Enfance et écologie

Muriel Allaert-Degunst

Description

L'auteur, ancienne experte dans le contentieux judiciaire familial, nous livre ici des fragments de témoignages auxquels elle a été confrontée. Elle part d'un constat : la libéralisation des moeurs conjugales contraignent à ce jour des enfants à une dérégulation vécue dans la douleur au nom du droit... de leurs parents. Cet ouvrage est le fruit d'une sélection, dans les piles de conclusions rédigées à l'attention des juges, quelques cas de conflits parents-enfants parmi les plus typiques. Non les plus dramatiques. Des petites histoires qui résument le grand malaise des enfants.

Sujets

• Droit
• Travail social
• JUSTICE

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2009
• Nombre de lectures: 41
• EAN13: 9782296678965
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

E NFANCE ET ÉCOLOGIE
Quelle relation durable ?
Collection « L’esprit économique »
fondée par Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis en 1996
dirigée par Sophie Boutillier, Blandine Laperche, Dimitri Uzunidis

Si l’apparence des choses se confondait avec leur réalité, toute réflexion, toute Science, toute recherche serait superflue. La collection « L’esprit économique » soulève le débat, textes et images à l’appui, sur la face cachée économique des faits sociaux : rapports de pouvoir, de production et d’échange, innovations organisationnelles, technologiques et financières, espaces globaux et microéconomiques de valorisation et de profit, pensées critiques et novatrices sur le monde en mouvement…
Ces ouvrages s’adressent aux étudiants, aux enseignants, aux chercheurs en sciences économiques, politiques, sociales, juridiques et de gestion, ainsi qu’aux experts d’entreprise et d’administration des institutions.
La collection est divisée en cinq séries : Economie et Innovation, Le Monde en Questions, Krisis, Clichés et Cours Principaux.
Dans la série Economie et Innovation sont publiés des ouvrages d’économie industrielle, financière et du travail et de sociologie économique qui mettent l’accent sur les transformations économiques et sociales suite à l’introduction de nouvelles techniques et méthodes de production. L’innovation se confond avec la nouveauté marchande et touche le cœur même des rapports sociaux et de leurs représentations institutionnelles.
Dans la série Le Monde en Questions sont publiés des ouvrages d’économie politique traitant des problèmes internationaux. Les économies nationales, le développement, les espaces élargis, ainsi que l’étude des ressorts fondamentaux de l’économie mondiale sont les sujets de prédilection dans le choix des publications.
La série Krisis a été créée pour faciliter la lecture historique des problèmes économiques et sociaux d’aujourd’hui liés aux métamorphoses de l’organisation industrielle et du travail. Elle comprend la réédition d’ouvrages anciens, de compilations de textes autour des mêmes questions et des ouvrages d’histoire de la pensée et des faits économiques.
La série Clichés a été créée pour fixer les impressions du monde économique. Les ouvrages contiennent photos et texte pour faire ressortir les caractéristiques d’une situation donnée. Le premier thème directeur est : mémoire et actualité du travail et de l’industrie ; le second : histoire et impacts économiques et sociaux des innovations.
La série Cours Principaux comprend des ouvrages simples, fondamentaux et/ou spécialisés qui s’adressent aux étudiants en licence et en master en économie, sociologie, droit, et gestion. Son principe de base est l’application du vieil adage chinois : « le plus long voyage commence par le premier pas ».
M uriel A LLAERT- D EGUNST


E NFANCE ET ÉCOLOGIE
Quelle relation durable ?


L’H ARMATTAN
A Charlie


Photos : Muriel ALLAERT-DEGUNST


© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
[e-mail]

ISBN : 978-2-296-09183-2
EAN : 9782296091832

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
PROLOGUE
« Le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi, la société n’est qu’un rêve de prédateur. » {1}


Ce sont des fragments que je vous propose de lire.
C’est souvent sous cette forme que nous revient l’enfance.

D’abord un petit essai. A l’aune de mon vécu d’enseignante de ZEP, de mère de famille, d’expert auprès des juges aux affaires familiales, je suis tentée par l’analyse. En évitant la caricature ou le jugement moral. Pas de retour à un ordre forcément obsolète. Mais un constat. Alarmant. Sur lequel on fait l’impasse. La libéralisation des mœurs conjugales contraignent à ce jour des enfants à une dérégulation vécue dans la douleur. Et silencieuse. Au nom du droit… de leurs parents.
Et cela quel que soit le milieu social dans lequel ils ont vu le jour.

