Une histoire thématique de la littérature russe du XXe siècle
708 pages
Français

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Une histoire thématique de la littérature russe du XXe siècle , livre ebook

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Description

La représentation de la décomposition physique et psychologique des personnages constitue un intérêt constant pour la littérature russe du XXe siècle, soviétique ou non. Cette étude thématique, fondée sur l'analyse de plusieurs grandes oeuvres du XXe siècle, donnera au lecteur un panorama d'une littérature russe encore méconnue chez nous en comparaison avec celle du XIXe siècle et mettra en évidence une différence de nature entre la littérature des "contre-destins" et la littérature dite "de la décomposition".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2014
Nombre de lectures 81
EAN13 9782336358345
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,2450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Espaces Littéraires

Collection fondée par Maguy Albet
Dernières parutions
Przemyslaw SZCZUR, Produire une identité , le personnage homosexuel dans le roman français de la seconde moitie du XIX e siècle (1859-1899), 2014.
André NOLAT, Les figures du destin dans les romans de Malraux , 2014.
Olivier-Pierre THEBAULT, Par-delà l’enfer et le ciel, Essais sur la pensée de Charles Baudelaire , 2014.
Textes réunis et présentés par Michèle AQUIEN, L’érotisme solaire de René Depestre, Éloge du réel merveilleux féminin , 2014.
Laëtitia PERRAY, La femme dans le théâtre de Robert Poudérou , 2014.
Ghada EL-SAMROUT, L’itinéraire mystique dans l’œuvre de Salah Stétié , 2014.
Fabrice BONARDI (dir.), Parfums de l’âme et autres feux follets , 2013.
Ralph ALBANESE, Racine à l’école républicaine ou les enjeux socio-politiques de la tragédie classique (1800-1950) , 2013. David MICHEL , Amélie Nothomb. L’écriture illimitée , 2013.
Nicole BERRY, John Cowper Powys, au-dessus de la terre l’oiseau. Un homme dans son œuvre , 2013.
Magda IBRAHIM, Prière d’un petit enfant nègre de Guy Tirolien. Un manifeste de la Négritude , 2013.
Fabrice BONARDI (dir.), Des nouvelles du désir , 2013.
Simone GOUGEAUD-ARNAUDEAU, Crébillon le Tragique , 2013.
Berkiz BERKSOY, Ahmet Hamdi Tanpınar , 2013.
Najib REDOUANE et Yvette BÉNAYOUN-SZMIDT, Le pari poétique de Gérard Étienne , 2013.
Annie RICHARD , L’autofiction et les femmes. Un chemin vers l’altruisme ? , 2013.
Titre

Céline BRICAIRE










UNE HISTOIRE THEMATIQUE
DE LA LITTERATURE RUSSE DU XX E SIECLE
Cent ans de décomposition
Copyright

























© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70845-4
I NTRODUCTION
Pourquoi croise-t-on, sur le chemin de la littérature russe contemporaine, une incarnation du socialisme triomphant… amputée d’une jambe 1 ; un homme roux sans yeux et sans oreilles, sans tête ni corps non plus, « de sorte qu’on se demande de qui on parle » 2 ; ou, plus effrayants encore, des cadavres soigneusement mutilés par l’ingénieux Rebrov 3 et sa petite troupe fanatique ? Quand – et comment – la littérature russe a-t-elle admis les troublantes images de la décomposition ? Et quelles formes, au juste, a pris la décomposition pour entrer dans les oeuvres littéraires tout au long du XX e siècle et jusqu’au début du nôtre ?
La représentation de la décomposition physique et psychique des personnages – lesquelles vont souvent de pair, on le verra – constitue un intérêt constant pour la littérature russe du XX e siècle, soviétique ou non. Cette étude ambitionne de traiter simultanément la question du comment et celle du pourquoi à travers des œuvres concrètes, dont l’importance est certes variable ou discutable : comment savoir aujourd’hui quelles œuvres et quels auteurs la postérité retiendra ? Comme il ne s’agit pas de se lancer ici dans des prophéties plus ou moins heureuses, mais d’observer la récurrence d’une image, on pourra écarter cette réserve comme secondaire.
Les études thématiques connaissent actuellement un succès certain. L’intérêt de celle-ci pourrait être de livrer un panorama d’une littérature russe méconnue en France du grand public, par comparaison du moins avec celle du XIX e siècle : c’est-à-dire non seulement d’étudier un motif (pattern) particulier, mais de situer chaque œuvre en rappelant les mouvements artistiques et les écoles littéraires qui font contexte. Aussi a-t-on inclus, pour que le tableau ne soit pas tronqué, la période soviétique, en évoquant le cas de la littérature dite réaliste socialiste à travers l’analyse du roman La Moisson de Galina Nikolaeva 4 , prix Staline 1950, cas jugé d’autant plus intéressant qu’il a donné lieu en 1953 à la belle adaptation cinématographique de Vsevolod Pudovkin, sous le titre Le Retour de Vassili Bortnikov ( Vozvraščenie Vasiliâ Bortnikova ). Naturellement, ceci contraignait à admettre que l’étude de la décomposition ne fût pas exclusivement axée sur le motif, mais qu’elle englobât aussi la décomposition comme involution, perte de la littérarité.
Je m’attacherai tout d’abord à cerner mon objet en donnant une généalogie du phénomène qui permettra de poser les critères de la décomposition. Ensuite sera proposée l’étude des figures littéraires de la décomposition à travers quatre périodes : les années 1900-1920, 1920-1940, 1940-1970, et 1970-2000. Pour le confort de la lecture, c’est le système des notes de bas de page qui a été choisi.
Pour l’homogénéité du texte, les noms propres, y compris ceux pour lesquels existe une orthographe francisée, seront transcrits selon les règles de la translittération internationale. On pourra toutefois se référer à l’index final pour en retrouver la transcription française courante. Le nom des personnages de fiction est retranscrit selon l’orthographe choisie par l’éditeur français : on ne recourt à la translittération que pour les personnages d’œuvres qui ne sont pas disponibles en français à ce jour.
Ponctuellement, pour les œuvres russes et soviétiques, nous précisons entre parenthèses la date de rédaction (R) ou la date de première publication (P), celle-ci n’étant pas nécessairement intéressante dans le contexte soviétique, du point de vue de cette étude. Si aucune précision n’est apportée, c’est la 1ère publication qui est indiquée. Dans les notes : P. (Paris), M. (Moscou), L. (Léningrad), St P. (Saint-Pétersbourg)
1 A. Platonov, Sčastlivaâ Moskva , (R 1932-1936), in : Novyj Mir , 1991, n°9 ; Moscou heureuse, P., 1996.
2 D. Harms, Golubaâ tetrad’ (R 7/01/1937, in : Gorlo bredit britvoj , Glagol N°4-1991) ; Cahier bleu n°10 , in : Ecrits , P., 1999, p.111.
3 V. Sorokin, Serdca četyreh (R 1991, P 1994) ; Le Cœur des Quatre (1994), P., 1997.
4 G. Nikolaeva, Žatva (P 1950) ; La Moisson , M., 1953.
CH. 1 : G ÉNÉALOGIE DE LA DÉCOMPOSITION
I. Q UELQUES GÉNÉRALITÉS
1. De l’idée d’entropie à celle de décomposition
Le terme d’« entropie », qu’on trouve pour la première fois, appliqué à la littérature contemporaine, sous la plume de Zamâtin (Zamiatine) dans Le Métier littéraire 5 , est pris à la thermodynamique : vous préparez votre dîner, la casserole, l’eau et les pâtes semblent trois objets bien distincts ; vous allumez le feu : au début, on sent les chaleurs distinctes des objets, l’information thermique est intéressante, l’entropie est faible. Mais quand leurs températures se sont uniformisées, l’eau et les pâtes ne forment plus qu’un seul objet d’un point de vue thermodynamique : c’est l’entropie maximale. Bref, la loi de l’entropie est la suivante : l’entropie maximale est atteinte quand un système cesse de produire des signes perceptibles de l’extérieur. Autre exemple : la mort, entropie maximale de l’être vivant.
La métaphore de Zamâtin était belle, et elle a connu un juste succès ; au point que Zamâtin a été commenté selon ses propres concepts d’« énergie » et d’« entropie ». Ce qui est gênant, dans l’affaire, c’est que Zamâtin lui-même a usé du mot de deux façons différentes… et opposées : dans Lica ( Portraits ) 6 , entropie est l’antonyme de révolution, la « sclérose », la « mousse » 7 ; dans My ( Nous autres ) 8 , en 1920, l’entropie, c’est la révolution. Faut-il en conclure qu’entre 1920 et 1923, l’opinion de Zamâtin a changé ? Certainement pas : c’est que Zamâtin opère une distinction entre le concept de révolution, et la prétendue révolution soviétique, dont il voit déjà qu’elle promet un système clos, où « l’information » est destinée à diminuer inexorablement, où « l’énergie » va se distribuer de façon toujours plus homogène en cessant de produire des signes (les infrarouges). Commen

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