L éthique du capitalisme
281 pages
Français

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L'éthique du capitalisme , livre ebook

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Description

La critique du capitalisme apparaît aujourd'hui comme un geste intellectuel convenu et d'une triviale évidence. Mais il y a dans cette sourde inquiétude la perception d'un malaise authentique,fondé sur les inombrables tensions et contradictions que chacun d'entre nous peut vivre au quotidien. Il s'agit de repenser la vertu à une époque où une telle représentation est devenue problématique. Comprendre les raisons de cet oubli de l'éthique, et en dégager des éléments constructifs pour une morale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 137
EAN13 9782296465664
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ETHIQUE DU CAPITALISME
La question de la vertu à l’ère du libéralisme
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55233-3
EAN : 9782296552333
Questions Contemporaines

Collection dirigée par J.P. Chagnollaud,
B. Péquignot et D. Rolland


Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

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Jean-Christophe Torres
L’ETHIQUE DU CAPITALISME
La question de la vertu à l’ère du libéralisme
L'Harmattan
Du même auteur :
L'évaluation dans les établissements scolaires : théories, objets et enjeux Editions L'Harmattan, janvier 2011
INTRODUCTION
« Là où croît le danger, là aussi croît ce qui sauve »
Hölderlin
Le capitalisme représente aujourd'hui pour quiconque tente de penser le temps présent un principe d'explication systématique de notre époque, mais aussi de toute la période que les historiens définissent comme la modernité.
Il constitue en effet le fil conducteur qui donne sens à la succession des moments historiques depuis le Moyen-âge. Il est également le concept générique qui met en cohérence le progrès technique, la pensée politique, les représentations philosophiques, esthétiques et religieuses… jusqu'à la culture qui régit sourdement ou explicitement l'ensemble de nos comportements.
Au-delà de sa dimension économique, le capitalisme est véritablement l'idéologie de notre temps : celle par laquelle nous pensons notre existence et donnons du sens à nos vies, celle à travers laquelle nous lisons le monde et construisons nos relations sociales. Pourvoyeur de significations, il est aujourd'hui sans rival et la contradiction ne lui est plus apportée que de manière sporadique et balbutiante. Le marxisme s'est éteint sans bruit ni protestation dans les abysses de l'opprobre historique, les pensées contestataires des années 60 et 70 se sont curieusement adaptées à son renouveau - au point d'en être même, selon une certaine analyse, les contributeurs directs. Les critiques actuelles sont pour ainsi dire orphelines et intellectuellement rachitiques, incapables de trouver un cadre conceptuel structuré et percutant pour inquiéter d'une quelconque manière ce colosse idéologique. La plupart du temps tautologiques - le capitalisme est condamnable parce qu'il est condamnable - ou incantatoires - le capitalisme est le mal -, elles s'avèrent tout aussi peu convaincantes que, paradoxalement, universellement partagées comme des évidences de bon aloi. Car le premier paradoxe de notre époque est bien là : chacun peut expérimenter en lui-même la conviction d'un malaise, celle qui nous indique que le système capitaliste produit pour l'humanité des dangers insupportables et des dommages multiples. Désastres écologiques, "horreurs économiques"1, destruction du lien social et individualisme, vision marchande et intéressée de toute chose… constituent les caractéristiques désormais trivialement exprimées d'un système qui ne cache plus à quiconque ses errances et multiples dévoiements, ses attributs scandaleux - l'égoïsme, le profit… - et ses conséquences néfastes. Mais chacun peut également éprouver l'indigence et surtout le caractère inopérant des critiques lorsqu'il s'agit de les conceptualiser tant soit peu. Car quoi lui opposer ? Au nom de quelle valeur ou principe peut-on contredire le mode d'organisation sociale qui affirme le primat de la liberté individuelle et le triomphe du droit de la personne ? Que répondre au sacre historique d'une économie qui pacifie le monde et réunit les hommes en une communauté inédite d'intérêts partagés ? Le capitalisme semble tout autant condamnable qu'il s'avère inaccessible à la critique : telle n'est pas la moindre, ni la dernière, des contradictions qu'il nous fait vivre. Et ses bienfaits désormais acquis ne se laissent plus apercevoir, tant est grande et forte l'aspiration à le critiquer, nourrie de l'impuissance conceptuelle à le faire de manière décisive.
Cette frustration engendre alors des injustices : on ne lui reconnaît pas tout d'abord les innombrables mérites qui lui reviennent, dont le progrès des droits de l'homme ou la généralisation du bien-être ne sont pas les moindres des illustrations. On ne le critique pas ensuite là où exactement il présente la faiblesse la plus manifeste. Dans un article publié par le journal Le Monde daté du 11 octobre 2008, l’économiste altermondialiste Immanuel Wallerstein écrivait en pleine crise financière : « je pense que nous sommes entrés depuis trente ans dans la phase terminale du capitalisme. Ce qui différencie fondamentalement cette phase de la succession ininterrompue des cycles conjoncturels antérieurs, c’est que le capitalisme ne parvient plus à « faire système » (…): quand un système, biologique, chimique ou social, dévie trop et trop souvent de sa situation de stabilité, il ne parvient plus à retrouver l’équilibre (…). La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la dominaient jusqu’alors et l’on voit émerger une lutte, non plus entre les tenants et les adversaires du système, mais entre tous les acteurs pour déterminer ce qui va le remplacer ». Il conclut alors son propos de manière péremptoire : « le capitalisme touche à sa fin ». Bien qu'étayées, ces paroles semblent davantage relever du vœu pieux ou du désir que l'on prend pour une réalité - ce qu'on appelle communément une illusion - que du constat scientifique. La prédiction hasardée ici n'est pas nouvelle : Marx en son temps et le premier avait osé cette loi historique d'un déclin programmé du capitalisme avec le destin qu'on lui connaît aujourd'hui. Le marxisme est politiquement mort, le capitalisme - merci pour lui - se porte toujours aussi bien : même après cette crise financière de 2008 qui était censée sceller la pierre de son tombeau. Ces annonces d'une mort programmée du capitalisme sont donc davantage à lire comme des manifestations personnelles de convictions respectables que comme de sérieuses anticipations d'un avenir objectivement appréhendé. Les "projections" sont ici évidentes, et le lieu d'où l'on parle indique la nature de la position exprimée. Etre subjectivement contre le capitalisme n'est pas un argument suffisant pour expliquer historiquement sa fin prochaine. Critiquer le système capitaliste sous l'angle économique s'avère par ailleurs la moins opératoire des perspectives, tant en la matière l'alternative n'existe

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