Dictionnaire passionné des Louves de Bobigny

Fabien Antonelli

Description

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur une équipe féminine de rugby

Elles l’ont chanté des centaines de fois :« Dès que les gens nous voient (bis), Ils veulent tout savoir (bis), Qui on est (bis)... » Au Haka des Louves font désormais écho les mots que leur entraîneur a choisis pour conter leur aventure partagée quatorze années durant. Evénements marquants et détails insignifiants sont convoqués ici pour témoigner de la vie hors norme d’une équipe féminine de rugby, ses fonctionnements, ses hauts faits, ses déroutes, ses méandres... ses humeurs ! Un hommage affectueux et complice qui livre savoirs d’entraîneur et apporte couleurs – celles de la meute – à la fresque du rugby féminin, dont l’auteur de cet ouvrage est un admirateur inconditionnel.

Sujets

• Bobigny
• Rugby

Informations

• Publié par: Nombre7 Editions
• Date de parution: 07 octobre 2020
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782381532769
• Langue: Français

Extrait

DICTIONNAIRE PASSIONNÉ DES LOUVES DE BOBIGNY
 
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Fabien ANTONELLI
DICTIONNAIRE PASSIONNÉ DES LOUVES DE BOBIGNY



 
À mes parents,
À Guillaume, Laurent et David,
À Valérie et Baptiste.
 


« Il n’y a que les filles qui peuvent amener au rugby un nouveau public parce qu’elles démystifient l’aspect violent du rugby. Le rugby masculin perdrait si la promotion du rugby féminin n’était pas assurée ».
Pierre Villepreux , Le Français dans le monde, 2007
 
