Un peu de fatigue
118 pages
Français

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Un peu de fatigue , livre ebook

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Description

Au retour d'un souper chez Claire et Michel, les amis de toujours, Édouard arrive au moment où son fils Maxime quitte la maison pour aller vivre chez sa mère. Littéralement sous le choc, Édouard est victime d'un malaise physique qui l'amène à réaliser que sa vie a pris une tangente peu souhaitable. Pour se sortir de cette impasse, il tente la confrontation. Au rendez-vous, il y aura Véronique, son ex-femme, puis Simone, sans compter Claire et Michel… un jardin rocambolesque, une vasectomie shakespearienne, un fusil bien encombrant et de la tendresse, beaucoup de tendresse. Se sortira-t-il indemne de cette prise de conscience ?

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782764424285
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection QA compact
Du même auteur
Le Principe du Geyser , roman, Montréal, collection QA compact, Québec Amérique, 1996.
 
L’Avaleur de sable, roman, Montréal, collection QA compact, Québec Amérique, 1993.
 
Sonde ton cœur, Laurie Rivers, roman, Montréal, collection Littérature d’Amérique, Québec Amérique, 2006.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Bourguignon, Stéphane
Un peu de fatigue
(Collection QA compact)
Publ. à l’origine dans la coll.: Collection Littérature d’Amérique. c2002.
9782764424285
I. Titre. II. Collection. PS8553.O855U56 2006 C843’.54 C2006-941046-1 PS9553.O855U56 2006


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Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
 
Dépôt légal : 3 e trimestre 2006
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
 
Révision linguistique : Diane Martin
Mise en pages : Andréa Joseph [PAGEXPRESS]
Réimpressions : février 2007
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
© 2006 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
Imprimé au Canada
Sommaire
Collection QA compact Du même auteur Page de titre Page de Copyright Dedicace PREMIÈRE PARTIE
1 2 3 4 5 6 7
DEUXIÈME PARTIE
8 9 10 11 12
TROISIÈME PARTIE
13 14 15 16 17 18 19 20 21
QUATRIÈME PARTIE
22 23 24
Un peu de fatigue
« Les êtres humains se tuent ; il faut aussi qu’ils s’unissent. Cela presse. »
J. Lusseyran
 
