L exclusion, une étape vers d autres mondes ?
204 pages
Français

L'exclusion, une étape vers d'autres mondes ? , livre ebook

-

204 pages
Français

Description

Cachée derrière la dure réalité des inégalités et de la pauvreté galvaudée, l'exclusion résulte de l'idéologie libérale qui fonde la dualisation sociale et économique, permettant à une minorité privilégiée de vivre dans la gabegie. Pour les populations victimes, au-delà de la critique du système qui génère l'exclusion, sont proposées des conditions pour permettre une rupture radicale avec l'idéologie porteuse d'un modèle de société sans perspectives pour elles et aussi, peut-être, le moyen de leur faire partager un espoir collectif.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 86
EAN13 9782296251397
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’exclusion,
une étapeversd’autresmondes ?

Christian SIMEON

avecla collaborationdePierre BETBEDER

L’exclusion,
une étapevers d’autresmondes ?

Du même auteur

Faire face à la pauvreté et à l’uniformisation mondialiste,
(avecla collaborationde Pierre Betbederet un inéditde Philippe
Courrege),L’Harmattan,2005.

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Introduction

7

ème
A la fin du XVsiècle le Portugal ouvre d’abord la route des
Indes puis l’Espagne celle de l’Amérique, dès lors, ces deux
puissances livrent le Nouveau Monde au négoce de la bourgeoisie
européenne entreprenante. Celle-ci va s’enrichir rapidement en
édifiant le système colonial et, à partir de là,« c’est l’Occident qui
1
fait l’histoire, le reste des hommes suit ou subit» ;il s’étendra
méthodiquementpar la force auprixde massives exterminations
sur pratiquement toute la planète.D’autres basculements dumême
type, en rupture avecun avantetplongeantdansun après, ont
ponctué l’histoire dumonde ; ce futle cas lorsque dans la seconde
ème
moitié duXVIII siècle,les capitauxaccumulés jusque là par
l’Europe ontété investis en masse dans les secteurs de la
production, confortantainsi le capitalisme en construction.
Exploitantopportunémentla philosophie des lumières, celui-civa
rapidements’organiser en prenantappui sur la doctrine
économique dulibéralisme affirmantque la propriété privée est un
droitnaturel etla recherche de l’intérêtindividuel mène
spontanémentà l’intérêtcollectif.En mêmetemps, cette doctrine
soutient un discours normatifvisantà orienter les politiques afin
qu’elles minimisentaumaximumtoustypes d’interventions qui
pourraiententraver la liberté dumarché auprétexte que le système
possède intrinsèquementses propres mécanismes d’autorégulation.
ème
Dans la première moitié duXX siècle,comme s’il s’agissait
d’une sanction, les excès dusystème ontconduità des catastrophes
majeures perturbantgravementl’économie de marché jusque dans
ses fondementil en réss ;ultera de gigantesques destructions,un
monstrueuxanéantissementde populations et uneterrible misère
dans l’ensemble dumonde. Le retour de la paixs’estaccompagné
d’une réactivation ducapitalisme, de nombreuses entreprises
avaientsuprofiter dumalheur et, en situation d’un nouveaudépart,
se retrouverontencore plus dominatrices qu’auparavant. Des
avancées sociales etla période des Trente Glorieuses permettront
auxpopulations des pays développés, privilégiées, de connaîtreune

1ème
R. Bonnaud,siècleLes tournants du XX, Ed. Kimé, 1992, p.24.

