Vainqueur surprise du Tour Méditerranéen et du Tour du Haut-Var en février, Jonathan Tiernan-Locke avait posé les bases d'un triomphe britannique sur le cyclisme en 2012. Une belle revanche pour un coureur malchanceux dans sa jeunesse, et même si ça ne plaît pas à tout le monde...
Depuis le dernier Tour de France et encore plus après le contre-la-montre sur route des JO de Londres, les Britanniques s'intéressent de plus en plus au cyclisme, bluffés et séduits par les performances de Bradley Wiggins. Mais alors que le leader de la Sky préparait son statut de héros national par des succès sur les principales courses à étapes du calendrier (Paris-Nice, Tour de Romandie, Critérium du Dauphiné, puis le Tour de France), un autre cycliste de Sa Majesté avait fait honneur à l'Union Jack : Jonathan Tiernan-Locke. Un nom qui ne dit pas forcément grand chose au grand public, car ses performances n'ont pas eu lieu sur les épreuves les plus médiatisées. Mais le coureur anglais s'est forgé un joli palmarès sur d'autres courses à étapes. Et notamment françaises avec en enfilade, le Tour Méditerranéen (9-12 février), le Tour du Haut-Var (18-19 février) avant, fin juillet, de récidiver sur le Tour d'Alsace. Entre-temps, Tiernan-Locke n'a pas pu confirmer ses résultats sur les Grands Tours, en Italie ou en France car son équipe, Endura Racing, n'est qu'une formation... continentale ! Une particularité de plus pour ce coureur talentueux, mais qui, à l'instar de Wiggins, n'a pas suivi une progression linéaire. Pour Tiernan-Locke, qui s'est d'abord essayé au vélo via le VTT à 15 ans, l'ascension avait d'abord bien commencé, intégrant notamment le club amateur français de l'UV Aube après avoir été détecté par son compatriote Colin Lewis, en relation avec les dirigeants champenois.
Mais un virus (la maladie d'Epstein-Barr), alors qu'il porte les couleurs du CC Etupes, met un terme (provisoire) à ses rêves de carrière professionnelle. Rentré au pays où il étudie à l'université de Bristol et travaille dans le magasin de cycles de Colin Lewis, Tiernan-Locke revient à la compétition en 2008, mais un grave accident lors d'un entraînement, lorsqu'il est percuté par un cheval, le met à nouveau à terre. Jusqu'à son retour, donc, en 2009 au sein de modestes formations britanniques, puis Endura depuis 2012. Ses excellentes performances enregistrées cette saison sont donc une jolie récompense pour "JTL" qui savoure : "Je ne pouvais connaître un meilleur début de saison, c'est vrai, même si j'ai eu une gastro-entérite au printemps puis une fracture de la clavicule et des côtes en mai. J'ai repris la compétition à la Route du Sud, mais tout ça m'a fait manquer un mois d'entraînement. Ma victoire au Tour d'Alsace me rend confiant pour la suite de la saison".
Surtout après ces sombres heures traversées... "Après avoir eu ces difficultés en début de carrière et une progression nonconventionnelle, j'apprécie aujourd'hui davantage ma carrière cycliste et je suis motivé pour poursuivre ma progression. Mes années loin du vélo m'ont permis d'étudier et d'avoir une vie normale. Aujourd'hui, je suis chanceux d'être à nouveau cycliste, je pense avoir eu une seconde chance". Le ciel du sprinteurgrimpeur (mais pas trop rouleur, "le contre-la-montre n'est pas mon point fort"), s'est néanmoins assombri à mesure que des rumeurs à propos de la loyauté et la transparence de ses performances accompagnaient ses victoires : "Il y aura toujours des gens pour douter de votre travail et de votre éthique. Ces gens ne me connaissent pas ou ne savent pas quels sacrifices j'ai faits, et ne connaissent pas mon histoire."
N'en déplaise à ses détracteurs, Tiernan-Locke a logiquement tapé dans l'oeil d'équipes World Tour, qui songeraient sérieusement à le recruter. Et peut-être même la Sky, ajoutant ainsi une nouvelle pépite à son armada déjà impressionnante de coureurs britanniques : "Oui, j'espère rouler la saison prochaine dans une équipe World Tour et avoir la chance de participer aux meilleures courses. Mais je ne me vois pas comme un équipier pour un favori aux Grands Tours, je ne suis pas ce genre de coureur.
"Il y aura toujours des gens pour douter de votre travail, mais ils ne me connaissent pas"
