Conjonctures congolaises 2014
318 pages
Français

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Conjonctures congolaises 2014 , livre ebook

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Description

La toile de fond de ce volume est la question de la profondeur ou de la superficialité du changement qui se manifeste en RDC depuis plus d'une décennie. Certaines ruptures avec le passé sont manifestes mais l'enracinement profond des comportements clientélistes dans le domaine politique est de nature à fragiliser les avancées. C'est surtout dans le champ économique que les changements sont réels. Mais cet essor économique est-il durable et signifie-t-il une rupture permanente avec le passé ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2015
Nombre de lectures 82
EAN13 9782336374697
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© Musée royal de l’Afrique centrale
et
© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72480-5
Titre
Conjonctures congolaises 2014



Politiques, territoires et ressources naturelles :
changements et continuités




sous la direction de
Stefaan Marysse et Jean Omasombo Tshonda

n° 86

2015
Cahiers afriCains – afrika studies

Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC)
Koninklijk Museum voor Midden-Afrika (KMMA)
Section d’Histoire et Politique (anciennement Institut africain/Cedaf)
Afdeling Geschiedenis en Politiek (voorheen Afrika Instituut-ASDOC)

Secrétaire de rédaction : Edwine Simons

Cet ouvrage a fait l’objet d’une procédure d’évaluation scientifique.

Leuvensesteenweg 13, 3080 Tervuren, Belgique
Tél. : + 32 2 769 58 47 Fax : + 32 2 769 58 20
E-mail : edwine.simons@africamuseum.be
Site : http://www.africamuseum.be/research/dept4/research/dept4/africainstitute/index_html
Conditions de vente : www.africamuseum.be/research/publications ; publications@africamuseum.be

Mise en page : F. Richard (Quadrato)
Couverture : Mieke Dumortier (MRAC)
Photo de couverture : Vue de Bukavu, 2014.Photo © Stefaan Marysse, 2014.
Photos arrière : Exploitation artisanale d’or dans la concession de Banro, 2014. Photo © François Stroobant, 2014 ; Mine d’or à ciel ouvert de Banro à Twangiza, 2013. Photo © Stefaan Marysse, 2013.

Ce « Cahier » a reçu un appui financier de la Loterie nationale et de l’E-CA – CRE-AC. http://www.eca-creac.eu
Sommaire Couverture 4e de couverture Copyright Titre Sommaire I – TROISIÈME RÉPUBLIQUE : CHANGEMENTS ET CONTINUITÉS DE LA DEUXIÈME À LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE. ÉTAT ET POLITIQUE : CONTINUITÉS ET CHANGEMENTS CROISSANCE CLOISONNÉE : NOTE SUR L’EXTRAVERSION ÉCONOMIQUE EN RDC II – RESSOURCES NATURELLES : POLITIQUES ET TERRITOIRES QUEL DÉVELOPPEMENT AGRICOLE POUR LA RDC ? HYDROCARBURES : L’ÉTAT AFFIRME SA VOLONTÉ D’EXPLOITER LA RESSOURCE LES CONCESSIONS FORESTIÈRES DES COMMUNAUTÉS LOCALES : UNE AVANCÉE POTENTIELLE POUR LA FORESTERIE SOCIALE EN RDC LE KATANGA ET LA ZAMBIE : UNE TRADITION DE TRANSNATIONALISME NÉGLIGÉE CONFLITS RÉSERVE DE BOMBO-LUMENE VS COMMUNAUTÉS LOCALES DE MBANKANA AU PLATEAU DES BATEKE. ANALYSES ET PERSPECTIVES POUR UNE GOUVERNANCE PARTICIPATIVE VIABILITÉ ÉCONOMIQUE DE L’EXPLOITATION ARTISANALE DE L’OR AU SUD-KIVU FACE À LA COMPÉTITION DES ENTREPRISES MINIÈRES INTERNATIONALES AUTORITÉ PUBLIQUE ET IMPLICATION DES FORCES ARMÉES DANS LES DYNAMIQUES FONCIÈRES AU SUD-KIVU, À L’EST DE LA RDC ACCAPAREMENT DES TERRES DANS LA VILLE DE BUKAVU (RDC) : DÉCONSTRUIRE LE DOGME DE LA SÉCURISATION FONCIÈRE PAR L’ENREGISTREMENT LES LIMITES D’UNE « GOUVERNANCE PAR LE BAS » : LES LOGIQUES DES COOPÉRATIVES MINIÈRES À KALIMBI, SUD-KIVU III – CHRONIQUE POLITIQUE RDC 2014 : LA FIÈVRE ÉLECTORALE S’EMPARE DU PAYS LES CAHIERS AFRICAINS RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO AUX ÉDITIONS L’HARMATTAN Adresse
I TROISIÈME RÉPUBLIQUE : CHANGEMENTS ET CONTINUITÉS
DE LA DEUXIÈME À LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE. ÉTAT ET POLITIQUE : CONTINUITÉS ET CHANGEMENTS
Gauthier de Villers

