Turkana Boy
104 pages
Français

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Description

Pour son cinquième roman, Jean-François Beauchemin nous invite à partager l’intimité de monsieur Bartolomé, qui, à la suite du décès de son jeune fils, part à la recherche de ce qu’il doit faire avec son âme. Que ce soit à la ville, à la campagne ou sur le bord de l’océan, sa quête l’amène à s’émerveiller devant les beautés de la nature sans toutefois en percer tous les mystères.
Dans ce roman contemplatif à la prose poétique, Jean-François Beauchemin aborde la question de l’évolution humaine, d’où la référence au Turkana Boy, qui est en fait le nom donné aux restes d’un jeune garçon ayant vécu en Afrique il y a plus d’un million d’années. Le passage des millénaires a-t-il changé quelque chose au sentiment humain face à la perte des liens du sang ?
Monsieur Bartolomé coule des jours paisibles en compagnie de son fils jusqu’au jour où celui-ci disparaît mystérieusement. Ce fils qui le tenait parmi les hommes n’est plus. Son départ marque le début d’une quête chez monsieur Bartolomé à propos de la vie et de son essence. Guidé par son instinct, il tentera de chercher des réponses à ses questions dans l’observation minutieuse de son environnement. Constamment habité par le souvenir de son fils perdu, il souhaite transcender sa douleur en allant à la rencontre de quelque chose de plus grand que lui-même.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 6
EAN13 9782764417164
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Littérature d’Amérique
Du même auteur chez Québec Amérique
Comme enfant je suis cuit, roman, coll. Littérature d’Amérique, Montréal, 1998.
Garage Molinari, roman, coll. Littérature d’Amérique, Montréal, 1999.
Le chien qui voulait apprendre le twist et la rumba, texte paru dans Récits de la fête , collectif d’auteurs, coll. Mains Libres, Montréal, 2000.
Mon père est une chaise , roman, coll. Titan +, Montréal, 2001.
Les Choses terrestres, roman, coll. Littérature d’Amérique, Montréal, 2001.
Le Petit Pont de la Louve, roman, coll. Littérature d’Amérique, Montréal, 2002.

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Beauchemin, Jean-François
Turkana Boy
(Littérature d’Amérique)
9782764417164
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8553.E171T87 2004
C843’.54
C2004-940795-3
PS9553.E171T87 2004


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Québec Amérique
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Dépôt légal : 2 e trimestre 2004
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
 
Mise en pages : André Vallée
Révision linguistique : Diane Martin
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
©2004 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
Sommaire
Du même auteur chez Québec Amérique Page de titre Page de Copyright 1 - L’île évadée
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2 - La nuit usée sur les pelages
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3 - Le ballet d’un hippocampe
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Quand je sortis de l’immeuble dans Central Park West, je regardai les arbres couverts de feuilles, de l’autre côté de la rue, et j’éprouvai une sensation d’ineffable étrangeté. Être vivant est inexplicable, pensai-je. La conscience elle-même est inexplicable. Il n’y a rien d’ordinaire en ce monde.
 