 
« I’m no fucking buddhist… »
Björk
À vingt ans, je rêvais d’une alcôve secrète où j’irais rejoindre une femme mature avec des seins, des fesses et un ventre généreux. Un paradis où on laisse sa tête au vestiaire et son cœur au réparateur. Aujourd’hui, j’irais voir cette femme, je ferais l’amour avec elle – en admettant que je réussisse à avoir une érection – et, aussitôt que ce serait fini, je recommencerais à tourner en rond comme un chien inquiet. J’ai quarante et un ans et je suis en pleine dégringolade. Je roule vers la rivière comme un cadavre gênant enroulé dans un tapis persan (qu’on va tout de même regretter un peu).
PREMIÈRE PARTIE
1
Michel a laissé s’installer son sourire de zinc. Une sorte de blindage lustré, presque lumineux, derrière lequel il allait se réfugier quand les balles se mettaient à siffler.
— T’en fais pas, m’a-t-il répondu, on est tous comme toi, on a tous nos moments. Tu sais ce qu’on devrait faire ? Descendre dans la rue et traverser la ville le majeur dressé bien haut dans les airs !
J’ai ri. J’ai ri puis j’ai pris une grande gorgée de vin. Les deux choses qui m’allumaient encore un tant soit peu. Quoique rire, je commençais à trouver ça de plus en plus chiant.
— « Descendre dans la rue », t’es un petit comique, toi. Je suis pas en train de te parler de la précarité de l’emploi ou des coupures dans le système de santé !
Chaque fois que je discutais avec lui, peu importe le sujet, nous nous retrouvions les mains à plat sur la table et les yeux exorbités. Si on avait pris la peine de réduire ces scènes à leur plus simple expression, on aurait recueilli le concentré d’un sempiternel affrontement entre un colosse qui refuse de regarder la vie en face et son plus vieil ami, un observateur du désastre.
Simone est sortie des toilettes et elle est venue se rasseoir à ma gauche. Elle m’a tapoté la cuisse. Je l’ai regardée longuement, ses yeux rassurants, son corps chaud et lourd… et j’ai recommencé à respirer.
Rire. Boire du vin. Regarder Simone.
— Ben alors, a repris Michel, de quoi tu parles ?
— Je te parle de l’être humain. Tu te souviens, l’être humain ? Le grand singe prétentieux ? L’orang-outan rasé de près ? Quand je le regarde en face, avec sa mesquinerie et sa lâcheté, j’ai envie de m’envoyer une balle entre les yeux. Ou de me déguiser en chien, tiens.
Il a regardé Simone puis Claire, sa femme, en levant ses grands bras au ciel.
— Quelqu’un peut me traduire tout ça en français ?
Claire, qui avait depuis toujours adopté la voie de la neutralité, a simplement haussé les épaules. Michel s’est penché vers moi, la bouche un rien tordue.
— Tu nous refais le numéro du misanthrope, Eddy ?
Toutes ces années, chaque fois que j’avais essayé de lui faire voir le vrai visage de l’Homme, je m’étais senti comme un guide touristique chargé d’un groupe d’aveugles. Je pouvais bien décrire telle ou telle faillite de l’humanité, telle ou telle preuve de notre insignifiance, il n’arrivait jamais à s’en faire une idée plus qu’approximative. Autrement dit, Michel avait la faculté de tomber en pâmoison devant un paysage peint en trompe-l’œil sur une toile de dix mètres carrés et d’ignorer tout simplement qu’à l’arrière, en direct, des cadavres basculaient dans des charniers.
— Toi, t’es pas opticien pour rien, lui ai-je dit, tu vois vraiment clair en tout. Le malheur, c’est que tu lèves jamais les yeux de ton nombril.
— Chaque fois que je t’invite à la maison, tu finis par nous faire chier. C’est quand même extraordinaire ! Explique-moi comment tu t’y prends.
Je me suis levé et j’ai glissé ma chaise sous la table. Simone n’a pas remué le petit doigt.
— Qu’est-ce que tu fabriques ? a lancé Michel.
J’ai traversé la salle à manger alors qu’il prenait les filles à témoin.
— Mais qu’est-ce qu’il fait ? Qu’est-ce que j’ai dit ?
Simone me suivait des yeux avec son sourire un peu triste.
— Je pense que je vais rentrer, ai-je dit.
C’est à ce moment-là que Claire s’est opposée. Comme le phénomène était assez rare, je me suis arrêté net.
— Tu vas pas t’en aller comme ça, pas avant le dessert.
Claire est nutritionniste. Elle avait prévu un tas d’acides aminés dans la dernière partie du repas. Comment pouvais-je lui faire un coup pareil ? Michel m’a souri en hochant la tête. Sa gueule avait retrouvé cet éclat métallique que je n’arrivais pas à expliquer. Il a fondu sur moi, il m’a pris à bras-le-corps et m’a soulevé dans les airs.
— Je t’aime, Eddy ! Demande-moi pas pourquoi, mais je t’aime.
Il a plaqué ses grosses lèvres humides sur ma joue avant de me laisser regagner la terre ferme. J’ai replacé mes vêtements, j’ai essuyé mon visage. Les filles riaient, Simone en remplissant les verres, Claire en empilant les assiettes. Tout venait de rentrer dans l’ordre ; Michel avait décrété qu’on pouvait reprendre le car et poursuivre notre tour guidé de la surface des choses. J’ai regagné ma place, les sourcils froncés à m’en boucher la vue.
— Et arrête de m’appeler Eddy, s’il te plaît.
2
Un calme sourd déferlait dans les rues. Le ciel se tendait comme un arc et ça sentait l’orage à plein nez. La synchronisation des feux étant parfaite, je roulais lentement, silencieusement, de manière à ne rien déclencher. Filer comme un sous-marin à piles dans l’air gris et liquide de la nuit.
Simone, tournée vers la fenêtre, regardait défiler des chapelets de cottages et de bungalows en pensant à je ne sais quoi. Peut-être au calme qui régnerait à la maison, à toutes ces heures qu’elle égrènerait dans son fauteuil de lecture, à sa vie, déroulée sous ses yeux, enluminée, comme il arrive parfois quand les vents sont favorables et le vin clément.
La lueur de chaque réverbère venait lui polir le visage. J’aurais roulé des jours, comme ça, à proximité de son corps tranquille, de la tristesse qu’elle portait sur son cœur comme un legs familial, comme une chaîne précieuse qu’on se passe de mère en fille. Quand j’ai immobilisé la voiture, elle a glissé ses yeux jusqu’aux miens. Voilà, me suis-je dit, elle va s’activer, elle va contracter ceci, soulever cela pour venir poser ses lèvres chaudes sur ma joue et m’abandonner.
Elle s’est dirigée lentement vers la maison. J’aurais accepté un café, un verre d’e

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