Rares sont les personnes à avoir touché à tout dans le vélo. Michel Gros en fait partie. Il a connu tous les échelons : de coureur indépendant à directeur sportif de Festina ou Jean Delatour, le Lyonnais est au bout du compte devenu l'agent le plus réputé et le plus puissant de l'hexagone. Via sa société LC Management, il aiguille une cinquantaine de coureurs professionnels - principalement français. Jérôme Coppel, Jean-Christophe Péraud, John Gadret, Brice Feillu, Christophe Riblon ou encore Yauheni Hutarovich figurent dans son "portefeuille de coureurs".
Mais la concurrence étrangère est rude. Initialement client de LC Management, Nicolas Roche a par exemple choisi de confier son destin à Andrew McQuaid, le fils du patron de l'UCI. Cela n'empêche toutefois pas Michel Gros de faire des affaires. Dernièrement, c'est le transfert de Jérôme Coppel chez Cofidis qui a attiré l'attention. Les négociations ont été conclues entre la fin du Tour et les premiers jours du mois d'août. "Tout s'est passé très vite", confirme Michel Gros. Le Tour, justement. S'il est le rendez-vous incontournable des coureurs, il est également "the place to be" pour les agents. "En règle générale, on va d'hôtel en hôtel, on visite les équipes, on va aussi parfois au départ ou à l'arrivée. On cale des rendez-vous avec les managers d'équipes ou avec les coureurs que nous avons sous contrat pour discuter, parfois pour les réconforter, mais surtout pour évoquer leur avenir." Michel Gros a ainsi passé "quatre jours à Liège" et fait le déplacement sur les deux journées de repos, "journées décisives pour nous agents".
"Bernaudeau n'aime pas trop les managers"
"Il n'y a pas eu de résultats extraordinaires parmi nos coureurs, regrette-il, mais on en a quand même certains en fin de contrat, il a donc bien fallu discuter." On évoque des montants allant jusqu'à 8 000 à 10 000 euros mensuels au sein des structures World Tour. Les discussions, justement, sont parfois âpres, certains managers voyant d'un mauvais oeil ce rôle de l'ombre tenu par les agents. "Dès fois, quand un coureur passe sous la coupe d'un manager, ça les dérange un peu. Ce sont des choses qui arrivent. Avec AG2R, Cofidis, Heulot, tout se passe bien. Le plus dur, je crois que c'est Jean-René (Bernaudeau).
Il n'aime pas trop les managers. On peut boire un coup ensemble mais... Je pense qu'il a plus d'influence sur ses coureurs s'il les a sous la main et s'il n'y a pas d'intermédiaire, c'est ce qu'il imagine en tous cas." Et avec Marc Madiot ? "Ça se passe très bien, assure Michel Gros. C'est plus simple qu'avec Jean-René. On a de très bonnes relations. Il y a non seulement de bonnes relations, mais on fait des affaires." Les liens d'amitié tissés au fil des années ne changent pas fondamentalement les choses. "Je peux avoir des rapports amicaux avec certains, mais ce n'est pas pour autant que les affaires sont plus faciles. Chacun défend sa paroisse, son budget. On est là pour que le coureur gagne bien sa vie. On peut être ami et avoir des discussions très serrées." Cette proximité avec les hommes qui comptent dans le peloton français explique en grande partie sa position dominante.
"L'avantage que j'ai, c'est que je suis dans le milieu depuis très longtemps. Je connais tous les managers français, la plupart étaient déjà directeur sportif à mon époque. C'est l'atout numéro un. Cela m'a bien aidé. Les coureurs qui m'ont fait confiance au début avaient travaillé avec moi quand j'étais directeur sportif. J'ai donc commencé avec les coureurs que j'avais dirigés."