8

importante amélioration de leurs conditions devie, conjuguée
toutefois en suivantle phénomène desvases communicants à de
très fortes inégalités à l’échelle dumonde. La globalisation actuelle
prolonge ces états de fait, elle estl’ultime aboutissementde
l’idéologie libérale ; selon l’OCDE elle s’estmise en place entrois
téemps :talée sur plusieurs décennies, ce futd’abord
l’internationalisation des échanges commerciauxpuis, audébutdes
années 70 un nouveaubond estfranchi avec les investissements
directs devenustransnationauxenfin,une révolutiontechnologique
s’appuyantsur la multiplication sans limite des moyens de
communication etla mise en réseaudes circuits de production etde
consommation a été exploitée pour assurerune globalisation
économique auservice d’un marchéunique couvrantl’ensemble de
la planète.
Durantcette période, l’émergence duTiers-Monde constitué
durassemblementde quelques Etats décolonisés auraitpuincarner
autour de ce nouveaublocun espoir susceptible de s’imposer dans
le rapportde force international, en permettantde déboucher
éventuellementsurune rupture, laissantespérer des conditions de
vie meilleures pour les populations duSud etla fin de leur
oppression. Cela n’a pas abouti ; les grandes puissances ontréussi
à instrumentaliserune hétérogénéité d’orientations qu’elles avaient
elles-mêmes suscitées puis, comme le précise Sylvie Brunel : «La
crise de la dette a fait entrer de force -ces pays -dans la
mondialisation. En l’espace de dix ans, entre le début des années
1980 et le début des années 1990, presque tous les pays du Sud qui
avaient pour la plupart adopté des politiques nationalistes et
étatiques après les indépendances, ont basculé dans l’économie de
1
marché …Dans ces condi» .tions,une grande partie des
populations auSud n’onteuletemps de digérer ni leur libération ni
les figures imposées d’un décollage économique encore àvenir ;
elles ontsubiun encerclementpar les contraintes d’un marché
mondial imposantles prixdes matières premières pour le plus
grand profitdes multinationales. Pendantcetemps,si le
libéralisme économique a indéniablementpermis àune classe
moyenne mondiale de faireun bond qualitatif etquantitatif, cela

1
S. Brunel,Une aubaine pour le Sud? Sciences Humaines spécial n°180,
mars2007.

9

s’est rapidement traduitparun profond dualisme ausein de la
population dans les pays duSud. Celles-ci ontété privées de leur
histoire, leur identité, leur culture,elles ontété réduites à constituer
unvivier inépuisable de main-d’œuvre exploitable à merci. La
majorité a été empêchée d’emprunter son propre chemin alternatif
etn’a eud’autre choixpossible que celui d’un développement
donné en modèle. En réalité, de nombreuses populations seront
forcées à l’exode rural etsoumises àun pseudo-développement
destructeur les plaçanten situations indignes.

Comme l’observe Daniel Cohen : «pour la majeure partie des
habitants pauvres de notre planète, la mondialisation est une idée
1
inaccessible.» . La grande majorité subit une double frustration :
d’une part, notammentparmi les jeunes, celle de ne pouvoir
accéder auxsatisfactions matérielles apportées par la modernité
dontprofiteune minorité branchée,d’autre part, celle d’avoir été
conduite à abandonnerun cadre devietraditionnel et une identité
enracinée dansunterritoire. Ainsi, qu’il s’agisse des sans domicile,
des sanstravail ausein des pays développés etplus largement, dans
les pays duSud, detous les réfugiés, des laissés-pour-comptetrès
souvent victimes de l’exode ruralvers les bidonvilles, partoutdans
le mondetoutes ces populations subissent une exclusion à la fois
culturelle etéconomiqusi dans les pae ;ys riches elle peutêtre
relativisée car des garde-fous adoucissent un peu toutes les
2
ruptures , dans les pays duSud elle estradicale etsouvent tragique.
D’évidence, ces populations fontpeur à la « grande société ».
Crainte des migrationstoujours plus nombreuses qui mettraienten
danger la sécurité, l’équilibre général dusystème, peurtout
simplementde la différence etsurtoutcrainte d’une remise en
cause d’un sentimentd’universalité procuré par l’appartenance au
mode sociétal occidental lié à latechno-science. Ainsi, danstoutes
les grandesvilles dumonde, les classes moyennes etsupérieures
choisissentdevivre autantque possible à la périphérie, dans des
enclaves résidentielles dorées, de plus en plus cloisonnées par des

1
D. Cohen,La mondialisation et ses ennemis, Ed. Grasset,2004.
2
R. Castell,Exclusion ou« désafiliation » dans la nouvelle économie? in
P. Moati,Nouvelle économie, Nouvelles exclusion,Ed. L’aube,2003, p.
69.

10

enceintes dans lesquelles le sentimentsécuritaire rejointsouvent
l’absurde. Ces enclaves constituentdes espaces ségrégatifs qui, de
fait, concrétisent une exclusion,une fragmentation spatiale et
communautarisentla société sur la base de différences sociales ou
duniveaude richesses. Plus largement, auxfrontières sensé

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