L organisation délétère
376 pages
Français

L'organisation délétère , livre ebook

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376 pages
Français

Description

La complexification, la normalisation et la déshumanisation des organisations sont-elles à l'origine des risques actuels dans l'entreprise ? Quels sont les facteurs de risques organisationnels connus ? La connaissance acquise se transforme-t-elle en actions de prévention ? Le contexte sociétal, des logiques d'action contradictoires et un management inopérant peuvent bloquer l'action de la prévention et engendrer une inefficacité globale de l'entreprise, qui doit désormais développer trois fonctions : régulation, réflexivité et résilience.

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Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 201
EAN13 9782296450721
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ORGANISATION DÉLÉTÈRE
Dynamiques d’Entreprises Collection dirigée par MichaelBallé
Lieu de travail et lieu de vie, l’entreprise est au cœur de la société. Pourtant, beaucoup de ses aspects restent mal connus. Les évolutions technologiques et sociales sont à la source de nombreuses mutations organisationnelles. Les professions continuent d’évoluer en se divisant toujours davantage sur un plus grand nombre de spécialités. Les frontières elles-mêmes des entreprises s’estompent alors que les modes de travail se redéfinissent. Les entreprises deviennent des objets d’étude à multiples facettes dont lesdynamiques sont de plus en plus complexes et souvent surprenantes. Au-delà des grandes lignes des logiques de “ management ” d’une part et des théories sociologiques de l’autre, nombre de ces facettes restent dans l’ombre : dimensions ignorées, métiers méconnus ou dynamiques contre-intuitives.La collectionDynamiques d’Entreprisesa pour vocation de diffuser les études réalisées sur ces points d’ombre, souvent techniques, de la nature des entreprises.Allant au-delà des “ essais de management ”, la collection regroupe des textes de recherche ou d’expérience sur le terrain qui éclairent les nombreux aspects ignorés des entreprises modernes.
Dernières parutions
Jean-PhilippeTOUTUT,Organisation, management et éthique, 2010. GérardPAVY,La parité : enjeux et pièges. La dynamique des sexes au travail, 2010. StéphaneLAUTISSIER,JacquesANGOT,Révolution relation. Construire votre écosystème de marque, 2009. SébastienCOMPARET,Le système McDonald’s enFrance. Les fondements d’une culture d’entreprise, 2008. PatrickDAMBRON,Les clusters enFrance. Pourquoi les pôles de compétitivité ?, 2008. FrançoisMICHAU,Les dynamiques du projet professionnel, 2008. DominiqueCAMUSSO,Les plans de la formation,2007. Jean-LucJOING,La bonne gouvernance des associations, 2007. DorotaLESZCZYNSKA,Management de l’innovation dans l’industrie aromatique, 2007.
Michel MONTEAU
I.N.R.S. Centre de Lorraine Département « Homme au Travail » Laboratoire Gestion de la Sécurité
L’ORGANISATION DÉLÉTÈRE
La S.S.T.* au prisme de l’organisation
* Santé et Sécurité au Travail
© L’HARMATTAN, 2010 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.lîbraîrîeharmattan.com dîffusîon.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13814-8 EAN: 9782296138148
- Le piren’est jamais sûr, n’est-ce pas ? -Non, c’est certain !
(hommage àR.D.)
« Que ne pouvons-nous voir ce qui se passe dans l’esprit des hommes lorsqu’ils choisissent une opinion ! Je suis sûr que si celaétait,nous réduirions le suffrage d’une infinité de gensàl’autorité de deux ou trois personnes,quiayant débité une doctrine que l’on supposait qu’ils avaient examinéeàfond,l’ont persuadéeàplusieursautres par le préjugé de leur mérite,etceux-ciàplusieursautres qui ont trouvé mieux leurcompte,pour leur paresse naturelle, à croire tout d’uncoupce qu’on leur disait qu’àl’examiner soigneusement ».
Bayle, (1680) -Pensées diverses sur la comète, chapitreVII
Propos liminaires : motifs et intention
Avant de devenir la préoccupation fédératrice qu’elle est semble-t-il aujourd’hui, « l’organisation dans l’entreprise » est longtemps restée un domaine réservé, strictement dévolu au « responsable » qu’il ait été ingénieur, organisateur ou plus simplement patron (dePME).
L’amélioration de la sécurité et de la santé au travail s’avérait rarement un motif suffisant d’aménagement de l’organisation dès qu’il s’agissait d’aller au delà du poste de travail.Ily avait d’ailleurs assez de grain à moudre sur le plan technique pour laisser l’organisation hors du champ d’action du préventeur.De fait, on a pu observer, selon les secteurs d’activité et les entreprises, une diminution, parfois considérable, des risques professionnels, pour autant que les indicateurs « classiques » (taux de fréquence et de gravité en particulier) en permettent des jugements suffisamment fiables.Ces succès épargnèrent, pour un temps, des remises en cause éventuelles de l’organisation, si ce n’était l’épine continuelle d’un taylorisme honni et de ses avatars…
