Consultant - Un métier de Ouf !
184 pages
Français

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Consultant - Un métier de Ouf ! , livre ebook

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Français

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Description

différencie ton marché.

Si tu ne peux pas différencier ton marché,

différencie-toi toi-même.

Et si tu ne peux pas faire ça non plus,

choisis un autre job."


"Désormais, ce sera juste toi, tes clients et les impôts."


Consultant : esclave textuel de son blog


Le costume est au consultant ce que la croûte est au fromage, ça ne sert à rien mais c’est primordial.


La recommandation est au consultant ce que le logo est à la paire de baskets : ça ne sert à rien pour courir mais ça fait toute la différence.


Le problème du consultant consiste à équilibrer intelligemment l'étalage de son savoir (forcément inépuisable), l'énergie de sa prestation (évidemment passionnante) et la frustration de ses clients. Ils doivent sentir que le consultant a beaucoup plus à donner (vendre, pardon) que son numéro de claquettes : des leçons de claquettes, des chaussures de claquettes, du ressemelage de chaussures de claquettes, de la locations de salles de claquettes, des parquets pour équiper les salles de claquettes, etc., etc., etc.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 mai 2011
Nombre de lectures 92
EAN13 9782818802328
Langue Français

Extrait

: Consultant, un métier de ouf
Benjamin Chaminade
Consultant, un métier de ouf
Benjamin Chaminade est un entrepreneur franco-australien qui s’est fait connaître en France par ses travaux sur la Génération Y et le « Shift ». Dans ce livre, il remet en question son métier de consultant pour aider ceux qui souhaitent suivre cette voie à identifier leur offre, comprendre leur différence, sortir du « copier-coller » et développer de nouvelles sources de profits.
Il peut être joint à l’adresse suivante :
benjamin.chaminade@maxima.fr
192, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
Tél. : +33 1 44 39 74 00 - Fax : + 33 1 45 48 46 88
© Maxima, Paris, 2011.
ISBN : 978 284 001 675-5
ISBN PDF-Web : 978281880232 8
ISBN e-pub : 978281880233 5
infos-nouveautés : www.maxima.fr

Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits...

Introduction
Ê
tre « indépendant », freelance en français, que l’on soit designer, développeur, formateur, expert, traiteur à domicile ou consultant en apiculture1, c’est d’abord changer de voie et sortir du cadre habituel de la sécurité du salariat, lequel nous est présenté comme inéluctable à l’école. Ok, je te l’accorde, cette sécurité devient de plus en plus relative.
Mais passer du salariat à l’indépendance c’est aussi et surtout changer d’état d’esprit. Terminé la description de poste claire et précise ! Terminé le boulot flou et sans réel impact sur les clients de sa boîte ! Terminé la certitude du chèque en fin de mois et la garantie des 18 mois d’Assedic en cas de licenciement !
Bienvenue dans un monde où il faut se renouveler sans cesse pour trouver de nouveaux clients, pour garder le plus longtemps possible ceux qui t’ont fait confiance, ou tout simplement pour toujours devancer tes concurrents qui à coups de tweets2 et de posts sur leur blog s’approprient tes idées en deux clics. Oui, même si tu es consultant en apiculture.


Devenir « libre » c’est aussi prendre des risques. Fini les prêts bancaires avant ta troisième année d’activité, exit les propriétaires prêts à te louer leur appart après lecture de ta feuille de paie (souviens-toi, tu n’auras plus de feuille de paie, à moins de passer par une société de portage qui te prendra 10 % de ton...
1.
Une histoire expresse
du consulting
C
’est Charles, le freelance désespéré1 qui a identifié le premier consultant de l’histoire, après des recherches méthodiques et une bonne bière : Socrate !
Et ce n’est pas stupide du tout considérant que :
1. Son but était d’aider les gens à s’améliorer alors qu’il n’a jamais fait la démonstration qu’il en était capable ;
2. Il passait son temps à poser une tonne de questions, à tout bout de champs ;
3. Lorsqu’on l’interrogeait sur quelque chose d’un peu trop précis il répondait soit par une question, soit en disant « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais pas » ;
4. Il laissait toujours ses « clients » parler les premiers, ainsi il n’a jamais été pris en flagrant délit de dire des âneries ;
5. Il était trop fainéant pour écrire, il a donc laissé à son stagiaire, un certain Platon, le soin de dactylographier au burin les rapports des focus groupes qu’il organisait ;
6. Il a commencé à utiliser des termes incompréhensibles pour le commun des mortels, comme « dialectique » ;
7. Il utilisait beaucoup de mots en langue étrangère pour paraître plus intelligent qu’il ne l’était et embrouiller ses interlocuteurs afin de les garder sous sa coupe ;
8. Il avait beaucoup de détracteurs affirmant qu’il était un charlatan aux idées bizarres. Ils ont d’ailleurs fini par avoir sa peau car il n’avait pas de blog ni de compte Twitter avec assez de followers pour signer des pétitions online ou organiser des flashmobs de protestation.
La seule différence entre Socrate et un consultant moderne c’est qu’on ne sait pas s’il était payé pour ses services. Soit il a oublié d’y penser, le distrait, soit le montant de ses honoraires s’est perdu.