Ce chapitre a pour objet les continuités et changements dans le système étatique et politique du Congo-Kinshasa. Une analyse historique devrait remonter plus haut, mais on partira du régime de la Deuxième République qui a donné forme à un État postcolonial au Congo, en même temps qu’il en a provoqué le démantèlement. Une deuxième section discute la question de la greffe des modèles de la démocratie représentative et de la « bonne gouvernance », à la suite des interventions de la « communauté internationale » au cours de la période de transition politique. La troisième section cherche à saisir les lignes de force des évolutions sous une Troisième République encore dans sa genèse. L’accent est mis sur la poursuite du processus d’affaiblissement et de fragmentation de l’État, sur la reproduction aux différents niveaux du pouvoir d’un régime de nature patrimoniale et clientéliste, sur l’intervention de formes de négociation et de médiation dans l’exercice du pouvoir. Dans des considérations finales, on indique brièvement l’importance décisive du processus de réinsertion du pays dans les rapports politiques et économiques internationaux.
Deuxième République : de l’« État du peuple tout entier 1 » à l’État patrimonial et son démantèlement
S’emparant du pouvoir suprême en 1965, Mobutu va entreprendre la construction d’un État qui, en réplique à celui, oligarchique et discriminatoire, du colonisateur, incarnerait la Nation libérée et unifiée.
La Constitution zaïroise telle que révisée en 1974 définit le Mouvement populaire de la révolution, le parti-État, comme « la Nation organisée politiquement ». Le 16 mai 1988, Mobutu rappellera, dans son discours d’ouverture à un congrès du MPR, quels sont, à ses yeux, et quels doivent être dans l’esprit de tout Zaïrois, les fondements du système politique : « C’est le Mouvement populaire de la révolution qui a fait le nouvel État zaïrois, après l’anéantissement des structures colonialistes. Ce nouvel État ne peut que s’identifier au Parti qui a la primauté, en tant que premier moyen du peuple organisé politiquement 2 . » Tout Zaïrois, quel que fût son âge, appartenait de plein droit et de « plein devoir » au Parti. Un slogan, énoncé en lingala, était rituellement invoqué : Olinga, olinga te, ozali kaka MPR (« Que tu le veuilles ou non, tu es membre du MPR »).
Le discours de « l’authenticité » sert de ciment idéologique. Il en appelle à l’idée que la Nation zaïroise, au-delà de sa diversité extrême (ethnique, linguistique…), repose sur une fondamentale unité culturelle, sur des valeurs et une vision partagées du monde politique et social. Cette unité du corps social ne saurait être valablement (« authentiquement ») représentée et exprimée par un appareil gouvernemental et administratif : elle doit s’incarner dans une personne, se manifester par les vertus charismatiques du « Président-fondateur ». « En République du Zaïre, énonce la Constitution de 1974, il n’existe qu’une seule institution, le Mouvement populaire de la Révolution qu’incarne son président. » Ce qui avait été désigné comme la « doctrine du MPR » devient « le mobutisme ». Le 15 août 1974, le président, soucieux de rigueur doctrinale, aura cependant soin de préciser qu’il faut se garder « de considérer le “mobutisme” comme la consécration d’un homme, le citoyen Mobutu Sese Seko » ; il explique : « Le “mobutisme” traduit avant tout le mariage entre le Peuple zaïrois et son Chef. Car le “mobutisme” n’existerait pas s’il n’existait pas le Peuple zaïrois. Le Peuple et le Chef font une seule et même personne. »
Si le discours de l’authenticité invoquait une identité collective imaginaire, il avait la vertu d’apparaître en affinité avec l’impératif de la désaliénation culturelle et de la fondation d’un sentiment national. Mais, dans les circonstances historiques et le contexte politique, il devait fatalement déboucher sur une rhétorique idéologique exprimant, en s’efforçant de la travestir, l’affirmation d’un pouvoir despotique.
Il y a un large consensus pour appliquer à ce pouvoir le concept wébérien de patrimonialisme. Weber définissait ainsi la domination patrimoniale : « Lorsque le prince organise fondamentalement son pouvoir politique de la même manière qu’il exerce son pouvoir domestique, nous parlerons d’une formation d’ État patrimonial » (Weber 2013 : 131). Dans une société qui n’est plus une communauté domestique, la domination patrimoniale consiste « à traiter toutes les relations de domination comme des propriétés personnelles du seigneur, sur le modèle du pouvoir et de la propriété domestiques » ( ibid. : 143).
Pour Weber, cette forme de domination caractérisait des temps historiques pré-modernes où prédominait encore la légitimation « traditionnelle 

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