A l'origine des écoles de commerce

Adrien Jean-Guy Passant

Description

Les Etats-Unis se voient généralement attribuer la paternité des écoles de commerce. Il est vrai que les plus prestigieuses y ont été ouvertes : Harvard ou la Wharton Business School. Toutefois, les écoles de commerce ne sont pas nées aux Etats-Unis, ni même au XIXe siècle. C'est en Europe, un siècle plus tôt, qu'elles émergent avant de se diffuser. Si l'Europe héberge les plus anciennes, c'est en France qu'est implantée leur doyenne : ESCP Business School. Fondée en 1819 par deux négociants, Germain Legret et Amédée Brodart, l'école a rapidement bénéficié d'une honorable réputation internationale. Acquise en 1869 par la Chambre de commerce de Paris, elle forme des générations de cadres d'entreprise, managers, leaders et entrepreneurs. Devenue multisite en 1999 (de Madrid et Londres à Varsovie), elle s'inscrit aujourd'hui en tête des écoles de commerce dans le monde.

Sujets

• Management
• Économie
• Gestion
• entreprises

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 24 août 2020
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782336906676
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright











© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.editions-harmattan.fr

EAN Epub : 978-2-336-90667-6
Titre

Adrien Jean-Guy PASSANT






À l’origine des écoles de commerce : ESCP Business School, la passion d’entreprendre

