Le Dauphiné
314 pages
Français

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Le Dauphiné , livre ebook

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Description

Le Dauphiné, seigneurie indépendante, « transportée » au royaume de France au XIVe siècle, province d’Ancien régime, qui a été partagée à la Révolution entre les départements de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes, est l’objet unique de cet imposant ouvrage. Divisé en 21 chapitres qui visitent minutieusement tous les aspects de la province, le texte alterne les précisions historiques, les descriptions de paysages, les notations pittoresques, le tout agrémenté de dialogues enlevés.


Déjà, à la fin du XIXe siècle, le sentiment d’appartenance à l’entité dauphinoise s’estompait inexorablement sur une terre où le brassage des populations avait commencé tôt. Aussi c’est à une véritable défense et illustration du Dauphiné que se livre l’auteur, secondé en cela par une abondante iconographie (près de 350 illustrations).


Initialement édité en 1898, Le Dauphiné connaîtra immédiatement un grand succès et sera constamment réédité tout au long du XXe siècle, la dernière édition en fac-similé datant de 1982.


Gaston Donnet (1867-1908), journaliste, au Petit dauphinois, au Soir puis correspondant de guerre pour Le Temps. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages de voyage sur le Sahara, la Chine et l’Indochine ainsi que d’une Histoire de la guerre russo-japonaise (1904-1905).