Pour trouver un autre consultant aussi célèbre, il faudra attendre le début du XVIe avec Leonard de Vinci. Premier consultant international qui comptait des princes régnants et des rois parmi ses clients. Ce qui évite toujours les problèmes de mauvais payeurs et de trésorerie.


Selon certains, il se serait inspiré de ses contemporains pour ses travaux et le Codex serait en fait une agrégation de savoirs pillés chez les autres. Ce qui ferait du Codex le premier blog de l’histoire. Avouez que cette info vaut bien à elle seule le prix de ce bouquin !


Passons rapidement sur les Eminences Grises de Louis XIII et les courtisans de Louis XIV. Métiers plus ou moins indépendants qui demandaient d’avoir une véritable culture de réseau pour trouver des clients. Avec une espérance de vie de 35 ans, mieux valait ne pas faire d’études trop poussées, cela n’aurait pas laissé beaucoup de temps pour cumuler des trimestres d’une retraite aussi courte que méritée.
Arrive enfin le début du XXe siècle et Frederick Taylor avec son livre : Principles of Scientific Management. C’est en 1913 qu’il connaît son apogée professionnelle avec les premières applications de ses théories par Ford. Il utilisa pour la première fois cette phrase reprise depuis par des millions de consultants : « Nous plaçons l’être humain au centre de l’organisation ». Bon, avec des chaînes et des cadences imposées mais au centre, ça compte, non ? Taylor ne vit pas se réaliser son rêve de transformer les hommes en outils de production « qui respirent » car malheureusement il décéda en 1915. Sans savoir qui avait gagné la partie commencée en 1914.
Et nous voilà dans l’ère moderne avec les Bain, McKinsey, Boston Consulting Group et consorts et leurs armées de zombies en costume gris, chemise bleue et cravate à rayures. Voilà l’ère des gourous, de Peter Drucker à Seth...
2.
Devenir consultant ? La liberté de l’auto-esclavage
10 bonnes raisons pour devenir consultant
T’as tout compris, devenir consultant c’est un rêve qui devient réalité mais qui ne va pas te réconcilier avec ton beau-frère celui qui est banquier, souviens-toi (ou fonctionnaire, ne soyons pas sectaire). Il faut le reconnaître, il y a quand même des métiers plus durs ou plus stupides. Voici donc quelques raisons positives de devenir consultant.
Prendre sa vie en main
Le travail salarié ne semble pas aller dans le sens de l’Histoire. Depuis les 35 heures (période bénie pour les métiers du conseil), les entreprises nous parlent d’employabilité tout en nous encourageant à prendre notre carrière1 en main car elles n’ont plus aucune visibilité sur l’avenir. Ne pense pas que ta performance, même répétée, ou ta compétence, même reconnue, sont les moyens de sécuriser ton job. Dans les années 70, dans le nord de la France, il y avait plein de mineurs très performants et très compétents.
Ne pas se fatiguer l’esprit
Tant que tu ne rentres pas dans la catégorie des « experts »2, il te suffira d’appliquer des procédures ou des idées que tu auras trouvées dans les bouquins que tes clients ont oubliés (de lire). Tu pourras aussi reprendre les procédures que tu utilisais dans ton entreprise précédente et qui seront up to date lorsque tu les auras traduites en anglais : competency framework, life management, e-business, social learning, etc. En plus, en appliquant les mêmes process d’une entreprise à l’autre, tu pourras te rendre chez ton client les mains dans les poches. S’il te demande de résoudre un problème nouveau, sache que ce n’est pas toi qui possède les solutions mais les salariés de ton client bien sûr ! Et heureusement pour toi tu es le seul à les écouter.
Bottom-line (profites-en pour apprendre le jargon) : tu diras aux autres ce qu’ils doivent faire tout en évitant de faire le travail toi-même. Enjolive la vérité, trouve une explication foireuse que tu pourras étayer par des chiffres si tes erreurs commencent à se voir et écris sans faute d’orthographe : voilà les seules compétences dont tu as vraiment besoin pour commencer.
Travailler si tu veux, quand tu veux, avec qui tu veux, où tu veux mon neveu
Te voilà maître de ton agenda. Pas envie de te lever : dis à ton client que tu as la grippe. Ce sont les soldes : préviens que tu dois terminer un dossier urgent pour le ministère de l’Intérieur. Une flemme passagère : invente une intervention à l’étranger dans une ville au nom exotique.
Si tu es un aficionado des réseaux sociaux, tu pourras te connecter quand tu veux, actualiser ton profil Facebook 10 fois par jour ou écrire une centaine de tweets en y passant la journée sans avoir à te planquer pour le faire comme un salarié.
Tu changeras de lieu de travail tous les jours et d’activités toutes les 10 minutes. Au moins, pas de routine et peu de risque de te mettre à travailler... de tes mains.


