Deux voyages
308 pages
Français

Deux voyages , livre ebook

-

308 pages
Français

Description

Jacques-Yvan Cozon, bouillant d'ardeur et de révolte comme on peut l'être à 25 ans , décide de quitter la France. Deux voyages est le récit sensible de ce jeune occidental parti découvrir l'Orient, puis l'Afrique. Son itinéraire le pousse d'abord de Paris jusqu'à Bangkok dans les années 1976-1978, puis du Caire jusqu'au Zaïre (voyage qu'il fait partiellement à vélo) en 1980-1981.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 296
EAN13 9782296251052
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait











Deux voyages
quête en Afrique-Asie




















































Jacques-Yvan COZON







Deux voyages
quête en Afrique-Asie

















Livre d’or sur www.jacques-yvancozon.over-blog.net












Coordination et graphisme : Evelyne Simonin



Les dessins ont été réalisés par l’auteur durant ses voyages,
ainsi que lors d’un séjour complémentaire en Inde en 1983.







© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11367-1
EAN: 9782296113671 •LivreJY_part1_def:Mise en page 1 5/01/10 11:56 Page 5
Première partie
ASIE 1976-1978
re1 partie : Paris-Calcutta
e2 partie : Calcutta-Calcutta
e3 partie : Calcutta-Paris
5•LivreJY_part1_def:Mise en page 1 5/01/10 11:56 Page 6
Deux voyages : quête en Afrique-Asie
Paris
Venise
Belgrade
Sofia
Istambul
Delphes
ErzurumKonya
Alep Tabriz Mazar-i-Sharif
Palmyre MashadDamas PeshawarAmman KabulTéhéran HeiratJérusalemMaanit
Siklès KathmanduKandahar DelhiAmritsar Allahabad Mandalay
Calcutta Chiang Maï
Pushkar BénarèsAgra
BangkokKonarak Rangoon
Puri
Bombay
Madras
Goa Pondicherry
TrincomaleeGurukula
Maduraï Kandy
6•LivreJY_part1_def:Mise en page 1 5/01/10 11:56 Page 7
Paris-Calcutta
C’est un tout jeune homme, presque un adolescent, qui s’exprime dans
ces pages ; qui a cru qu’il pourrait devenir un homme après son exploit,
mais le chemin du retour était truffé de malentendus ; qui s’est senti
un homme accompli, réel, mais dont l’engagement n’a pas été reconnu,
dont les valeurs se sont trouvées en décalage avec les valeurs ambiantes ;
qui s’est replié et a connu une forme de désespoir…
Au lendemain de son voyage, il a retranscrit son aventure à partir des
lettres qu’il avait envoyées…
J’ai parfois l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui a fait ce voyage…
J’ai réécrit ces lettres dans les mois qui ont suivi mon retour. J’avais besoin
de remettre de l’ordre dans mes idées et dans mes émotions. A présent
que ces événements se sont éloignés de moi, je regrette d’avoir été aussi
pudique sur les sentiments que j’ai éprouvés. Je comprends qu’ils étaient
rares. Mais sur le coup, j’étais saisi d’une sensation d’immense banalité
qui m’a fait plusieurs fois hésiter à décrire ce que je ressentais. Quand on
voyage et qu’on est entouré de voyageurs, on trouve normal de voyager
et on s’excuse presque des sentiments anormaux qui sont les nôtres.
Puis le retour nous saisit totalement, et l’on oublie ce qu’on avait ressenti,
ou plutôt, toutes les fois qu’on y pense, cela est méconnaissable ; on est pris
dans la cisaille d’un décalage, on refuse d’en parler.
•.....•
Des années plus tard, après un long hiver de ma personnalité, j’ai compris que
ces lettres étaient quelque chose de délicat dans ma vie, et j’ai changé de point
de vue. Je n’ai plus modifié le moindre mot, tant la vérité de ce voyage
s’est trouvée recouverte de strates successives, d’écorces et de peaux mortes,
à tel point que je pouvais m’écrier : «C’est quelqu’un d’autre qui a fait
ce voyage!». Par la faille laissée par cette aventure s’est infiltré quelque chose
d’étranger et de long à reconnaître, qui ne me permet pas de décrire avec
sûreté ce que j’ai vécu, ni de distinguer ce qui fut de ce que j’ai imaginé depuis.