Siri Hustvedt Tout ce que j’aimais
1
L’île évadée
1
Il prenait des notes. Toute sa vie, monsieur Bartolomé n’avait fait que prendre des notes. Il donnait des titres aux averses, inventait des chapitres dans lesquels des choses ordinaires se produisaient, dans ses récits il mettait toujours les oiseaux à la première page. Il en faisait parfois des livres, dans lesquels les gens disaient reconnaître les miroitements de l’enfance. Mais c’était trop facile à dire, il n’était pas très attiré par l’enfance, il lui avait fallu des années pour faire taire un peu la sienne et lui préférer l’âpre beauté des choses. Dans ses livres il y avait toujours ce malentendu : les enfants qu’il décrivait n’en étaient pas, il s’agissait bel et bien d’adultes, en qui survivait ce je-ne-sais-quoi qui pouvait rappeler l’enfance mais qui était en fait tout autre chose, quelque chose que monsieur Bartolomé avait pris du temps à bien nommer.
Un jour, en relisant quelques passages ici et là, il avait vu que les gens dans ses histoires avaient tous ceci en commun : c’étaient des hommes et des femmes qui attendaient un avènement, des solitaires qui ne pouvaient vivre sans les autres, des rêveurs assiégés par la réalité, des amoureux qui ne savaient pas quoi faire de leur intelligence, des êtres libres emprisonnés en eux-mêmes. Alors il avait compris pourquoi on voyait là tant d’enfance : il avait créé sans le savoir une petite société d’inadaptés, de gens qui ne comprenaient pas encore le monde dans lequel ils vivaient. Il avait dépeint des êtres qui à leur façon prenaient des notes pour plus tard, donnaient des titres aux pluies pour tenter de les reconnaître si jamais elles revenaient un jour. Mais chaque pluie était différente et aucune ne tombait sur le monde plus d’une fois, c’est pourquoi sans doute monsieur Bartolomé était si fasciné par elles. C’est pourquoi aussi il préférait les oiseaux. Car les oiseaux, eux, revenaient, et toujours de loin, comme précédant les hommes dans leur inlassable marche vers l’avenir.
2
Il avait un jeune fils. C’était un enfant calme et plein de silences, qui avait ses jeux à l’ombre d’un orme immense planté dans la cour de leur maison, rescapé miraculeux des tentacules de la grande ville. Les années, en ce temps-là, passaient comme cette ombre sur le dos du garçon : légères, fraîches, longues, abriteuses de projets d’oiseaux.
Depuis toujours l’enfant disait : « Cet arbre est mon frère. » Puis, un jour, il avait fallu abattre l’orme parce que la maladie s’était mise dans le feuillage, sur l’écorce, partout. Des ouvriers étaient venus avec des tronçonneuses. Le nez écrasé contre la vitre, le fils de monsieur Bartolomé avait vu une à une les branches s’effondrer dans la cour. Ensuite les ouvriers étaient repartis. Pendant une heure l’enfant s’était traîné les pieds dans la sciure. Pour lui, l’enfance s’était terminée là. Peut-être fut-ce sa première tristesse, qui sait? Mais quelque chose était tombé en même temps que les branches et gisait à présent sous ses pieds, dans la poussière de cet arbre inconcevablement plus petit que lui désormais. La cour était inondée de lumière, c’est la seule fois où il avait crié des injures au soleil.
3
Monsieur Bartolomé n’était guère connaisseur des choses du ciel. La prière des humains, les feuillages surmontant les grands arbres, certaines musiques aussi : tout ce qui y était établi lui demeurait étranger, lointain. L’univers de monsieur Bartolomé était fait de rues, de maisons, de voitures, de chaises, de cahiers, de monnaies. Il avait été mis aux fers dans une cale nommée la Terre. Alors comment parler de cet appel pour les choses aériennes qui résonnait en lui, de cet espace qui s’y déployait, vaste comme un firmament ? Car rien, n’est-ce pas, n’était plus ancré, plus terrestre que le corps. Comment baptiser cette chose légère se mêlant au lest des membres, des organes, des os, du sang? L’âme? L’âme était donc un ciel enchevêtré à l’homme ?
4
En général, du reste, le ciel ne se mêlait pas à la Terre. Mais il arrivait que, les couleurs de l’aurore s’étendant plus que d’habitude, le monde se hissât vers lui et s’y associât. Ce mélange était à l’image des heures à venir, annonçant une concordance rare des choses terrestres et célestes. Alors, des autoroutes prenaient de vitesse les soleils. Un avion passait, qui rêvait de pistes. Des maisons s’animaient, baptisées par une pluie. Puis c’était le crépuscule : à la croupe des clochers, les vitraux s’endormaient. Penché à sa fenêtre, monsieur Bartolomé baignait son visage aux dernières lumières. Le parc était veillé d’étoiles, ces îles.
5
Ses mains étaient comme les soldats revenant des pays conquis : on ne pouvait les connaître qu’à la blessure écrite sur les flancs. Ses mains étaient des cavernes, jalouses de leurs ombres et laissant aux hommes leurs lanternes tardives. Ses mains étaient des vallées encaissées de songes : on y entendait l’écho lointain de gestes exécutés longtemps auparavant. Ses mains étaient des villes aux lumières tarifées, aux étals d’horaires et de gens aux fenêtres.
L’eau filait entre ses doigts jusqu’à ne plus être qu’un gant de songes : bientôt la main se refermait sur cette matière fuyante, qui déjà n’existait p

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