Rouge rouges

Gérard Astor

Description

Éteins la lumière dit Staline à l'infirmière au chevet de Lénine ; il a dit non répond-elle. À moins que ce ne soient les deux comédiens qui derrière leur chariot n'aient prononcé ces mots. Eux qui vont jouer le jeune Sébastien entré chez PSA Aulnay tout juste avant que ne ferme l'entreprise et qui propose au vieux Mokhtar de fabriquer un drone pour retrouver Shakuntala… et ainsi de suite. Cette pièce de théâtre est un jeu de pistes, de personnages et de mots.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Pièce de théâtre
• Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 25 janvier 2019
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782140111549
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 77 Mo

Extrait

Tunis, en compagnie de l’arbre du Belvédère - photo Monique Labbé

Avec elle...

© L’Harmattan, 2019

57, rue de l’ÉcolePolytechnique‒75005 Paris

www.editionsharmattan.fr

ISBN : 9782343165110 EAN : 9782343165110

Gérard ASTOR

ROUGE ROUGES

théâtre

ère 1 époque e 2 époque – temps 1 2013 - 2018

Préface Gilles Costaz

Rouge rouges a été créée le 27 janvier 2019 au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine - direction Nathalie Huerta - par La Girandole dans une mise en scène de Fanny Travaglino, avec Félicie Fabre, Luciano Travaglino et Sarah Lascar ; dramaturgie Luciano Travaglino ; collabora- tion artistique Jean-Louis Heckel ; décors, installations et objets Sarah Laskar et Luciano Travaglino ; costumes Julienne Paul ; lumière Karl Big. Co-production Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Théâtre Antoine-Vitez d’Ivry-sur -Seine, Centres Nationaux des Arts Dramatiques et Scéniques (CNADS) du Kef et de Gafsa, Compagnie La Girandole, Compagnie EAU.ID.A.

L’écriture de Rouge rouges doit beaucoup à Luciano Travaglino et Félicie Fabre, comédiens et directeurs du Théâtre de La Girandole, à notre compagnonnage durant plusieurs décennies.

pas d’autres lieux, temps, personnages que ceux de l’écriture, du théâtre et des acteurs

tout le texte est à dire exceptées les italiques ; considérer les photos, vidéos et documents comme autant de signes

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LES DÉGRADÉS DE LA COULEUR ROUGE

« Il n’y a pas de point au théâtre », dit l’un des passants de la pièce Rouge Rouges. Comme il y va, ce Gérard Astor ! Cinq siècles de ponctuation envoyés en correctionnelle ! Voilà quelqu’un qui veut écrire sans points ni virgules ! Il n’est pas le seul de notre temps. Il y a les Pascal Rambert et autres Pierre Notte qui, comme lui, pensent que les cadences s’expriment sans les signes qui découpent la phrase. Et ils ont raison : la musique a le droit d’être invisible si elle est audible. Mais Gérard Astor veut sans doute dire autre chose. Il entend par-là que rien ne se conclut, ne se ferme, ne s’enferme au théâtre. Tout est ouvert, puisque le public peut s’emparer de tout et, en effet, emporte tout en partant. Le fond de scène n’est jamais tout à fait clos. Les Grecs et quelques modernes ont construit des théâtres qui GRQQDLHQW VXU OD PHU VXU O¶KRUL]RQ HW VXU O¶LQ¿QL 0rPH PLV HQ boîte ronde ou carrée, le théâtre ouvre sur l’illimité. Avec Astor, il s’agit de ne pas en rester au vocabulaire traditionnel et de créer un langage plus riche, qui peut avoir un air composite mais trouve en réalité son unité dans sa diversité. Les mots parlent, et en plusieurs langues, comme à Babel.

Mais aussi les images, immobiles ou mobiles, les sons et les musiques. Le collage cubiste, qui se limitait à quelques points GH FROOH VH UpLQYHQWH HQ PRQWDJH  OD SLqFH Q¶HVW SDV XQ ¿OP PDLV HOOH HQ D VHV KHXUWV HW VD ÀXLGLWp « Théâtre-Monde », dit Adel Habbassi, et la formule est de plus en plus vraie quand deLeila-Enki et deLabyrinthes on passe àRouge Rougesqui relie différents points du monde en même temps que divers langages. D’où part ce circuit géogra- phique et mental où, conformément aux lois nouvelles d’inter- net, il n’y a plus de vraies frontières ? De Tunis, avec les images vidéo de la manifestation du Bardo en 2013, ou de l’usine d’un grand constructeur automobile français qui a déjà ses roues avant sur le sol chinois ? C’est à partir de ces différents points que se déroule le parchemin moderne de Gérard Astor. Autour du constructeur avide et sans âme il y a la grève, la faim de ceux qui touchent leur maigre salaire, le rêve de ceux qui voudraient XQH XVLQH GDQV OHXU SD\V LQVXI¿VDPPHQW LQGXVWULDOLVp HW OD VROL- darité des petits qui chuchotent (si bien) et se rejoignent sur la toile. Mais on voit se pointer aussi Lénine, Staline, l’oubliée de l’Histoire Alexandra Kollontaï, Angela Merkel, Yanis Varoufakis… L’historique et l’actuel s’entremêlent quelquefois, même si

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