Constamment reprintée depuis plus d’un siècle, voici enfin, pour la première fois, une nouvelle édition entièrement recomposée de ce classique de l’édition régionaliste.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 6
EAN13 9782824053912
Langue Français
Poids de l'ouvrage 39 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LEDAUPHINÉ illustrédedessinsoriginauxdartistesdauphinois
eDauphiné,seigneurieindépendante,«transportée»auroyaume de L e FranceauXIVsiècle,provincedAncienrégime,quiaétépartagée à la RévolutionentrelesdépartementsdelIsère,delaDrômeetdesHautes-Alpes, estlobjetuniquedecetimposantouvrage.Diviséen21chapitresqui v minutieusementtouslesaspectsdelaprovince,letextealterneles précisions
Tous droits de traduction de reproduction et dadaptation réservés pour tous les pays. Conception, mise en page et maquette : © Éric Chaplain Pour la présente édition : © EDR/ÉDITIONS DES RÉGIONALISMES ™ — 2020 EDR sarl : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 CRESSÉ
ISBN 978.2.8240.1019.9 Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous lais-sions passer coquilles ou fautes — linformatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N: cela nous permettra dhésitez pas à nous en faire part améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
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GASTON DONNET
LE DAUPHINÉ ILLUSTRATIONS D’APRÈS NATURE VUES PHOTOGRAPHIQUES EXÉCUTÉES PAR M. EUGÈNE CHARPENAY Dessins originaux d’Artistes dauphinois
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Route du Vercors.
Un lac, en Oîsans.
NOTE
e veux exprimer ici toute ma gratitude aux personnes bienveil-lantes dont les remarques et les conseils m’ont été si utiles. delpJhinale, qui a bien voulu m’aider dans la préparation de mon itinéraire Je citerai surtout : M. Henri Ferrand, président de l’Académie et me communiquer sur le haut Dauphiné quelques-unes de ses notes ; M. Maignien, bibliothécaire du musée de Grenoble, M. Chabrand, et enfin M. Maurice Bergès, dont la complaisance fut infatigable. De nombreux ouvrages ont été consultés pour écrire ce livre... Je n’entreprendrai point d’en donner l’interminable liste. Voici seulement l’énumération des auteurs le plus souvent interrogés : A. Albert, Allemand, Guy Allard, Léon Barracand, Blanchet, Brunet, Chabrand, Champollion-Figeac, Chenavaz, Ulysse Chevalier, Nicolas Cho-rier, Colomb de Batines, Coolidge, Delachenal, Louise Drevet, Duhamel, Ardouin-Dumazet, Expilly, Faige-Blanc, Fauché-Prunelle, Henri Ferrand, Gautier, Gubian, Guiffrey, Paul Guillemin, Joanne, Lacroix, Ladoucette, Ch. Lory, Antonin Macé, Michelet, Niepce, Jules Ollivier, Pascal, Pilot de Thorez, A. Prudhomme, Raverat, Élisée Reclus, Émile Rémy, Jules Rey, Rochas, Roman, Roussillon, Sauret, Savigné, Stendhal, Taylor, Terrebasse, de Thou, Vitu, Whymper... e e e Les citations d’écrivains du XVI , du XVII et du XVIII siècle, groupées dans le chapitre XXI, ont été prises, pour la plupart, dans les ouvrages si abondamment documentés de M. Amédée Guérin et de M. de Crozals.
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Vallée de la Bourbre.
CHAPITRE PREMIER
De Lyonnais à Dauphinois. — Vieilles querelles. — La plaine de Saint-Fons et de Venissieux. — Saint-Priest. — Chandieu-Toussieu. — M. Pupil de Carabas. — La Bourbre. — Heyrieux, capitale de la cordonnerie dauphinoise. — La Seigneurie de Fallavier. — Monbaly. — Bourgoin et Jallieu. — Tous tisseurs. — Éloge du pot-de-vin. — J.-J. Rousseau à Bourgoin. — M. de Monciset, philosophe utopiste. — Thérèse. — La ferme de Montquin. — Le comte de Chatelard et Marie Stuart. — Poète amoureux d’une reine. — Les Balmes viennoises. — Crémieu. — Une page d’histoire du moyen âge. — Les Juifs à Crémieu. — A travers les escarpements des bords du Rhône. — La Grotte de la Balme.
yon vu de la grande chaussée de Perrache ; Lyon gigantesque, couché aux pieds de sa dame de Fourvière ; Lyon cravaté de EtLle Rhône, émeraude, avec aussi le brouillard sur ses bords ; brouillard... Et le pont qui le traverse, avec aussi le brouillard sur ses murailles d’appui ; Et les pêcheurs qui s’enracinent le long des rives, avec aussi le brouillard, car à peine distingue-t-on leur chapeau pagode et leur longue gaule, menue et tordue dans la brume comme un ver. Le brouillard partout. Brouillard tenace, brouillard anglais. ... Quand, soudain, le voilà disparaissant, ce brouillard, qui tout à l’heure nous noyait dans son flot cotonneux. Quoi ? déjà, si vite ? Le château de Saînt-Prîest
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Apprenez que nous sommes maintenant en Dauphiné — et que les Dauphinois laissent le brouillard aux Lyonnais. Chacun chez soi. Au ton sec et tranchant de ce début de chapitre, on a pu reconnaître qu’il existait entre les deux provinces de sérieux sujets de querelles. Sérieux, en effet. Venir reprocher à Lyon son brouillard, c’est presque de la cruauté. C’est reprocher à un infirme son infirmité, à un pauvre sa misère... Et pour que les Dauphinois manquent ainsi aux vertus chré-tiennes, il faut que les torts envers eux soient graves. Graves : ils le sont. La vérité, cependant, est qu’il y a eu, qu’il y a encore, des deux côtés, beaucoup d’intransigeance — un point d’honneur trop intraitable. Les Lyonnais sont fiers de la grandeur de leur ville. Ils ont raison. Les Dauphinois sont fiers de la hauteur de leurs montagnes. Ils ont raison. Et alors, s’ils ont tous deux raison, pourquoi ne pas s’entendre, en