Préface de Philippe Houzé, président du conseil d’administration ESCP

Postface de Frank Bournois, directeur général ESCP
Dédicace

À Jeanne Passant,
sans qui ce livre n’aurait pas vu le jour.
P RÉFACE
Celle qui fut l’École spéciale de commerce de Paris, aujourd’hui ESCP, fête ses 200 ans !
Elle aura traversé sept régimes politiques, deux guerres mondiales, trois révolutions, la décolonisation, plusieurs crises économiques…
Elle aura aidé à transformer l’industrie, le commerce et le monde de l’entreprise par la qualité son enseignement.
Elle figure aujourd’hui en très bonne place dans le classement mondial des business schools et ne cesse d’innover en matière de développement managérial et interculturel.
Cette résilience, elle la doit à des générations d’entrepreneurs, de professeurs, d’étudiants, de diplômés qui se sont succédé dans les murs des différents établissements que nous avons occupés.
Soyons fiers mais restons humbles devant un tel succès et regardons ouvertement les défis qui nous guettent.
Les jeunes générations de participants seront confrontées à la transformation de l’entreprise pour savoir gérer la révolution numérique.
Les modes de management, les rapports hiérarchiques, le cadre de travail, la raison d’être de l’entreprise, tout cela évolue à grande vitesse et c’est notre responsabilité que de former les jeunes à s’y intégrer et à y prospérer.
En 1819, c’est déjà un groupe d’entrepreneurs, comme ils se sont dénommés, qui fonda l’école en créant un enseignement fondé sur la méthode des cas pour aider au développement des affaires.
Par la suite, l’école s’est dotée d’une taille critique sur le marché européen et international des formations supérieures en management.
En 2018, ESCP a changé de statut, elle a acquis son autonomie. Elle est prête à s’ériger comme un modèle à vocation mondiale.
Un véritable challenge nous est lancé et nous saurons y faire face comme nos anciens et nous-mêmes avons déjà su répondre à ceux auxquels nous avons été confrontés ces 200 dernières années !
Philippe Houzé Président du Conseil d’Administration ESCP
I NTRODUCTION
Lors du discours de fin d’année du 27 juin 1821, le député et manufacturier Guillaume Ternaux, s’adressant aux élèves de la jeune École spéciale de commerce, se réjouissait 1 :
« Amant passionné de la profession à laquelle j’ai sacrifié tous les moments de ma vie, il m’est bien doux, messieurs, de rendre justice aux vues éclairées et patriotiques du fondateur de cet établissement, et de voir en vous une pépinière de jeunes élèves destinés à porter à un degré inconnu, jusqu’à nos jours, la gloire de notre industrie et de notre commerce. »
Près de deux siècles plus tard, la vision de Guillaume Ternaux semble bien s’être accomplie. L’école, rebaptisée « ESCP », ne compte plus les grandes figures du commerce et de l’industrie, mais aussi de la politique, des médias, des sports, des lettres ou des arts qui sont passées en ses murs 2 . Le bicentenaire que l’école ESCP a célébré à la fin de l’année 2019 est loin d’être une commémoration anodine. Ce bicentenaire rappelle une date mémorable qui n’est pas seulement celle de la création d’une école de commerce devenue, au fil de péripéties innombrables, la doyenne de toutes les écoles de commerce au monde. 2019 marque surtout le deux-centième anniversaire d’une ère nouvelle, celle qui a vu émerger durablement l’enseignement commercial – que l’on connaît aujourd’hui sous l’appellation d’« enseignement de la gestion ».
Si la pertinence d’un tel enseignement est aujourd’hui indiscutable, tel n’était pas le cas à l’époque, loin de là. Les hommes et les femmes qui venaient de traverser la bourrasque de la période révolutionnaire étaient en grande partie imprégnés des préjugés de l’Ancien Régime ou encore fanatisés par l’éblouissante épopée impériale. Les carrières militaires, ecclésiastiques, politiques ou encore scientifiques étaient fort prisées ; de même que les carrières plus libérales dans la médecine ou dans l’avocature. La voie d’accès aux formations d’élite passait immanquablement par l’enseignement dit « classique ». En revanche, les professions commerciales n’étaient pas du tout socialement valorisées. En outre, l’appareil d’État, en matière commerciale, sans être inexistant, était encore fort réduit à l’époque.
En effet, le jeune Code du commerce (1807) ne comptait guère que soixante-dix pages à la fin des années 1810 – loin des trois-mille pages actuelles – tandis que – fait révélateur – aucun ministère de l’Économie, des Finances ou du Commerce n’existait alors 3 . Dans ces conditions, l’enseignement qui préparait à ces professions n’était pas formellement constitué ; l’apprentissage du commerce se faisait alors majoritairement sur le tas et n’était alors pas envisagé comme un levier de reprise économique.
Dans ces circonstances, l’intuition qui a guidé Germain Legret et Amédée Brodart fait d’eux des précurseurs à part entière d’un enseignement appelé à connaître bien plus tard un essor considérable. L’école qu’ils ont fondée en 1819 est fort différente de celle qui se présente à nous à ce jour, indéniablement. Les évolutions qu’elle a traversées – et que retrace le présent ouvrage – nous apprennent que la plupart des étapes franchies avec succès – et qui aujourd’hui paraissent évidentes –, à l’instar de sa reconnaissance par l’État, de son élévation au rang d’établissement d’enseignement supérieur, de l’instauration de la mixité scolaire, ou de l’ouverture de campus européens, n’ont pu être obtenues que très progressivement sur deux siècles. Les cycles d’évolution dans le secteur de l’enseignement, quel qu’il soit, sont en effet, par nature, longs et lents. Si le chemin parcouru est déjà considérable, il est cependant encore loin d’être achevé. Pascal ne représente-t-il pas l’humanité comme un individu qui apprend toujours et se renouvelle sans cesse ?
Certes, depuis le dix-neuvième siècle, une grande partie de l’opinion publique a immanquablement déjà entendu parler de ESCP, quoique ce soit sous des appellations diverses : « École supérieure de commerce de Paris », « ESCP », « Sup de Co Paris » ou encore « ESCP-EAP » 4 . Toutefois, cet établissement est sans doute trop connu pour être véritablement bien connu. Si cette école est généralement considérée comme une école de commerce parmi les meilleures de France et d’Europe, ses évolutions n’ont encore jamais été perçues dans leur ensemble depuis sa création en 1819.
Étonnamment, peu d’études longitudinales ont été publiées sur l’histoire de cette singulière école. Parmi elles, plusieurs travaux abordent partiellement certaines périodes du passé de ESCP 5 . Les seuls écrits qui tentent d’aborder in extenso l’histoire de l’école depuis sa fondation sont au nombre de trois. Ils ont été rédigés soit pour le compte de l’Association des anciens élèves de l’école 6 , soit pour celui de la direction de celle-ci 7 . S’il faut rappeler que ces ouvrages ont été publiés pour des cérémonies particulières – l’inauguration des nouveaux locaux de l’école en 1898 puis les célébrations de son centenaire en 1920 et de son cent-soixante-quinzième anniversaire en 1994 –, force est de constater que leurs analyses, parfois incomplè