Thérapie anti-douleur
115 pages
Français

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Thérapie anti-douleur , livre ebook

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Description

A l'hôpital, ses deux filles et son fils se réunissent autour de leur père et confrontent leur vies. En décalage avec eux, leurs problèmes et leur univers, une femme africaine. Apparaît enfin une jeune réfugiée du Kosovo. Enceinte. De qui ? Le choc de la révélation bouleverse les rapports entre les personnages en les obligeant à se mettre à nu, et à affronter leur passé et leur avenir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 249
EAN13 9782296707399
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

THÉRAPIE ANTI-DOULEUR
Théâtre des 5 Continents
Collection dirigée par Kazem Shahryari
et Robert Poudérou


Dernières parutions

244 – Gabriel ENTCHA EBIA, Djiha, 2010.
243 – Brigitte REMER, Bouvard et Pécuchet. Le livre de l’inquiétude, 2010.
242 – Landry-Pascal GOMA, Au coeur du vent, 2010.
241 – Jimmy LOVE, Le dictateur, la princesse et l’opposant, 2010.
240 – Jacques MONDOLONI, Palestine Check Point suivi de L’appel des abeilles , 2010.
239 – Yves JAVAULT, Le jeu des 7 familles du théâtre, 2010.
238 – Lulla Alain ILUNGA, Docteur Tanza, 2010.
237 – François LE BOITEUX, Condamné à vie, 2010.
237 – François LE BOITEUX, Le Contrat de Faust, 2010.
236 – François Le BOITEUX, Le Choix de Jehanne, 2010.
235 – François LE BOITEUX, Monségur, 2010.
234 – Jean-Pierre GUÉROT, Les pleins pouvoirs, 2010.
233 – Philippe PILATO, Mers, 2010.
232 – Kazem SHAHRYARI, L’Automne précoce, 2010.
231 – Pierre GROU, Le goinfre, 2009.
230 – Robert POUDÉROU, La trappe, 2009.
229 – Ahmed HAFDI, Cette belle poussière jaune d’Uruk, 2009.
228 – Jaime Salazar SAMPAIO, La Bataille Navale, 2009.
227 – Thierry MICHAËLIAN, La manipulation, 2009.
226 – Jacques MONDOLONI, L’étoffe des femmes , 2009.
225 – Pierre CASSARD, Raguse an 01, 2009.
224 – Hugues BERNARD, Nouvel arrivage , 2009.
223 – Benjamin OPPERT, Entre père et maire, 2009.
222 – Essindi MINDJA, Le Mvet : La Guerre du fer , 2009.
221 – Nazly SADEGHI, Spenta, 2009.
220 – Danielle DUMAS, Ce héros au sourire si doux , 2009.
219 – Mohamed BOUNOUARA, La Machine à aigrir, 2009.
218 – Thais COUSIGNE, Pêle-mêle de sentiments, 2008.
L aura F ORTI


THÉRAPIE ANTI-DOULEUR


Traduit de l’italien par Carlotta Clerici
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12864-4
EAN : 9782296128644

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Personnages :
Gina
Lele
Le Père
Madame Nigeria
Giulia
Dragana


L’homme naît tendre et fragile,
Il meurt dur et fort.
Tous les êtres naissent tendres et délicats,
meurent desséchés et décharnés.
C’est pour cela que ce qui est dur et fort,
c’est le compagnon de la mort,
ce qui est tendre et fragile,
c’est le compagnon de la vie.

Tao Te King.
Thérapie Anti-douleur a été créée à Paris à la Manufacture des Abbesses le 20 septembre 2009 dans une mise en scène d’Yvan Garouel, avec
Gil Bourasseau (Lele)
Anne Coutureau (Giulia)
Pierre Deny ou Yvan Garouel (le Père)
Isabelle Montoya (Dragana)
Manga Ndjomo (Madame Nigeria)
Gaël Rebel (Gina)
L’action se déroule "dedans", dans une chambre d’hôpital, où le Père est en train de mourir, et "dehors", dans la salle d’attente. Il y a aussi des moments "à part", des endroits abstraits où les personnages sont seuls avec eux-mêmes. Une lumière suffira pour les définir.