Aujourd’hui, la montée en puissance inéluctable des services et le développement concomitant des risques dits « psychosociaux » révèlent à quel point la prévention ne peut plus se circonscrire aux aspects techniques de l’ensemble, précisément socio-technique, que constitue l’entreprise.
La prise en charge de laSanté et de laSécurité demande ainsi un examen du travail dans toutes ses dimensions : intensité, répétitivité, rythme bien sûr et aussi autonomie des acteurs, coordination des intéressés…Mais à l’expertise de telles facettes du travail s’ajoute d’abord celle du sens qu’il peut revêtir aux yeux de ceux qui en sont de moins en moins les exécutants passifs et résignés. Sens du travail et ensuite lisibilité de l’organisation dans laquelle il s’insère sont désormais des exigences explicites du personnel si on le veut « concerné » et « impliqué ».
De ces premières observations, on peut déjà affirmer que la prise en charge de la santé et de la sécurité s’inscrit dans une dynamique historique trop souvent négligée et dont il faut alors rappeler l’essentiel pour éviter les piétinements et les répétitions de l’action.Autant l’usage des objets n’exige pas de connaître l’histoire des techniques qu’ils incorporent, autant les questions récurrentes que pose l’organisation ont pu donner lieu à des réponses diverses, déjà
expérimentées, maisd’autant plus oubliées qu’elles se insuffisantes, inefficaces ou trop complexes à mettre en œuvre.
sont
révélées
Cette salutaire capitalisation des expériences passées facilite en outre une lecture du présent.Ainsi, dans un contexte dont on dit à l’envi qu’il est des plus instables, incertain et complexe, si ce n’est «hypercomplexe », nombre de questions soulevées aujourd’hui relèvent de problèmes dont les expressions nouvelles masquent en vérité un déficit chronique de solutions (organisation-nelles) viables.La lisibilité du présent, celle de l’organisation actuelle en l’occurrence, est en effet un enjeu majeur pour le préventeur ou de l’intervenant à qui se destine le texte qui suit.Dans la perspective d’action qui est la leur, il s’agira par exemple de repérer, par le biais de leurs conséquences ou de leurs origines organisationnelles, de nouvelles logiques, des tendances profondes, l’émergence de contradictions.Tout ce qui va engendrer plus ou moins directement des incertitudes, des tensions, des conflits, eux-mêmes à l’origine de dysfonctionnements multiples et variés.
Les éclairages disciplinaires et les méthodologies correspondantes fournis-sent alors une multitude de grilles de lecture, de modèles ou de méthodes d’analyse susceptibles de guider l’action.Encore faut-il rappeler que chaque discipline se doit d’abord de « voir midi à sa porte », c’est-à-dire que chacune peut uniquement retenir, des phénomènes qu’elle étudie, ce que ses théories en vigueur et ses méthodes validées lui autorisent de saisir et de traiter.Ce cadrage, indispensable gage de rigueur, n’en constitue pas moins une limitation.Or, ce qui nous préoccupe ne se laisse pas circonscrire par une discipline unique.Le réel reste indisciplinable.
Ainsi, à elle seule, la notion d’organisation nous engage déjà à une « excursion transdisciplinaire », ne serait-ce qu’en constatant la multiplicité déroutante des définitions plus ou moins savantes et, plus encore, celle des usages qu’en font l’ergonome, le psychologue, le sociologue, l’économiste et bien d’autres encore.Acet égard, le souci de clarté et de rigueur devrait d’abord inciter à proposer une définition de l’organisation.En l’occurrence, clarifier et préciser ne peut guère consister à légitimer le choix d’une signification particulière d’un concept qui peut être décliné à l’infini.Mieux vaut dès lors prendre acte de la variété des usages de la notion d’organisation dans les sciences sociales.Mais la multiplicité des points de vue et des approches qui en découlent conduit à un double constat : d’une part une diversité et une hétérogénéité des propos existants, d’autre part la nécessité d’un fil d’Ariane, au risque de s’égarer dans des labyrinthes conceptuels dont certains auteurs ont le secret.
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En premier lieu, la proximité desdisciplines et leurs emprunts réciproques n’excluent cependant pas la coexistence d’analyses plus ou moins compatibles (quand ce n’est pas rivales) et dont les applications pratiques révèlent alors les contradictions.Al’évidence, beaucoup d’applications sont aussi portées par des conceptions de l’efficacité en particulier, plus ou moins transparentes.L’action dévoile l’intention.Sl’étage organisationnel ur ce plan, « », en fin de compte, apparaîtra à certains comme un pare-feu, ultime marge de manœuvre concédée au préventeur, et pour d’autres seulement une étape vers ce que serait une « entreprise citoyenne » par exemple.
