Un semestre en enfer
122 pages
Français

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Un semestre en enfer , livre ebook

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Description

Hartzel, ville septentrionale et frontalière, avec ses quartiers wende, juif, militaire. Là trônent les bâtiments austères et glacés du collège Saint-Onuphre où est nommé le jeune Stankovic. Une institution où bruissent les chuchotements, où les échanges se font à couvert, où les secrets abondent, où les chambres sont régulièrement l’objet de fouilles. Car clos, Saint-Onuphre n’en cristallise pas moins les tensions qui se jouent à l’extérieur de ses murs, dans cette contrée située près d’un pays où se trament des événements qui bouleverseront l’existence du simple enseignant. Avec son contexte politique qui se devine plus qu’il ne se dit, avec ses personnages tout en faux-semblants, avec ses dialogues lourds de mystère, "Un semestre en enfer" s’affirme comme l’un de ces romans à l’atmosphère saturée de non-dits, prête à s’embraser à la moindre étincelle. Une œuvre forcément déstabilisante, qui nous propose une immersion oppressante dans ses pages, et tutoyant un onirisme sombre et ténébreux…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 avril 2012
Nombre de lectures 7
EAN13 9782748383157
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un semestre en enfer
Robert Romieu Un semestre en enfer
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0117117.000.R.P.2011.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2012
I Je me nomme Jo Standish. Même si ce n’est pas vrai-ment le mien, j’aime bien mon nouveau nom. En réalité, je m’appelle Stankovic. Ce n’est qu’après avoir émigré aux États-Unis en 1920, qu’en changeant de nationalité j’ai préféré changer aussi d’identité. Le pays de mes origines venant de disparaître, je cherchais alors à effacer tout ce qui me rattachait à lui, et par la suite, je fis de mon mieux pour oublier mes premières années. Maintenant qu’arrivé au terme de ma vie elles ont tendance à revenir, je n’ai plus qu’un désir, en remonter le cours. Est-ce pour ralentir la marche du temps que, désormais, je veux retourner sur mes pas, ou me faut-il exorciser quelques mauvais souve-nirs pour avoir à ce point besoin d’en retrouver la source ? Cela est d’autant plus incompréhensible qu’ayant perdu très tôt mes parents, je n’ai conservé d’eux aucune image, ni jamais rien su de ma famille maternelle. C’est donc dans celle de mon père que je fus élevé. De condition mo-deste, elle désirait avant tout que je puisse subvenir le plus vite possible à mes besoins. Je partis donc très tôt de leur maison pour connaître encore bien pis en rencontrant la guerre. Pourquoi l’évocation de ces contraintes, ces priva-tions et ces conflits me hante-t-elle encore aujourd’hui ? Après m’être installé à Chicago où je fondai une fa-mille, il faut dire qu’au terme d’une vie d’efforts la fortune me sourit assez pour que je fusse en mesure de combler le fossé qu’entre ma jeunesse et moi d’abord je m’étais ef-forcé d’élargir. Comme tous les riches touristes yankees, n’avais-je pas maintenant les moyens de me payer n’importe quelle fantaisie ? J’eus surtout la chance de de-
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venir assez vieux pour pouvoir revenir à l’endroit même où débuta ma carrière, dans ce pays d’où je partis après que s’en soient effacées les frontières. En pensant me dé-courager, les bonnes âmes m’avaient pourtant averti : « Vous aurez du mal à reconnaître quoi que ce soit », ou : « Là-bas rien n’a subsisté de ce qui vous fut si familier », ou encore : « Dans ces régions, on ne peut plus espérer retrouver ses repères, ses attaches », et enfin : « En es-sayant de ressusciter le passé, vous finirez par vous y perdre ! » Tous ces gens avaient peut-être raison, mais je voulais auparavant le vérifier par moi-même, avant que de mes dernières illusions se dissipent les fantasmes. Alors, je pris l’auto. Alors, je pris l’avion. Je n’eus ja-mais le mal des transports, mais, tandis que j’allais prendre le train, j’éprouvais pour la première fois une cer-taine appréhension. Le train, je veux dire un train comme celui où j’allais monter, il y avait un demi-siècle que je n’en avais pas pris. En fait de malaise, c’était plutôt un remous du plus secret de l’âme. Bien sûr, ici il n’y avait plus l’odeur du charbon dans les compartiments, ni à leurs fenêtres les mitraillages d’escarbilles, mais, sur les mêmes voies, le bruit de ces voitures, leurs secousses, la chanson saccadée des rames, en remuant au plus profond de mon être les sédiments du passé, en firent remonter une nausée mémorielle. Deux brèves, deux longues, deux brèves lançaient les rails aux boggies. Une longue, deux brèves répétait le convoi au rythme lancinant du message indéfiniment mar-telé par les roues d’acier. Deux longues, une brève, deux longues rabâchaient tous les compartiments aux rares voyageurs. Chaque fois, deux blanches, une noire s’inscrivaient alternativement sur la portée des fils télé-graphiques que des poteaux lançaient et rattrapaient au vol. Une, deux, une deux reprit ma chansonnette, petite rengaine idiote dont je ressassais le refrain sur un air à la mode, un air à deux temps, aussi entêtant que le décor de
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