Sigmund Freud et le fantôme d Oscar Wilde
144 pages
Français

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Sigmund Freud et le fantôme d'Oscar Wilde , livre ebook

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Description

1938: Freud a abandonné Vienne, contraint à l'exil par la montée du nazisme. Dans sa résidence londonienne, il vit ses derniers mois, menant un combat acharné contre son cancer de la mâchoire. Le père de la psychanalyse y reçoit la visite d'un étrange patient qui prétend être le fantôme d'Oscar Wilde, lui-même mort en exil à Paris en 1900, après sa terrible condamnation à deux ans de travaux forcés pour homosexualité. Ces deux géants vont se parler et s'apprivoiser dans une psychanalyse hors du commun, où s'affronte science et spiritualité, rigueur intransigeante et superficialité de haut vol.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2015
Nombre de lectures 17
EAN13 9782336391472
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dernières parutions
Collection « Théâtres »
dirigée par Denis Pryen et Jérôme Martin

Dernières parutions

Robert POUDEROU, Les polyamoureux , 2015
Marie-Françoise MOULADY-IBOVI, C’est la sorcellerie Kindoki !, 2015
Rolland BARRAUX, Le bûcher des vanités , 2015
Nicole COUDERC, Toi ma forêt , 2015.
Amadou Édouard LOMPO, Kassaï, la sœur de l’empereur suivi de Camion-people , 2015.
Cathy NAVAS, La gouvernante, El duende… ¿Dónde está el duende ?, 2015 .
Jean-Luc TABARD, Allez vous faire cuire un œuf !, 2015.
Francy BRETHENOUX-SEGUIN, Petites lâchetés , 2015.
Vincent ECREPONT, La chambre 100 , 2015.
André DUNES, Néron. Mystère de l’histoire , 2015.
Aurélie VAUTRIN-LEDENT, L’Épanouie, 2015.
Louis VINÇA, Trilogie sahélienne , 2014.
Pascal LARUE, Les Injustes , 2014.
Laura et Stéphane HURT, Panik , 2014.
SAINT-SORIN, Ampélopsis ou les illusions d’une jeune femme , 2014.
Laurent CONTAMIN, Hérodiade , 2014.
Marie-Françoise MOULADY IBOVI, L’imprudence , 2014.
Gad DAHAN, La serveuse du palais , 2014.
Abdelatif ELOUAHABI, L’Intrus , 2014.
Daniel LABONNE, Lafimela , 2014.
Loïc CHONEAU, Je te veux impeccable, 2014.
Léonard GAYA, Fortinbras, ou qui a tué Hamlet ?, 2014.
Grégory VLÉRICK, Une page d’histoire , 2014.
Jean-Paul INISAN, Mohamed et Véronique, 2014.
Michel DESTOMBES-DUFERMONT, L’inutile , 2014.
Jean-Pierre PELAEZ, Le Tartuffe nouveau, 2014.
Corinne FRANCOIS-DENEVE, Scènes de la vie théâtrale , 2014.
Christophe PETIT, Des garçons comme s’il en pleuvait , 2014.
Titre

Danielle et Christian MORRIS








Sigmund Freud et le fantôme d’Oscar Wilde
Copyright
Des mêmes auteurs

De Christian MORRIS :
LE TAROT miroir d’éternité , Éditions Charles Antoni L’Originel, 1995.

De Danielle MORRIS :
L’AMI DE BUNBURY ou si Oscar Wilde m’était conté , Éditions des Écrivains, 2004.
















© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-74158-1
Dédicace


À notre fils, Dorian
PERSONNAGES

SIGMUND FREUD, psychanalyste.

OSCAR WILDE, écrivain, esthète.

PAULA, employée de maison de Sigmund Freud.

L’ENFANT

LA JEUNE FEMME EN NOIR

ADRIAN MELMOTH

ISOLA, petite sœur d’Oscar Wilde.

LA VOIX OFF




La pièce se déroule dans le cabinet de Sigmund Freud.
ACTE 1
SCENE 1
Sigmund FREUD entre dans le bureau. Son pas est celui d’un vieillard. A peine la porte est-elle refermée qu’il époussette nerveusement la manche droite de son veston. Il fait quelques pas, montre un rictus (il souffre de la mâchoire) ; ayant porté machinalement la main à son menton, il se lisse la barbe.
Sans parler, il se dirige vers le groupe de statuettes primitives qui décorent son bureau. D’une manière compulsive, il caresse rapidement la tête de chacune d’elles. Puis, il s’approche du divan sans regarder son hôte. Il se penche (nouveau rictus de douleur) et défait le pli d’un des nombreux tapis qui recouvrent le divan. Enfin, il observe son nouveau patient, écarquille les yeux, penche la tête pour mimer la surprise…

FREUD : C’est curieux, j’ai le sentiment que nous nous sommes déjà rencontrés !

WILDE : Je ne le crois pas.

FREUD : Peut-être étiez-vous présent à la soirée de Miss Blandish. Non, non !… J’y suis, chez la charmante madame CROWLEY… ou au thé de Miss Watson.

