque soit vers 1983 tout ce qu'on produisait pour les planches devait être visé par les chefs de service de Jack Lang. Les pièces de théâtre ont d'ailleurs cessé de porter ce nom-là : elles sont devenues un "travail sur", une "ballade sur le thème de", et peu à peu les subventions ont été consenties uniquement aux gens qui pratiquaient ce langage obligatoire, orwellien des théâtreux français, on ne met plus en scène, on "revisite", on "interroge" les auteurs et les notions, on "décale", on fait un spectacle qui est le "commentaire" de quelque chose, voire qui évoque l'"éventualité d'une œuvre" . Le mot le plus important, c'est que c'est toujoursAUTOURsujet. C'est-à-dire qu'on n'entre du jamais vraiment dedans, on le flaire de loin comme un psychanalyste, de crainte d'avoir un point de vue, une vérité. C'est devenu fasciste d'avoir une vérité. On est là pour douter de la vérité des autres et on est payé pour ça. De plus en plus cher, ce qui prouve que le camp adverse aurait quelques arguments puisqu'il faut dépenser une fortune pour le faire taire. Louis XIV pensionnait Molière pour se moquer des imbéciles. Eh bien aujourd'hui ce sont les imbéciles qui attribuent des
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pensions. Donc il n'est plus question de se moquer d'eux. Sauf dans le théâtre privé. Ça rapporte, et c'est même assez drôle, mais ce n'est ni du Molière ni du Beaumarchais, c'est du stand-up, ce sont des petites touches de théâtre, des miettes sur un drap, des graines de tournesol, c'est tout ce qui reste, et comme le public populaire est aussi raffiné que celui des foires au Moyen-âge, on n'est plus dans Giraudoux mais dans Gad Elmaleh. On envoie des graines sur les premiers rangs. Ça picore et ça glousse, mais il n'y a plus d'œuvre.  En écoutant mon auteur de théâtre, là, je me suis souvenu que dans une vie antérieure, pendant plusieurs années, j'ai travaillé en tant que chef de l'institut culturel de Milan avec le Piccolo Teatro, dont Jack Lang avait assuré la direction, et qui est un peu La Mecque de la subvention, j'ai compris pourquoi on s'ennuyait tant lors des lectures de pièces en jeans derrière un lutrin doré dans la petite salle. C'est qu'on n'était pas là pour s'émouvoir mais pour se flairer le derrière entre chiens de la même meute. »
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