Et si tu arrives à faire partie des consultants les plus occupés, les rares à avoir une activité stable d’un trimestre sur l’autre, tu pourras même te payer le luxe de choisir tes clients. Ce qui n’a pas de prix.
Ne plus perdre son temps à être « sympa »
Tu pourras t’amuser à changer de...
3.
Avant de trouver ton premier client, un peu de préparation s’impose
Tu commences à le comprendre, devenir consultant c’est d’abord bluffer1. Si BS signifie Bullshit en anglais, en français cela signifie « Bien Sûr !»
Bien Sûr que le dernier chèque que tu as touché ne provient pas du Pôle Emploi ou du RSA. Bien Sûr qu’il n’y a pas de membre de ta famille dans les références que tu présentes sur ton blog. Bien Sûr qu’il n’y a aucun stage dans les expériences professionnelles de ton CV. Bien Sûr que ton agenda est surbooké ! Bien Sûr !
Pour créer un lien de confiance dès le premier rendez-vous avec ton client, il va falloir un peu de préparation pour te transformer, voire te déguiser, en consultant.
Soigner tes apparences dans le monde réel
Tenue : le costume est au consultant ce que la croûte est au fromage, ça ne sert à rien dans la pratique mais c’est primordial.
La règle est étrange mais pourtant aussi mathématique que scientifique : plus le consultant est mal habillé (costume Brice ou Old River et chemise siglée Célio par exemple) moins il inspire confiance, moins il travaille et plus ses honoraires sont bas. Et pourtant, plus il est compétent !


À l’opposé, plus le consultant est bien habillé (costume trois pièces, cravate et pochette assorties, ou tailleur de marque et talons aiguille) plus il y a de chances qu’il cherche à masquer son manque de compétence.


Pas facile de viser le juste milieu.


Inutile de te le cacher, il va falloir investir. Tu n’es plus un salarié payé au lance-pierre et au mois ! Tu es rémunéré à l’heure (ou à la valeur que tu apportes) ! Voire à la demi-journée ou à la journée. Bref, tu es un concentré de salarié ou un « un hyper salarié ». Ce qui signifie que ton client doit sentir qu’il en a déjà pour son argent rien qu’en te regardant entrer dans son bureau. Tout est dans le juste équilibre, il ne devra pas s’imaginer que tu es trop cher ni que tu puisses le mettre en difficulté par l’étendue immense de tes connaissances.


Stylo : oui, stylo. Et ce n’est pas un simple détail. As-tu déjà remarqué que les vrais beaux stylos disparaissent et sont remplacés par des stylos billes, le plus souvent publicitaires. Il y a deux raisons scientifiques à cela :
les gens ont le mauvais goût de ne plus avoir les moyens de perdre un stylo à 500 euros ;
les stylos billes ne sont jamais à court d’encre. Ils disparaissent avant.
Je me suis toujours demandé où ils allaient ces stylos que l’on perd. Pour éviter ce désagrément et montrer à ton client que tu ne pilleras pas son armoire à fournitures, tu penseras à apporter ton propre stylo, un Waterman si tu interviens dans une banque, un Mont-Blanc en RH ou un Cross en technologie. Si tu ne sais plus écrire un Ipad fera l’affaire.