L’expertise révèle bien sûr les excès majeurs. Lorsque j’ai démarré ma mission au sein des familles impliquées dans un conflit, la moyenne de durée de vie d’un couple était de trois ans. Dix ans plus tard elle se comptait en mois…Entre huit et douze mois…Cela pose question. Pour les enfants. Leur intérêt majeur étant l’ancrage.

Ensuite j’ai sélectionné dans les piles de conclusions rédigées à l’attention des juges quelques cas de conflits parents-enfants parmi les plus typiques. Non les plus dramatiques. Des petites histoires qui résument le grand malaise des enfants.

Puis histoire d’alléger un peu tout ça des souvenirs d’enfance plus personnels qui disent (avec humour j’espère) toute la sensibilité de l’enfant. En filigrane la vulnérabilité de cet état d’enfance.
PREMIÈRE PARTIE AU NOM DU DROIT DES PARENTS
« Un enfant d’aujourd’hui n’a jamais vu ni naître ni mourir. Il a vu quelqu’un partir à l’hôpital et n’en jamais revenir ou bien revenir avec un vivant de plus. » {2}

Formule hardie d’un juste constat. Comme une charge jetée à bas. Quel (s) sens lui donner ?
L’enfant d’aujourd’hui aurait, semble t-il, perdu quelque chose d’important. Lié aux mystères. Celui de la vie et de sa perte. Tenant et aboutissant. Moments clés d’une filiation dont il est un maillon. Et dont il est frustré. Va t-il alors tout comprendre de l’histoire ? Quels effets pervers ces blancs auront-ils sur sa vie à lui ? Sous-jacente la responsabilité des adultes, des parents, des éducateurs. Pourquoi occulter ? Au nom de quoi ? Et puis ce vide du début et de la fin. Qu’y met-on ? Par quoi le remplace-t-on ? Par des petites histoires de choux, de cigognes, de paradis ou de long voyage ? Pour ne pas dire l’histoire, la simple histoire de la naissance et de la mort ? Sans artifices. Sommes-nous à la hauteur ?
Karl Jaspers percevait, lui, dans les questions de l’enfant une génialité qui se perdait en entrant dans le monde des adultes…Nos petits chéris auraient donc gagné en confort, c’est indéniable, mais on en aurait fait des benêts en métaphysique d’usage et en choses de la vie. Au risque de les rendre plus vulnérables encore, désemparés car ignorants des vicissitudes du parcours…
En filigrane, l’hypocrisie de nos sociétés dont on ne sait si le but de ce camouflage grossier réside dans la peur de l’adulte d’affronter ce que nous craignons (la mort en particulier) ou le souci de préserver l’enfant d’une souffrance que l’on estime (à tort ou à raison) trop précoce.




Et si l’on commettait ainsi d’autres erreurs dans un parcours jugé un peu trop vite sans faute ?
Des erreurs tellement flagrantes qu’on ne les verrait pas ou que l’on ferait en sorte qu’elles n’apparaissent pas telles ? Un peu comme si au stade de nos connaissances et de notre vécu en matière d’enfance, il était devenu vain de se poser des questions, d’alimenter encore des doutes.
Le fait est que nos modes d’éducation, dont nous sommes bien responsables, évoluent. A l’aune de la psychanalyse, de la psycho-pédagogie, nous fondons à ce jour nos manières de faire dans un terreau quasi scientifique. Ce qui contribue à nous donner excellente conscience et à bloquer au passage la saine critique. D’autres critères interfèrent. La société, les tendances, nos désirs, nos frustrations, nos peurs… Le risque est réel de revenir à nous. En pensant l’enfance. Effet boomerang garanti. Et nous le savons bien. D’où peut-être la crainte de poser au centre de la réflexion nos manières d’élever, d’éduquer nos enfants au quotidien. Et s’il fallait commencer par là ? Si de nos postures en matière de transmission et d’éducation découlaient et se formaient les autres, toutes les autres… ?

Si les parents savaient l’enfance
Si les moindres amants savaient
Si par chance ils savaient l’enfance
Il n’y aurait plus d’enfants jamais. {3}


Savoir l’enfance
Hic et nunc