Les cyclistes ne prennent-ils pas trop de risques ?
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Description

Le dernier Tour de France n'a pas dérogé à la règle. Les chutes ont été nombreuses. On avait notamment vu un Thomas Voeckler très remonté stigmatisant en particulier l'utilisation des oreillettes. Avec un rapport de forces permanent, une tension et des enjeux de plus en plus importants, les coureurs qui cherchent indubitablement à se retrouver devant, prennent-ils des risques inconsidérés ?

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Langue Français

Extrait

Les cyclistes ne prennent-ils pas trop de risques ?

L'OEIL TECHNIQUE de Roger Legeay*

"Le terrain de jeu a beaucoup changé en trente ans."

"Le cyclisme est dangereux. Avec des descentes de col à 100 km/h, avec des sprints tumultueux, alors qu'il ne se passe presque jamais rien, on se dit que ce sont de véritables artistes. On est tenté de croire que ce n'est pas un sport dangereux. Mais quand les gars tombent, ils se font très mal. Ils se font parfois des fractures, ils sont bien épluchés, et souvent la clavicule est touchée. C'est l'éternel débat. Dans le Tour, le danger vient surtout lors de la première semaine avec des arrivées au sprint. Les chutes sont spectaculaires. Les coureurs prennent-ils pour autant des risques, la réponse est claire. Près de deux cents coureurs sont concernés avec un gros peloton. Les points stratégiques, on les connaît, avec parfois un changement de direction dû au vent, ou avec l'approche d'une section pavée. A l'approche d'un sprint, c'est encore plus dangereux. Les équipiers amènent leurs sprinteurs. On se souvient notamment d'une chute sévère d'Ocana dans une descente de col ou de Laurent Jalabert qui avait percuté un spectateur.

C'est tout simplement inhérent à la pratique de ce sport. C'est valable chez les professionnels et les amateurs. C'est encore plus vrai avec les professionnels et la présence de voitures. Mais encore une fois, les cyclistes sont tellement des artistes qu'on en oublie la dangerosité de leur discipline. Il faut savoir aussi que leur matériel et les casques utilisés apportent aussi beaucoup de sécurité. Le terrain de jeu a beaucoup changé. Il y a trente ans, il n'y avait pas un rond point. Désormais, il y en a partout. Il y a aussi les dos d'âne, les rétrécissements dans les villages. Bref, le terrain de jeu a plus été aménagé pour les voitures que pour les cyclistes eux-mêmes. Evidemment, cela rend notre terrain de jeu encore plus dangereux. Cependant, une étude réalisée par l'UCI a démontré que beaucoup de chutes se produisent en ligne droite. Souvent, elles sont dûes à de l'inattention, tout le monde veut être devant, et ce n'est pas forcément dû à la symétrie du parcours que cela tombe.

D'ailleurs, les chutes les plus graves arrivent quand cela ne roule pas vite. Prennent-ils néanmoins plus des risques qu'avant ? Je n'en sais rien. Ce qui est certain, c'est qu'à un moment donné, dans des arrivées au sprint ou dans des descentes de col, il est évident que les gars sont à la limite de l'équilibre et de leurs réflexes. C'est le lot de tout sport de haut niveau. La partie sportive rentre en ligne de compte. Les parties technique et artistique sont aussi prépondérantes. Pour quelqu'un qui ne sait pas descendre un col, c'est rédhibitoire. S'il a peur en descendant, cela augmente les risques. Il faut pourtant aller au minimum assez vite. Certains vont très vite, d'autres moins, d'autres moyennement vite. Certains prennent des risques supplémentaires pour rester moyens.

"Ce sont tellement des artistes qu'on en oublie souvent la dangerosité de la discipline"

Dans les bordures ou au sprint, il faut avoir un vrai bagage technique pour s'en sortir et gagner un Tour de France. Je prends l'exemple de Chris Boardman qui était vraiment un pistard. Au départ, son bagage technique n'était pas suffisant. Au fil du temps, il s'est amélioré. Mais la force ne suffit pas. Des réglementations sont-elles à prendre pour minimiser les risques ? Je serais tenté de dire que nous sommes sur route ouverte. Encore une fois le bagage technique fait partie du lot. Y a-t-il plus d'accidents aujourd'hui que par le passé ? Je ne le pense pas. Il faut rester prudent et regarder avec précision les statistiques. Par le passé, il y avait aussi des chutes. On ne peut pas dire non plus que le cyclisme est un sport où il y a des chutes excessivement graves".

*Ancien coureur (7 tours de France disputés), et directeur sportif (Peugeot, Z, Gan, Crédit Agricole)

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