Agenda : que ce soit un iPhone, un Blackberry ou un Fil-o-fax, il a son importance. Si tu interviens dans le monde si féminin des technologies, l’idéal est bien sûr d’avoir un iPhone ou un HTC, même si tes clients sont d’une génération pour qui l’agenda papier reste la règle. Dans ce cas-là, il n’est peut-être pas inutile de faire comme eux, histoire de ne pas dévaloriser ton client et de lui montrer qu’il n’a pas cinq ans de retard mais sans doute dix d’avance.
Petit conseil, si tu optes pour l’agenda papier, utilise les dates vides de ton emploi du temps pour prendre des notes. C’est plus simple puisque tu l’as toujours avec toi et surtout, si tu l’ouvres devant un client, il verra que tu es absolument surbooké. Mets-toi à la place du client curieux qui te regarde ouvrir un agenda sur des pages vides. Est-ce que tu vas souvent dans des restaurants aussi vides ?


Téléphone : sans hésiter, fonce sur un iPhone ou un Blackberry. Cela ne te donnera pas vraiment une image d’originalité mais au moins tu montreras que tu es au top de la technologie. En plus, si tu donnes régulièrement des conférences cela te permettra de piloter ton ordinateur pour faire défiler les slides et de faire des parties de folie sur « Tap tap Revenge » ou « Doodlejump » pendant les pauses ou en attendant ton client en salle d’attente.


L’ordinateur : tout dépend de ton secteur. Le Mac a malheureusement perdu son côté différent pour devenir commun mais reste préférable autant que possible à un PC habituel. Par commodité, par usage ou parce que tu sais te servir d’un vrai ordinateur, un Sony Vaio ou un ASUS feront très bien l’affaire. N’oublie pas que ton ordinateur sera ton compagnon de vie, pour rédiger des rapports qui déchirent, présenter des slides super sexy et regarder dans le train le dernier film que tu auras piraté sur Torrent.


La voiture : absolument inutile dans les grandes villes, le métro ou le vélib faisant très bien l’affaire, elle est primordiale si tu interviens en province, en région ou en banlieue (tout ce qu’il y a au-delà du IIe arrondissement si tu es...
4.
Quel type de consultant veux-tu devenir ?
Bien sûr, c’est un peu facile de « tacler » le consultant qui surfe sur la dernière tendance pour gagner sa vie en le traitant de looser. Pendant que tu y es, tu peux ajouter sur ta liste de loosers :
les salariés qui se contentent de suivre les idées qu’on leur donne au lieu de les trouver par eux-mêmes ;
les managers à l’ego surdimensionné mais à l’avenir incertain qui pensent que faire appel à un des « big four » du consulting fera d’eux des gens importants.
Les formateurs qui répètent toujours les mêmes choses, et enfin, oui,
les consultants qui donnent toujours les mêmes conseils en faisant croire à leurs clients qu’ils les ont inventés juste pour eux.
Il y a grosso modo trois sortes de consultants : les « pionniers », les « experts », les « opportunistes » et les « employés ». Ça fait quatre ? et alors ? Je suis consultant, pas comptable (il faut des diplômes).
Les pionniers
Les pionniers sont des gens inventifs qui créent de nouveaux axes de conseil pour trois raisons principales :
ils pensent que les conseils habituels ne sont plus adaptés à la situation ;
ils sont tellement loin devant les préoccupations de leurs clients qu’ils arrivent à voir les problèmes que ceux-ci vont prochainement rencontrer mais dont ils n’ont pas encore conscience. Cela signifie que les pionniers n’auront personne pour acheter leur concept pendant plusieurs années, le temps que leur vision devienne une réalité pour leurs clients ;
ils se disent que le meilleur moyen de se vendre est de le faire sur la base d’une nouveauté, ce qui les dispense de se taper toute la littérature existante sur un thème et de rentrer en compétition avec ceux qui la maîtrisent déjà, et ce qui leur permet de se faire connaître des journalistes toujours avides de news ;
ils sont parfois issus de l’université et les préoccupations de l’entreprise ne les préoccupent pas autant que de montrer leur intelligence.
Ce qui les motive, c’est de savoir s’ils ont raison ou pas, de changer les choses et surtout, surtout, que l’on parle d’eux.