déclarant réciproquement que Lyon est une grande ville et que les montagnes du Dauphiné sont très hautes ? S’entendre ! Ah ! grands dieux ! que nous en sommes loin de ce sage équilibre ! Sachez donc qu’il ne s’écoule pas de jour, sans que les Lyonnais déclarent à tout venant que la Jungfrau est bien supérieure au Pelvoux, et que les cascades de l’Oisans ne sont que petites wallaces auprès de celles de la Suisse, et que les glaciers bernois, et que les sapins de l’Engadine, et que... Le moyen de rester calmes devant semblables affirmations ? C’est alors que les Dauphinois se font une arme des brouillards de la Saône — pour conclure malicieusement, dans leurs critiques, par un éloge ampoulé de Marseille, au préjudice de l’ancienne capitale des Gaules. Préférer Marseille, la rivale, la bête noire !.. Au fond, je suis sûr qu’on pardonnerait le « brouillard » — mais le brouillard augmenté de Marseille : c’en est trop. Et la discorde grandit. Où s’arrêtera-t-elle ? Quand s’arrêtera-t-elle ? Dans combien de siècles ? On ne sait pas. En attendant, sans en venir positivement à la guerre, les deux partis s’usent en escarmouches continuelles. Ils se « chinent », expression lyonnaise, ou « s’égougnent », expression dauphinoise. Ajoutons, pour être impartial, que les Lyonnais souvent triomphent dans cette lutte à coups d’épithètes, qui ne sont pas de pur classique. On les vit récemment écraser l’adversaire sous ce double choc : «Bar-douxetventres jaunes ». Bardoux et ventres-jaunes : ça ne veut pas dire grand’chose, ça ne veut même rien dire du tout. Mais c’est euphonique. L’outrage était sanglant. Les offensés ne voulurent point demeurer en reste. Ils cherchèrent à répondre — sans jamais, hélas ! pouvoir trouver l’équivalent. Et depuis cette époque, nous sommes tous un peu humiliés à Grenoble. Et nous cherchons toujours... Nous cherchons encore... quand le train, d’un seul tour de roue, passe
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Les restes de Fallavîer. la Rize — la Rize aux eaux noires et sales. La plaine dauphinoise, celle De Saint-Fons et de Venissieux, décrit sa circonférence. Peu accueillante, cette plaine, rugueuse, caillouteuse, terre rougeâtre. Dans le fond, des rideaux de collines basses qui la coupent en parallèles ; au premier plan, des routes blanches lisérées de haies maigrelettes, couvertes de pous-sière... Des champs qui se rangent en carrés, à peine interrompus, çà et là, par des fossés bourbeux et des peupliers semés comme des I sur une immense page. Saint-Priest montre bientôt sa grosse personne de bourg cossu, confor-tablement assise sur l’échine d’un mamelon. Saint-Priest, un peu intimidé par son château — quelque chose de froid, de compassé, de géométrique, le rêve d’un élève bien sage de l’École des beaux-arts : des lignes droites, ennuyées d’être si droites... oui, mais si distinguées, si aristocrates dans leur mutisme, avec ce petit donjon couronné de mâchicoulis, qui a l’air d’un petit toquet Henri III, posé sur la tête d’une vieille douairière. Et Chandieu-Toussieu, où perche encore un château, ancienne pro-priété de certain M. Pupil, qui vivait sous la Régence. Ne cherchez pas ce nom dansl’Armorial,M. PupilM. Pupil n’a aucun droit à la particule. descendait d’une famille de marchands ferratiers de Lyon. Peu d’aïeux, mais beaucoup de fortune — fortune qu’on dépensa, comme si on s’était appelé M. le marquis de Pupil, qu’on dépensa sans compter : en équipages, en maisons, en maîtresses, au jeu et à la table. Pupil de Carabas éclipsa par son luxe tous les seigneurs râpés de Paris et de Versailles. Ce que voyant, ceux-ci, admiratifs, lui décernèrent le titre de « milord ». Il fut le « lord » de Mions ! Inutile d’ajouter que milord de Mions mourut pauvre. C’était prévu — sinon par lui, du moins par nous.
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Le château de Monbaly.
Ce brave M. Pupil, s’il revenait en notre monde, combien il s’étonnerait de voir sa Bourbre, autrefois tant libre d’allures, presque errante — et aujourd’hui tant modeste et tant douce ! La belle fille — est-il permis de comparer, même en rhétorique risquée, une rivière à une belle fille ? — la belle fille se laissa persuader qu’elle serait bien plus belle encore dans l’ajustement d’un corset. Coquetterie qui lui coûte cher : la malheu-reuse, pour avoir voulu fleureter avec les ponts et chaussées, chemine maintenant, timide et pudique, et triste sous l’échevelis de ses saules, dans un canal fait sur mesure par un ingénieur très distingué. Les collines se joignent presque ; lacs et bois, villages et châteaux, ceinturent ces collines — les châteaux surtout — et c’est comme une vivante poussière d’histoire montant de leurs murailles croulées. Mais il manquerait quelque chose à tout cela qui s’épand dans l’abon-dance des champs, où la moisson se couche, il manquerait quelque chose, si nous n’avions là-bas, escaladant l’horizon, les montagnes du Bugey et de Chambéry, solides forteresses qui nous gardent. Au détour de la voie, Heyrieux grandit, puis se fixe autour de son parc de Serezin. Une odeur de cuir flotte. Nous sommes dans la capitale de la cordonnerie dauphinoise. Une grande rue où lespan, pan, panse multiplient... Etpan, pan, panetpour assouplir les formes, pan, pan, pan pour fixer la semelle. Ruche bourdonnante. A chaque embrasure de porte ou de fenêtre, la bonne silhouette du maître de céans se montre, la pipe à la bouche, les
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