Préface
Septembre 2003, parking du stade de La Motte, Bobigny.
Par une très agréable fin d’après-midi, type été indien, je rencontre Fabien pour la première fois. Les sensations de ce moment ont fortement imprégné ma mémoire. Pourquoi ? Le club de Bobigny, Alain Chamois, le président, et Olivier Astier, le directeur général, m’avaient dit « banco » (non sans mal, on y reviendra plus loin) pour l’ouverture d’une section féminine. Toutefois, comme je n’étais pas précédé d’une grosse réputation côté connaissance du rugby fédéral, ils m’avaient bien prévenu qu’ils m’acoquineraient avec un partenaire de leur choix. Comme je n’étais qu’un produit rugbystique du milieu scolaire, il y avait « méfiance ». Je n’avais eu ni mon mot à dire ni aucun contact avec Fabien avant ce choix et cette rencontre.
Je m’attendais donc à « tomber » sur un cadre à l’ancienne, une forme de garantie pour le club et ses valeurs historiques, mais avec peut-être la nécessité de devoir beaucoup composer sur la conception et la mise en œuvre du job ! Et là, je fais connaissance avec un jeune professeur d’EPS tout fraîchement nommé dans le « 9-3 », provincial comme beaucoup de nouveaux collègues. Bref, pas du cru non plus, mais pour d’autres raisons que moi. Et là en quarante-cinq minutes, sur ce parking, avant le premier entraînement en commun nous échangeons et très vite j’ai la sensation qu’un même sang coule dans nos veines. Même si cette impression ne s’objectivera que plus tard : de province tous les deux, pour ne pas dire de la campagne (ardéchoise pour Fabien et beaujolaise pour moi – Fabien a même fait Sport-Et’ à Villefranche en beaujolais), attachés aux valeurs de nos terroirs et de nos familles, je me retrouve à échanger avec quelqu’un qui s’est proposé au club avec beaucoup de disponibilité, d’envie et d’ouverture. En guise de « coquin » pour me chaperonner, les dirigeants avaient-ils imaginé que l’association allait marcher de concert ?
C’est encore sur ce parking que l’on passera un bon moment à poursuivre l’échange et ainsi chaque semaine après chaque entraînement pour débriefer et ce, pendant quelques années…
Revenir sur les sensations du parking lors de cette première rencontre dans la douceur d’un soir de septembre, c’était avec le recul un peu comme être au coucher du soleil sur la rive d’une mer ou d’un océan avant un départ en bateau pour une terre inconnue, un voyage dont on ne connaissait ni la durée ni les péripéties. Tu découvres l’équipage, l’équipier, entre excitation et doute, tu te donnes l’air sûr de toi, mais tu ne sais pas si tu ne vas pas aller au « casse-pipe ». On était comme des « Christophe Colomb » qui allaient conquérir une Amérique. Notre conquête oscillera entre domptage et complicité avec les éléments, et l’Amérique deviendra les « Louves » !
Et si cette empreinte, cette « marque » s’est imposée sportivement dans le paysage du rugby féminin, je souhaitais aussi mettre en exergue quelques acteurs essentiels à cette aventure que je comparerais à une production cinématographique, avec les mêmes distributions.
Le club : l’AC Bobigny 93 Rugby qui en bon « producteur » commence par dire «  non  » avant de toujours soutenir le bateau dans les tempêtes. Pour illustrer, je me remémore ainsi le premier contact avec Alain Chamois au cours de l’hiver 2002-2003 quand je lui ai proposé « clés en main » une équipe d’une vingtaine de filles venant de découvrir le rugby dans leur cursus universitaire et sa réponse : «  moi président, aucune fille ne mettra un pied dans le club !  » Avant de revenir au printemps avec des propositions…
Une lignée de profs-entraîneurs : des réalisateurs tous passés dans leur formation par la case « enseignants du 9-3 » et là aussi je me remémore les propos de Fabien, mon complice et trait d’union historique de cette lignée, lors d’une interview : «  les compétences qu’il faut ou qu’il nous a fallu pour performer dans cette aventure, on les a transférées essentiellement de nos expériences professionnelles, on a été profs d’EPS avant d’être entraîneurs de rugby  ! »
Une lignée de régisseurs-bénévoles : pas toujours dans la lumière des projecteurs, mais à toujours ramer, écoper, à mettre de l’huile dans les rouages, car ils avaient foi dans l’aventure. Et là je pense d’abord à celles et ceux que j’ai côtoyés personnellement : de Liliane, Dominique à Daniel en passant par Milou.
Et surtout les actrices : en bonnes cabotines, qui ne sont pas toutes arrivées des « écoles de rugby » comme on vient du cours Florent, mais qui ont joué, toujours sans fard avec leurs tripes, avec leurs crocs et montré que le talent pour jouer au rugby est dans toutes les cultures, dans toutes les origines…
Aujourd’hui je pense que c’est avec fierté que Fabien et tous les autres « bâtisseurs » des Louves apprécient que le bébé ne leur appartienne plus et qu’il soit devenu une vraie marque déposée, qui existe au-delà des personnes, une AOP « Les Louves ». Et pour mieux en déguster la saveur, plongeons-nous dans son abécédaire !
Marc-Henri,
Complice et artisan-élaborateur de Louves
 
Prologue
Pourquoi ce livre ? Pourquoi un Dictionnaire passionné des Louves de Bobigny ?
J’ai eu envie d’écrire… et cédé à la tentation !
Oser l’expérience d’une écriture à ma main, celle d’un homme plus familier des langages du corps que de littérature classique et plus à l’aise avec les chiffres qu’avec les lettres. Disposant d’un peu de temps – celui occasionné par un périple familial en région bordelaise et une parenthèse professionnelle – j’ai donc risqué l’aventure…
Quatorze ans durant, épaulé par un staff de qualité, j’ai consacré toute mon énergie à un unique objectif : faire avancer, grandir la meute, grandir au sens premier de s’élever, quels que soient les obstacles à franchir… et en contenant résolument émotions et dilemmes intérieurs. Les pages qui sont proposées ici ont pour seule prétention d’inviter le lecteur à entrer dans ma tête de coach des Louves et d’y glaner avec moi, et quelques témoins plus à même de faire revivre l’aventure, les souvenirs de cette période…
Je ressentais le besoin de mettre des mots sur cette histoire partagée avec les Louves, histoire extraordinaire, au sens premier du terme : une histoire hors du commun, vécue avec des personnes hors normes… Évoquer le temps passé avec la meute – les événements marquants comme certains détails insignifiants – était, pour moi, bien plus qu’un simple hommage rendu aux joueuses et à mes partenaires du club de Bobigny. C’était, une façon de lutter contre l’oubli, contribuer à préserver la mémoire de la meute, pour le plaisir des Louves – les anciennes comme les plus jeunes &