L’intérêt du pionnier est :
d’être reconnu comme le premier à avoir parlé d’un sujet en espérant qu’il devienne rapidement à la mode pour être relayé par les journalistes. Les plus sérieux étant 6 à 12 mois en avance sur l’application de leur concept dans le monde de l’entreprise, il n’est pas rare que le pionnier fasse appel à ses souvenirs plutôt qu’à son travail actuel lorsque, enfin...
5.
Développe ton expertise
Développer une expertise peut demander entre deux mois et dix ans. Tout dépend de la méthode utilisée et du secteur dans lequel tu sévis.
Comme tu n’as pas que ça à faire, voici les 4 grandes étapes d’une carrière de freelance :
se positionner,
évangéliser,
profiter,
dégager !
Se positionner : d’incompétent notoire à expert instantané
Devenir expert aujourd’hui ne se mesure plus à la somme de tes diplômes ou à la qualité de ton travail. Ça se saurait ! En plus, être un expert n’a pas la même signification partout dans le monde. En français, l’expert est celui qui a tout lu. En anglais, l’expert est celui qui a tout vu. Et en fin de semaine, l’expert est souvent celui qui a tout bu.


Aujourd’hui, les consultants qui travaillent le plus, les experts que l’on voit le plus souvent aux infos, ne sont pas les plus compétents. Ce sont ceux qui ont le meilleur réseau d’amis et la meilleure visibilité sur le net… bon, et qui parlent anglais. Ça aide. Prenez Sébastien Chabal, est-ce le meilleur joueur de l’équipe ? Non, mais c’est celui qui est le plus visible, charismatique, poilu, différent… (biffe les mentions inutiles).


Pour devenir un expert et générer une activité lucrative en quelques mois, voici quelques conseils que tu peux suivre à tes risques et périls.
Trouve ta niche d’expertise
Il y a quelques années, pour devenir un expert en Europe, il fallait d’abord se rendre aux Etats-Unis et sélectionner des bouquins « tendance » chez Barnes & Noble, la célèbre chaîne de librairies. La sélection faite, il suffisait de connaître assez d’anglais pour les comprendre et les adapter à ta sauce.


Désormais, les choses sont tout à la fois bien plus simples et beaucoup plus compliquées.


C’est plus simple car il suffit de se rendre sur www.amazon.com pour identifier le dernier bouquin à la mode en regardant le classement des meilleures ventes. Encore mieux, tu peux aussi t’inspirer du palmarès des best-sellers du New York Times1. De là, tu te rendras sur le blog de l’auteur pour commencer à exploiter ses idées. Tu pourras ensuite acheter son livre et utiliser le traducteur de Google pour en récupérer le contenu que tu aménageras et publieras sous ton nom. La France étant considéré comme le Tiers monde et 0,000001 % des auteurs étrangers parlant français, tu as plus de chance de gagner au loto que de te faire gauler. Mais attention, il faut reconnaître que simplement traduire en français un texte trouvé en anglais sur le net est de plus en plus aléatoire et dangereux : le risque de se faire dénoncer par un concurrent déçu que tu l’aies devancé augmente chaque jour.


En bloguant immédiatement tes trouvailles tu bénéficieras d’une avance que tes concurrents (qui savent aussi lire l’anglais ou qui achèteront la version traduite du livre lorsqu’elle sera publiée en français) auront du mal à combler. Notamment dans la course au meilleur classement de Google.
L’objectif est d’être le premier à publier sur un sujet pour grimper en tête des résultats de recherche sur Google pour les mots clés que tu auras sélectionnés.


C’est aussi plus compliqué : trouver sa niche est aussi simple que compliqué car les idées circulent de plus en plus vite avec Google et Twitter. En plus, tous les freelances ont compris que visibilité = business. Il faut d’abord entrer chez le client avant de chercher à y rester. Les idées sont aujourd’hui à tout le monde et se partagent.


Mon conseil : apprends le punjabi si tu es informaticien, le néerlandais si tu bosses dans le management ou le swahili si tu es curieux. Tu pourras traduire des articles issus de ces langues en toute impunité.
Deviens un chat de la copie ou un copycat !
Alors là, il va falloir te déconditionner radicalement et oublier ce que ta maîtresse (d’école, pas celle que ta femme aimerait bien retrouver pour lui casser la tête) t’a rabâché lorsque tu étais en culottes courtes : ON NE COPIE PAS.