"DEHORS", DANS LA SALLE D’ATTENTE D’UN HÔPITAL.
Bruits d’hôpital (haut-parleurs qui clament des annonces, portes qui claquent, roues grinçantes des chariots pour les repas. Fermez les yeux et imaginez un hôpital.)
Gina est assise, le regard absent. Elle sort son portable de son sac, s’apprête à composer un numéro, mais range immédiatement l’appareil dès qu’elle voit Lele, son frère. Lele tient dans ses mains plusieurs sacs en plastique.
LELE : Alors ? Je suis venu dès que j’ai pu. Comment va-t-il ?
GINA : Je ne sais pas. Ils ne disent rien.
LELE : Ils ne voulaient pas me laisser passer. Ce n’est pas l’heure des visites. A dix minutes. Cette infirmière est une nazie.
Il s’assoit, il pose les sacs, haletant.
GINA : Tu viens d’où ? On dirait un réfugié bosniaque.
LELE : De chez Franco. J’ai dormi chez lui.
GINA : Les sacs ?
LELE : Je dois apporter mon linge au lavomatic.
GINA : C’est la guerre avec Giò, hein ?
LELE : Elle dit que ça l’énerve de voir mon linge qui sèche.
GINA : C’est bien ce que je dis, c’est la guerre.
LELE : Maman est partie ?
GINA : La pauvre, elle n’en peut plus, vraiment. Il la martyrise. Il n’est jamais content. "Où sont mes pantoufles, arrange-moi cet oreiller"… En fait, il voudrait qu’elle soit là vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
LELE : Il a occulté qu’ils ont divorcé.
GINA : Mais pas elle. Je ne sais pas combien de temps elle va encore le supporter.
LELE : S’il casse les pieds à ce point, c’est qu’il va mieux, non ?
GINA : Cette nuit il a vomi deux fois.
LELE : Putain, il doit bien y avoir quelque chose à faire.
GINA : Ils ont dit que c’était très grave. Que le cancer est là depuis belle lurette. Il est très affaibli.
LELE : Je n’y crois pas. Le mois dernier il était en pleine forme. Le matin, on allait même faire du jogging.
GINA : C’est toujours comme ça. Ça arrive d’un coup.
LELE : Ils ne comprennent vraiment pas d’où il vient, ce cancer ?
GINA : C’est peut-être parti de ce grain de beauté bizarre qu’il s’est fait enlever, tu te souviens ? C’est peut-être parti de là.
LELE : Tout arrive trop vite. Il y a quelqu’un avec lui, dans la chambre ?
GINA : Un garçon avec une jambe broyée. Un accident. Une camionnette lui a roulé dessus.
LELE : C’est gai, tout ça. Et… le mettre tout seul dans une chambre payante ?
GINA : Bien sûr, essaie de le lui suggérer. Les économies avant tout. LELE : Il est en train de mourir et il pense à économiser.
GINA : Il croit qu’il a un ulcère.
LELE : Quelle histoire ! On devrait peut-être, petit à petit…
GINA : Non. Avec son caractère, ce serait pire. Bien pire.
LELE : Eh oui. La mort l’a toujours terrorisé. Toujours superstitieux. Les dix commandements. Ne pas passer sous une échelle. Ne pas croiser un chat noir, touche du bois, touche tes couilles. C’est tout ce que je retiens de lui ou presque, qu’il ne supporte ni le bruit, ni la mort.
GINA : Le bruit ? Pourquoi le bruit ?
LELE : Quand on chantait, quand on jouait d’un instrument…
GINA : Sans vouloir te vexer, c’était un supplice quand tu te mettais au piano, Rubinstein.
LELE : … Quand on riait. En revanche, je me rappelle qu’il produisait des éternuements prodigieux. Des rots aussi. Le bruit et la mort.
GINA : Merci de me remonter le moral.
LELE : À quoi ça lui a servi, de conjurer le mauvais sort ?
GINA (Se lève.) : Bon, moi j’y vais, alors.
LELE : Attends, qu’est-ce que je lui dis s’il me pose des questions ?
GINA : On va lui dire la moitié de la vérité. Qu’on va lui faire une chimio de prévention. Je ne dirai pas chimio. J’utiliserai un mot compliqué et j’essayerai de le rassurer. De gagner du temps.
LELE : Et tu crois que ça va marcher ?
GINA : Il faudra bien jouer.
LELE : Pour ça, je suis champion. Mais je me fais avoir par les termes techniques. Toi, tu es médecin. Tu as l’habitude de tous ces mots absurdes. Vous les avez inventés exprès pour qu’on ne comprenne pas ce qu’on a. Mais moi, je n’arrive pas à utiliser des mots difficiles. C’est comme à la banque, "placement", "taux d’intérêt", "dividende", dans ma bouche, ça sonne faux. (Il sort de sa poche un sachet.) Tu en veux ?
GINA : Mon Dieu, qu’est-ce que c’est que ça ?
LELE : Je l’ai pris à la machine, en bas. C’est des carambars, c’est du caramel. Je ne sais même pas quel goût ça a.
GINA : Pourquoi tu manges ça ?
LELE : Ne me regarde pas comme ça, je me dégoûte déjà assez moi-même. Aujourd’hui, je n’arrive pas à faire régime. J’ai besoin de ma vieille carapace. Je n’étais pas prêt pour tout ça.
GINA : C’est une loi naturelle. Les parents vieillissent, tombent malades et meurent.
LELE : Et puis j’en ai marre d’être au régime. Je jeûne et je grossis, je ne comprends pas de quoi je me remplis.
GINA : De carambars

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