Al’évidence également, on ne s’est guère interrogé sur les liens, incontestablement complexes il est vrai, entre les modes d’organisation et la prise en charge de la sécurité et de la santé dans l’entreprise.La gageure consiste donc à aborder cette question sans importer aussitôt les ambiguïtés associées à certaines des analyses qui viennent d’être évoquées.De plus, il ne s’agit pas d’évacuer les contradictions mais plutôt de livrer des interprétations croisées des questions débattues.Il faut voir dans cette posture une précaution tenant au fait qu’il est parfois difficile de distinguer, dans les travaux de sociologie notamment, le fondement de l’explication avancée.Découle-t-elle d’une théorie confirmée ou s’agit-il d’une interprétationpost factumqui « colle d’autant plus aux faits » qu’elle repose en réalité sur une hypothèsead hoc, c’est-à-dire celle qui s’est révélée la plus adéquate aux observations dont on dispose ?Dans cette seconde éventualité l’interprétation reste plausible, rien de plus.
En second lieu, l’imbroglio des données disponibles et en même temps les lacunes de l’intersection organisation/SST, ajoutées à l’ambition de courants disciplinaires avides de se saisir de la multi-dimensionnalité des pratiques de travail, conduisent à se donner un cheminement susceptible de nous épargner une « errance interdisciplinaire ».Un « fil rouge » à partir duquel le préventeur puisse,in fine, rechercher, voire construire des informations qu’il serait pertinent de considérer pour concevoir des projets d’action.
Le propos développé par la suite est ainsi sous-tendu par une conception génétique de l’action de prévention en entreprise.Les entreprises qui aujourd’hui ont une histoire sont sans doute celles où il est le plus facile d’observer une véritable évolution de la fonction de prévention, tant dans la nature des problèmes successivement pris en compte que dans celle des solutions progressivement adoptées.C’est en effet l’aspect technique qui accapare d’abord tous les efforts.Efacteurn même temps, l’action sur le « humain » qui accompagne toujours l’action technique s’avère très souvent une solution complémentaire par défaut et provisoire, du moins dans l’esprit : ce qui n’est pas soluble rapidement par la technique fait l’objet de consignes que l’on s’emploiera à faire respecter.L’évolution évoquée peut néanmoins apparaître,
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plus ou moins laborieusement, jusqu’à faire advenir une conception de la prévention quasiment inverse, c’est-à-dire celle d’une prévention centrée sur l’individu, soit parce que le risque machine est absent, soit parce qu’il est apparemment maîtrisé.Dans les faits, à l’échelle de l’entreprise, cette évolution n’est pas nécessairement harmonieuse ou achevée.Elle passe précisément par un stade où le risque lié aux difficultés de coordination des activités finit par être reconnu et pris en charge de plus en plus systématiquement.Cette légitimation de ce que l’on peut appeler alors un risque « organisationnel » intéresse désormais une majorité d’entreprises et en particulier celles où se développent les risques psychosociaux.
Le cheminement adopté n’est sans doute pas le seul possible et, faut-il le souligner, la perspective génétique ne traduit pas un modèle de l’action mais se veut d’abord une grille de lecture.Un instrument de lisibilité du réel dont la vertu heuristique est manifeste.La typologie esquissée permet d’abord un cadrage de l’entreprise dont on se propose d’appréhender le niveau de prise en charge de laSST.C’est ainsi que les entreprises d’une même classe ont en général des traits communs, caractéristiques du « stade » qu’elles ont atteint en matière de prise en charge de laSST.Le cas échéant, ce cadrage révèle des discordances, des hétérogénéités, des hiatus, autant de points devenus saillants et qu’il devient judicieux d’explorer davantage…En outre, cette option permet de ne pas cantonner ce travail à un pur didactisme.
Enfin, quant à la forme, sans doute convient-il de noter trois remarques :
1.Quoiqu’inévitable, l’égrènement des noms d’auteurs s’avère d’ordinaire trop allusif pour éclairer le lecteur.On le complètera volontiers par des extraits, parfois substantiels, des textes référencés.
2.Dans le cheminement proposé, les encadrés sont autant d’absidioles où le texte est destiné à illustrer, attester ou encore préciser le propos central. Certaines notions appelleraient évidemment des développements que les spécialistes sauront trouver ailleurs, mais où le risque de s’égarer est patent.
3.Enfin, quelques notions (logique d’action, réflexivité, culture…) sont d’abord employées sans en définir d’emblée l’usage avec précision, ce qui ne devrait pas gêner la compréhension du texte outre mesure.Par contraste, les développements ultérieurs peuvent en revanche donner le sentiment d’une complexification progressive du propos.
Le texte qui suit est à lire comme une réflexion transdisciplinaire à finalité pédagogique concernant l’approche organisationnelle de l’action collective en matière deSanté et deSécurité auTravail.
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