Ben voyons. Je n’ai même pas besoin de te parler de téléchargement illégal. La copie est la base même de notre culture ! Prends cet exemple, relevé par Georges Tourrenc2 :
La distance standard entre deux rails de chemin de fer aux Etats-Unis est de 4 pieds et 8,5 pouces ! Pourquoi donc cet écartement a-t-il été retenu ?
Parce que les chemins de fer américains ont été construits de la même façon qu’en Angleterre, par des ingénieurs anglais expatriés, qui ont pensé que c’était une bonne idée car ça permettait également d’utiliser des locomotives anglaises.
Pourquoi les Anglais ont-ils utilisé cet écartement ?
Parce que les premières lignes de chemin de fer furent construites par les mêmes ingénieurs qui construisirent les tramways, pour lesquels cet écartement était utilisé.
Pourquoi les lignes de tramways utilisaient-elles cet écartement ?
Parce que ceux qui les construisaient étaient les mêmes que ceux qui construisaient les chariots et qu’ils ont utilisé les mêmes méthodes et les mêmes outils.
Pourquoi les chariots utilisaient-ilscet écartement ?
Eh bien, parce que partout en Europe, les routes avaient déjà des ornières et qu’un espacement différent aurait causé la rupture de l’essieu des chariots si l’écartement des roues avait été différent.
Pourquoi ces routes présentaient-elles des ornières ainsi espacées ?
Parce qu’elles datent du temps des Romains qui les tracèrent pour accélérer le déploiement de leurs légions.
Pourquoi les Romains ont-ils retenu cet écartement ?
Parce que les chariots de guerre romains étaient tirés par deux chevaux harnachés côte à côte et qui devaient être suffisamment éloignés l’un de l’autre pour ne pas se gêner. Parce que, par ailleurs, pour assurer une meilleure stabilité du chariot, les roues ne devaient pas se trouver dans la continuité des empreintes de sabots ni être trop espacées au risque de provoquer des accidents lorsque deux chariots se croisaient.
Appelle ça benchmark, évolution naturelle ou veille stratégique, il ne s’agit que d’un enchaînement logique d’ingénieurs copiant les uns sur les autres et qui nous emmène à une seule conclusion : l’espacement des rails du chemin de fer américain est dû à la création du char de guerre romain.


Nous vivons dans le monde du copier-coller. Plus on nous met la pression, plus on privilégie la quantité d’informations à présenter à son chef ou à son client (les fameux rapports de consultants) et moins on peut se concentrer sur l’originalité du contenu. On copie, on mixe, on mélange, on panache ou on assemble, en tout cas on n’invente plus. Ou alors de nouveaux moyens de se couvrir et/ou de ne pas se faire prendre. Et tu penses peut-être que ça change parce que nous sommes en train de vivre une renaissance digitale basée sur les...
6.
Le client
Commençons par une règle d’or du consultant pressé :
Tu n’as pas besoin de clients pour vivre ! Enfin, c’est ce que doivent penser tes clients potentiels qui seront plus rassurés d’avoir du mal à te faire travailler pour eux que si tu leur proposes un rendez-vous dans l’heure où ils t’appellent !
Trouve ton premier client
Après avoir créé gratuitement ton blog avec www.wordpress.com ou www.blogger.com ou, tout aussi gratuitement, ton site Internet avec www.joomla.com, ou simplement mis en ligne un CV sur www.doyoubuzz.com et mis en valeur ton expérience « rare et recherchée », il est temps de passer à l’action.
Un consultant sans client c’est un think tank ou un prof de business school
Le conseil ne se vend pas, il s’achète, donc ne t’emballe pas avec le téléphone et le Kompass. Plutôt que de « taper dans le dur » et appeler des gens qui n’ont pas le temps de t’écouter, commence plutôt par envoyer des emails dans lesquels tu présenteras ton offre et toi-même.
L’objectif de ces messages ne sera pas de te vendre, pas encore. Il va falloir être plus fin que ça. Ton but sera de demander à tes contacts ce qu’ils pensent du service que tu proposes : est-il adapté au marché, est-il compréhensible, est-il proposé au bon prix ? etc. Demande-leur d’être honnête, même si tu te fous de leur réponse car tu es persuadé d’avoir la meilleure idée du monde au meilleur prix.
L’objectif est de commencer une conversation avec eux en les mettant dans la position du « maître ». De celui qui sait et vers qui on se tourne pour demander « guidance » pour reprendre le terme que tu vas très souvent utiliser durant ta carrière de consultant.
Montre-leur ensuite que tu les écoutes (malgré tout) et que tu appliques leur conseil. L’objectif est de valoriser leurs idées sur l’air de « que ferais-je sans vous !? » Il n’y a pas loin que voyant leurs idées écoutées et appliquées, ils t’aident à rencontrer les gens dont ils pensent qu’ils pourraient être potentiellement intéressés par toi ou tes services.
En plus, une fois cette conversation débutée, tu auras l’occasion de leur demander de travailler pour eux (peut-être pour rien) et d’obtenir les premières recommandations qui te donneront la légitimité dont tu as besoin.


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