Le triomphe de l ordre marchand
265 pages
Français

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Le triomphe de l'ordre marchand , livre ebook

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Description

Harcèlement publicitaire, hyperconsommation, croissance à tout prix... une même logique fait du sport un business, de la culture une industrie et du corps humain un produit : il s'agit de l'ordre marchand. Son extension s'attaque aux fondements de nos sociétés et oppose deux conceptions : la culture et la solidarité contre la marchandisation qui pénètre tout. L'humanité doit passer le cap d'une coopération internationale renforcée en dehors de laquelle il n'y a pas d'issue.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 49
EAN13 9782296464070
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE TRIOMPHE DE L’ORDRE MARCHAND
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud,
B. Péquignot et D. Rolland
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

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Hervé HUTIN
LE TRIOMPHE DE L’ORDRE MARCHAND
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54742-1
EAN : 9782296547421
L’ORDRE ET LA JUNGLE
ES GRANDES SURFACES de bricolage bradent les forêts birmanes, des Lcompagniespétrolièresfinancentlesmuséesnationaux,des business women louent des mères porteuses pour ne pas interrompre leur carrière, les prix des denrées alimentaires flambent à la moindre reprise, les marques pénètrent jusque dans les cours de récréation, internet tarifie la vente d’ovules, Che Guevara est recyclé en T-shirts et les majors de l’automobile fixent de nouveaux objectifs de croissance quand les émissions de gaz à effet de serre battent tous les records. Tout s’achète et tout se vend. Le sport est devenu un business, la culture un fonds de commerce et l’audimat dicte le contenu des médias. Une force irrésistible maintient nos sociétés dans une perpétuelle agitation, livre les entreprises à une concurrence planétaire, nous enferme dans la consommation par un harcèlement publicitaire permanent et pousse les États à changer des services publics en prestations marchandes. Derrière des phénomènes apparemment indépendants et parfois contradictoires, c’est toujours la sphère marchande qui progresse et qui conquiert.
Le caractère systématique et récurrent de cette extension est tel qu’il amène à postuler l’existence d’une logique de progression sous-jacente qui transforme et opère de façon ordonnée, d’un processus qui brise et recycle, qui envahit, soumet et, parfois, écrase. De même que dans une jungle s’impose un ordre derrière l’apparent désordre des prédations particulières, cette même logique peut expliquer la diversité de faits apparemment sans rapport ou sans cohérence.
Cette logique est marchande, car elle ramène tout à la transaction monétaire, elle a la cohérence d’un système, car elle constitue le déterminant commun de phénomènes multiples et elle a la force d’un ordre, car elle progresse de façon coercitive, ce qui permet de la qualifier d’ordre marchand .
Elle ne résulte ni d’une machination, ni d’un complot, comme pourraient le laisser entendre des explications sensationnelles d’un directoire mondial occulte au sein de la triade ou du G8. Il ne s’agit pas d’un phéno-mène pensé, d’un processus répondant à un plan voulu, même si certains de ses acteurs peuvent se l’approprier plus consciemment quand ils en comprennent le processus pour en devenir les promoteurs zélés. Il s’agit de la progression d’un phénomène auto entretenu qui s’étend à tous les domaines de l’activité humaine, de la plus banale à la plus vitale, jusqu’à la plus intime ou la plus sacrée.
Cette logique semble progresser sans contrôle ni limite bien souvent à notre insu, ou avec notre consentement tacite, réduire l’éventail de nos possibilités de vie en y substituant une multitude de biens et dicter nos comportements. Sans même que nous ne l’ayons choisi, la sphère marchande envahit de plus en plus de domaines. Imperceptiblement, nos actes, nos choix, que l’habitude et le mimétisme confortent, et que les médias et la publicité encouragent, nous amènent à dériver vers une société que nous n’aurions sans doute pas choisie si nous avions pu le faire de façon consciente et réfléchie. Il faut pouvoir anticiper cette évolution, il faut pouvoir se représenter ce qu’elle est déjà devenue alors même que nous la pensons avec des schémas souvent inadaptés, voire dépassés. Il faut pouvoir la comprendre de façon à en faire émerger le sens. Dès lors, il nous sera possible de la juger.
Les problèmes auxquels sont confrontées nos sociétés, voire les crises qu’elles peuvent connaître, crise écologique, crise financière, crise alimentaire, crise des valeurs, nous sont représentées comme des évènements indépendants. Ceux-ci sont en fait la manifestation d’un seul et même processus, ils relèvent, au moins en partie, d’une même trame qu’il convient d’analyser pour la faire apparaître. Pour cela, il faut pouvoir rapprocher des éléments épars pour établir leur lien éventuel : la logique marchande et la surexploitation des ressources, le démantèlement des systèmes sociaux et les exigences financières des investisseurs, la consommation effrénée de nos sociétés et les conditions de travail des sous-traitants du Tiers-Monde par exemple. La crise déclenchée par la défaillance des subprimes à partir de 2007 et qui a pris une ampleur considérable après septembre 2008, révèle les limites atteintes par l’ordre marchand et rend plus évidentes certaines de ses caractéristiques. Parvenir à une vue globale nous permettra d’en comprendre le sens et de pouvoir imaginer des solutions.
Car ce qui s’oppose dans ce débat dont nous tenterons ici de clarifier les termes, ce n’est pas mondialisation et repli national ou libéralisme et protectionnisme ou capitalisme et régulation qui ne sont que des aspects d’un enjeu plus vaste : c’est la culture et la solidarité contre la marchandisation qui pénètre tout, les rapports sociaux comme les activités humaines ou le temps disponible, c’est le bien commun contre l’ordre marchand, l’intérêt général contre les intérêts privés, qui, par tous moyens, veulent faire prévaloir leurs vues.
Alors même que les possibilités technologiques surprenantes auxquelles nous sommes parvenus semblent nous ouvrir la totalité du monde et des connaissances, l’ordre marchand utilise ces mêmes moyens pour segmenter nos habitudes de consommation et la publicité nous harcèle pour nous y enfermer. Alors même que les médias ont étendu leur empire à la totalité de la planète, pouvons-nous encore prétexter l’ignorance du fonctionnement du système pour cautionner ce qui peut apparaître alors comme notre irresponsabilité ? Mais nous continuons à acheter des marchandises sous-payées, produites à l’autre bout du monde dans des conditions que nous jugeons indignes depuis plus d’un siècle, quand nous bénéficions de congés payés et d’une sécurité sociale. Sommes-nous condamnés à subir la progression d’un ordre qui subjugue nos sociétés, délite les solidarités, crée la profusion pour les uns au prix de la misère des autres et sac

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