Pendant des années, ce n’est que de manière rarissime que j’ai relu ces lettres,
avec toujours un sentiment de nausée et une lassitude de l’âme sur ce qui
m’apparaissait comme un échec, comme une duperie… Puis, cela m’est apparu
comme ce que cela est: une chose que j’ai tentée, et qui fait partie de ma vie.
7•LivreJY_part1_def:Mise en page 1 5/01/10 11:56 Page 8•LivreJY_part1_def:Mise en page 1 5/01/10 11:56 Page 9
Paris-Calcutta
Ivresse et angoisse
Paris
Venise
Belgrade
Sofia
Istambul
Konya
Alep
Palmyre
Damas
Amman
Lundi 15 juin 1976
Un nœud papillon au cou et une pancarte « Istambul » à la main, Arthur et moi
levons le pouce à la Porte d’Orléans
Istambul, 22 juin
Tout va bien. Nous avons atteint Venise en deux jours. La ville, qui était
éblouissante lors de ma première visite, m’a paru lépreuse. Deux étudiants nous ont
hébergé ; leur mère est une vieille dame emplie d’un charme antique, qu’on devine belle
et qui l’a été ; au moment de partir, elle nous a remis à chacun un coquillage : « Ecco
una conquilia di Venezia. Ti portera buona fortuna »*. Je le porte sur moi, tant était
sensible la bonté de cette femme, et c’est sous cet augure favorable que s’est engagé
mon voyage.
Nous avons cheminé sur d’interminables kilomètres à travers la Yougoslavie,
jusqu’à rejoindre deux Syriens qui pestaient contre leur camion bloqué au bord de
la route, exaspérés par une fuite d’air comprimé. Une pièce de 10 centimes, doublée
d’un morceau de ma ceinture, ont constitué un bouchon efficace et le camion a
redémarré. Par gratitude, les chauffeurs nous ont emmenés. Au train qui était le leur, la
Yougoslavie et la Bulgarie se sont étirés sur quatre jours. A la venue de la nuit, nous
nous allongions dans la Mercédès qu’ils transportaient sur la benne de leur véhicule.
Nous les avons laissés à la frontière turque, les formalités de douane s’avérant
interminables. Le soir même, nous dormions au « Student Hotel » d’Istambul.
* « Voici un coquillage de Venise. Il t’apportera la chance!»
9•LivreJY_part1_def:Mise en page 1 5/01/10 11:56 Page 10
Deux voyages : quête en Afrique-Asie
Amman, le 8 juillet
La chaleur est supportable, quoique intense. Ce qui est moins supportable,
c’est le bruit, et cette agitation désordonnée de la rue, Klaxons, charrettes, humains
s’exclamant à qui mieux mieux, foule bringuebalant en tous sens dans un
grouillement effarant. Nous avons traversé Adana, Mersin, Alep, Homs, Damas,
Aman… Alep particulièrement est suffocante. Par bonheur, le vacarme s’apaise
dès qu’on atteint la vieille ville. Une forteresse imposante domine la cité, et les
rues offrent une esthétique anguleuse d’une belle sobriété. Surtout, l’ambiance y
est « autre », subtilement prise dans le rythme d’un pesant balancier… Parfois, de
derrière des murs ocres montent des paroles, des rires, un tintement de métal ;
sinon la rue reste vide, stérilisée par le soleil. Je reste à contempler : un ânon
lentement traverse, un gamin court, un vieux musulman se courbe sur son bâton, et
tout cela paraît figé comme sous le sortilège d’une invisible lampe d’Aladin. Rues
tortueuses, si étroites que les véhicules n’y ont pas accès, bourdonnement d’une
vie qui n’est pas mécanique ; devant mes yeux, deux forgerons exécutent leur travail
au ralenti, reprennent pour moi le geste un instant délaissé, merveille que je goûte
accompagnée d’un sentiment d’incommodité et de blue-jean trop serré, pas sûr de
moi dans ces rues où je me sens trop voyant… Beaucoup de crasse, et pas de
femmes : silence absolu de ce côté-là. Dans les souks d’Alep, ce ne sont que des
êtres noirs drapés de voiles épais, dont le regard sitôt se détourne, dont les mains
sont couvertes de gants comme si la vue d’un seul doigt suffisait à éveiller le désir !
Par des trous ménagés dans le toit du souk, de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents