Promontoire

Alain Nesme

Description

La Bérarde en Oisans, le vallon des Etançons et sa terrible beauté minérale, la face sud de la Meije : voilà pour le décor. Les personnages : un jeune homme et son maître en alpinisme. Le drame : trop vite, une fissure s'installe dans leur entente et leur relation se distend. Le plus jeune se retrouve livré à lui-même ou aux rencontres de hasard, c'est dire le péril qu'il encourt dans un milieu où le moindre faux pas se paie argent comptant. Longtemps après, il entame un parcours mémoriel où l'attendent quelques fantômes du passé...

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Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 23 janvier 2020
• Nombre de lectures: 10
• EAN13: 9782140141317
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 11 Mo

Extrait

Promontoire

Littérature et Régions Dupont (Jean-Dominique),Un village bourguignon se souvient, 2019. Vassault (Jacques),Les Monts et autres merveilles. Une enfance bernayenne en pays d’Ouche,2019. Le Gat (Yan),Des rives hier,Trois saisons à la ferme en Bretagne, 2019. Debouverie (Michel),Le camisard assassiné,2019. Hainaut (Patrice),La main noire du diable,2018. Vue (Blandine),La colonie,Sur le fil du temps, sur le fil de l'eau, 2018. Fromage (Joseph),Souvenirs d’un poussin de haie, Chronique d’une enfance normande, 2016. Millet (Stéphane),Patibule, Brutus et autres nouvelles cévenoles, 2016. Loirette (Michel),Le monstre de Gozon,2015. Michallet (Raymond),Pour la terre aux châtaigniers, 2015.  Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr

Alain Nesme Promontoire Récit

Du même auteur Léa la Sainte, nouvelles, L’Harmattan, 2015. La vision de Loz, L’Harmattan, 2015. Un jour, un de mes descendants. Fragments d’une biographie imaginaire d’Anne Pierjean (1921-2003), L’Harmattan, 2016. Lisbeth ou la vérité, L’Harmattan, 2017. Cerfeuil et Ciboulette. Conte rustique pour enfants pas trop sages.Martine Marton. Editions Les Deux M du Illustrations Papillon, Bruxelles. © L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-19192-8 EAN : 9782343191928

À mon frère, René. À la mémoire de notre père, Louis N. Promontoire : « Pointe de relief élevé s’avançant en saillie au-dessus de la mer. » Dictionnaire Le Robert. « Le vide est mon domaine, celui de tous les alpinistes. Sans vide il n’y aurait pas d’alpinistes. » René Desmaison La montagne à mains nues.

Prologue J’ai fait deux visites éclair au refuge du Promontoire, à trente ans d’intervalle. La première en juillet 1968, j’avais dix-neuf ans. La seconde en août 1998, au plus chaud d’un été torride annonçant les canicules du début des années 2000. Il faut cinq heures de marche pour accéder à ce nid d'aigle, à partir de La Bérarde, hameau le plus excentré de la commune de Saint- Christophe-en-Oisans, dans la vallée du Vénéon, l’un des « hauts lieux » de l’alpinisme hexagonal. En 1968, je n’en étais qu’aux débuts de mon insolite et assez brève carrière d’alpiniste. Des influences d’ordres divers sont à l’origine de ce virage inattendu que prenait ma vie, mais la plus marquante, et de loin la plus déterminante, fut ma rencontre avec Léon. C’est lui qui m’a fait découvrir cette belle vallée et son hameau du bout du monde blotti dans son écrin de hauts sommets enneigés. Nous y sommes allés deux fois coup sur coup au cours de l’été 68. D’abord, début juillet, pour un week-end dédié à mon initiation. Puis à la mi-août, avec deux autres camarades, Georges et Guy. Notre projet (le tour des Écrins par le GR 54) avait été contrarié par la pluie qui nous avait cloués à la Bérarde, sous la tente, pendant une dizaine de jours. En juillet, j’étais seul avec Léon. Au programme du week- end : la brèche du Râteau par le versant est, une course réputée facile, quoique culminant à 3 235 mètres, soit mille mètres au- dessus du refuge du Châtelleret où nous avions prévu de passer la nuit. Pas un glacier à proprement parler. Un simple couloir, enneigé hiver comme été en ce temps-là, suffisant, avait dû penser Léon, pour une première prise de contact avec le piolet et les crampons.

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Le refuge du Châtelleret se trouve à deux heures de marche de La Bérarde. Le sentier part à gauche de la chapelle. De nos jours son tracé à la sortie du hameau a été sensiblement modifié. En 1968 il partait plein nord en longeant d’assez près le torrent des Etançons et rejoignait la trace actuelle peu avant le torrent de Bonne Pierre, alimenté par le glacier du même nom. À partir de ce point, la sente s’élève en pente douce dans un décolleté bien dessiné entre deux lignes de hauts sommets : le vallon des Etançons, tant vanté par mon ami Léon, large et riant avec sa flore des Alpes, luxuriante au début de l’été. À une demi-heure de marche du refuge, le sentier passe sur l’autre rive du torrent des Etançons. Près de la passerelle – deux planches posées en travers du cours d’eau bouillonnant d’une écume grise – nous avions fait une pause pour reprendre notre souffle, coupé, non pas tant par l’effort que nous venions d’accomplir, ni à la pensée des quelques centaines de mètres linéaires qu’il nous restait à gravir pour atteindre le refuge, mais par la beauté époustouflante du lieu : un cortège de pics enneigés en découpe sur un ciel d’un bleu intense (l’absence de gouttes d’eau et de poussières dans l’air à cette altitude renforce la radiation bleue), encadrant l’immense falaise minérale qui verrouille le fond de la vallée : le massif de la Meije, versant sud. Léon avait sorti les jumelles de son sac. Sur ses indications patientes j’avais fini par localiser, au pied de cette forteresse granitique imposante, dans l’axe du refuge du Châtelleret mais bien au-dessus, un minuscule timbre-poste collé à la base de l’éperon rocheux marquant le départ de la face sud de la Meije par la voie normale : le refuge du Promontoire, mille mètres de dénivelée plus haut.

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