WILDE : Pas d’avantage. Physiquement, nous ne nous sommes jamais rencontrés.

FREUD : Bon, bon ! Parce que, voyez-vous, la question est d’importance ; une question, disons d’éthique ; je dirais presque de morale professionnelle. Dans la pratique psychanalytique, on ne noue aucun lien personnel avec son patient avant de le rencontrer… et même pendant. D’ailleurs, vous avez remarqué : je ne vous ai pas serré la main.
(Wilde opine du chef, amusé).
Mais bon sang, je parle trop. C’est le patient qui doit parler ; je ne m’y ferai jamais. C’est stupide : je passe mon temps à violer les règles que j’ai moi-même élaborées !
Bien, bien. A qui ai-je l’honneur, je vous prie ? (agacé) Enfin, je voulais dire : Quel est votre nom ?

WILDE : Oscar Wilde.

FREUD : Comme l’esthète, le dandy ?

WILDE : Comme le poète, le génie. C’est moi, en effet.

FREUD : J’ai vu quelques photographies, des gravures de l’époque. Vous lui ressemblez, en effet ; c’est étonnant ! Et en plus, vous portez le même nom !

WILDE : Vous n’avez pas bien compris, docteur. Je suis Oscar Wilde !

FREUD : J’ai écrit des choses sur les mots d’esprit. Vous devriez me lire !

WILDE : Les mots d’esprit, je les ai inventés. Ceci n’en est pas un, je suis Oscar Wilde.

FREUD : Voilà bien un symptôme. Si vous étiez Oscar Wilde, vous seriez un fantôme, et je ne crois pas aux fantômes. J’ai déjà eu des démêlés avec une sorte de fils spirituel. Il s’appelait Jung, Carl Gustav. Il faisait tourner les tables. Je l’ai évincé. (Freud s’énerve) Je ne crois qu’à la science mécaniste, à Descartes, à Newton, vous m’entendez !

WILDE : Il est vrai que je suis un peu dur d’oreille, j’en suis même mort. Mais quand vous criez, je vous entends !

FREUD : Eh bien, justement, ne me faîtes pas crier, j’ai un cancer de la mâchoire !

WILDE : Je sais, en phase terminale.

FREUD : Un fantôme, c’est un symptôme. (Freud s’amuse) D’ailleurs, ça rime !

WILDE : Une rime pauvre, si vous me permettez.

FREUD : Comme les fantômes, ça n’existe pas ; être un fantôme, ça veut dire : n’être rien, ne pas exister, ne pas être reconnu. Souffrez-vous de sentiments de rejet, d’infériorité ? Cessons cela : quelle est votre souffrance ? De quoi voulez-vous guérir ? Quelle est la raison de votre présence ici ?

WILDE : Exister, si je vous en crois, mais… comme fantôme !

FREUD : Cessons ce jeu ! Qui êtes-vous vraiment, monsieur ?

WILDE : Mais enfin, je ne cesse de vous le dire ! Je suis Oscar Wilde, ou son fantôme, si vous préférez !

FREUD : Vous êtes donc un imposteur, tout comme ces nombreux Louis XVII qui sont sortis de la conciergerie, ou ces Anastasia qui prétendaient avoir échappé au massacre des Romanov.

WILDE : J’accepterais volontiers d’être en si bonne compagnie. Ces références royales me touchent. Savez-vous que mon parrain fut le roi de Suède ?

FREUD : Tout cela est stupide. Les légendes n’existent pas. Vous êtes un imposteur. Ou alors, c’est bien pire : vous seriez atteint d’une de ces psychonévroses que j’ai si bien décrites (Freud se lisse de nouveau la barbe d’un air satisfait ; mais, immédiatement après, il fait une grimace de douleur) . Oui, une psychonévrose, une des pires. Dans le langage commun, vous seriez un fou. Mais alors, monsieur, je vous demanderais de sortir, car, voyez-vous, tout le monde le sait, les fous me font peur. J’ai toujours refusé de les traiter. Ils échappent aux règles du transfert. Ils me regardent avec leurs yeux fixes (Freud ne peut réprimer un frisson) . Il fait très froid, ne trouvez-vous pas ? Je vais demander à ma fille de remettre du bois dans la cheminée.

WILDE : Il ne fait pas froid. Ainsi donc, l’inventeur de la Psychanalyse a peur des morts et des fous. Mais n’y a-t-il donc aucun moyen de vous convaincre que je suis un fantôme ?

FREUD : Je suis un scientifique. Le seul moyen de me convaincre serait de m’apporter une preuve.

WILDE : Je vais donc essayer. (Wilde se lève, va vers FREUD et lui parle à l’oreille pendant quelques secondes…)

FREUD : Tout cela n’est pas une preuve. Tous ces détails sont connus du grand public, en tout cas des gens les plus cultivés, puisque plusieurs ouvrages biographiques vous ont déjà été consacrés.

WILDE : Personne n’a jamais écrit que j’avais marché à treize mois et percé ma pr

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